Le vent cinglant du nord effleurait le visage de Valen alors qu'il contemplait la silhouette de l'héliport qui se découpait sur l'horizon glacé. Ses yeux jaunes perçants scrutaient les ombres, sa posture, droite et immobile, témoignait de son calme habituel. Valen n’était pas un homme de longues discussions, mais un observateur attentif. En ce moment précis, il prenait la mesure de l’équipe qu’il allait accompagner sur cette mission périlleuse.

Erza Scarlet, la célèbre Titania, connue pour sa force et son sens du devoir, menait cette expédition. Il avait entendu parler d'elle bien avant de la rencontrer. Ses exploits résonnaient dans les récits que Valen avait pu recueillir ici et là, depuis son arrivée dans la guilde de Fairy Tail. Une épéiste, mage-chevalière d'exception, en quête perpétuelle de perfection, tout comme lui. Valen respectait cette rigueur. Cependant, il restait encore à voir comment cette rigueur se traduirait sur le terrain.

À ses côtés, Wendy Marvell, la jeune Dragon Slayer. Elle paraissait fragile, presque trop douce pour les terres rudes de Norest. Pourtant, Valen n’était pas dupe. Derrière son apparence frêle, il savait que résidait une puissance qui dépassait l’entendement. Wendy, avec son don pour la magie du ciel, était un atout précieux. Mais il ne pourrait pas s'empêcher de la surveiller de près.

Alors qu’Erza donnait ses instructions avec son habituel ton autoritaire, Valen gardait le silence, écoutant chaque détail. Il avait déjà une vision partielle de Norest, bien qu’il n’y soit jamais allé. Il se souvenait des récits de son père, Tharos Thorne, et des rapports qu’il avait pu lire à l’époque où il servait dans l’armée du Roi Faust. Norest, autrefois rival puissant du Royaume d’Edoras, était désormais un territoire de glace, une terre figée dans le temps. Les légendes parlaient de ses habitants pétrifiés dans la glace, condamnés à errer dans un silence éternel, punis par des dieux pour leur arrogance. Un sort que Valen avait toujours trouvé fascinant, non pas par sa cruauté, mais par sa symbolique : même les plus grands royaumes peuvent tomber sous le poids de leur hubris.

Quand Erza désigna la zone montagneuse derrière Silencia sur l’hologramme projeté par la lacryma, Valen ne put s’empêcher de réfléchir aux dangers potentiels. Il avait confiance en ses capacités de survie, de chasseur, et surtout d'épéiste, mais Norest était une terre inconnue, imprévisible. Valen savait que cette expédition n’allait pas être de tout repos, et il préférait être prêt à toute éventualité.

Valen se rapprocha d'Erza, les yeux rivés sur les montagnes lointaines qu'ils allaient explorer. Son expérience en tant que capitaine dans l'armée d'Edoras lui avait appris à ne jamais sous-estimer un terrain inconnu, encore moins un territoire réputé pour être maudit.

« Ces montagnes n'ont jamais été complètement explorées », commença-t-il calmement, le regard toujours fixé sur l'horizon. « Je connais bien ce genre de mission. Durant mes années dans l'armée, cartographier les territoires inexplorés faisait partie de mon travail. Nous allions souvent dans des régions où peu d’hommes avaient posé le pied, au nom de Faust et de ses ambitions energétiques démesurées. »

Il se tourna vers Erza, sortant de son sac un carnet de notes usé et une boussole gravée. Ce n'était pas des outils magiques sophistiqués, mais de simples instruments que Valen avait utilisés durant toute sa carrière. Une boussole solide, des cartes vierges, des crayons à mine noire : des outils qui ne trahissaient pas leur utilisateur, même dans les pires conditions.

« J'ai tout ce qu'il me faut pour dresser des cartes précises au fur et à mesure que nous progressons », dit-il en montrant le carnet. « Si nous devons éviter les grandes villes et nous aventurer dans des zones inexplorées, il sera crucial de marquer chaque point de repère. Sans magie, donc en privant du meilleur mage ou monstre sensoriel potentiel de la moindre particule magique ambiante superflue qui pourrait nous trahir en zone déserte, je peux établir des relevés précis à chaque halte et nous orienter efficacement à travers ces montagnes. Les cartes approximatives que nous avons sont un bon point de départ, mais elles manquent de détails cruciaux. Si tu es d'accord, je peux me charger de la cartographie. »

Erza le regarda ensuite directement, avec ce regard perçant et son ton cassant. "Autant que faire se peut," avait-elle dit concernant la discrétion. Valen esquissa un sourire discret en réponse. Il n'était pas le plus discret, il le savait bien. Sa stature imposante, son arme Tremora accrochée dans son dos – une lame noire d’une taille impressionnante – en faisaient une figure reconnaissable entre mille. Mais il n’avait jamais cherché à passer inaperçu. C'était contraire à sa nature. Si Erza souhaitait discrétion, elle devait bien comprendre que les compétences de Valen résidaient ailleurs : dans la confrontation directe, dans l’art du sabre. Cacher sa présence n’avait jamais été son fort. Il répondait toujours aux défis par l’escrime, là où sa maîtrise faisait toute la différence.

Malgré le ton légèrement critique d’Erza, Valen ne se sentit pas vexé. Il respectait la franchise, elle ne faisait qu'affirmer une vérité évidente. Il hocha doucement la tête en signe de compréhension. "Je ferai ce qui est nécessaire," répondit-il calmement, sa voix grave et posée. Pas de protestation, pas de justifications. Il était là pour contribuer, pas pour discuter. Sa lame parlerait pour lui le moment venu.

Valen s’ajusta légèrement, resserrant sa cape épaisse sur ses épaules pour se protéger du froid qui s'intensifiait. Ce n'était pas la première fois qu'il s'aventurait dans des environnements aussi hostiles. En tant que chasseur, il avait appris à apprivoiser la nature, à utiliser les éléments à son avantage. Norest serait un nouveau terrain de chasse, un défi qu'il acceptait volontiers.

Les instructions d'Erza étaient claires : il fallait rester discrets et éviter les zones habitées. Une tâche plus facile à dire qu'à faire, surtout dans ce territoire gelé où chaque souffle de vent, chaque pas pourrait être perçu comme une intrusion par les créatures qui rôdaient, par la Nuit, ou pire encore, par les mystérieux gardiens d’Eulmore, la capitale de Norest. Les légendes de démons protégeant les lieux n'étaient pas à prendre à la légère, mais Valen avait appris à ne jamais sous-estimer la réalité derrière les mythes.

Son regard se posa brièvement sur Wendy. Une jeune mage douée mais inexpérimentée dans ce genre de mission dangereuse. Il ne doutait pas de ses capacités, mais il savait qu’il devait rester vigilant, surtout pour elle. «Fais attention à toi, Wendy,» pensa-t-il, en écho aux préoccupations d’Erza. «Les montagnes ne pardonnent pas les erreurs. Marche bien sur nos pas.»

Une fois les explications terminées, Valen hocha la tête une nouvelle fois. «Prêt,» dit-il simplement, dans son ton habituel calme et posé. Ses mains se reposèrent sur la garde de Tremora, une habitude presque inconsciente lorsqu'il se préparait mentalement à une mission.

Il suivit ensuite Erza en silence, quittant la cabane pour affronter le vent glacé de Norest. Le paysage semblait déjà hostile, mais pour Valen, c’était une opportunité de prouver une fois de plus la symbiose parfaite qu'il avait avec Tremora. Il laissa un léger sourire effleurer ses lèvres. La route serait longue et les dangers nombreux, mais il avait l’habitude de telles missions. Et cette fois, il n’était pas seul. Il sentait déjà que cette équipe, bien que nouvelle pour lui, avait le potentiel d'accomplir de grandes choses.

Valen progressait en tête du groupe, ses pas laissant de légères empreintes dans la neige fraîche. Le vent glacial mordait son visage, mais il restait impassible, focalisé sur sa tâche. Les montagnes de Norest se dressaient comme des sentinelles silencieuses, et leur blancheur immaculée cachait les dangers potentiels. Ses yeux d'un jaune perçant balayaient chaque détail, chaque ombre sur la neige, chaque relief suspect des parois rocheuses environnantes.

Le froid était mordant, mais il le supportait sans faillir. Sa tenue, bien qu’adaptée aux climats rudes, restait sobre et proche de son style habituel, renforcée par des couches de vêtements épais et un long manteau de laine sombre, qui flottait légèrement à chacun de ses mouvements. Tremora, son épée noire, pendait lourdement dans son dos, vibrant doucement sous l’effet des vents montagnards.

Il était conscient du rôle crucial qu’il jouait dans cette mission. Chaque avancée, chaque détour, chaque repli de terrain, tout devait être minutieusement noté sur la carte vierge qu’il avait apportée. À chaque pause, Valen sortait sa boussole et son compas, traçant à l’aide de son crayon les contours de la montagne, marquant les points de repère naturels : un pic rocheux ici, une crevasse profonde là. Son carnet, déjà constellé de traits précis et de symboles, commençait à prendre forme, révélant peu à peu la complexité de cette terre hostile.

Quand Erza posa une main sur son épaule pour signaler la pause, Valen hocha la tête et observa l'alcôve qu'elle lui désignait. L'endroit offrait un abri sommaire, suffisamment protégé du vent pour permettre un travail plus minutieux. Il laissa Wendy et Carla s’y installer avant de s’accroupir sur le sol gelé, étalant ses outils sur une couverture pour éviter que le froid ne rende ses instruments trop fragiles.

« C’est un bon endroit pour marquer les points stratégiques que nous avons croisés jusqu’à présent, » dit-il d'une voix grave mais mesurée, alors qu'il traçait une nouvelle courbe sur la carte. « Les montagnes ici sont traîtresses, et l’absence d’animaux n’est jamais bon signe. Peut-être qu'ils ont perçu une menace que nous ignorons encore. »

Il leva un instant les yeux vers Wendy, qui s'interrogeait sur son expérience passée en ces terres. Sa question, naïve en apparence, contenait un véritable enjeu : pouvait-il leur offrir une chance de comprendre ce qui les attendait ? Valen prit une seconde pour réfléchir avant de répondre, sa voix calme se détachant dans le silence glacé de l'alcôve.

« À l’époque où je servais sous les ordres du Roi Faust, j’ai été envoyé à la frontière de Norest à quelques reprises. Jamais aussi loin au nord, mais j’ai étudié les rapports de l’époque. Ce territoire était redouté par nos soldats. Les tempêtes de neige peuvent frapper sans avertissement, transformant un simple déplacement en cauchemar. Et ces montagnes... » Il traça du doigt un itinéraire sur la carte, marquant un passage possible à travers les reliefs. « ...ont souvent servi de refuge à des créatures discrètes mais redoutables. »

Il reporta son attention sur la carte, notant la position approximative de leur campement actuel et traçant de petites croix pour signaler les zones déjà explorées. Puis, il releva la tête vers Erza, captant son regard sérieux. « La zone que tu as mentionnée plus tôt, vers Orbia, pourrait nous offrir un passage plus abrité, si les informations de la troisième division de l’armée sont exactes. Mais si le ciel se couvre davantage, nous risquons de perdre la lumière trop tôt pour l'atteindre avant la nuit. »

Le vent siffla entre les rochers, un murmure glacial qui sembla avaler ses paroles. Valen prit un instant pour écouter, concentrant ses perceptions sur les vibrations subtiles de l’environnement. Tremora, plantée dans la neige à ses côtés, vibra légèrement, comme une antenne captant les résonances des alentours. Mais même les échos de la montagne semblaient figés dans ce froid mortel, incapables de révéler les secrets cachés sous la neige. Aucune menace à proximité.

Il reporta son attention sur les notes de sa carte, notant la direction du vent et la couverture nuageuse qui s’épaississait au-dessus de leur tête. Puis, d’un geste assuré, il ajouta quelques symboles représentant les courants d’air froid et les zones d’ombre sur la carte. « Une tempête serait un sérieux obstacle. Si elle se lève, il faudra trouver un abri plus profond. Cette alcôve est trop exposée si les vents forcent. »

Il se leva finalement, rassemblant ses outils dans une pochette qu’il passa à sa ceinture. L’ombre de Tremora glissa sur le sol enneigé alors qu’il faisait quelques pas pour scruter la vallée en contrebas, plissant les yeux pour percer la brume naissante. Ses pensées étaient déjà tournées vers la prochaine étape, vers les dangers possibles. Mais, fidèle à son habitude, il garda ses réflexions pour lui, ne partageant que l’essentiel.

« Wendy, Carla, restez à l’écoute de ce qui pourrait approcher. Je vais m’assurer que la voie est dégagée pour reprendre notre route. Erza, si nous devons nous replier, cette direction... » Il pointa une faille dans le relief, à quelques centaines de mètres. « ...offre un couvert naturel contre le vent. Je prendrai les devants pour vérifier. »

Il s’avança vers la sortie de l'alcôve, ses pas à nouveau absorbés par le tapis de neige. Avant de quitter complètement le refuge temporaire, il s’immobilisa, observant le ciel voilé d’un regard perçant. « ... »

Tout taciturne qu'il aimait être au naturel, sa réserve de parole avait largement dépassé son quota habituel, si bien qu'il en resta muet.

Puis, d’un signe de tête, il s’élança vers la faille rocheuse pour explorer les environs immédiats, sa silhouette sombre se fondant peu à peu dans la blancheur glaciale de Norest.

Valen observa la faille en silence, son regard acéré scrutant chaque recoin de cette étroite ouverture qui se découpait dans la montagne. Ici, le froid semblait presque plus dense, lourd, comme s’il se comprimait dans cette cavité aux parois tranchantes. Il n’avait plus le luxe de s’attarder sur la cartographie. Rangeant soigneusement ses instruments, il fit glisser ses doigts sur la garde de Tremora, et déjà les vibrations discrètes de sa lame se mirent à résonner en écho avec les parois rocheuses. Chaque rebord, chaque fissure, chaque espace dissimulé s’inscrivait dans son esprit, et il cartographiait mentalement cette zone de manière instinctive, chaque vibration lui transmettant une cartographie invisible.

Pourtant, ses sens aiguisés ne purent empêcher l’embuscade qui s’abattit sur eux. L’air devint plus dense, poisseux presque, comme si le danger, tangible, cherchait à étreindre chacun de leurs mouvements. Des frémissements invisibles parcouraient le sol, et Valen percevait à travers le manche de Tremora les fines toiles des Shleis, ces araignées monstrueuses qui avaient tissé un réseau de fils piégeant les passages. Les créatures ne les avaient pas attaqués directement, et c’était là tout l’art de leur piège : elles comptaient sur l’inattention de leurs proies pour les prendre au dépourvu.

D’un geste fluide, il tira Tremora de son dos, l’acier noir de la lame scintillant brièvement sous la lueur tamisée de la faille. La simple taille de Tremora aurait pu être un obstacle dans un espace aussi confiné, mais Valen, habitué aux combats rapprochés, savait comment tirer parti de chaque centimètre d’espace et de chaque vibration émanant de l’arme. Chaque pas qu’il faisait résonnait dans le sol, chaque impact de ses bottes se répercutant dans la caverne, comme un sonar vibrant, capable de détecter les moindres variations dans l’atmosphère.

Les premiers Shleis apparaissaient à la périphérie de leur champ de vision, émergeant lentement de l’ombre en émettant des cliquetis sinistres, leurs pattes s’extirpant avec précision des replis sombres. D’un coup d’œil acéré, Valen repéra l’infime tremblement d’un fil invisible, tendu comme un piège mortel à quelques pas de là. Un sourire impérieux se dessina sur son visage tandis qu’il ajustait son pied dans un mouvement calculé. La lame de Tremora glissa avec une grâce déconcertante, tranchant le fil tendu sans que la vibration ne se propage.

Un premier Shlei surgit des ténèbres, ses mandibules claquant dans un sifflement métallique. Valen balança Tremora en un arc descendant, le bord de la lame tranchant le vide avec une légèreté déconcertante pour une épée de cette taille. Juste avant de frapper le sol, il la saisit fermement par la garde cruciforme, réorientant instantanément la trajectoire du coup dans un geste sec et maîtrisé, écrasant la créature contre la roche avec une précision chirurgicale. Il se tourna légèrement vers Wendy, lui offrant une ouverture.

D’un pas glissé, Valen entra dans une position basse, le poids de son corps parfaitement réparti pour éviter tout déséquilibre. Sa main se crispa légèrement sur la garde cruciforme de Tremora, et avec une élégance technique, il pivota, soulevant la lame juste assez pour frôler le sol, dégageant un arc de lumière froid dans l’obscurité de la faille. Le coup, à première vue exagéré par la taille de l’arme, frappait néanmoins avec une légèreté calculée, déchirant les fils sans compromettre l’équilibre de Valen ni sa vitesse de réaction.

Les Shleis n’avaient pas pour habitude d’attaquer seuls ; ils approchaient en meute, tour à tour projetant des fils acérés ou sautant en tentant de l’encercler. Valen, immobile l’espace d’un souffle, se redressa subitement, Tremora adoptant une posture verticale qu’il modifia en un geste rapide pour un coup horizontal large et précis. La lame, imposante et menaçante, paraissait légère dans sa main. Chaque mouvement découpait l’air, orchestré avec la finesse et la rigueur d’un maître épéiste.

En un éclair, Valen reconfigura son appui, transférant son poids sur une jambe pour exécuter un pas glissé en arrière, esquivant l’assaut d’un Shlei qui s’était jeté sur lui, mandibules ouvertes. Avec un contre désinvolte, il releva Tremora, mais au lieu de trancher frontalement, il pivota et utilisa la garde pour repousser la créature, exploitant l’équilibre et l’inertie de la lame comme un point d’appui précis. Sa maîtrise du poids de Tremora lui permettait de jouer non seulement sur la force brute mais sur l’angle et le rythme, rendant ses mouvements aussi imprévisibles que redoutables.

D’un revers de la main, il reprit son élan, alternant entre coups de taille et attaques en estoc, Tremora frappant avec la régularité d’un métronome. Il attrapa un instant la garde à deux mains, et, pour contrer un filet de Shleis suspendus qui tentaient de lui tomber dessus, fléchit les genoux et bondit latéralement. La rotation fut millimétrée : il profita de l’élan de Tremora pour effectuer un balayage circulaire, coupant à mi-hauteur plusieurs toiles tendues et éparpillant les Shleis avec une précision inégalée.

À chaque attaque, le jeu de jambes de Valen conférait un équilibre parfait à ses mouvements. Son corps, forgé par le Sérum, absorbait l’impact de chaque coup, et son contrôle de l’inertie de Tremora était à couper le souffle. La garde cruciforme de la lame lui servait également d’outil de redirection ; il attrapait brièvement la lame par cette garde, alternant entre le maniement à une main ou à deux mains pour ajuster la portée et la puissance des coups. Les Shleis, pourtant agiles, semblaient constamment un temps en retard face à cette précision chorégraphiée.

Un dernier groupe de Shleis tenta une attaque concertée, enroulant leurs fils dans une traînée argentée pour former une toile mouvante qui barrait le chemin. Valen, à peine contrarié, s’abaissa et relâcha un coup de bas en haut avec un contrôle millimétré, fragmentant le barrage sans perdre d’élan. Il se redressa en une fraction de seconde, les yeux perçants, Tremora retombant en garde basse, prête à contrer.

D’un regard intense, Valen repéra une nouvelle fois Wendy. Il lui désigna une ouverture entre les fils, dégagée par sa dernière attaque. Un murmure grave s’échappa de ses lèvres, laconique mais invitant :

« Maintenant. »

Puis il reprit sa position de garde, offrant à Wendy l’espace et la protection nécessaires pour s’élancer à ses côtés et porter le coup décisif. Valen combinait adroitement une puissance brute qui se mariait à la subtilité, créant un jeu d’équipe où chacun de ses gestes semblait anticiper ceux de Wendy, une chorégraphie qui alliait le tranchant de l’acier et la précision d’un prédateur en chasse.

Alors que le dernier Shlei retombait dans la neige avec un bruit mat, Valen expira lentement, stabilisant le rythme de son souffle. Il glissa Tremora dans son dos, l'arme se fondant dans l’ombre de sa silhouette comme si elle n’avait jamais quitté son emplacement.En parallèle, le bretteur gardait un oeil sur la performance solitaire de Erza, et haussa les épaules lorsqu'elle arriva à leur niveau, posant son regard vers les dernières shlei vaincues.

« Les Shlei en dehors de leurs pièges n'ont rien d'effrayant. Wendy fait du bon travail. »

Sans un mot, il tira son carnet de notes et les instruments de cartographie de son sac, qu’il disposa soigneusement sur une surface rocheuse dégagée de la faille.

Les vibrations de Tremora, accumulées en nuances subtiles au cours du combat, avaient permis à Valen de saisir des détails sur l’agencement des lieux. Son esprit travaillait déjà à reconstituer la topographie de la faille : les couloirs étroits, les renfoncements, les légères inclinaisons qui pouvaient offrir des points d’observation ou d’embuscade. D’un geste précis, il traça une ligne, représentant le passage principal. Les contours de la carte s’enrichissaient d'une précision mécanique, chaque trait se calquant sur les sensations qu’il avait perçues.

Ses doigts glissèrent le long de la mine de son crayon pour détailler la disposition des fils de toile, indiquant les zones où les Shleis avaient tendu leurs pièges. Il annota ces zones avec de brèves descriptions, « toiles fines – invisibles sous lumière normale », s’assurant de ne rien omettre. De temps à autre, il jetait un regard vers Wendy, confirmant qu’elle était bien, elle aussi, en train de reprendre son souffle après cette lutte intense.

Sans lever les yeux de son croquis, il ajouta quelques mots pour elle, un rare éclat d’encouragement transparaissant dans sa voix grave :

« Bien joué, Wendy. Ces lieux cachent bien des pièges, mais ensemble, nous aurons ce qu’il faut pour progresser sans accroc. »

Il continua à cartographier, ajustant la boussole, puis ajouta des marques discrètes sur la carte, prêtes à guider leurs pas futurs. La faille se dessinait désormais comme une route semi-dégagée, une porte d'entrée vers l'inconnu, gravée dans le papier avec l’assurance méticuleuse d’un épéiste doublé d'un fin stratège.