Sud de Galad, Monts Serchel. Noé rejoint sa tendre reine qui aborde les doux traits de Linoa. Une brunette charmante, bien que le cardinal préférera toujours la magnificence de la forme originelle de Nyx. Il arrive en avance, mais elle l’est encore plus que lui. D’autres membres de sa caste sont présents. Noé les croise dans ce village en haute altitude peuplé exclusivement d’Earthlandais. Un village sur le territoire de Skyadrum, qui vivaient jusque là dans le secret, caché du roi de ces terres.

« Il y a une raison pour laquelle on l’a trouvé plus facilement » lui déclare un lieutenant.
« Les runes ne les protègent que des édorasiens » raisonne Noé.

Maintenant, ils ont quand même affaire à un cas à part. Ces gens ont refusent de quitter Galad, refusent de rejoindre la résistance et semblent juste vouloir vivre en paix. Si on peut les embrigader facilement et faire que ce territoire soit celui de leur reine, il sera moins évident d’en faire de fervents fidèles. Ce n’est pas ce que Noé recherche d’ailleurs. Dans ce beau monde, il suffit de deux ou trois soldats compétents pour faire la différence. Kyoka réduit bien des civilisations en cendres à elle seule, par exemple. Quel dommage qu’elle n’ait pas voulu le suivre. Remarque, toute cette diplomatie lui semblerait… fort ennuyeuse ! C’est ainsi qu’ils conquièrent le village, par la simple diplomatie. Entre le pouvoir d’attraction de la reine, et celui de Noé, ces braves gens ne savent plus sur quel pied danser. Le cardinal a tout de même repéré quelques récalcitrants, au tempérament plus fort, à la magie plus affirmée, qu’on n’amadoue pas facilement. Et ce sont ceux-là, ceux-là, qui l’intéressent vraiment. Ils doivent être d’excellents mages ! Noé se les note en tête. Leur mission est terminée ici en deux jours seulement. Les habitants souhaitent la protection de la reine contre Skyadrum, et ils l’auront. Les éléments intéressants devront attendre, car Soul Reaper a appris l’existence d’un autre village à proximité, possédant les mêmes critères. Le village de Londor. La reine propose que Noé s’en occupe seul. Il courbe l’échine et s’y rend. En chemin, on lui apprend l’arrivée de Kyoka.

« Êtes-vous d’accord pour que nous lui indiquions votre position, Cardinal ? »

Tiens donc. Est-ce que cette personne, qui ne l’apprécie pas, lui rend visite lors d’une mission qui a toutes les chances… de ne pas lui convenir ? Noé sait que Kyoka est une bestiole curieuse. Mais tout de même !

« Avec joie ! »

Comme le blanc arrive à peu près en même temps qu’elle, il l’attend à l’entrée du village de Londor. Un sentier modeste mène à la place principale, avec son clocher, son hôtel de ville, ses commerces.

« Ce n’est donc pas un mirage. La belle Nour me rend visite. Quand s’est-on quitté ?… Avant-hier ? Je te manque donc déjà ? »

Le cardinal rayonne en se penchant un peu vers elle, sourire aux lèvres. À sa question, il lui colle un envoûtement si fort qu’il en est proche du flash, cet éblouissement de quelques secondes qu’il utilise en général quand on cherche à l’attaquer. Malgré la puissance attractive de sa magie, il se doute que Kyoka est capable de lui coller un « non », mais il se délecte d’avance de sa lutte pour y parvenir. Oh, ne pourrait-elle pas céder, de temps en temps ? Ces gens trop fiers sont si prises de tête !

L'envoutement semble plutôt fonctionner, Kyoka ne le rembarre pas. Elle pourrait. Il a toujours si peu de rancune contre elle, ce n'est pas ça qui lui donnerait envie de la congédier. Au contraire ! Il la trouve charmante quand elle se rebiffe. « Tu as bien conscience que ce ne sera pas une affaire de cinq minutes ? » s'amuse-t-il avec un petit sourire en coin. Kyoka n'est pas réputée pour sa patience légendaire, or le métier de Noé est fait de ça. Noé se met en marche. Ils se dirigent ensemble vers le village. À sa question, le cardinal désigne les maisons qui se dessinent droit devant d'un signe du menton. « Je te présente Londor. C'est un village d'Earthlandais qui se cache des édorasiens et échappe à la juridiction de Skyadrum. Une cible idéale pour notre reine, car cela nous permet de grignoter le terrain du soi-disant roi de ces terres. J'accepte ta compagnie avec plaisir pour cette mission et je compte sur ta bonne conduite. La reine souhaite que l'on s'empare de cette ville de façon pacifique. Sauras-tu m'écouter ? » murmure-t-il d'un ton joueur. Mais oui, le lieutenant sait être sage quand il le faut ! Surtout quand sa majesté Nyx y tient. « Nous allons commencer par du repérage. Nos visages sont connus, surtout le tien. Il faut voir comment ils y réagissent et ce qu'on leur inspire. La peur, l'indifférence... la haine ? Nous ne sommes pas à l'abri de rencontrer une famille d'ancienne victime de Reaper. Ces cas sont plus difficiles à traiter. Si nous en croisons, il nous faut les isoler afin qu'ils ne perturbent pas la masse. »

Une chose est sûre, Landor est un endroit tout à fait charmant. Noé salue les premiers villageois qu'ils rencontrent. La séduction naturelle de sa magie opère, offrant des réponses chaleureuses en retour. Parfois, des regards se posent sur Kyoka et s'y attardent mais jusque là, pas de réaction excessive ou rebutée. Noé prend la direction d’une brasserie cosy située sur la place principale, avec son clocher et son hôtel de ville. Il prétexte l’envie d’un café. C’est le cas, et ça lui permettra un peu de se familiariser aux passants et se renseigner au moment de payer, à la caisse. Demander des informations, ça marche toujours mieux quand on se tient devant le pot à pourboires. En attendant, il prend place sur la terrasse et invite sa camarade à s’asseoir en face de lui d’un signe de la main.

« Qu’est-ce que tu prendras ? » Cette demande aimable est formulée tandis que son regard analyse distraitement les alentours et les visages. Une fois leur commande passée, le serveur s’éloigne, calepin en main. Noé pose ses coudes sur la table et se penche vers la brune, ancrant son regard d’or dans le sien. « Dis-moi, Nour. Cette personne dont tu parlais, et qui ne m’apprécie guère… penses-tu qu’elle aurait traversé la mer pour me rejoindre ? » susurre-t-il avec charme, en y mettant cette pointe de curiosité, comme s’il feint de ne toujours pas savoir de qui elle parlait. La malice de son sourire ne trompe pourtant pas.