Rafle

Je m'ennuie. Il ne se passe rien d'intéressant en ce bas monde. On s'ennuie ferme. Même Heiji tourne en rond. Je force le petit à s'entraîner d'arrache-pied, depuis l'entretien dirons-nous musclé avec le roi, le moral du petit est en berne et sa puissance décroît. Je n'ai pas d'autre choix que de le pousser un peu. Si le petit est dépressif, son corps ne suit pas et je ne peux pas m'amuser. Je soupire d'ennui. Cette situation est intenable. Et je suis épuisé à cause de l'autre con. Cela ne peut pas durer. Si nous restons cloîtrés trop longtemps, le rôle de Triade pourrait être donné à quelqu'un d'autre et j'ai perdu trop d'amour propre pour permettre un pareil sacrilège. Heiji le sait aussi, il a retenu la leçon, petit à petit, le petit cesse d'être un enfant.

Je ne peux pas nous permettre de le laisser rêver actuellement, ça m'en coûte de le dire, mais pour l'instant, nous devons faire alliance, notre position est menacée et il serait embêtant que cela reste comme ça. Je suis Hyde, la terreur du Royaume de la Lune, si les gens commencent à prendre la confiance, ce n'est pas bon pour les affaires. Je déteste quand les péons se croient au-dessus de leurs conditions. Comme si un peu de volonté suffisait pour s'élever dans la hiérarchie, rien de tel pour m'énerver que les cons qui n'arrivent pas à connecter deux putains de neurones entre eux.

Mais je n'ai pas le temps de mariner car je suis convoqué. Apparemment, des paysans refusent d'obéir, je soupire de nouveau, qu'est-ce que je disais ? Ah oui, j'ai encore raison. Je ne peux m'empêcher de sourire quand Heiji s'efface complètement pour me laisser le contrôle, le petit a beau être déprimé au moins, il est suffisamment intelligent pour ne pas résister. Il sait qu'il ne peut pas se permettre un autre faux pas. Il porte encore les marques de sa correction, la honte couvre son regard. Il a besoin de s'endurcir, ce n'est pas la dernière fois dans sa vie qu'il se fera taper sur les doigts. S'il n'a pas pu me retenir, c'est sa faute, je fais ce qui est juste, même si ces cons ne sont pas foutus de le voir.

Je regarde le plan de mission. Pour marquer le coup et rappeler les cons à l'ordre, deux Réceptacles sont dépêchés sur les lieux. A savoir la puissance et la sécurité. J'ai un rire mauvais, la journée aurait pu être merveilleuse mais je dois me taper la vieille sorcière ? Pourquoi le monde me déteste ? En plus, elle va chialer si j'abîme trop les cadavres, elle me saoule à la jouer écolo et faire du recyclage d'humain. Mais pas le choix, je me dois d'obéir.

"Alors, comment comptes-tu les vaincre ? T'es sûr que tu es de taille mon petit chou ? Selon moi, on devrait leur faire payer le prix fort. Pas juste les enfermer. C’est-à-dire la mort".

Je lui jette un regard vide d'intérêt, je me dis que ce serait jouer contre mon camp de l'insulter, après on s'étonne que je déteste les femmes, mais elles sont toutes chiantes ! Sérieusement, quelle plaie de devoir se farcir ce genre de laideron ambulant et qui en plus se sent plus pisser parce qu'elle a goûté au pouvoir. Cela étant, elle a de la chance, à force de vivre avec Heiji, je suis semble-t-il plus civilisé, c'est un mensonge. Juste, je laisse parler les gens avant de les tuer, ce qui en soit est un pas vers la communication positive.

"T'inquiète Green Peace, ce n'est pas quatre péons qui vont me faire peur. Je t'aurais bien dit de les tuer mais le problème avec les humains, c'est qu'ils ont tendance à se rebeller dès qu'un membre de la meute meurt. Je pensais qu'on pourrait les vider de leur aethernanos en place publique et les amocher salement, histoire de marquer les esprits. C'est important de faire de la pédagogie avec les chiens."

Je m'avance en faisant craquer mes doigts mais elle ouvre sa grande gueule de nouveau.

"Mais a t-on vraiment le droit de déraper légèrement ? Je dois dire que j'ai besoin de morts autour de moi... A vrai dire, ça peut juste être quelques dégâts collatéraux...Juste un ou deux morts..."

Je souris de manière carnassière, bon, au moins, on parle la même langue. Nous voulons la même chose, et puis, je peux la comprendre, c'est si vite arrivé les dégâts collatéraux.

"Pas besoin de tous les emmener à la potence Madame la Hippie, y aurait pas suffisamment de place, on n'a qu'à faire une petite sélection de qui va avoir l'immense honneur de faire son offrande pour le Royaume, qu'en penses-tu ?"

Après, je m'en fous pas mal de son avis, j'ai besoin de me défouler, je ne suis pas contre d'éclater deux trois gosses histoire d'évacuer toute la frustration accumulée. Le repère n'est plus très loin. Je n'ai pas envie de faire dans la dentelle, il ne doit pas y avoir de rescapés, ils doivent tous subir la punition royale. Je fracasse la porte d'un simple coup de pied.

"Salut les traîtres ? Une dernière volonté avant de vous faire pulvériser ?"

Un idiot fonce sur moi, je l'attrape au visage et je lui fracasse la tête contre le mur le plus proche, le cadavre s'écrase de manière complètement désarticulée au sol. Je regarde Hel de manière faussement peiné.

"Oops, je l'ai cassé, tu m'en veux pas dit ?"

Mais j'ai autre chose à foutre que de gérer les crises d'une gamine, alors j'avance sans m'arrêter, le complexe est assez grand.

"Bon, rouquine, on va se séparer, il ne faudrait pas que des rats nous échappent, n'est-ce pas ? Je vais à gauche tu vas à droite."

Et je continue. J'ai pas envie de passer la journée ici, et j'ai une potence à monter.