Je ricane, adorant l'information que je viens d'avoir et qui me fait vibrer, un peu d'action enfin ! Je vais pouvoir me libérer et enterrer ce sale morveux d'Heiji qui joue aux innocents. Il me fait bien rire lui aussi, il essaie de passer pour un bon samaritain alors qu'il a plus de sang sur les mains que beaucoup de gens. Qu'il le veuille ou non, c'est un meurtrier. Il est fait pour tuer, sinon je ne l'aurais pas choisi comme hôte. Moi le grand Hyde n'aurait pas choisi le premier freluquet de passage. Heiji tremble peur, il est terrifié à l'idée de tuer quelqu'un à nouveau. Je roule des yeux encore une fois, quand comprendra-t-il qu'il est uniquement en vie pour ça ? Et surtout, il aurait pu mourir depuis longtemps s'il m'avait laissé le posséder complètement mais il me résiste, comme s'il espérait encore pouvoir inverser la tendance, l'idiot ! Ce serait presque attachant si je ne vivais pas 24h/24 avec lui et que je n'avais pas accès à ses émotions. Il me considère comme un parasite qui le gangrène chaque jour qui passe, mais il sait aussi que sans moi et ma force, il ne serait plus de ce monde depuis belle lurette. A force de lui marteler le cerveau, il commence à comprendre que le monde n'est qu'un champ de ruines où tous les coups sont permis, la générosité est une faiblesse. Se montrer bon avec quelqu'un, c'est signé son arrêt de mort.
"Tais-toi Hyde, il n'y a pas que des tarés comme toi."
Heiji grogne, je soupire, il espère toujours voir le bon chez les autres, comme s'il était encore entouré d'idiotS de paysans. Quelquefois, il me désespère, je l'ai élevé, j'ai fait de lui un être exceptionnel et lui aspire à une vie simple, c'est affligeant. Mais je ne peux pas lui en vouloir, ce n'est qu'un simple péon qui n'était jamais sorti de sa campagne, un sale crasseux qui crevait de faim. Un déchet de la société, aujourd'hui, c'est un prince, malheureusement, il n'arrive pas à oublier ses origines d'ancien péon. Mais n’oublions qu’un paysan reste un paysan, quoiqu’on fasse. Je suis décidément trop bon pour lui ! Je suis d'une telle bonté de m'occuper personnellement de lui et de continuer de le garder malgré sa naïveté désolante. Quelle merde.
Pourtant, aujourd'hui, il ne peut rien dire. Il est obligé de m'invoquer et me laisser la place, il le sait parfaitement. Il n'a pas le choix car aujourd'hui, ce n'est pas du menu fretin que l'on doit affronter, bien au contraire ! Ce sont des rats du Royaume de la Nuit qui ont décidé de faire leur nid sur notre territoire, je compte bien les exterminer jusqu'au dernier. J'espère secrètement qu'il y aura une femelle parmi leurs rangs, il y a si longtemps que je n'ai pas pu me délecter de chair fraîche et les humaines ont bien meilleur goût que leurs homologues masculins. Je ferme les yeux avec délice, me rappelant la dernière enfant que j'ai pu dévorer, elle avait de si belles joues, à croquer. Ce que je me suis empressé de faire d'ailleurs. Je meurs de faim et Heiji reprend toujours le contrôle avant que je puisse passer à table. Il me désespère, il refuse de profiter du meilleur moment ! Mais cette fois-ci, je compte bien garder le contrôle jusqu'à me remplir la panse, et hors de question que l'autre freluquet nous fasse vomir. Il me fait tellement pitié, il est tellement dégoûté des plaisirs de la table qu'il en est devenu végétarien, très sincèrement, même s'il vient de la fange de la société, j'avais espéré qu'il aurait un minimum d'éducation, on finit toujours son assiette sans râler mais même ça, c'est trop demandé.
Le voyage jusqu'au monts Serchel se fait dans une lenteur absolue, le froid ralenti le mouvement et depuis que la Résistance a tenté une percée, nous devons vérifier qu'aucun d'entre eux n'est dans le coin, ce serait dommage de ne pas les exterminer jusqu'au derniers eux aussi. Ils n'ont plus rien d'intéressant, alors que les adorateurs de Nyx ... J'espère pouvoir m'amuser avec eux, ce serait si bon de pouvoir en prendre un comme animal de compagnie. Heiji frisonne à cette idée, le jour où son esprit sera brisé, je me jure que je ferais tout ce qu'il m'a interdit de faire depuis les dernières années, et de proclamer une fête en mon honneur, c'est la moindre des choses !
Nous arrivons sur place, il ne faut pas être un expert pour voir des traces d'explosions récentes, j'ignore ce qui s'est passé là-dedans, mais ça a l'air de s'être bien battu, de ce que je sais, la Résistance a pu fuir et la Nuit a toujours un pied à terre sur notre territoire. Ils sont en position de faiblesse, il est temps de les déloger avant qu'ils ne se multiplient de nouveau ! Heiji défonce la porte d'entrée et il me laisse le contrôle. Un guerrier me fonce dessus avec une arme, espérant sûrement à tort pouvoir me tuer, je le saisis au visage et le broie machinalement, plus ennuyé qu'autre chose. Je demande d'une voix forte :
"Y-a-t-il des femelles parmi vous ? Je n'ai que faire des mâles."
Et je balance le cadavre sur un autre garde qui vient juste d'arriver, visiblement terrifié de voir son compagnon mort de manière aussi stupide. Un sourire mauvais s'étale sur mes lèvres, les lieux commencent à s'emplir de cette atmosphère de peur, comme une bête traquée qui sent sa fin proche, je ferme les yeux et respire un bon coup. Aujourd'hui est une bonne journée.
J'ai toujours aimé les femmes fortes. Elles ont ce quelque chose qui me fait vibrer. Les hommes ne sont pas intéressants, ils essaient toujours de se prendre pour les rois du monde alors que ce n'est pas le cas. Ce ne sont pour la plupart que de jeunes freluquets qui ne sont pas capable de prendre la moindre décision. Ils se pissent dessus dès que la première difficulté apparaît. Ils retournent toujours pleurer dans les jupons de leur mère après avoir perdu, sauf quand ils perdent contre moi parce que leur mère, je l'ai mangée.
Alors qu'une femme ... Elle essaie toujours de s'en sortir. Elle a toujours cet instinct de survie, de vouloir narguer la Mort et pourquoi pas la tromper. Il y en a certaines qui ont cet éclat dans le regard, elles ont tout vu, tout vécu. Elles ont cette rage de vivre qui leur tient au corps. Comment ne pas les admirer ? Moi je suis sous le charme. Je ne peux qu'apprécier le fait qu'elles tiennent debout. Même si elles ne sont armées que d'un couteau, elles ne se défilent pas. Les tuer rajoute un je ne sais quoi qui me fait frisonner de plaisir. Finalement, on me traite de misogyne mais ne suis-je pas le premier adorateur des femmes ? Je ne fais qu'éliminer celles qui font tache pour glorifier celles qui restent.
Alors quand je vois une superbe créature aux cheveux d'ébène et au regard ardent, je sais qu'elle va être parfaite. Elle respire l'envie de m'étriper la gorge, elle n'a aucune chance d'y arriver, mais j'apprécie le fait qu'elle puisse y croire, ça reste une femme, elle est de toute manière plus faible que moi.
« Bonne nouvelle, il va bientôt y en avoir un de moins. »
Je me mets à rire, c'est qu'elle mordrait la tigresse ! Elle s'élance vers moi, lance pointée vers ma gorge, ses yeux de feu m'envoûtent presque, je fais un simple pas sur le côté, ricanant.
"Si tu veux réduire le nombre de mâles, va falloir mettre un peu plus de volonté, femelle."
Je saisis sa lance pour la rapprocher de moi, j'en profite pour humer son parfum de rage, quel délice !
"Sois plus sauvage, recommence."
Et je la projette au fond de la salle, qu'elle puisse recommencer son attaque. Je l'attends, en espérant qu'elle s'en sorte mieux cette fois.
J'aime son regard. On dirait une vraie lionne. Il suffit de sentir son aura pour savoir que cette femme, elle a du cran. Comment ne pas être en pâmoison devant elle ? Impossible. Elle est incroyable. Elle est tellement au-dessus de la populace qui lui sert de peuple. Et cela ne fait aucun doute qu'elle a un rang élevé dans la société, je ne pourrais supporter qu'elle vive avec les gueux et les paysans. Qu'elle ait un minimum de prestige. Je reste sur mes gardes, même si la jeune femme est frêle et si facile à briser, il n'y a qu'à observer sa posture pour savoir qu'elle a reçu un entraînement guerrier digne de ce nom. Même si elle manque encore de quelques leçons, son maître a fait du bon travail. J'aimerais bien le rencontrer tiens ! Comme ça, je pourrais me mesurer à lui et le tuer avec plaisir. En espérant que ce soit un homme d'intérêt, quoique, les morts ne sont jamais très intéressants remarquez ...
« C’est toi le sauvage. Tu apprendras que… »
Et une explosion retentit. Je pousse un soupir, pourquoi il faut toujours que ça pète autour de moi ? Les installations ne sont-elles pas suffisamment solides pour tenir correctement ? Non, ce n'est pas possible d'avoir des architectes compétents chez les gens de la nuit ? Non, il n'y a rien à sauver chez ce peuple de barbares ! Heureusement que dans le Royaume de la Lune, on sait commettre des meurtres avec classe. Nous, on sait marquer les esprits et surtout, les autres admirent notre façon de faire. Je ris un instant en imaginant un slogan pour une entreprise familiale : "Le Royaume de la Lune, Nettoyeurs de l'Extrême depuis X790 !" Mais malheureusement, les humains sont d’un humour affligeant et ne sauraient pas capable d'apprécier ce trait d'humour, encore une raison supplémentaire de détester cette race. A part quelques exceptions comme cette charmante demoiselle que je rêve de me faire à mon goûter. Et non, ce n'est pas sexuel.
J'évite avec facilité les débris, mais la poussière que ça engendre m'empêche d'avoir une vision claire de l'endroit, les lumières se mettent à clignoter. Heiji n'est pas encore un excellent combattant, ses réflexes sont moins bons dans la nuit, il a toujours un train de retard. Il n'a pas de réflexes musculaires suffisants. Je grince des dents, c'est dans ce genre de situations où la gamine peut reprendre l'avantage, et je déteste l'idée qu'une pimbêche ait le dessus sur moi.
« Ça va ? »
Je me mets en alerte en entendant le son de sa voix. Elle vient de signaler sa présence, ça va être plus simple pour encaisser le coup. Elle avance avec un air sinistre aux lèvres, elle fait tout pour me séduire la coquine !
« Parce que plus pour longtemps. »
Je ricane.
"Va falloir plus que du placo sur le coin du nez pour me faire quelque chose. Mais continue, je sens que tu as envie de te battre."
Je la regarde faire. Je manque encore de quelques informations, si j'ai bien compris, elle est à l'origine de l'explosion. En temps normal, je m'en fiche pas mal de la magie des autres, mais ce serait dommage de la faire empaillée avant qu'elle n'ait livrée tous ses secrets. Quoique, je pourrais aussi la mettre dans une cage et jouer avec de temps en temps ... Roh, trop galère les animaux de compagnie.
Je décide d'accélérer le rythme du combat et je fonce dans l'angle droit de sa lance, en profitant pour lui asséner un coup de poing dans la hanche pour la déséquilibrer.
"Je ne compte pas mourir ici mon enfant, mais toi non plus."
Je me remets à distance de sa lance.
"Et si nous allions dehors ? Je te sens coincée par le manque d'espace, tu ne peux pas exprimer tout ton art ici, c'est tellement dommage. Dépêche-toi, j'ai du boulot à finir après toi."
Et je sors dehors, ne lui laissant pas le temps de répondre. Une fois cette menace éliminée, le bunker sera facile à dératiser.
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