Nerferti, née à Crystal d'un coup d'un soir entre un père étranger et d'une mère cruelle et superficielle, est jetée dans un monde de ténèbres dès son plus jeune âge. Sa mère, à peine adulte elle-même, n'a en tête que sa propre image et refuse de garder l'enfant, préférant la vendre à une riche famille connue pour son impitoyabilité. Le père, désespéré, ne peut empêcher ce sombre dessein, la mère allant jusqu'à engager un mercenaire pour le supprimer.

À seulement cinq ans, Nerferti se retrouve donc arrachée à tout ce qu'elle connaît, son cœur d'enfant encore incapable de comprendre ce rejet brutal. La sensation d'être un fardeau non désiré laisse en elle une blessure indélébile, une cicatrice invisible mais profonde qui la hantera sa vie durant. Lorsqu'elle pénètre dans sa nouvelle demeure, c'est avec appréhension qu'elle découvre sa chambre glaciale, sombre et dénuée de chaleur, un lieu austère qui deviendra son univers.

La porte claque fortement derrière elle, comme un écho retentissant qui souligne son nouveau statut. Dès le lendemain, la dure réalité de sa situation s'impose à elle avec une clarté brutale : elle n'est pas une invitée, mais bien une esclave, condamnée à subir un joug oppressant.

Oui, la violence du claquement de la porte marque la fin de sa liberté et le début d'une existence asservie, privée de tout choix et de toute autonomie. Chaque fermeture de cette porte semble sceller un peu plus son destin, lui rappelant cruellement qu'elle n'est plus maîtresse de sa propre vie.

À son réveil, l'illusion d'avoir fait un cauchemar se dissipe et la terrible vérité la frappe de plein fouet : elle n'est pas une invitée de passage, mais bel et bien une esclave, condamnée à obéir aux moindres caprices de ses maîtres. Cette réalisation la glace, lui faisant prendre conscience de l'étendue de sa détresse et de l'absence totale de contrôle sur son existence.

Au départ, elle a quelques tâches principales de bonnes classiques, qui dureront jusqu'à ses douze ans :

1/ Préparer les repas
Chaque matin, bien avant que le soleil ne se lève, Néferti est réveillée par les ordres stridents de la maîtresse de maison. Malgré son jeune âge de seulement cinq ans, la petite fille doit se dépêcher de se lever pour commencer les préparatifs du petit-déjeuner. Ses petites mains, encore maladroites et mal assurées, s'activent tant bien que mal autour des lourds ustensiles de cuisine qui semblent parfois trop imposants pour elle. La chaleur étouffante des fourneaux brûle son visage et ses doigts délicats lorsqu'elle tente difficilement d'allumer le feu, mais Néferti n'a pas le droit de se plaindre, sous peine de subir les foudres de ses bourreaux.  

Le premier jour, une simple erreur dans le mélange des ingrédients lui vaut une gifle cinglante et la menace d'être privée de son repas. La douleur physique n'est rien comparée à l'humiliation cuisante d'avoir échoué à une tâche pourtant si simple aux yeux de ses maîtres impitoyables. Sous le regard sévère et scrutateur de la maîtresse de maison, Néferti apprend alors très rapidement que la moindre erreur peut avoir des conséquences terribles.

Désormais, chaque plat mal assaisonné ou chaque assiette servie froidement est considéré comme une offense grave envers la famille. La pression constante d'être rapide, efficace et surtout invisible dans l'accomplissement de ses tâches devient peu à peu une seconde nature pour la petite fille. Par peur des représailles, Néferti développe une rapidité d'exécution hors du commun, chaque repas qu'elle prépare étant une tentative désespérée d'éviter la punition. La moindre faiblesse ou hésitation pourrait lui coûter cher, et c'est avec une angoisse permanente qu'elle œuvre dans l'ombre, espérant toujours satisfaire les exigences de ses maîtres.

2/Nettoyer

Elle passe ses journées à nettoyer la grande demeure familiale de fond en comble, répétant inlassablement les mêmes tâches ménagères. Elle doit obéir aux ordres stricts et détaillés de la gouvernante en cheffe, une femme autoritaire et sans pitié. Celle-ci se plaît à la rabaisser sans cesse, critiquant chacun de ses gestes et lui rappelant qu'elle n'a aucune valeur aux yeux de la famille.  

La jeune fille subit continuellement les humiliations et les réprimandes de la gouvernante, qui semble prendre un plaisir malsain à la tourmenter. Elle est maintenue dans un état de soumission totale, n'ayant d'autre choix que d'accepter passivement ces mauvais traitements. Aucune erreur, si minime soit-elle, n'est tolérée et la gouvernante la tient sous une surveillance de tous les instants. La jeune fille vit dans la peur constante de déplaire et d'être sévèrement punie.  

Au fil des jours, elle sombre peu à peu dans le découragement et la résignation, voyant s'amenuiser tout espoir d'une vie meilleure. Son existence se résume désormais à cette routine éreintante, entrecoupée d'humiliations et de critiques acerbes qui rongent peu à peu son estime de soi.

Elle doit aussi recoudre, repriser les vêtements de ses maîtres.

Toute désobéissance de sa part est sévèrement punie par ses geôliers. Elle est régulièrement battue à coups de fouet ou de bâton, laissant des marques et des bleus sur sa peau fragile. Puis elle est enfermée dans une cellule exiguë pendant de longues périodes, parfois des jours entiers, sans aucune possibilité de sortir. Ces châtiments brutaux et inhumains contribuent à développer sa claustrophobie, née des jours sombres et interminables passés dans ces espaces confinés, privée de lumière naturelle, de nourriture décente et parfois même d'eau. L'obscurité totale, l'air vicié et l'étroitesse de la cellule la submergent peu à peu, la plongeant dans un état d'angoisse et de détresse psychologique intense. Ses cris de terreur et de désespoir restent malheureusement sans écho, noyés dans le silence de sa prison. Seule dans le noir, affamée et assoiffée, elle sombre progressivement dans la folie, hantée par la peur permanente d'y laisser la vie.

Vers ses douze ans, Nerferti est la cible du jeune homme provenant de la famille propriétaire de Néferti rongé par une obsession malsaine et pervertie envers elle. Malgré leur différence d'âge significative, il la considère comme un simple objet de désir, de nature à la fois sexuelle et de domination, abusant cruellement de son pouvoir sur elle. Il souille son corps de manière éhontée et n'hésite pas à la brutaliser physiquement, chaque rencontre étant marquée par une violence extrême et une exploitation sans pitié. Néferti est ainsi contrainte de subir ces abus indicibles dans un silence déchirant et une terreur constante.

Sa perversité va encore plus loin, car il veut faire de Néferti une danseuse accomplie, non par générosité ou bienveillance, mais pour assouvir ses fantasmes les plus tordus et déviants. Il l'oblige à suivre des cours de danse intensifs, la contraignant à exceller dans cet art pour qu'elle ne danse que pour lui, satisfaisant ainsi ses désirs malsains. La danse devient alors un moyen de survie fragile pour Néferti, un refuge mental précaire malgré l'emprise constante et écrasante qu'il exerce sur son corps et son esprit.

Heureusement il y eu ce fameux soir où tout bascula. Néferti était assise dans sa chambre minuscule, enveloppée dans une douce lueur crépusculaire. Bien que l'endroit semblât paisible, une tension palpable imprégnait l'atmosphère. Soudain, des cris déchirants retentirent à travers le domaine, suivis de sourd fracas. Des éclats de voix furieuses s'élevèrent dans l'obscurité, et Néferti se raidit, reconnaissant les sons de la panique et de la lutte qui se rapprochaient. Avant qu'elle n'ait le temps de réagir, des coups violents ébranlèrent la porte d'entrée, et un hurlement de terreur glaçant traversa les murs : le domaine était sous une violente attaque.

Apparemment, les ennemis de la famille étaient venus réclamer leur dû. La famille qui avait acheté Néferti n'avait pas payé les services des mercenaires assassins, et ces derniers étaient revenus pour se faire justice eux-mêmes. Le chaos s'empara rapidement des lieux.

Sous le fracas assourdissant, les flammes dévoraient tout sur leur passage. La luxueuse demeure était en proie à un incendie dévastateur, consumant sans pitié les tentures et les meubles. Néferti, paralysée par la terreur, peinait à comprendre l'horreur de la situation. Les cris d'agonie de ses maîtres, le claquement des armes, tout se mêlait dans un chaos apocalyptique.

Les coups sourds derrière la porte résonnaient comme un tambour menaçant, accompagnés du fracas assourdissant de meubles qui se renversaient et d'éclats de voix stridents et inconnus. Une vague de panique saisit Néferti, car le danger était bien réel et elle devait fuir coûte que coûte. Mais la porte, têtue, restait désespérément verrouillée.

Les flammes dévoraient impitoyablement la pièce où elle était piégée, la fumée l'étouffant et lui brûlant la gorge et les poumons à chaque inspiration laborieuse. Suffoquant et étouffée, Néferti cherchait frénétiquement une issue alors que la chaleur devenait de plus en plus insoutenable. Le plafond craquait et gémissait sous la pression des langues de feu, se rapprochant inexorablement d'elle, comme pour l'emprisonner dans un cercueil ardent.

Dans un ultime élan de survie, Néferti se rua vers la fenêtre grillagée, ses mains tremblantes s'acharnant désespérément contre les barreaux solides et inflexibles. La fumée s'épaississait à un point tel qu'elle ne pouvait plus rien voir, son souffle devenant court et sa vision se voilant. La panique l'envahissait, la submergeant comme une vague glacée, alors qu'elle sentait ses forces l'abandonner peu à peu. Soudain, un craquement sinistre retentit au-dessus d'elle.

Les poutres en feu s'effondrèrent avec fracas, certaines s'écrasant violemment sur son épaule et sa tête. Une douleur fulgurante, intense et déchirante, la transperça instantanément. L'impact la fit basculer au sol, un voile noir tombant sur ses yeux.

Néferti fut violemment jetée au sol, sa tête heurtant brutalement le terrain dur et rocailleux. Le monde autour d'elle ne fut plus qu'un tourbillon assourdissant de fumée et de douleur intense.

Lorsqu'elle rouvrit les yeux, sa vision était trouble et aveuglante. Couchée sur un sol froid et humide, une sourde pulsation lancinante martelait son crâne. Elle tenta de bouger, mais son corps semblait lourd et engourdi, comme paralysé. Le feu qui ravageait les lieux s'était éteint, ne laissant derrière lui qu'un silence pesant. Ses mains tâtonnèrent le sol, mais quelque chose clochait - elle ne parvenait à se remémorer ce qui s'était passé. Clignant des paupières, elle chercha en vain à comprendre où elle se trouvait, mais aucun souvenir ne lui revenait.

Néferti se tenait là, le visage dénué de toute expression, son esprit complètement vide. Elle ignorait totalement son identité et ce qui l'avait amenée en ces lieux désolés. Avec grande difficulté, elle réussit à se redresser et découvrit un mercenaire, l'un de ceux qui avaient attaqué sa demeure, penché sur elle. Il la dévisagea d'un air détaché et indifférent.

"Tu as de la chance d'être encore en vie," lâcha-t-il avant de s'éloigner, la laissant seule, perdue au milieu de cette nature hostile. Le domaine qu'elle connaissait n'était plus qu'un amas de cendres, emportant avec lui tous les souvenirs de Néferti.

Néferti se souvint vaguement de son propre nom et prénom, un rappel ténu d'un passé oublié. Perdue, sans aucune mémoire ni point de repère, elle ne ressentait que la douleur et la souffrance qui l'accablaient. Sa vie recommençait à zéro, sans la moindre idée de ses origines ou des épreuves qu'elle avait traversées. Désorientée et démunie, elle faisait face à un avenir incertain, n'ayant pour seul bagage que cette blessure à l'épaule qui la tiraillait. Néferti se trouvait au seuil d'une nouvelle existence, complètement dépourvue de ses souvenirs et de son identité passée.