Aujourd’hui était un jour sans. Un jour où Liz n’était pas présente, où il n’avait rien à lire, ni même de quoi s’occuper. Il aurait été prêt à prendre une mission en solitaire pour le sortir de cette certaine mélancolie cependant, il n’en était rien : Le tableau était incroyablement vide de toute affiche à sa portée. Il soupira d’ennuis, le dépit guettant sa porte comme l’ombre de Baram sur Edoras. De mauvaise grâce, Livio quitta dès lors la salle commune, main dans les poches, jusqu’à sortir du bâtiment. Le soleil n’était pas très haut dans le ciel, et la fraicheur était au faible niveau de celui-ci, une journée pourrie. Lentement, son regard se perdit au loin, fermant les yeux jusqu’à se décider à bouger en ville. Cela n’arrivait pas souvent qu’il y aille pour du shopping, et pourtant ca n’en restait pas moins nécessaire. En temps normal, il profitait bien de l’une ou l’autre mission afin de refaire son stock, mais il devait bien avouer qu’il n’en avait pas vraiment eu l’occasion dernièrement.

C’est ainsi que le brun quitta la Guilde, direction la ville. Il n’aimait pas Falco, il ne savait pas pourquoi mais le cadre lui donnait presque envie de vomir et moins il s’y rendait, mieux il se portait. Ce qui ne lui laissait plus que deux possibilités : Altissia ou Narshe, si toutefois il souhaitait s’aventurer par la montagne. Il regarda une fois de plus le ciel avant de se décider. Il était hors de question qu’il ait plus froid que ca. La journée était assez pénible comme cela. Il devait bien avouer que ne pas être connu des autorités était un point non négligeable à la fois pour sa petite escapade, mais également pour le salut de sa jumelle. Officiellement, il était son frère d’une autre terre, la famille qu’elle avait perdue alors que la Lizbeth d’Edoras était en sécurité au sein de leur mur et il prendrait le soin à ce que ce soit toujours le cas. Il ne pouvait exister qu’une seule Liz, la sienne.

À présent qu’il pensait à elle, il avait bien envie de la retrouver en cours des routes, d’autant plus que l’idée de faire le trajet du retour en sa compagnie faisait son chemin. Elle devait bientôt rentrer et ce simple fait éclairait sa journée d’une motivation nouvelle ! Parti en direction de la grande ville, Livio décida pourtant de ne pas s’y arrêter, préférant poser son dévolu sur l’hélistation. Lui qui pensait faire un simple aller-retour avait bien changer d’avis et pour cause, l’amour de sa jumelle le guidait comme à chaque jour. C’est ainsi qu’il se trouva dans un héliport pour le continent Galad pour se poser aux alentours de Junon. Il avait du temps jusqu’à la liberté de sa précieuse sœur, assez que pour s’occuper l’esprit et dormir quelque part à mi-chemin.

Pour l’heure, il allait se concentrer sur le plus proche, cette ville qu’il n’avait encore jamais visitée et dont il espérait qu’elle possède une librairie digne d’intérêt. Alors, mains dans les poches, le Reaper se dirigea vers l’entrée de la cité où il pénétra sans problème, son identité n’étant liée à rien de suspect que ce soit, officiellement. Junon était, à sa grande surprise, très calme et il devait bien avouer que cela lui allait à merveille. Loin était l’ambiance de la cité royale ou même d’Altissia. Le lieu était davantage ressemblant à un ancien village qui s’était rénové au fil du temps, vivant de ses ressources maritimes, le fort d’une ville côtière … Livio s’y balada un peu, avant d’aborder sans chaleur, une personne qui croisait son chemin afin de le guider vers l’objet de ses recherches. Il s’avéra que ce n’était plus très loin et qu’il aurait pu trouver sans demander de l’aider et cette réflexion ne lui fit qu’hausser les épaules. Au fond, n’avait aucun regret si ca lui permettait d’y arriver plus rapidement.

Quelques centaines de mètres supplémentaire, et le brun était désormais face à la devanture du bâtiment et c’est, sans attendre une seconde de plus qu’il y pénétra. Directement, il se dirigea vers les divers étalages de la boutique, un bonjour distrait s’échappant de ses lèvres pour répondre à la salutation qui lui était adressée. Jetant un rapide coup d’œil sur les ouvrages empilés minutieusement, le Nightingale se fit la réflexion qu’il n’était pas tomber dans n’importe quel dépotoir se prenant pour une librairie, mais bien dans un endroit digne d’intérêt. Les livres étaient intéressants et plutôt variés, si bien qu’il s’étonna à bloquer dans l’allée en contenant des plus anciens. « Je peux t’aider ? Tu cherches un ouvrage en particulier ? » La politesse était de mise mais en général, le Reaper n’en a cure pourtant, il est assez intelligent que pour savoir lorqu’il faut l’être, pour le bien de sa tranquillité. S’il souhaitait revenir profiter des lieux, un petit effort était de mise et ca, il en était bien conscient. « Je cherche de quoi tuer l’ennui. » Ces mots, bien que criant de vérité, venait de lui échapper doucement et à présent, il daignait enfin se tourner vers son interlocuteur. Le jeune homme face à lui devait être le propriétaire des lieux et il espérait qu’il soit à la hauteur de sa boutique. « Je ne sais pas trop sur quoi jeter mon dévolu … Qu’est-ce que tu aurais à me conseiller ? » Selon le choix, il saurait d’emblée s’il s’y connaissait un minimum et si, cela valait la peine de poursuivre cette conversation nouvelle commencée.

Qu’importe qu’il ait été mitigé de prime abord, Livio était satisfait de s’être déplace jusque dans ce village dans lequel il n’avait encore jamais mis les pieds. Il semblait receler une librairie digne de ce nom et plus encore, ce qui l’étonnait d’autant plus, un propriétaire pour le moins passionné. Il était tellement compliqué de nos jours d’avoir une véritable conversation avec un connaisseur, qu’avant aujourd’hui, il avait tout simplement pris le soin d’éviter tout échange inutile. Les gens à la stupidité affligeante étaient loin de la ravir, d’autant plus quand son lieu de prédilection était tenu par un écervelé total. Au moins, cette fois-ci, les choses semblaient quelque peu différentes. « Tu es au bon endroit pour ça, c’est un bon début. » Effectivement, que pourrait-il faire donc dans ce bâtiment si ce n’était acheter des livres ? A bien y regarder, il semblait que l’on pouvait s’y restaurer un minimum dans un calme plaisant pour ses oreilles bien trop habituées au brouhaha en l’absence de Liz. Sa chère Liz … peut-être apprécierait-elle également l’endroit. Il ne tenait qu’au propriétaire de lui donner envie de revenir dans ce lieu.

Le brun posa son regard blasé juste le temps de lui demander un conseil, surtout histoire de confirmer ses compétences. « Oh, tu me testes ? » Il n’était pas si stupide et avait visiblement bien compris vers quoi le Reaper voulait tendre. Il attira ainsi son attention, le petit sourire qu’il affichait n’y étant pour rien du tout alors que son visage se fit curieux sans pour autant lui répondre. Il laissa ainsi le propriétaire attraper un livre en hauteur tout en expliquant son choix. « Mosshard est un talent méconnu d’un autre temps. C’est un visionnaire sur la façon dont il voyait le monde d’aujourd’hui à son époque. La plume est assez soutenue, pas forcément agréable lorsqu’on lit peu et que notre culture ne suit pas mais cela ne semble pas être ton cas. » Livio réceptionne le livre que le jeune homme lui tend sur un clin d’œil qu’il n’est pas certain d’avoir bien vu. Il ne s’y intéresse d’ailleurs pas davantage lorsque celui-ci continue sur sa lancée en aller chercher un second ouvrage. « On retrouve plus de légèreté chez des auteurs comme Lenwine, qui aborde des sujets complexes en les retravaillant pour les rendre accessibles au plus grand nombre. C’est plus actuel puisque l’auteur a sorti ce livre il y a quelques années. Son premier récit, d’ailleurs, est une perle. Mais il est rare et malheureusement je n’ai pas réussi à me le procurer…Pour l’instant. Tu veux d’autres propositions ? »

Il connaissait son sujet, c’était indéniable et il devait avouer qu’il avait un goût certain pour la littérature ce qui arracha un petit sourire au jumeau flemmard qui ne manqua pas de répartie. « L’idéologie critique de Baltaire est également intéressante. L’âge d’or du continent semble avoir énormément été marqué dans ses écrits à l’ironie constante. Un délicieux décalage avec la réalité, nous en conviendrons. » A ces mots, il s’empara de l’ouvrage que lui tendait une fois de plus le propriétaire et une fois les deux dans ses mains, Livio poursuivit avec intérêt. « Je n’avais pas encore lu ceux-ci, c’est l’occasion de m’y mettre semble-t-il et je serais curieux de parcourir ce fameux premier récit lorsque tu l’auras en ta possession. » apparemment, les deux jeunes gens semblaient avoir des goûts similaires en matière de littérature et avoir une discussion à ce sujet, dérogeait à ses habitudes bien trop distantes avec le monde extérieur. Il tourna alors la tête pour apprécier l’intérieur du bâtiment dont le calme agréable le mettait à l’aise, non sans émettre une petite interrogation à ce sujet. « Un café librairie ? » Il n’en restait pas moins curieux de cette association pour le moins incompatible. Les écrits, le calme la sérénité et les boissons, rencontres et autres futilités sonores … Les gens faisaient-ils réellement la part des choses en ce lieu ? La réponse l’intéressait puisque, de toute évidence, il avait encore du temps à perdre avant de rejoindre sa merveilleuse Liz.

Il n’y avait pas à dire, Livio était agréablement surpris d’être tombé sur une personne semblant s’y connaître un minimum sur le sujet. Habituellement, il se contenta du strict minimum, ne cherchant pas même à entretenir une conversation mais cette fois, il était forcé de constater qu’il devait déroger à ses règles. Il était tellement rare de tomber sur quelqu’un d’intéressant qu’il en aurait presque oublié ce que cela faisait. Au moins, il était sûr de ne pas être touché par la stupidité affligeante du commun des mortels … Les échanges s’enchainent d’ailleurs naturellement autour d’auteur que peu pouvait se targuer de connaître ou plutôt, d’avoir lu que pour se lancer dans une quelconque comparaison sur le cœur de leur ouvrage.  Mosshard, Lenwine et bientôt Baltaire étaient tombé sur le tapis, laissant deux livres finir entre ses mains tandis que la conversation à leur sujet se poursuivait. « Baltaire n’est pas reconnu à la hauteur de son talent uniquement parce que ses lecteurs n’arrivent pas à déceler l’ironie dans ses mots lorsqu’elle est employée. Je vois que critique et ouverture d’esprit ne te manquent pas, les deux livres que je t’ai conseillés devraient donc te passionner. »

Satisfait, il les avait acceptés avec plaisir, un petit sourire venant naître sur ses lèvres alors qu’il acquiesçait aux mots du propriétaire dont le goût de la littérature n’était plus à démontrer malgré ce bref moment. « Je te donnerais mon avis à l’occasion, dès que je les aurais terminés mais je n’ai aucun doute quant au fait qu’ils seront à la hauteur de mes attentes. » Ce n’était pas chose courante qu’il fasse confiance au premier regard, trop habitués à la déception et à la stupidité humaine qui ne valait pas la peine de demander ou suivre un conseil de cet ordre, ni n’importe quel autre d’ailleurs. Mais cette fois, il semblait réellement être tombé sur quelqu’un qui en valait la peine et qui méritait de partager, ne serait-ce qu’un peu, sa passion et son point de vue sur Liz la littérature. Apparemment, celui-ci était certain de dénicher ce précieux premier ouvrage ce qui, aux yeux du Reaper, prenait d’autant plus d’intérêt, au même titre que l’endroit sur lequel il ne pouvait que s’interroger. « Havre de paix pour les amoureux de la littérature et des petites douceurs. » Visiblement, le brun face à lui semble assez fier de son travail et s’il n’était pas aussi sceptique quant aux nuisances, peut-être serait-il d’accord avec lui mais pour cela, encore fallait-il en avoir la démonstration.

Le jeune homme l’invite à prendre place et, une fois n’est pas coutume, Livio s’exécute pour se caler confortablement dans l’un des fauteuils de l’espace salon de l’établissement. Effectivement, l’endroit était calme pourtant, le Nightingale ne pouvait que se demander ce qu’il en était en autre temps. Ses doigts glissant sur la couverture de l’un de ses livres, il ne put s’empêche d’en profiter pour en lire le synopsis qui avait l’air des plus intéressants, de son point de vue. Il avait hâte d’en commencer la lecture. « Est-ce toujours aussi paisible, ou s’agit-il d’une journée isolée parmi tant d’autres ? » lui demanda-t-il alors que le propriétaire revenait de derrière son comptoir, deux tasses à la main. « Cadeau de la maison. » Il l’observa s’installer face à lui, avant de déposer les livres à côté de lui et de se saisir, à son tour, du breuvage chaud réchauffant ses mains. Chocolat chaud … il huma pour porter le liquide à ses lèvres avec contentement. « Merci. Tu as du goût, même en nature de chocolat. » Il était inutile de préciser que celui du côté de Corel était absolument imbuvable, il en avait déjà fait les frais, on ne l’y prendrait plus.

« Si tu me laissais ton nom et ton numéro, je pourrais te prévenir lorsque j’aurais trouvé l’ouvrage dont nous parlions plus tôt. Histoire de te le mettre de côté s’il t’intéresse vraiment. » Livio releva son attention dans sa direction, observant d’avantage le jeune homme qui venait de lui demander ses coordonnées. L’espace d’un instant, il réfléchit sérieusement à la question, avant de se dire qu’il n’avait rien à perdre et qu’il aurait même l’exclusivité de ce livre le cas échéant. Une formalité à laquelle il comptait bien se plier, pour une fois. « Je ne mens jamais lorsqu’il s’agit de lecture, je n’ai qu’une parole. Si tu as de quoi écrire, je te renseignerais tout ca. » Jambes croisées, Livio porta une nouvelle fois la boisson à ses lèvres, observant avec plus d’intérêt le propriétaire. « Puisque tu connaîtras bientôt le mien, quel est ton nom ? » Propriétaire, intelligent, avec un goût prononcé pour la littérature et le chocolat chaud, il devait bien avouer que le brun était intéressant. Peut-être repasserait-il avec sa merveilleuse Liz pour jauger sa réaction. S’il ne lui donnait pas les égards auxquels elle avait droit, il ne serait pas d’accord ; de même que s’il s’intéressait réellement à elle, lourdement. Sa sœur était un joyau qu’il fallait faire briller, il n’était pas question de tenter de l’approcher de manière bien trop intéressée. Le rappelant à la réalité, son estomac choisi ce moment pour gronder légèrement, l’embêtant quelque peu. Il soupira alors doucement. « Tu parlais de douceurs, as-tu quelque chose à proposer ? » Maintenant qu’il y pensait, cela faisait bien plusieurs heures qu’il n’avait rien mangé, avait-il seulement ingurgité quelque chose ce matin ? Il n’en avait aucun souvenir. Les petits détails de ce genre n’étaient pas ce qu’il lui restait le plus à l’esprit. Ainsi, lorsque le brun se releva, retournant derrière son comptoir, Livio n’eut d’autre choix que de l’observer avec un petit sourire. Maintenant qu’il l’observait, il ne pouvait nier que l’homme était agréable à regarder et à défaut de nourriture, il aurait au moins pris plaisir à la vue.

Confortable installé dans un canapé, Livio tenait ses précieux ouvrages sur les jambes. Il aimait la tranquillité de l’endroit et n’avait pas manqué de se renseigner à ce sujet, comme la question la plus naturelle du monde. « C’est une journée tout ce que l’on trouve de plus classique. Je tiens à la tranquillité de l’endroit, les personnes trop bruyantes ne sont pas les bienvenues ici. » La réponse était tout aussi naturelle et il n’avait pas manqué de sourire amusé face à la franchise de l’homme face à lui avant de prendre une gorgée du breuvage qu’il venait de lui apporter. Il avait du goût et ce même, jusque dans le choix de son chocolat et il n’hésita pas à lui en faire part, récoltant ainsi un sourire et un remerciement de la part du propriétaire des lieux. Le calme de l’endroit était véritablement plaisant et Livio se surprit même à l’apprécier comme un endroit où il reviendrait volontiers. L’absence de nuisance, la richesse de la boutique, ses boissons et la certaine intelligence du maître des lieux rendaient tout ceci possible. Autant de caractéristiques qui se trouvaient rarement au même endroit.

Ainsi, après réflexion, il accepta même de partager ses coordonnées en vue d’un achat ultérieur, dès que l’homme aurait dégoté l’ouvrage qui avait tôt fait de l’intéresser. Et, chose rare, Livio en vain à avoir un réel intérêt pour son interlocuteur alors qu’il lui demandait son propre nom. S’il devait lui donner une information, l’autre pourrait tout aussi bien faire pareil, question de principe et de l’intérêt qu’il lui portait. Le brun releva la tête vers le jeune homme semblant amusé de la situation et qui, sans attendre lui répondit sans détour. « Matthew. » Simple et efficace, il appréciait la manœuvre. Il pensait terminer sa boisson tranquillement et pourtant, son estomac en profita pour crier famine dans un grognement significatif. Il était vaincu et de fait, il demanda à son hôte s’il avait quelque chose à lui proposer. « Mais très certainement ! » Celui-ci se leva, lui donnant de quoi écrire avant de disparaître derrière son comptoir et en revenir avec une brioche qu’il déposa au centre de la table d’un une assiette assortie d’une cuillère. « Je te remercie. » dit-il alors simplement avant de lui tendre le papier contenant ses coordonnées.

Le Nightingale rapprocha la douceur du bord proche de lui et s’apprêta à en prendre un morceau lorsqu’il entendit l’homme face à lui murmurer quelque chose. « Livio… » Il s’arrêta net, observant avec curiosité l’homme désormais songeur devant lui. Il rentrait ses coordonnées le Reaper ne s’en formalisa pas davantage lorsqu’il reçu un message de celui-ci pour qu’il ait également son numéro. Avec lenteur, Livio sortit alors son propre PHS avant de sentir le regard de l’homme se poser sur lui, le faisant lever les yeux dans sa direction. « De Midgar ? » Bien qu’innocente, la question est posée, ne lui enlevant pas son flegme habituel. Il lâcha reposa la cuillère dans l’assiette avant de se repositionner confortablement, se penchant légèrement en avant. « J’y suis passé avec ma sœur il y a quelques temps. » Sa propre réponse ne laissait rien le relier à cette catastrophe si on ne savait pas déjà la raison de sa présence à cette date précise. Il était inutile de préciser que la nouvelle de Midgar n’était connue que de quelques élus au sein de l’alliance et que seule celle-ci était au courant de l’auteur des derniers bombardements ayant saccagé la cité ce qui ne laissait plus de doute possible, Matthew devait faire partie des troupes de Weisslogia ou Skyadrum. Et, à sa connaissance, il n’y avait que peu de personnes portant ce prénom et s’étant fait connaître. Cependant, il valait mieux confirmer cette étrange situation. « Les runes de Troia ? » Si son vis-à-vis avait fait dans la subtilité, lui en faisait tout autant alors que sa question voulait tout dire et rien dire à la fois. Il suffisait à présent d’attendre la réponse du brun pour vérifier qu’il était bien dans le même camp, ou presque.

S’il s’avérait que les deux réponses étaient positives, il était bien probable que les deux jeunes gens aient encore davantage à partager que leur amour de la lecture. Ils ne se faisaient pas connaître du public, ils agissaient dans l’ombre, assez que pour pouvoir se balader librement lorsqu’ils le souhaitaient. L’anonymat arrangeait bien Livio et il ne comptait pas en changer de sitôt, il le savait, il aurait trop la flemme de se cacher et de vivre loin de la lumière de sa chère Liz. Et si elle était née pour briller, jamais il ne la desservirait par ses actions irréfléchies. Sa sœur était son pilier, sa raison de vivre et certainement la plus apte à s’infiltrer dans le camp adverse afin de récupérer toutes les informations pouvant leur être utiles sans qu’il n’y ait le moindre soupçon. Lizbeth était parfaite et il mettait au défit quiconque de dire le contraire.

Lorsque la réponse de Matt vint à ses oreilles, le Reaper ne put s’empêcher de sourire avant de se recaler correctement dans son fauteuil, croisant les jambes, une lueur amusée au fond des yeux. Il n’aurait jamais pensé que Lux puisse avoir des personnes aussi intéressantes dans ses rangs et il en était même étonné. Il semblerait que la clique de Weisslogia ne soit pas qu’une troupe de barbare à la solde de la destruction … Il pouvait également y avoir des gens intéressants et il allait sans dire que Liv appréciait ca énormément. Les personnages sages et intelligentes trouvaient de l’intérêt à ses yeux et visiblement, celui qu’il avait pour le propriétaire venait de monter d’un cran. Ainsi, récupérant sa douceur sur la table, le brun en prit une petite bouchée qu’il amena à ses lèvres dans un moment semblant être arrêté par le temps. « Sache que tu as également bien choisi. » Sauf son camp, ce n’était pas à prouver cependant … là n’était pas la question, loin de là. « Je devrais passer plus de temps ici. » Plus de temps que dans sa chambre seul à attendre sa chère et tendre Liz, plus de temps dans un calme et un service assuré et peut-être, plus de temps à poser les yeux sur cet inconnu qui ne l’était plus tant que ca à présent. Qu’est-ce qu’il venait de penser là ?