La Cité Royale. Je n’étais jamais très à l’aise de devoir m’y promener. Pour un ancien criminel notoire comme moi, cette ville, malgré le fait qu’elle appartienne à la Résistance, restait un territoire où les gens comme moi n’était pas toujours le bienvenu. Cependant, parfois, il fallait faire des exceptions. La demande que je venais de recevoir était importante. Des traîtres dans la Cité. On savait qu’il y avait eu des pommes pourries. Du coup que quelques-unes étaient restés dans le verger ne m’étonnait pas. Le fait d’appeler un membre de Crime Sorcière tombait sous le sens, mieux placé pour réussir ce genre de mission.

J’étais donc dans la ville depuis une petite heure. J’attendais ma partenaire : Meldy. Je la connaissais surtout de nom. Nous étions membres de la même Guilde. Mais mon job ne me permettait pas de croiser beaucoup de mes compagnons. Je m’étais installé sur une passerelle. Observer le monde était une sorte de passe-temps. Mais c’était surtout une déformation professionnelle. Je devais observer pour savoir qui sauver et surtout le moment idoine pour le faire.

Quand ma partenaire arriva, je lui souris. J’étais toujours dans ces faux-semblants. Je n’aimais pas faire peser mon humeur sur un boulot, ou sur mes partenaires. On m’a souvent dit que je devrais trouver quelqu’un à qui me confier. Mais ça ne m’intéressait pas. Sauf peut-être un de ces chats : un Exceed. J’avais remarqué récemment que de nombreux autres Dragon Slayer en possédaient. C’était une idée. Avec mon sourire amical, je dis calmement.
"Bonjour Maldy, j’espère que tu as fait bon voyage. Prête ?"
Je ne savais pas si elle était déjà dans la Cité Royale. J’en aurais le cœur net avec sa réponse. Moi, en tout cas, j’étais prêt à en découdre.

by Didi Farl pour Never-Utopia

Meldy se montra amicale et me répondit de bonne grâce. Je gardai mon sourire avant de hausser les épaules. Je passais le plus clair de mon temps à aider les mages fuyant Nyx ou Skyadrum. Mon combat n’était jamais réellement fini. Je répondis avec douceur.
"Je suis arrivé il y a une heure à peine. Je suis mal à l’aise dans les villes en général."
Je devrais peut-être me forcer un peu plus à être quelqu’un de sociable. Après tout, ici, nous n’étions pas des criminels, au contraire, nous étions plutôt bien acceptés. Mais je ne pouvais pas m’empêcher de me sentir coupable d’être libre ici, avec tous les crimes dont j’étais responsable. D’où mon appartenance à cette guilde de repentant.

Malgré cela, l’heure n’était pas à l’atermoiement. Je pourrais sans doute aider la Résistance aujourd’hui et ça c’était un pas dans le bon sens. Je suivis ma partenaire magicienne tandis qu’elle m’expliquait les détails du plan. Je réfléchissais avec les données qu’elle me donnait. J’avançais les mains dans les poches rapidement. Je retirai une main pour me frotter le menton en réfléchissant. Je finis par dire avec calme.
"Quand tu dis une poignée, tu entends combien exactement ? Parce que du coup, il y a déjà nous deux, mais combien d’autres ?"
Plus de personnes étaient au courant, plus le risque que le traître soit parmi ceux-là était grand. J’aurais bien pris le risque d’aller chercher les vrais plans pour voir si le traître n’était pas dans cette poignée-là. Puis je repris toujours sur un ton égal.
"Le risque étant que le traître soit dans ce groupe-là. Je suis sans doute parano, mais je préfère penser à toutes les options. Je pars du principe, que seuls nous deux sommes sûrs."
Était-ce idiot ? Oui sans doute, car la confiance est parfois primordiale. Mais dans le monde dans lequel je vis, l’ennemi peut être derrière chaque porte. Je préfère donc être trop prudent que pas assez.

Après un peu de marche, nous arrivions à l’endroit où les plans étaient gardés. Cela aurait dû être un endroit bien moins propice au passage. La magie pouvait aider certes, mais là, je me demandai si par moment, les dirigeants de ce monde n’étaient pas un peu fous. A moins qu’ils aient mis les plans en évidence exprès. Quoiqu’il en soit, je regardai ma camarade et je dis en réfléchissant.
"A partir d’ici, il faut se cacher. Mais il faut aussi que nous soyons à un emplacement qui nous permettra d’agir vite et qui l’empêchera de fuir. Une idée ?"
J’aurais pu me cacher au plafond en utilisant une technique d’un autre Dragon Slayer. Mais je n’avais pas envie de rester des heures la tête en bas. Très peu pour moi. Je repérai qu’au-dessus de la porte, il y avait une coursive qui courrait le long du mur. J’interpellai Meldy.
"Dis-moi, tu sais ce qu’il y a là-haut ?"
S’il y avait un accès, cela voulait dire d’autres point de fuite.

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La rencontre avec Meldy se passa parfaitement. La jeune fille était toujours agréable et j’appréciai sa relative bonne humeur. Elle tenta même de réconforter mon malaise dû à la ville. Je souris car j’appréciai réellement l’attention. C’était agréable de se sentir soutenu et c’est ce que nous faisions aussi dans cette guilde. On se soutenait dans la recherche de notre rédemption. Une fois les formules de politesse et de salutations faites, on se concentra sur la mission : trouver le traître.

Sur le chemin, je demandai des informations à ma camarade. Elle me répondit aisément, elle avait donc étudié le problème bien plus que moi. En même temps, si Meldy était en ville depuis quelques jours, elle avait pu glaner les informations sur la mission. Je penserais à laisser un moyen plus rapide de me contacter la prochaine fois. Mais ma grande mission d’aide et de protection nécessitait le silence souvent. Du coup, je préférai être injoignable. Mais cela ne dérangeait que rarement. Je récupérai les informations supplémentaires que ma camarade avait obtenues. Deux Haut-gradés en plus de nous deux. Même s’ils étaient sûrs, je préférai noter cette information dans ma tête et les garder. Comme je l’avais dit, je ne voyais que la sorcière à la magie perdue et moi comme personnes de confiance. Tout en marchant, j’avais la tête basse en réfléchissant. Ma partenaire restait confiante, elle avait raison, j’étais assez soupçonneux pour deux. Il fallait contrebalancer ma paranoïa.

Dans le château, j’observais les environs en écoutant la Magicienne aux cheveux roses. Ce chemin au-dessus de la porte était très problématique pour moi. C’était un danger supplémentaire, celui de pouvoir s’enfuir sans que nous puissions rattraper cet ennemi. La réponse négative quant à savoir ce qu’il y avait là-haut n’aida pas à calmer le tourbillon qui naissait dans mon esprit. Je n’entendis quasiment pas ce que disait Meldy. Je ne répondis donc pas avant de sauter sur la rambarde pour voir ce qu’il y avait sur ce faux-balcon. Mon début d’inspection était une réponse pour la magicienne. Ce n’était qu’une fois en haut que je réalisais qu’elle m’avait parler. Je me penchai sur la balustrade et je souris contrit.
"Pardon Meldy, je suis dans mes pensées. Je vais inspecter les lieux, oui. Merci."
Mes oreilles avaient donc bien entendu ses mots, mais mon cerveau ne les avait pas placés en priorité dans l’action.

En haut, je vis deux portes, une à chaque bout du couloir créé par cette coursive. Je soupirai. J’allais vérifier chaque porte. Je commençai par celle de gauche. Un escalier. Je ne perdis pas de temps à le descendre, surtout qu’à cet endroit ce n’était qu’un palier et il y avait aussi des volées de marches qui partaient vers un étage supérieur. Je refermais la porte et je me servis de ma magie pour bloquer la porte avec un cristal aussi résistant que le diamant. Je serais l’un des seuls capables de le détruire. Pour cela, il fallait la magie d’un chasseur de dragons.

De l’autre côté, c’était un accès vers une seconde coursive. Elle surplombait une autre vaste pièce. Je surveillerais donc la pièce au plan depuis cette hauteur. Devais-je activer ma Dragon Force pour me rendre un peu moins visible ? Non, rester dans l’ombre devrais suffire. Je bloquai la seconde porte de la même manière que la première. Puis je cherchai l’endroit le plus discret possible.

Alors que je cherchai l’endroit, je vis une personne se faufiler pour prendre les plans. Je ne pus voir son visage, puisqu’il portait une capuche. Il s’enfuit ensuite à toute jambes quand il leva les yeux pour me voir déambuler. La personne sortit par la porte où Meldy et moi étions entrer quelques minutes avant. Sans hésiter, je sautai au sol et je partis à sa suite. L’homme était rapide. Il fallait que je prévienne Meldy. Mais là, la seule solution était de lancer l’alerte et donc de prévenir les éventuels alliés du Voleur. Tant pis. Je pris une profonde inspiration et je hurlai à pleins poumons, j’aurais pu passer pour un dragon en hurlant ainsi, mais au moins, on m’entendrait de loin.
"Meldy ! Je pourchasse le traître !"

by Didi Farl pour Never-Utopia