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Nahim & Alicya

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Les jours passés à aider au déblayage des décombres l’épuisent bien davantage psychologiquement que physiquement. Au fil des jours, les chances d’y retrouver des survivants s’amenuisent, c’est un fait qui se ressent dans le nombre de cadavres de plus en plus importants qui sont extraits des décombres. Parmi eux, tant de visages méconnus et une poignée de personnes qu’elle reconnaît : certains Lamias, quelques visages qu’elle croisait souvent dans les rues de la ville, et une poignée de militaires qui étaient officiellement affectés à la ville. Dans l’état dans lequel elle se trouve, elle est consciente que les militaires ont bien fait de lui proposer de rester loin des décombres de la guilde en leur laissant la gestion de cette partie de la ville. Même en restant éloignée de ce qu’elle considère comme un foyer, l’impact sur son état d’esprit est flagrant, même pour elle. Encore une fois, elle a besoin de s’épuiser à la tâche et de pousser son corps à bout pour réussir à trouver le sommeil. Ces dernières années, Sunrise a toujours été présent dans un coin de son esprit, surgissant de temps en temps alors qu’elle repensait à une personne ou un évènement en particulier. Depuis, elle repense constamment aux derniers instants de la guilde, les images se mêlant au chaos au milieu duquel elle évolue depuis quelques jours. Souvent, elle a ce sentiment d’étouffer, ce besoin de s’éloigner de tout ça comme ça cela pourrait lui permettre de respirer un peu mieux. Elle aimerait être capable de tout lâcher, de tout abandonner, de s’isoler. Elle s’interroge même parfois sur ce que serait le monde si elle devait rejoindre tous ceux qui ont disparus. Mais finalement cette idée ne reste jamais bien longtemps en place. Parce qu’elle veut vivre pour eux. Parce qu’elle ne veut pas ajouter une nouvelle perte pour ceux qui lui sont proches. Cela semble contradictoire avec le début de sa chasse. Mais si l’entreprise semble suicidaire, en réalité, Alycia n'a vraiment pas l’intention d’y laisser sa peau. Juste celle de rendre la politesse à Baram. Un matin, elle quitte Lestallum sans avoir prévenu personne, si ce n’est Ethan qui était déjà au courant de ses projets suite à leur conversation datant d’il y a quelques jours.

La traque lui fait perdre la notion des jours. Si elle ne fait pas véritablement de différence entre les trois guildes, la petite rancœur personnelle fait que lorsqu’elle doit faire un choix, c’est davantage vers Blood Moon qu’elle s’oriente. C’est ainsi que se déroule son quotidien sur les semaines suivantes : traquer du mage noir, les mettre hors d’état de nuire et contacter l’armée pour que des soldats viennent tranquillement les récupérer pour aller les foutre dans des cellules et en faire ce qu’ils veulent. Clairement, une fois qu’ils ont été récupérés par l’armée, ils ne sont plus le problème de la rouquine. Dans l’idéal, elle préfère les chopper vivants pour qu’ils puissent avoir un peu d’utilité en crachant une info ou deux à la division dédiée à ça. Malheureusement (ou pas) ce n’est pas toujours possible et il lui arrive également de laisser des cadavres derrière elle, pour ne pas prendre de risques. Honnêtement, ce n’est pas elle qui ira les plaindre ou les pleurer. Elle considère qu’Edoras ne se portera que mieux sans ces assassins et elle n’a aucun cas de conscience qui vient la hanter. Ce n’est pas la première fois et ça ne sera pas la dernière.

Elle est honnêtement incapable de dire depuis combien de temps elle a disparu dans la nature ni même combien de fois son PHS (qu’elle a gardé pour contacter l’armée à chaque nouvelle prise) s’est mis à lui signaler un appel en affichant le nom d’Iris sur l’écran principal. Une nouvelle fois, elle s’apprête à refuser la communication mais est bien trop consciente qu’elle ne la lâchera pas aussi facilement. « Iris. » La salue-t-elle en portant l’objet à son oreille. S’en suis des phrases prononcées à trop grande vitesse sans coupure qu’elle n’arrive pas à capter, si ce n’est quelques mots qui lui font comprendre que la Lamia aimerait bien savoir où elle est et ce qu’elle est en train de foutre cette sale petite inconsciente. Aly soupire. « Je vais bien. Arrête de m’appeler. » En sale petite peste, elle s’apprête à raccrocher sans demander son reste avant de remettre l’objet au niveau de son visage de manière très brève. « Et dis à Cal d’arrêter de m’appeler. » Elle coupe la communication. Cal aussi a tenté de la joindre plusieurs fois, sans succès. C’est injuste, parce qu’elle sait qu’ils s’inquiètent pour elle. Mais elle vient de lui dire qu’elle allait bien, alors ça devrait les calmer…Un moment. Et puis, s’ils veulent des nouvelles, certains soldats du gouvernement peuvent attester qu’elle va bien, puisqu’elle les contacte régulièrement avec ses coordonnées pour qu’ils viennent récupérer ses prises. Elle soupire, et reprend la traque comme si rien ne s’était passé.

Jusqu’alors, la Lamia avait toujours retrouvé ses cibles, et non l’inverse. C’est une première pour elle dans cette traque que de sentir une présence non désirée dans les environs alors qu’elle s’est arrêtée au niveau d’un ruisseau pour faire une pause, en profitant pour se laver le visage et faire un brin de toilette. Attentive aux bruits et aux mouvements, elle se comporte comme si elle n’avait rien remarqué jusqu’à ce que l’intrus se trouve à portée. Restant de dos, elle invoque alors un arc à côté d’elle, qui l’effleure de sa flèche. Le projectile vient se planter dans un des arbres qui se trouvent dans son dos, ne sachant pas à qui elle a affaire dans un premier temps. Lorsqu’elle se tourne vers lui, elle se dit qu’elle n’aurait pas dû lui laisser le bénéfice du doute. Mais pour peu qu’elle en savait, elle aurait pu rencontrer n’importe qui dans ces bois. « Nahim. » Il n’y a plus aucune tendresse dans ses yeux lorsqu’elle le regarde. Elle croise ses bras sur sa poitrine. Malgré tout ce qui s’est passé, malgré toute cette haine qu’elle lui porte, elle se surprend à ne pas être capable de simplement décocher une seconde flèche qui ne le raterait pas, cette fois. « Quelle coïncidence. » Commente-t-elle avec ironie. Elle sait que sa présence ici n’a rien d’une coïncidence. Ce qui fait de lui un être profondément stupide que de venir se présenter devant elle alors qu’il ne peut pas ignorer qu’elle traque les siens. « Tu devrais disparaître avant que ça tourne mal. » Malgré tout ce qui s’est passé, un part d’elle se refuse encore à faire ce qui doit être fait. Pourtant, elle sait très bien qu’il ne saisira pas cette chance et que les choses tourneront mal ici. Sinon, il ne se tiendrait pas là devant elle. Tout ce qu’elle veut, c’est qu’il s’en aille pour qu’elle ne craque pas devant lui, la seule personne devant laquelle elle s’autorise et elle s’interdit à la fois de craquer, de montrer ses faiblesses.

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Des jours à comater et à rager sur ses blessures. Les explosions à répétitions ne lui ont pas fait du bien, il a fini par être K.O par la violence de la succession de chocs. Il bénit intérieurement d'avoir été en communication permanente avec Skyadrum qui les a sauvés. Et aussi, parce qu'il rage. Incapable de se défendre tout seul ou de protéger son unité. Malgré le succès de la mission, pour lui c'est un échec. Il passe les jours de rémission à se remettre en question. À essayer de comprendre comment a-t-il pu échouer de la sorte. Il avait tout planifié de A à Z. Il a passé des nuits blanches à apprendre chaque ruelle, chaque pavé de l'île et pourquoi ? Pour échouer devant la garnison de la ville. Il serre les dents, il essaie de comprendre, il essaie de voir où il a échoué. À en devenir presque fou d'ailleurs. Il reste dans son lit comme une pierre, coincé. Il cogite. Il sait pourquoi il a échoué. Il sait pourquoi il n'a pas réussi à apporter la tête du commandant de garnison à son maître. Il s'est laissé aller. Profitant des plaisirs de la vie. Lambinant comme le ferait tout à chacun. Nahim ne peut pas s'autoriser une telle bassesse. Si Skyadrum n'était pas intervenu, une partie de la guilde serait morte ou derrière les barreaux. Une erreur inacceptable. Le jeune homme qui voulait briller se trouve bien terne tout à coup. Il a quand même gagné une affiche avec son visage. Il représente donc une menace pour le gouvernement. Ce n'est pas assez. Il en faut davantage pour assouvir les ambitions de la lune sanglante. Il ne peut pas se permettre d'être faible. Il est là pour dégager le terrain pour Ninel, elle ne doit se soucier que sur ce qu'il a devant elle, rien d'autre. Nahim s'occupe du reste. Il cogite pendant si longtemps, il finit de griller les derniers neurones fonctionnels. Il sent le poids de la honte sur ses épaules. Au moins, il se réjouit que la diversion à Lestallum ait aussi bien marché. La ville est à genoux et Lamia Scale est exsangue. Maintenant, Blood Moon est le leader de Baram, éclipsant Weisslogia et l'autre bande de fanatiques. Lux Requirem est en retrait depuis un moment mais il faut continuer à s'en méfier comme de la peste.

Mais le temps du repos sonne brutalement son glas. Les membres de Blood Moon sont capturés les uns après les autres. Nahim ne lève pas un sourcil en voyant le rapport. C'est l'oeuvre d'un chasseur, il n'y a aucun doute là-dessus. Et le brun ne connaît qu'un chasseur assez fou pour partir de massacrer Blood Moon. Il soupire en son for intérieur, il ne pensait pas qu'ils allaient se retrouver aussi vite. Il chasse d'un battement de cils leur bulle de bonheur, cette parenthèse pour échapper quelques heures à leur vie sordide. C'était bien, c'était doux. Revenir dessus serait assurément une erreur. Nahim ne peut pas se permettre une telle erreur deux fois. Il ne peut pas laisser ses sentiments pour elle prendre le dessus. Si c'était le cas, il se serait rendu aux autorités pour faire acte de pénitence. Aucun retour n'est possible avec la destruction de la guilde de la jeune femme. Finalement, leur discussion mielleuse n'était que le calme avant la tempête. Ils ont fait un choix de vie. Nahim a décidé de servir Blood Moon, Alycia de les traquer. Qu'ils le veuillent ou non, ils sont en guerre. Rien ni personne ne saurait changé cela. Skyadrum n'aime pas qu'un moucheron leur pose des problèmes, aussi, Nahim participe à la chasse. Lui est aussi a été chasseur autrefois avant de devenir marchand de mort. Quel étrange jeu qui se met en place ! Certains membres servent d'appâts pour l'attirer tandis que d'autres membres lui mettent le grappin dessus. Plus de sentiments. S'il veut avancer, elle doit disparaître de l'échiquier. Son coeur se révolte devant une telle fatalité mais est-ce que Nahim a le choix ? Il est coincé entre deux possibilités. L'une consiste à fuir et essayer de se faire pardonner de sa belle et vivre avec elle en espérant que jamais, ils ne soient retrouvés, ce qui est perdu d'avance, et la seconde, c'est de servir corps et âme Blood Moon. Le calcul est assez rapide. Nahim veut vivre pour voir l'apogée de Blood Moon au pouvoir. En finir avec cette guerre et mettre en place un nouveau régime. Et quand ce sera le cas, Nahim prendra sa retraite et deviendra ce qu'il a toujours voulu être, médecin. Si possible, pour ses potes, c'est plus simple pour faire le suivi médical. Il sourit en imaginant ce qu'il y aura après la guerre. Même s'il adule Skyadrum, il se méfie de l'avarice du Maître concernant les cuves de magie. Il n'a pas envie de se faire pomper le sang parce qu'il a déplu au chef. Une sortie discrète pour éviter de finir sa vie en cuve, ça lui va bien.

Alors, sans l'ombre d'un remord ou presque, car il préfère se mentir à lui-même plutôt que d'espérer pouvoir faire sa vie avec elle, il préfère crever cette utopie dans l'oeuf. Ne pas croire qu'il y a une autre porte de sortie, ne pas croire qu'il peut vraiment finir heureux. Il voudrait devenir une machine à cet instant, ça réglerait tellement de problèmes ! Alors qu'il remonte sa piste, son coeur se sert à chaque nouveau mètre. Il ne savait pas aussi faible et mielleux, c'est répugnant. Il déteste quand sa nature tendre reprend le dessus, c'est cette même nature qui a failli le tuer plusieurs fois. C'est décevant. Il est décevant. Il secoue la tête une dernière fois, elle est proche, il pourrait presque sentir son parfum. Il ne peut plus reculer désormais. Il ne respire quasiment plus, essayant de détester un signe d'agressivité dans le camp adverse. Elle est là, au bord d'un ruisseau, le visage humide. Elle ne ressemble pas à grand chose, des jours qu'elle doit crapahuter dans la cambrousse. Les joues creusées par la faim qu'elle ignore et les cernes qui lui tombent jusqu'au menton. Elle a toujours été adepte de pousser son organisme à fond, ignorant le revers de la médaille. Pourtant, c'est dans cet état qu'elle est la plus dangereuse. Elle est focus sur le combat.

« Nahim. »

Pas de douceur dans sa voix. Elle ne tire pas encore, à croire qu'ils peuvent encore discuter. Les deux sont tendus, prêt à sortir les armes. Le regard de Nahim se fait froid. Les appels de son cœur restent sans réponse. Après tout, c'est impossible de pardonner désormais, l'un comme pour l'autre. Le bonheur qu'ils ont partagé est enterré. Pourtant, il n'arrive pas à faire ce deuil, quel idiot.

« Quelle coïncidence. »

Il ne répond pas, refusant de répondre à la provocation.

« Tu devrais disparaître avant que ça tourne mal. »

"Tu sais bien que ce n'est pas possible."

Non, il ne peut plus faire demi-tour et prétendre qu'il n'a pas vu. Il le sait, si Ninel tombe sur Alycia, elle mourra sur-le-champ. Et il préfère finir le boulot que de voir sa rousse adorée mutilée par une Ninel furieuse. Il ne supporte pas de devoir mentir à sa très chère amie. S'il fait un pas vers l'une, il trahit l'autre. Il se hait. Il aurait dû l'appeler pour qu'ils chassent ensemble comme ils ont l'habitude de faire. Comme ils ont toujours fait. Pauvre Ninel, elle ne peut décidément pas compter sur lui, quelle tristesse. Quelle honte même. C'est dire à quel point il est fou d'amour pour Alycia, se mettre à dos sa seule amie pour ne pas qu'elle vive ses derniers instants sur Terre en hurlant. Il regarde autour de lui, les autres membres de Blood Moon sont loin, heureusement pour eux. Il a juste à appuyer sur son PHS pour signaler sa position, il s'agit simplement de presser un stupide bouton et pourtant, sa main en tremble presque. Il cache sa déchirure morale sous un épais masque de froideur.

"J'ai reçu pour ordre de neutraliser un certain chasseur ... Trop virulent à notre goût."

Alycia a fait un carnage, elle a ciblé les recrues les plus faibles. Elle a fait un sacré nettoyage, elle ne peut pas rester en liberté. Même si Nahim voulait la sauver en cet instant, c'est impossible. Il est coincé, pourtant, il n'arrête pas de chercher désespérément une issue de secours pour elle tout en maintenant son intégrité au sein de la guilde. Il n'avance pas, et se cale contre un arbre, montrant une attitude détachée et désinvolte. Il ne craint pas sa menace, elle peut le mitrailler avec des flèches, il aura suffisamment de force pour lui écraser une roche sur le visage jusqu'à ce qu'elle meurt. Oui, que ce soit ici ou après une longue séance de repentance, la cavale de la rouquine doit s'arrêter là. Il n'y a aucune bulle qui puisse les protéger aujourd'hui, plus jamais en vérité. Nahim se retient de la regarder tristement, après tout, c'est le cours naturel des choses. Ils ont désobéi aux règles, ils en payent les conséquences.

"Arrête-toi et tu seras en vie ce soir."

Une ultime sommation. Nahim reste toujours de marbre même si à l'intérieur, il lui hurle d'arrêter cette folie. C'est malheureux parce qu'il sait qu'elle n'arrêtera jamais. Il ne peut rien faire de plus pour elle. S'il avait été véritablement son ennemi, elle serait en train de mourir d'une tuberculose violente ou d'un dysfonctionnement cardiaque. C'est tellement simple. Tellement simple qu'il a refusé d'y avoir recours.

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Nahim & Alicya

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Elle ne peut pas se permettre de lui accorder ne serait-ce qu’une once de douceur. C’est terminé, ils ont déjà bien trop merdé et il ne faut pas que ça recommence. Ils ne peuvent pas se le permettre, ni l’un ni l’autre. Lui donner l’occasion de faire demi-tour, lui permettre de faire comme s’ils ne s’étaient jamais croisés, c’est déjà beaucoup plus que ce qu’elle devrait faire, c’est déjà beaucoup trop. C’est une forme de protection qui ne devrait pas exister, qui ne devrait plus exister. Ils vivent désormais d’un côté et de l’autre d’une barrière invisible qu’ils n’ont plus le droit de franchir. Pourtant, ça reste trop dur de tourner la page. Ça reste trop dur d’abandonner. De l’abandonner lui. C’est con, de vouloir tenir une promesse faite il y a des années et aurait dû se perdre quelque part au milieu de la trahison. Pourtant, elle serait encore là s’il lui disait qu’il voudrait rentrer avec elle. Elle serait là à ses côtés à défendre sa cause pourtant indéfendable. Ça n’a pas de sens parce que dans le fond, c’est lui le méchant de son histoire. Elle n’aurait même pas dû lui adresser la parole. Elle aurait dû tirer, le mettre hors d’état de nuire et appeler l’armée comme elle le fait depuis des semaines. Ça complique tout que ce soit lui. Elle voudrait qu’il tourne les talons et retourne là d’où il vient, mais elle savait qu’il ne le ferait pas avant même qu’il lui réponde. « Tu sais bien que ce n'est pas possible. » Oui, elle le sait. C’était un pas vers lui, encore. Sauf qu’entre eux il y a un gouffre dans lequel ils vont finir par plonger s’ils continuent à ne pas être raisonnables et à ne pas faire ce qui doit être fait.

Ce qu’elle sait aussi, c’est que lui non plus il ne peut pas couper ce lien étrange qui les lie encore tous les deux. « J'ai reçu pour ordre de neutraliser un certain chasseur ... Trop virulent à notre goût. » Il l’a trouvée, il se tient là devant elle et pourtant, il n’a pas ouvert les hostilités. Ce n’est pas parce qu’il pense qu’il ne peut pas la mettre hors d’état de nuire –mais dans les faits elle reste probablement une meilleure combattante que lui. Si c’était le cas, il aurait déjà signalé sa position à ses camarades qui se trouvent forcément également dans la zone –car ce serait bête d’envoyer un homme seul à la poursuite de quelqu’un qui a déjà fait capturer bon nombre d’entre eux.  Mais ça non plus, il ne l’a pas fait. Ça non plus, ça ne pourra pas rester comme ça. Il n’y a pas qu’eux cette fois, il y a beaucoup plus en jeu derrière cette rencontre et cette fois ils ne peuvent pas considérer que le reste du monde n’existe pas. Ils ne peuvent pas s’isoler dans une bulle rien qu’à eux. Ce serait trop beau et trop facile. Tout ce qu’ils font, c’est repousser le moment où ils vont devoir céder face à la fatalité. Elle n’est pas prête à ça. Lui non plus, visiblement. Incapable de porter le premier coup, tout ce qu’elle est capable de faire, c’est le provoquer pour que ce soit lui qui le fasse. C’est une forme de lâcheté, elle le sait. Mais frapper la première, c’est l’abandonner. C’est fermer cette porte qu’elle a toujours laissé ouverte pour un retour auquel elle ne croit plus. « Je devrais vous plaindre ? Vous avez provoqué tout ça. » Elle croise ses bras sur sa poitrine, sans bouger, sans modifier d’un millimètre cette distance entre eux. « Tu savais que je ne resterais pas les bras croisés après ça. » Lui plus que nul autre. Il la connaît par cœur, encore aujourd’hui.

Il se cale contre un arbre. On est loin de la possession et loin de la tendresse. Comme si leur dernière rencontre n’avait jamais existé. Et c’est le cas d’ailleurs, ça doit être le cas parce qu’il ne peut plus rien rester de tendre et de doux entre eux. « Arrête-toi et tu seras en vie ce soir. » C’est une politesse rendue, un avertissement qui résonne aussi bien que celui qu’Alycia vient de lui envoyer. L’un comme l’autre aurait pu mettre fin à toute cette connerie en portant le premier coup. C’est facile, c’est peut-être même trop facile, d’en finir. Enfin, en théorie. Car encore faudrait-il en avoir le courage, ce que ni l’un ni l'autre ne semble avoir. Le courage de mettre fin à tout ça, de tirer un trait rouge sur le passé commun et sur ces sentiments étranges et illogiques lui les lie encore l’un à l’autre. « Tu sais bien que ce n'est pas possible. » Volontairement, ce sont les mêmes mots qu’elle emploie et qu’elle lui sert. Une main tendue des deux côtés, qui est rejetée par l’autre. Cela peut sembler bête, mais dans leurs positions respectives c’est en réalité le truc le moins con qu’ils peuvent faire. « Je ne peux pas m’arrêter. Je ne peux pas laisser passer tout ce que vous avez fait. Pas une deuxième fois, Nahim. » Il n’y a que lui et une petite poignée de Lamia qui savent qu’elle a déjà vécu une situation similaire, qu’elle a déjà tout perdu. Et il n’y a que lui qui sait qu’elle a décidé de ne pas venger cette première perte, même lorsque l’opportunité s’est présentée. Elle ne peut pas recommencer. Sa guilde a eu de la chance cette fois mais elle ne peut vraiment pas se permettre de les perdre. Elle sait qu’elle serait bien incapable de se relever cette fois. La première fois, c’était déjà trop difficile. Actuellement, c’est même encore parfois difficile de rester debout et de continuer d’avancer. Elle a avancé, mais elle n’a pas tourné la page, elle n’a pas oublié et elle n’a pas cicatrisé. Elle a encore besoin de s’occuper l’esprit et de se tuer à la tâche pour réussir à continuer à vire. Elle ne peut vraiment pas revivre ça, elle n’est pas assez forte, elle n’en est pas capable.

« Y’a pas un monde où tu laisserais tomber, où tu regretterais et tenterais de revenir de l’autre côté, hein ? » Elle soupire, passe une main dans ses cheveux, exaspérée d’elle-même. Elle n’avait pas envie d’en parler, elle ne veut pas le supplier de changer de camp pour qu’il existe un avenir possible entre eux, et pourtant elle le mentionne. C’est une nouvelle porte ouverte, une nouvelle main tendue et elle sait déjà qu’il ne la prendra pas. Pourquoi il le ferait ? Il ne lui a jamais paru autant lui-même que depuis qu’elle l’a croisée à la cité. C’est rageant au possible d’aimer ce nouveau Nahim qui sait ce qu’il veut et qui est sûr de lui, vraiment rageant. Parce que ça n’a aucun putain de sens et pourtant…Elle l’aime, et elle se déteste de l’aimer. Elle se mord la lèvre, elle voudrait pouvoir mettre ses sentiments sur le bouton off ou les enterrer à tout jamais. Ça serait si facile. Est-ce qu’après ça ils seraient capables d’avancer tous les deux chacun de leur côté ? Elle n’en est même pas sûre. Ils sont maudits, y’a pas d’autre explication rationnelle à ce qui existe entre eux. « Tu vas essayer de m’arrêter, vraiment ? » Essayer. Car elle reste persuadée qu'il en est incapable. Elle le regarde dans les yeux pour la première fois depuis qu’ils se font face. Elle voudrait être froide mais elle en est juste incapable. Il aurait dû partir à sa première tirade. Maintenant, son cœur lui fait mal et elle n’arrive pas à le regarder avec la haine qui devrait l’habiter à son égard. Elle lutte, elle lutte de toutes ses forces pour ne pas craquer, pour ne pas laisser de larmes lui monter aux yeux. Elle est épuisée, physiquement et mentalement. Elle n’en peut plus. A un tel point qu’elle se demande même si c’est une si mauvaise chose, si Nahim se décide enfin à terminer ce qu’il a commencé il y a cinq ans. Elle n’a plus de force, vraiment plus aucune force.

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Être devant elle, savoir parfaitement ce qu’il doit faire et être incapable d’aller jusqu’au bout. Il n’a claqué des doigts et l’affaire est résolue. C’est tellement simple, tellement évident qu’il n’a pas envie de se résoudre à cette solution simpliste. Mais il n’a pas le choix. S’il se dérobe, il mourra dans les jours qui suivent, il ne tient pas à mourir. Il ne tient pas à trahir encore une fois Blood Moon. Il aime sa guilde, il veut faire de Skyadrum le nouveau chef d’Edoras, lui sait diriger. Skyadrum a été sa bouée de sauvetage pendant des années, il ne veut pas le remercier en le poignardant dans le dos. Il a du mal à cacher sa détresse dans sa voix. Il prie qu’elle s’enfuit enfin, qu’elle prenne la fuite, il ne peut plus rien faire pour elle … à part abréger ses souffrances. Une mort rapide et indolore pour qu’elle ne subisse pas les interrogatoires de la guilde noire qui seront long et terriblement douloureux. Un échappatoire contre l’horreur qui attend Alycia. Ils se regardent tous les deux, se suppliant l’un l’autre. Pas besoin d’être devin pour savoir qu’aucun des deux ne veut déclencher les hostilités. Ils pourraient simplement faire comme s’ils ne s’étaient pas vu, faisant exprès de s’éviter, mais ce serait esquiver le problème une nouvelle fois. Ils n’ont pas le choix.

« Tu sais bien que ce n'est pas possible. »

Oh oui, il sait. Il sait qu’ils sont bloqués. Qu’un des deux devra prendre la décision. Ça devrait être lui, c’est lui qui a détruit sa vie. Il n’a pas de regrets de ce qu’il a fait alors pourquoi ne pas mettre un point final à cette histoire ?

« Je ne peux pas m’arrêter. Je ne peux pas laisser passer tout ce que vous avez fait. Pas une deuxième fois, Nahim. »

« Les tiens sont déjà partis, c’est des fantômes que tu poursuis. »

Il veut la faire bouger, l’irriter assez pour qu’elle attaque. Technique de lâche. Mais il est énervé par son comportement, pourquoi est-ce qu’elle ne fait pas son deuil tranquillement, pourquoi elle fait comme lui ? Pourquoi elle répand la destruction comme lui ? Ce sont des chasseurs l’un comme l’autre, ils traquent leur proie, malgré le prix à payer. Est-ce parce qu’il a peur de perdre contre elle qu’il n’engage pas les hostilités ? Elle est assez proche pour qu’il lui torde le coup, même si elle envoyait cent flèches. Mourir en se battant tous les deux, ce serait ce qu’il y a de mieux non ? Au moins, il n’y aurait pas de tristesse. Il va faire le premier pas. Il s’en va la tuer. Il prend cette douloureuse décision, pour mettre fin à cette agonie. Il n’a pas le choix. Il préfère qu’elle meurt de ses mains plutôt qu’elle finisse en pantin ou il ne sait quoi entre les mains de Baram. Il l regarde dans les yeux, gravant à jamais cette image de cette femme qu’il aime de tout son être. Cette femme aux yeux fatiguées, couvertes de poussière et de crasse. Blessée aussi. Une image peu reluisante mais pour lui, elle reste à jamais la plus belle femme que le monde ait porté.

« Y’a pas un monde où tu laisserais tomber, où tu regretterais et tenterais de revenir de l’autre côté, hein ? »

Il s'arrête dans l'action qu'il allait faire, coupé dans son élan. Son regard s'agrandit, surpris par ces mots. Il la regarde, pendant une fraction de seconde, elle peut voir son hésitation. Elle peut le sentir. Oui, évidemment qu'il en rêve secrètement de cette issue, un monde où ils sont que tous les deux. Ils n'ont besoin de personne de toute façon, ils se complètent parfaitement. Ce serait tellement beau qu'ils puissent le faire. Mais le monde ne les oublierait pas, surtout lui. Pendant une fraction de seconde, Nahim imagine des tas de stratagèmes pour mettre en place cette utopie. Simuler leurs morts, être portés disparus à jamais. Il voudrait penser que c'est possible. Il voudrait dire oui, mais la fin de la phrase ne lui plaît pas. Il ne veut pas être du côté du gouvernement. Il n'a que faire des guildes légales. Il pourrait quitter son poste pour vivre avec elle. Pas pour traquer ses amis, certainement pas. L'autre côté, il a tenté, il a essayé d'être altruisme mais au final, la race humaine est pourrie. Il est pourri jusqu'à la moelle, il ne devra pas mériter qu'elle le regarde de nouveau, qu'elle lui donne son amour comme elle l'a fait, il ne le mérite pas, après tout le mal qu'il a fait. Mais quand elle lui parle comme ça, il a envie de laver ses mains pleines de sang pour être digne d'elle. Sauf que c'est impossible. Cette vibration qui ébranle son être n'est qu'une simple caresse, un rayon de lumière dans cet océan de noirceur. Il voudrait la saisir mais s'y refuse.

"Tu sais, retourner sa veste est déjà un acte difficile en soi, mais la remettre à l'endroit, c'est quasiment impossible."

Il la regarde, dissimulant avec peine cette tristesse. Même s'il voulait, il ne pourra pas se racheter, son chemin s'arrête au bout d'une corde. Elle le regarde, aussi désolée que lui.

« Tu vas essayer de m’arrêter, vraiment ? »

Il ne peut pas faire autrement. Il ne peut plus faire machine arrière. C'est trop tard.

"Fuis."

Il le dit dans un murmure, il se refuse de prononcer un autre mot, de peur de s'effondrer. Il a trop de fierté pour le faire devant elle. Il déglutit et se reprend. Il va devoir la chasser, il entend presque ses camarades se rapprocher de sa position. Il se décroche de son arbre, se rapprochant d'elle, leur souffle se confondant encore une fois.

"Cours. Cours si vite que je sois incapable de te rattraper."

Il la supplie. Imperceptiblement. Il ne peut rien faire d'autre. Une dernière demande avant de devoir commencer à se battre. Il voudrait qu'elle fasse un demi-tour et s'enfoncer dans les buissons. Elle est assez véloce pour qu'elle puisse le semer facilement, elle reste une bien meilleure chasseuse que lui. Elle pourrait se cacher et lui pourrait passer à côté d'elle sans même s'en rendre compte. Il se sent bloqué car il sait qu'elle va refuser, trop têtue pour tourner le dos à l'ennemi. Alors, c'est la mort dans l'âme qu'il accepte ce combat à venir. Il n'a pas le choix de toute façon que d'accepter. Il prépare ses sorts, il se sent comme un condamné à mort qui fait face à sa potence.

"S'il te plaît."

Meurtri, il soupire une dernière fois, acceptant l'idée que c'est fini entre eux. Leur histoire va s'achever dans quelques minutes. Il voit leur vie ensemble défiler devant ses yeux. Il se demande comment il a pu l'aimer et la détester à ce point. Il aurait voulu qu'ils ne s'aiment plus, qu'ils se détestent simplement, ça aurait été plus simple mais on ne choisie pas. Ils sont maudits de toute façon. Ils n'ont pas le choix que d'accepter cette vie de merde qu'est la leur.

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Nahim & Alicya

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« Les tiens sont déjà partis, c’est des fantômes que tu poursuis. » Pas d’agacement. Pas de colère. Contrairement à ce que l’on aurait pu attendre d’elle, Alycia ne réagit juste pas à cette phrase qui aurait pu la faire sortir de ses gonds, en d’autres circonstances. Là, elle n’en a ni l’envie ni la force. Cela fait des jours qu’elle se balade en pleine nature pour shooter dans du Blood Moon…Peut-être même des semaines, d’ailleurs. Elle a perdu le fil, elle a perdu le contact avec la réalité et n’est même plus capable de dire depuis combien de temps elle fait ça, ni depuis combien de temps a eu lieu l’attaque. Elle est déphasée, mais c’est comme ça qu’elle fonctionne. C’est comme ça qu’elle continue de tenir debout après le massacre, après l’horreur. C’est comme ça qu’elle avait fait la dernière fois…Pour elle, c’est une solution qui marche. Sans doute pas la meilleure, sans doute pas la plus saine. Mais c’est une solution qui marche et c’est tout ce qui lui importe. La fatigue, l’épuisement, c’est ce qui lui permet de tenir. De ne pas réfléchir. De ne pas ressentir la douleur, non plus. Elle s’est blessée lors de ses précédents affrontements. Pourtant elle continue comme si de rien n’était, comme si la douleur n’existait pas. Elle est capable de continuer comme ça jusqu’à ce que son corps n’en puisse plus et la lâche. Elle est capable d’aller au-delà de ses limites. Et le pire, c’est qu’elle est capable de faire tout ça tout en sachant très bien qu’un jour, elle ne se relèvera peut-être pas. Quelle importance après tout ? Tout n’est qu’un foutu recommencement. S’attacher aux gens et les perdre…Elle en a assez de tout ça. Une part d’elle en a assez d’être celle qui survit aux autres.

Plus que tout au monde, elle voudrait qu’il change de chemin, qu’il reparte avec elle. Ça serait plus facile de l’aimer s’il se détournait de sa voie, s’il décidait d’essayer de se racheter comme d’autres l’ont déjà fait avant lui. Et peut-être que, quelque part, lui aussi le voudrait. C’est comme ça qu’elle interprète l’arrêt de ses gestes, la surprise et l’hésitation dans son regard. L’hésitation, pour elle, semble durer une éternité. Comme si sa vie se jouait dans cette réponse. Peut-être que c’est le cas, d’ailleurs. Peut-être que son futur se joue sur cette réponse. « Tu sais, retourner sa veste est déjà un acte difficile en soi, mais la remettre à l'endroit, c'est quasiment impossible. » Elle se mord la lèvre. Évidemment. Parce que ce serait trop beau. Parfois, elle a ce sentiment qu’elle ne mérite pas une fin heureuse, de toute façon. Elle merde trop, partout, tout le temps. Je me fiche que ça soit difficile, je veux que tu reviennes, pense-t-elle égoïstement, sans qu’aucun son ne sorte de sa gorge. Si c’est ce qu’il veut, elle n’y peut rien. Elle ne peut pas insister, elle ne peut pas le convaincre. Elle n’en a pas le droit. Après tout ce qu’il a fait, qu’est-ce qu’il peut bien en avoir à foutre de ce qu’elle veut, de toute façon ? Elle devrait lâcher l’affaire. Mais ce n’est pas si facile de couper le seul lien qui la relie encore à tout son passé, à toute son histoire.

Est-ce qu’ils sont vraiment capables de s’arrêter l’un l’autre ? Elle n’a pas l’intention de lancer les hostilités. Et, visiblement, lui non plus. « Fuis. » Son souffle se coupe. Le rythme des battements de son cœur ralenti en conséquence, avant d’accélérer lorsqu’elle tente de reprendre son souffle doucement au moment où il se rapproche de lui. Leurs deux souffles se mêlent l’un à l’autre. C’est une habitude qu’ils doivent perdre, cette proximité qui n’apportera jamais rien de bon. « Cours. Cours si vite que je sois incapable de te rattraper. » La réponse à sa question est assez claire, non, il ne tentera pas de l’arrêter. Elle ne peut pas lui tourner le dos et disparaître pour autant. Pas tant que les circonstances ne la forceront pas à le faire. « Non. » Sa réponse aussi n’est qu’un souffle, qu’un murmure que lui seul, uniquement parce qu’il s’est rapproché d’elle, peut entendre. Alycia est une plaie, une fille têtue et bourrée de défauts. Elle sait que la meilleure des solutions pour elle serait de l’écouter et de disparaître. Mais, merde, elle est sensée ne pas l’abandonner. Promesse à la con. Pourquoi elle essaye encore de la tenir, d’ailleurs ?! « S'il te plaît. » Son cœur se serre parce qu’elle est incapable d’accepter la demande ou les supplications de Nahim. C’est aussi de sa faute, d’ailleurs. Il devrait ne rien avoir à en foutre, d’elle. Il devrait s’en moquer, vouloir la capturer ou préférer la voir morte. C’est de sa faute. Ce serait plus facile s’il se décidait de la détester franchement, de la haïr, d’essayer de la tuer.  « Non. » S’entête-t-elle à murmurer. Elle ne fuit pas. Et elle ne le fuit surtout pas lui.

Son front se pose doucement sur l’épaule de Nahim. Elle se mord la lèvre alors que l’envie qu’il la prenne dans ses bras vient pointer le bout de son nez. C’est pas le putain de moment, et c’est plus approprié non plus. Enfin, pas plus que ce qu’elle est en train de faire, à priori. « Je me fiche de ce qui est possible ou pas, de ce qui est facile ou difficile. Ça répond pas à ma question. » Elle veut naïvement croire qu’il existe une possibilité où il essayerait. Où il aurait envie d’essayer. On ne peut pas déterminer ce qui est possible ou non avant d’essayer, de toute façon. Ils en sont un exemple assez improbable. On croirait qu’ils ont défié un millier de probabilités pour en arriver là où ils sont tous les deux aujourd’hui. « Y’a un monde où c’est possible, où tu aurais envie d’essayer même si c’est dur ? » Peut-être qu’elle pourrait lâcher l’affaire s’il lui disait que non. Qu’il n’en a pas envie. Qu’il a tourné la page, que la vie qu’il a à présent est tout ce qu’il veut. Peut-être qu’elle pourrait fuir, tirer un trait sur tout ça, avancer. Du moins, peut-être qu’elle trouverait la force d’essayer. Mais le truc, c’est qu’elle ne peut partir en le laissant là sans savoir. Elle ne pourra pas non plus s’il existe une chance qu’elle puisse le convaincre. Ne pas l’abandonner…Putain de promesse qui va lui pomper toute son énergie jusqu’à sa mort. « Tu sais que je peux pas partir et te laisser derrière… » Du moins, elle espère qu’il le sait. Qu’il n’a pas oublié cette promesse qu’elle lui a faite de ne jamais l’abandonner. Pourtant, c’est ses potes qui sont en train de fouiller la zone. Dans l’état y’a pas de risques pour lui, juste pour elle. Il peut prétexter que cette peste était trop rapide, qu’elle a filé, qu’il a perdu sa trace…ça ne serait pas si aberrant que ça en réalité, vu depuis combien de temps elle traine dans les bois, à chopper ses potes sans qu’on parvienne à l’arrêter. On pourrait croire que c’est stupide de risquer de se faire chopper juste pour essayer de partir avec Nahim. Mais, honnêtement, dans l’échelle des trucs stupides qu’Aly a pu faire dans sa vie, on est pas dans le top niveau, pas encore. « Je voudrais réussir à te détester de tout mon être. Je devrais. Mais j’y arrive pas, bordel… » Elle ferme les yeux. Elle enrage contre elle-même. Il ne va jamais revenir à la raison, barre toi, essaye-t-elle de se persuader. Pourtant, elle ne bouge pas d’un pouce.

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C'est insupportable. C'est invivable. Ils ne peuvent décidément pas envie de se tirer l'un dans l'autre, juste rester planter là. A essayer de retarder l'inévitable. Nahim ne peut pas être plus suppliant qu'il ne l'est déjà. Il ne pourrait le supporter. Il a mis de côté son orgueil pour elle. Il s'est mis à genou pour elle. Il a accepté de n'être qu'un idiot, espérant en vain qu'elle le fuit. Qu'elle vive, même loin de lui. Parce que la savoir morte, c'est insupportable. Il ne veut pas que ses mains se referment sur son cou si délicat, qu'il a tant embrassé, jadis. Il veut rester dans le déni, croire qu'un jour, tout ira pour le mieux pour eux. Qu'après un incroyable coup du destin, ils soient réunis. Mais il est forcé de l'admettre, ils n'appartiennent plus au même monde. Est-ce qu'au final, il l'aime encore ? Où est-ce le souvenir des jours heureux qu'ils ont eu ensemble qu'il aime ? Il ne sait pas. Il n'entend que les secondes qui s'écoulent, il sait que l'heure de séparation approche, encore une fois. Il regrette de ne pas être resté près d'elle, dans cette foutue forêt. A attendre qu'elle se réveille contre lui, prolonger cette bulle qui n'était qu'à eux. Il aurait pu prolonger cette utopie d'une vie à deux, sans savoir si leur histoire aurait de nouveau duré au final. La voir seule et blessée, il ne le supporte pas. Son coeur saigne. Mais peut-être qu'en s'éloignant, la plaie finira bien par se refermer ... Pour ne devenir que le souvenir d'un rêve doux.

« Non. »

Elle s'approche de lui, se collant à lui, il se fait violence pour ne pas refermer ses bras sur elle, fermant les yeux, profitant de cette étreinte inespérée. Ils ne pourront plus se laisser à de tels sentiments à l'avenir. Il veut croire que c'est la dernière fois qu'il la voit, que c'est la dernière fois qu'il va croiser son chemin, qu'il n'aura plus à avoir son être se séparer en deux. Le coeur ou la raison. Les deux se déchirent faisant de lui une champ de bataille intérieure. Elle le brise, réduit sa volonté en miettes. Il n'est qu'une marionnette entre ses mains. Il le sait. Lui résister, c'est risquer de devenir fou.

« Je me fiche de ce qui est possible ou pas, de ce qui est facile ou difficile. Ça répond pas à ma question. Y’a un monde où c’est possible, où tu aurais envie d’essayer même si c’est dur ? »

Il croise son regard, suppliant. Il voudrait mentir mais ses yeux parlent pour lui. Il voudrait parler mais les mots se bloquent dans sa gorge Il s'arrête de respirer, sentant que son coeur s'emballe, il déglutit difficilement. Il finit par la serrer contre lui, chassant des larmes qui commencent à monter à ses yeux, il y a bien longtemps qu'il n'avait pas pleuré. Bien longtemps qu'il n'avait pas eu la sensation de perdre quelque chose, quelque de vraiment important. Ce coeur qui avait enfin recommencer à fonctionner va finir arraché de nouveau. Ne plus sentir, ne plus souffrir. Ne plus regretter. Ne plus avoir à affronter ces yeux qui l'implorent en silence.

« Tu sais que je peux pas partir et te laisser derrière… »

La pression sur la jeune femme se fait plus forte, non pas pour lui faire mal, mais bien pour la garder contre lui. Il doit la faire fuir. Lui dire des choses horribles. Lui dire qu'elle ne compte plus pour lui, même si son corps tout entier le trahit, montrant à quel point il est fou d'elle.

« Je voudrais réussir à te détester de tout mon être. Je devrais. Mais j’y arrive pas, bordel… »

Il voudrait qu'elle le déteste. Ce serait plus simple, vu que lui a abandonné cette possibilité, homme faible qu'il est.

"Oui."

Il marque une pause. Se mordant les lèvres, il a laissé s'échapper qu'un simple petit mot, prononcé dans un murmure. Comment un simple mot pourrait-il avoir autant d'impact que celui-ci ? Si court, si facile à prononcer d'ailleurs. Il a voulu se murer dans un silence et pourtant, il n'y est pas arrivé. A cause de ce mot, il se sent obligé de continuer.

"Si je connaissais une solution, je le ferais. J'ai cherché Aly, crois-moi, je me suis retourné le cerveau pour trouver une solution, quelque chose qui nous permettrait de vivre ensemble ... Et c'est impossible. Pardonne moi d'avoir échoué."

Il la regarde de nouveau, le regard emplie d'une tristesse qu'il s'est efforcé de dissimuler pendant des années.

"Tu sais comme moi que dans aucun monde, ce rêve que nous avons est possible. Tu sais comme moi que même si nous essayons, il a de fortes chances pour que nous mourions rapidement. Alors ... Je crois que je préfère te savoir loin de moi, comme une ennemie mais bien vivante que de te savoir mon amante et terriblement morte."

Ils sont enlacés l'un contre l'autre. Si la violence ne la fera pas partir, autant essayer autre chose. Etre honnête, complètement. Cela fait combien d'années qu'il ne l'a pas été ? Même envers lui-même ? Quitte à perdre l'amour de sa vie, autant le faire jusqu'au bout.

"Je t'aime idiote. J'aimerais mieux te planter une flèche entre les deux yeux, te dire que tu ne comptes pas pour moi. Ce n'est pas vrai. Alors, si jamais tu respectes un tant soit peu ce que je ressens pour toi, tu partirais. Tu foutrais le camp parce qu'une relation sérieuse entre toi et moi, c'est la définition de l'enfer. Comment pourrais-tu laisser un homme comme moi te toucher et t'approcher ? Imagine, je vais avoir envie de t'offrir des fleurs et te dire à quel point tu es belle. Je risque de t'enfermer dans une cage dorée pour que jamais, tu ne t'échappes. Est-ce vraiment la vie que tu veux ? Toi qui vit librement tu finirais par dépérir à petit feu malgré tout mon amour."

Il finit, la voix brisée. Vaincu par cette implacable vérité.

"Ce que nous voulons l'un comme l'autre, c'est différent maintenant. Ça ne pourra plus jamais marcher."

Il se tait enfin, le coeur enfin arraché de la poitrine.

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Nahim & Alicya

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« Oui. » Ce n’est qu’un mot. Mais Aly a dit tellement de conneries qu’elle ne sait même pas à quoi il fait référence : sa question ou le fait qu’elle devrait le détester. « Si je connaissais une solution, je le ferais. J'ai cherché Aly, crois-moi, je me suis retourné le cerveau pour trouver une solution, quelque chose qui nous permettrait de vivre ensemble ... Et c'est impossible. Pardonne moi d'avoir échoué. » Oui, il y aurait un monde où il aurait envie d’essayer, conclu-t-elle donc tristement. C’est vain de se raccrocher à ça. Ça ne rend pas la réalité plus supportable, ni moins douloureuse, ni plus facile à accepter. Elle pensait que ça l’aiderait mais finalement ça ne l’aide pas, pas du tout. Ou peut-être que ça l’aide juste à réaliser combien cette situation est bête, combien elle n’a aucun sens. Est-ce qu’il ne serait pas temps d’arrêter les frais ? Cela fait bien trop longtemps que ça dure à présent. Et elle n’est pas la seule à avoir besoin d’avancer. Lui aussi, il faut qu’il avance. Ils doivent tous les deux laisser ce passé trop lourd et trop douloureux derrière eux. Pour avancer, chacun de leur côté. Pour s’affronter, aussi, car il est évident que ce n’est pas la dernière fois qu’ils se retrouveront l’un contre l’autre.

Nahim le dit si bien lui-même, il n’existe aucun monde où ils se retrouveraient du même côté, ils auraient beau essayer ça ne pourrait plus marcher à présent. Les chemins qu’ils ont pris tous les deux sont bien trop différents. « Je crois que je préfère te savoir loin de moi, comme une ennemie mais bien vivante que de te savoir mon amante et terriblement morte. » Alycia se mord la lèvre. Elle pourrait lui dire la même chose, sauf que ça ne serait pas tout à fait vrai. Savoir Nahim en vie et en liberté, c’est aussi avoir une idée de toutes ces horreurs dont il est à l’origine, c’est aussi se demander à chaque nouvelle opération de Blood Moon s’il y a participé, et à quel point ce qu’il a fait a pu être horrible. Elle ne nie pas que c’est difficile pour lui, mais elle a ce sentiment que c’est plus dur pour elle. Parce qu’elle ne peut ni laisser passer ni accepter ça. Contrairement à lui qui ne veut pas l’enfermer dans une cage, elle voudrait qu’il le soit car c’est insupportable cette idée que chaque jour il blesse des gens, il prend des vies. Il a raison, dans le fond. Comment elle pourrait le laisser l’aimer, comment elle pourrait accepter ça ? Elle ne peut pas. Elle doit juste être assez courageuse pour accepter de tourner la page. « Ce que nous voulons l'un comme l'autre, c'est différent maintenant. Ça ne pourra plus jamais marcher. » Elle ne bouge pas d’un pouce. C’est facile de garder son front contre son épaule. Ça l’empêche de le regarder. Ça la repose un peu, aussi. Elle est tellement fatiguée. C’est quand la dernière fois qu’elle a dormi, déjà ? « Tu as raison, je suppose. Ça ne peut plus marcher. On est dans des mondes différents, on ne vit plus de la même façon, on ne voit plus le monde et la vie de la même manière. » Certains disent que cela soulage de dire ce qu’on pense à voix haute, d’extérioriser. Aly aimerait chopper qui a dit ça pour lui dire combien c’est une grosse connerie. Ça ne soulage pas. Ça fait mal. Très mal.

Elle voudrait rester là contre lui, mais plus tôt elle s’en détachera mieux ce sera pour eux deux. Alors, son front se détache de lui et elle a conscience à ce moment-là que c’était le dernier geste tendre qu’il existait entre eux. L’embrasser pour lui dire au revoir relèverait d’une connerie monumentale, elle le sait alors elle ne le fait pas. Elle recule de quelques pas. Elle voudrait regarder le sol mais se fait violence pour le regarder, lui. Elle n’a plus la force de se battre, plus après ces semaines de traques. Elle n’a plus la force de rien. Elle sait, dans le fond, que si ce n’était pas sur lui qu’elle était tombée, elle serait déjà morte. « Je te ferais pas l’affront de rester sourde face à tout ce que tu me dis. J’ai vraiment trop d’amour pour toi pour le faire. Alors je vais disparaître et j’espère qu’on ne se recroisera pas tous les deux parce que…C’est terminé. Je n’essaye plus de te convaincre, parce que je sais que je perdrais mon temps et que ça ne rendra que les choses de plus en plus difficiles. Comme maintenant. » Elle serre le poing. C’est difficile pour elle de dire toutes ces choses en se tenant droite comme ça devant lui, sans faire un pas vers lui. Pour étouffer toute cette envie, d’ailleurs, elle recule même d’un pas. « Y’a pas de solutions et cet attachement va vous bouffer alors…D’accord. Tirons un trait là-dessus. Je… » Ce n’est pas facile mais ça ne le sera jamais. Mieux vaut maintenant que plus tard, lorsqu’ils seront tous les deux allés trop loin. « J’abandonne. » Elle abandonne toute idée de le ramener dans le droit chemin, toute idée que quelque chose sera possible entre eux. En clair, elle lâche cette promesse de ne jamais l’abandonner. A-t-elle un autre choix ? Non, probablement pas.

Elle essaye d’avoir un regard plus dur sur lui, mais elle semble simplement résignée à son sort. A leur sort. « Tu dois apprendre à me détester parce que même si tu me préfères libre, moi je préfère te savoir dans un endroit où je saurais que tu ne pourras jamais plus blesser qui que ce soit. Et si je dois t’y mettre moi-même, je le ferai. Je n’hésiterai plus. Toi et moi non ne sommes plus les gamins de Sunrise. Il était temps que je le réalise. » Et elle préfère le savoir vivant et enfermé que mort, surtout. Elle entend des bruits, un peu loin. Soit ce sont des animaux, ce qui l’étonnerait…Soit ils sont proches de les trouver. Si elle ne bouge pas de là rapidement, elle va se faire choper. Et elle n’a pas vraiment envie de crever, en fait, ça ne lui dit rien de crever ici (ni même dans un laboratoire d’ailleurs). « Je ne te dis pas adieu parce qu’on se reverra, mais plus jamais dans de bonnes circonstances. Sache que je n’oublie pas non plus que tu me dois des réponses, Nahim. » Elle recule encore, de quelques pas. C’est une bonne chose, que Blood Moon soit sur ses traces. Ça la force à partir sans se retourner sur lui. Ça la force à ne pas revenir le prendre dans ses bras. « Au revoir. » Alycia tourne les talons et disparaît dans les bois. Ils se reverront, oui…Si elle arrive à sortir de ce merdier vivante, déjà.

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Les histoires d'amour finissent mal en général. Il connaît la musique, il aime bien la chanter. Il n'y prêtait pas attention, au sens des paroles. Ce ne sont que des mots après tout. Que valent les mots face aux gestes ? Rien, que dalle. Mais force est de constater que c'est vrai. Les histoires d'amour, ça finit mal. Celle-là n'échappe pas à la règle. Après tout, rien ne va dedans, les deux protagonistes sont deux idiots utopistes. S'enfermant dans leurs rêves. Mais il faut se réveiller. Pour eux, ça a tardé, se laissant à quelques gestes mielleux mais c'est idiot. Nahim sait qu'il va devoir se racheter une conscience après avoir autant dévié. Il ne peut plus se laisser comme ça. C'est fini, c'est vraiment terminé eux deux. Il n'y a plus rien. Même pas quelques miettes, elles ont brûlé. Ils le savent tous les deux. C'est fini. Il ne sait pas s'il doit pleurer ou être soulagé. Un peu des deux, il suppose. C'est une cicatrice qui finira bien par se renfermer, même si elle le lancera de temps à autre, histoire de lui rappeler son erreur. Celui de croire qu'il pourrait retrouver son grand amour malgré ses actes.

Chaque mot d'Alycia est un clou qu'elle plante dans son âme. Et pour une fois, elle lui fait un long discours. Ce n'est pas une grande causeuse Aly. Et pourtant, elle continue, elle est d'accord avec lui. Pour une fois qu'ils partagent la même opinion. Il va devoir apprendre à la détester, abandonner l'idée qu'elle sera sienne. Qu'elle est à lui. Elle a abandonné vite, elle qui ne lâche jamais rien. Finalement, des deux, c'est vraiment lui qu'il l'a le plus aimé. Elle s'est passée de lui, elle refera sa vie facilement, parce qu'après tout, elle ne le voit pas comme lui la voit. Il n'est qu'une amourette aux beaux cheveux, une passade intéressante.  Il veut s'en convaincre en la voyant tourner les talons. N'est-ce pas la même conclusion qu'il avait tirée des années plus tôt ? Elle l'aime, mais pas autant que lui. Il est quasiment sûr que s'il devait la suivre dans l'ombre, il la retrouvera dans les bras d'un autre la semaine suivante. Il ferme les yeux, il est un peu déçu au fond de lui. Où est-ce la colère de ne pas avoir trouvé de solution qui le ronge ? Peut-être. Il est en colère, contre tout le monde, contre lui-même. C'est la déception de voir un rêve mourir sans se réaliser.

« Au revoir. »

"Au revoir."

Il ouvre de nouveau les yeux, attrape son talkie et prévient les autres qu'il l'a aperçu. Il décoche une flèche qui siffle près de l'oreille de son ancienne amante. Si ça doit se finir comme ça, alors soit. Il va la chasser. Il hurle qu'il a enfin trouvé le démon roux, et qu'avec un peu de chance, ils vont pouvoir l'encercler. Il ne lui laissera pas la chance de s'échapper, plus maintenant. Il se met à courir derrière elle, enfin résolu à la tuer. Il entend les sélénites accourir dans sa direction, prêt à en finir avec la rousse. La traque commence.

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