Le sommeil est fragile, fugace, depuis trop longtemps. Un sursaut et les bras de Morphée annulent rapidement leur étreinte, laissant l’esprit retrouver une certaine réalité. Les yeux grands ouverts, les pupilles s’animent sans attendre, rencontrant le plafond monotone, grisé par des années d’usure dont personne n’a pris soin de l’épargner. Allongée à même le sol, elle peut en ressentir la froideur au travers de ses vêtements. Un mouvement lent afin de se redresser, le dos douloureux d’un repos sur une surface aussi peu confortable. Elle observe la pièce, cherchant le moindre détail pouvant lui sembler familier, en vain, à l’exception des silhouettes encore endormies. Elle se relève discrètement époussète ses vêtements en les frottant subtilement et commence à se mouvoir à pas feutrés pour ne pas perturber le sommeil des âmes l’accompagnant dans cette pièce inconnue. Un brin de curiosité dans le regard, à se demander la raison de sa présence dans un endroit si miteux. Tout parais avoir été laissé à l’abandon pendant un temps bien trop long, rien n’invite à quoi que ce soit, ou ne donne l’idée d’un scénario plausible. Elle effectue le tour du séjour, y remet un peu d’ordre, incapable de se retenir de ranger les objets donnant l’impression de ne pas être à leur place et de redresser ceux en mauvaise position. Elle a horreur du bordel, Daria, ce qui explique le malaise dont elle n’arrive à pas se défaire depuis son réveil. À cet instant, tout ce qu’elle souhaite, c’est d’avoir les instruments nécessaires pour remettre l’endroit en état. Un bon coup de ménage afin de le rendre moins lugubre. Ses déambulations s’arrêtent net face aux tâches d’hémoglobine couvrant certains endroits du sol, sans qu’une origine claire puisse être déterminée.

Elle se crispe légèrement, face à cette découverte, donnant une autre tournure aux événements inconnus. Le sang est sec, il n’a donc pas coulé récemment, mais cette affirmation est très loin d’être suffisante pour la rassurer. Fin de l’enquête, ne se sentant pas de continuer en solitaire plus longtemps, elle vient retrouver les silhouettes endormies, s’agenouillant aux côtés de l’une d’elle. « River. » Elle tente de le réveiller en douceur, en témoigne sa voix presque chuchotée. Comme un réflexe, c’est auprès de lui qu’elle vient chercher du réconfort lorsqu’elle en a besoin. Le sentiment lui paraît naturel, la présence du brun est rassurante, avec cette impression qu’il sera toujours présent afin de la protéger. La première tentative est infructueuse, alors, elle place une main sur son torse dans le but de le remuer légèrement, se penchant un peu plus proche de lui. « Riv. » Cette fois, la voix un chouia plus insistante réussi à le tirer du pays des songes. Elle lui laisse le temps d’émerger, un sourire sur le visage pour tenter de contraster avec l’ambiance de la pièce avant de lui adresser une première question. « Tu sais ce qu’on fait ici ? »

La murge de la veille : pas la meilleure idée de sa vie. Patraque, River souffrait d'un mal de crâne olympique, en plus d'un mal au bas de dos, mais ça c'était sans doute dû au fait qu'il dormait sur le plancher. Tant pis, il avait trop la flemme de sortir de sa somnolence. Des bruits de pas feutrés indiquaient qu'il n'était pas seul. Il aimerait bien se dire que c'était son coup de la veille, mais ça voudrait dire qu'elle l'avait poussé du lit. Il n'était pas fan de ce genre de pimbêche. Ça sentait la poussière, le vieillot, mais ça le dérangeait pas tant que ça. Plutôt faire le mort que de devoir dire bonjour à une donzelle qui se faisait la malle parce qu'il était un mauvais coup. Bizarrement, les pas se rapprochèrent.

Une précision était à apporter sur ce beau au bois dormant. IL N'ETAIT PAS PUCEAU.(Estimez-vous heureux que la taille 100 n'existe pas). D'ailleurs, River faisait affaire avec une jolie demoiselle durant le passage de la brume. Il n'était pas allé au bout, puisqu'il avait fini par s'endormir comme tout le monde, mais il était allé. Maintenant que vous avez toutes les informations qu'il faut, poursuivons..

Toujours la même gueule, toujours la même taille, mais un succès absolument phénoménale auprès de ces dames. Regardez, il y en avait même déjà une qui se souciait de lui. Il n'existait pas de plus beau son au monde que son prénom énoncé d'une voix douce. C'était celle de Daria. River n'ouvrit pas tout de suite les paupières. Il espérait un petit baiser mais finit par s'impatienter. Émergeant de son état de loque, il se redressa en position assise. « Tu vas bien, Daria ? » s'assura-t-il avec douceur, en effleurant sa joue du bout des doigts, un sourire charmeur aux lèvres.

« Tu sais ce qu’on fait ici ? » « En ce qui me concerne, j'ai une petite idée mais ... vous autres.... » Il regarda les personnes présentes avec un air qui manquait sérieusement de lumière. « ... Vous avez pris une cuite aussi ?  » Il sentit une odeur très étrange en sous-ton qu'il renifla discrètement. Une odeur de propre qui n'avait rien à faire dans ce foutoir qui ressemblait de prêt à son appart' de la Cité. Il attrapa son pull, le releva légèrement et écarquilla les yeux. Le frais. Mais qui avait fait sa lessive ? Daria ? Incroyable. Il se releva sans manquer l'occasion d'être galant et d'aider la blonde à faire de même en lui tenant la main. Il approcha ensuite des fenêtres barricadées, perplexe : « Est-ce que ça ne serait pas le manoir hanté de Crystal Valley ? » Toujours dans l'inspection, il remarqua une sonnette posée sur la console de l'entrée, couverte de poussière. Probablement un outil pour appeler du personnel. Il appuya dessus comme s'il était à l'hôtel. N'obtenant pas de réponse après quelques temps, il tenta d'ouvrir la porte. Sa main actionna plusieurs fois la poignée dans le vide. « Il semble que nous soyons coincés » déclara ce Sherlock en herbe. Il espérait intérieurement que quelqu'un parmi eux disposerait de la force nécessaire pour les sortir de là.

A travers des voix résonnantes dans cette pièce mystérieuse, Kagura ouvrit lentement les yeux pour apercevoir qu'un plafond sombre et émoussé. La jeune femme ne réalise encore pas tout à fait ce qui lui arrive… Elle ne se souvient absolument pas de la veille…  Juste qu'elle s'est endormie ? Elle en est pas certaine, mais ignore totalement où elle se trouve. Elle entend vaguement des voix à travers la pièce, c'est d'ailleurs ça qui l'a un peu réveillée. Elle se redresse doucement, en constatant donc deux personnes déjà réveillées et une autre encore endormie… Ou sur le point de se réveiller. L'état des lieux ? Ouais, Kagura remarque les fenêtres barricadées et l'ambiance lugubre de la pièce dans laquelle elle se trouve. Néanmoins, c'est pas ce qui la choque la plus… Ce qui la choque la plus, c'est deux personnes délicieusement fraiches devant ses yeux. Elle se croque déjà la lèvre inférieure d'un désir profond qui envahi son cœur.

D'un coup, en voyant ces gens, elle a une bouffée de chaleur incontrôlable. Homme ou femme, peu importe pour elle, elle est de tous les bords et prend tout ce qui vient. Comment résister à de telles œuvres d'art ? Kagura pense simplement être dans une maison close, avec certes un décor étrange, mais elle s'imagine que c'est juste le style tordu de cette maison close. Bah ouais, faut bien combler certains fantasmes. L'un d'eux demande s'ils ont pris une cuite… "Je… Vous êtes qui au juste ? Des gogo danseurs pour le plus grand plaisir de mes yeux ?" Annonce t-elle en se levant et en secourant un peu sa main devant son visage, en espérant que ça soit vraiment ça. Qu'est-ce qu'il faut chaud aussi. En tout cas, Kagura ne se souvient de rien, mais trouve la situation amusante ou presque…. "Pourquoi suis-je autant habillée ? Tous ce tissu contre ma douce peau… ça me rend tellement mal à l'aise." Affirme t-elle en observant un peu ses propres habilles. C'est totalement trop pour elle, alors elle retire ses gants en cuir blanc, et les balance sur le visage de la dernière personne qui doit encore se réveiller. "Lèves toi beauté, il est l'heure de danser !" S'amuse t-elle à dire alors qu'elle déboutonne son blazer blanc pour le retirer. Elle se décharge un peu de tout ce tissu et ce cuir, mais c'est encore trop pour elle.. Elle porte toujours une chemise et une cravate qui l'étouffe dans cette chaleur, mon dieu… Alors elle desserre cette horrible cravate et la balance encore une fois sur la fille qui doit se réveiller. Tout en faisant limite un strip-tease. Kagura déboutonne sa chemise, pendant que le garçon fait sonner une sonnette sans réponse. Sans gène, elle retire sa chemise pour être en soutif, en total décontraction. Kagura se sent beaucoup plus à l'aise. Bon, elle a toujours ses collants noirs, sa jupe, et ses bottes en cuir. Elle est pas encore à poil. "Manoir hanté ? Je dirais plutôt que c'est une maison close. Vous trouvez pas qu'il fait chaud ici ? Vous devriez retirer tout ces vêtements horribles sur vous !" Kagura a les joues qui rougissent, elle est complètement enjôleur et à l'ouest, alors qu'elle vient confier sa chemise à la fille blonde tout en lui faisant un clin d'œil charmeur.

Elle vient ensuite poser sa main sur l'épaule du garçon, et vient doucement lui chuchoter à l'oreille d'une voix sensuelle tout en collant précieusement sa forte poitrine avec cet énorme décolleté contre le torse raffiné du garçon. "T'as peur d'être coincé avec moi ? Tu imagines pas tout ce que j'ai envie de te faire pourtant." Kagura se mordille doucement la lèvre inférieure avant de rire amusée tout en s'éloignant doucement du garçon avec un regard de braise. Elle l'invite clairement à s'envoyer en l'air. Kagura n'a clairement pas envie de partir, elle a juste envie de s'amuser un peu. Bien entendu, son arme l'Archenemy est ici avec elle, et même dans cet événement particulier, son arme est toujours importante pour elle. Alors elle la saisit, et caresse légèrement d'un geste suspect, le fourreau de son arme tout en observant les personnages ici présentes d'un regard allumeur. "Alors mes poulettes, qui veut danser avec moi ? Vous tous à la fois peut-être ?" Ricanne t-elle à dire.

Le calme de la pièce s’estompe à mesure que les âmes échouées s’y réveillent. River, d’abord, qui vient faire rougir les joues de la blonde d’une caresse l’effleurant à peine. « Une cuite ? » Qu’elle s’étonne, comme si l’idée ne faisait aucun sens. L’alcool justifierait pourtant la perte de mémoire empêchant de retracer les moments ayant amené le petit groupe dans cet endroit des plus étranges. Mais elle ne boit pas Daria, trop sérieuse pour laisser une substance altérer ses pensées autant que son comportement. Elle est de celles qu’on regarde avec interrogation lorsqu’elle commande un thé au milieu des pintes de bière. Si elle n’a pas d’alcool lui polluant les veines, River semble avoir compensé en consommant pour deux, voire plus, en témoigne le regard vitreux qu’il affiche. Au final, peut-être qu’elle l’a seulement raccompagné, afin de s’assurer que le brun puisse mettre un pied devant l’autre sans finir allongé ivre mort sur un trottoir. Oui, cette explication lui parait plus plausible que de la voir participer activement à une beuverie. La main agrippée dans celle tendue par River, elle se redresse finalement avant d’observer la pièce une nouvelle fois. Toujours aussi peu d’indices sur la nature du lieu, si ce n’est une proposition, rapidement reléguée en arrière-plan face à la tornade venant agiter l’endroit. Elle a le regard sidéré, Daria, dès l’instant où l’inconnue commence à s’effeuiller dans un naturel ahurissant, se débarrassant des couches d’habits jusqu’à se retrouver en soutif. L’évocation d’une maison close la fige sur place, inerte lorsqu’elle reçoit la chemise de l’allumeuse. Elle préfèrerait mille fois l’option de la cuite plutôt que de se retrouver dans un tel endroit de débauche. Il n’y a que la proximité de la brune avec River, alors qu’elle lui colle ses attributs généreux sous le nez, pour faire sortir Daria de sa catatonie. Elle vient séparer les corps avec vigueur, s’insérant sans la moindre subtilité entre les deux afin de faire reculer la strip-teaseuse, sans manquer de lui rendre sa chemise. « Un peu de décence ne ferait pas de mal ! » Elle voudrait se retenir de juger la petite vertu de cette femme, mais la jalousie l’en empêche. Et elle n’est pas la seule à être dérangée par tant de lubricité, une nouvelle voix s’élève dans les airs pour condamner le comportement. Tous les regards se reportent sur le dernier membre à quitter le royaume des songes, qui s’offusque sans attendre face à la scène, elle aussi dans l’incompréhension de leur situation. Dans son agitation, elle est bien la seule à chercher à quitter la pièce, partant s’acharner sur la porte de manière hystérique sans pour autant réussir à l’ouvrir. Et de l’échec, elle fond en larmes, comme si elle se pensait condamnée. Daria la rejoint, quittant les côtés de River non sans adresser un regard mauvais à la brune. Une fois proche de la porte, elle tente de calmer la frénésie, posant délicatement sa main sur celle de la blonde. « Il ne faut pas se mettre dans cet état, on va trouver un moyen d’ouvrir cette porte. » Un sourire angélique sur les lèvres. « Ne tenez pas compte de l’autre dévergondée. » La jalousie ne s’estompe pas le moins du monde. « Tentons plutôt de comprendre comment fonctionne cet endroit. » Personne ne répond aux sollicitations de la sonnette activées par River, la porte ne semble pas vouloir bouger d’un pouce et toutes les fenêtres son barricadée. À croire qu’ils sont enfermés dans une boîte. « Fouillons l’endroit, il y a forcément quelque chose qui pourra nous mettre sur une bonne piste. » Un brin d’optimisme dans la voix, elle commence à inspecter le meuble le plus proche dans l’espoir d’y trouver des réponses.

Une maison close ? Dans son ivresse, Riv avait dû s'y diriger. Peut-être que son coup était mauvais à ce point, et qu'il avait dû se ramener là pour trouver mieux. « C'est une explication plausible » qu'il dit en zieutant les melons de la demoiselle, qui vinrent d'ailleurs se coller à lui. C'est bien l'effet qu'il faisait aux femelles, nulle surprise. « En fait j'suis curieux de savoir » Daria vint faire barrage avec la brune et ça le fit sourire. Les femmes qui se battaient pour lui, ça aussi, il avait l'habitude. Il remarqua le katana de l'autre, qu'elle s'amusa à tâter, et se refroidit soudainement. « Je ne suis pas contre, mais alors sans truc tranchant... » dit-il d'une petite voix qu'on n'entendit pas, vu qu'elle fut couverte par celle de l'autre blonde, appelant à la pudeur et réclamant l'aide du seigneur. « Nous n'allons pas forniquer ! » se défendit River « Ce serait trop facile. J'suis un challenger, moi... » Une prude comme Daria lui convenait mieux par exemple. Pour mesurer la beauferie, ce mec servirait de mètre étalon.

La blonde pieuse lui faisait très peur en tout cas. River reculait progressivement tandis qu'elle poursuivait son monologue, ne cherchant plus à se défendre. Il avait vu le film l'exorciste et celle-là avait l'air à deux doigts d’attraper un crucifix pour se purifier dans la violence et le martyr. Le courage n'appartenait pas à sa ô combien longue liste de qualités. Le fait que Daria réussisse à s'en approcher le rassura quelque peu. Elle était peut-être pas si terrible tout compte fait, la mère Thérésa.

River acquiesça à la proposition de Daria et commença à fouiner le vieux meuble crasseux adossé contre le mur au papier peint défoncé. Tout en faisant, il se renifla une aisselle pour vérifier qu'il avait toutes les chances de son côté en termes de drague. L'odeur de propre le surprit à nouveau. Qui l'avait lavé ? Quelle plaisante anomalie ! Il libéra les tiroirs de plusieurs enveloppes qu'il jeta par terre en se disant qu'ils ne pourraient pas avancer loin avec des factures. Après avoir mis le bazar, il se dirigea vers les fenêtres. Au passage, il se pencha vers Daria et lui colla un doux et long baiser sur la joue. Après un sourire charmeur, il s'éloigna avec sa démarche de bandit de la street. Le pied de lampe sur son chemin le fit trébucher. Il se ramassa la figure et tenta de se raccrocher aux barricades des fenêtres, sauf que la planche se détacha et tomba, le laissant s'étaler à plat ventre. Les autres planches se décollèrent et suivirent, lui tombant tour à tour sur le crâne. River se redressa à genoux en se frottant la tête, un œil fermé, surpris de ne pas être mort sur le coup. « Si on ne trouve rien, on pourra toujours tenter de passer par les fenêtres... »