Je suis stupide !:

● Suite à l'attaque de LR sur la Cité, Daria poursuit son carnage pendant que les autres quittent les lieux.
● Quand elle arrive sur l'une des places des bas-quartiers, son avancée est stoppée par l'arrivée fracassante d'Erza.
● Tous les soldats présents aux alentours se rassemblent pour boucler la zone et, sur ordre de la commandante, simplement observer la suite des événements.
● Face au manque d'initiative d'Erza, Daria s'amuse à la provoquer, ouvrant des portails pour frapper au hasard dans la foule environnante.

Moment de flottement avant le début des hostilités, la tension qui entoure la place en est presque palpable, soldats en attente du règlement qui se profile sous leurs yeux. Sans le chaos instauré par les lumières dans la Cité, le silence régnerait en maître en attendant le premier mouvement offensif. « J’oubliais presque combien tu es lâche. » La provocation lui tire un énième sourire dérangé, bien loin de lui faire perdre toute contenance, la notion du danger complétement éclatée, au point d’y foncer tête baissée sans forcement prendre en compte le raisonnement qui devrait accompagner ce genre de décision. Il n’y a que la connaissance de son adversaire qui maintient son corps en place, frapper en première raccourcirait l’espérance de vie de la blonde, qui ne doit déjà pas être des plus longues en choisissant de s’opposer à l’écarlate. Elle a dans l’idée de répondre, mais les mots n’ont même pas le temps de se former dans son esprit que la commandante semble s’évanouir. Mouvements tout juste perceptibles, laissant à peine le temps à Daria de placer sa lame en opposition pour bloquer l’assaut initial. Rien à voir avec les adversaires enchaînés jusqu’à maintenant, rien que l’onde de choc résultant de cette première parade tétanise ses muscles, lui arrache une grimace. Coup surpuissant, qui se retrouve n’être que le premier d’une série, les parades s’enchaînent, la majorité avec trop de justesse, mais même si les coups ne touchent pas encore directement, la violence encaissée entame le physique de manière inévitable. Impossible de se sortir de l’étreinte, le rythme des attaques ne lui offre pas la moindre possibilité de riposte ou d’une manipulation magique pour retourner la situation. La notion de son environnement s’efface sous la pluie d’acier, la vision périphérique absente, la frontière de soldat devient un simple mur de couleur à l’aspect difforme alors que la lance de Knightwalker change de forme. Dernier coup pour ponctuer l’échange à sens unique, impossible à esquiver, l’onde de choc vient fracasser le corps, brisant le sol en soulevant un large amas de poussière.

Quelques secondes de repos le temps que la visibilité revienne, découvrant la Nihayat encore au sol. « Pour eux, tu es peut-être Nihayat. Pour moi, tu ne seras jamais que Nini. » Chaque inspiration enflamme les poumons alors que le corps s’anime de nouveau, poussant sur les bras pour s’agenouiller difficilement. Crachat rougeâtre qui vient s’échouer sur le sol, venant se mêler au reste d’hémoglobine déjà présent. Visage ensanglanté, si le liquide vital qui teintait ses vêtements appartenait alors à ses victimes, c’est maintenant le sien qui prédomine. « Ferme la ! » L’invective est loin d’être impressionnante, entachée par les difficultés de la voix à garder un timbre fixe. Il n’y a que le sérum à remercier pour le fait qu’elle puisse encore esquisser le moindre mouvement, et malgré ça, l’effort pour se remettre sur ses pieds lui semble presque surhumain. Trop bornée pour s’avouer vaincue au bout du premier assaut, tout devrait la forcer à se casser sans la moindre hésitation, et pourtant, elle ramasse sa lame pour la présenter de nouveau à son adversaire. Tromper la mort, jusqu’au bout, avec cette assurance de pouvoir s’échapper au moment où elle le voudra, inconsciente boule de nerfs. Vision rougie par la plaie qui lui orne le front, floutée par le choc pas encore totalement encaissé, la réaction au retour d’Erza est beaucoup moins dynamique, si bien que le premier coup est déjà suffisant pour lui faire quitter ses appuis. Expiration douloureuse, le second coupe le souffle en l’envoyant voler sur quelques mètres. Pas besoin de poser le regard sur les alentours pour voir la satisfaction et la fierté naître sur le visage des spectateurs, voyant leur héros faire une démonstration de sa puissance aux yeux de tous. Stratégie similaire, Daria n’a pas le temps de faire quoi que ce soit pour tenter la moindre offensive, à peine est elle capable de reprendre un semblant d’équilibre que la commandante est déjà sur ses talons pour frapper une nouvelle fois. Les articulations qui craquent, la dernière parade voit l’acier de sa lame se briser sous le choc, à ce rythme, il faudra peu de temps avant que son corps ne subisse le même effet. Les limites se dessinent à la vitesse de l’éclair, au point de finalement apprivoiser folie et fierté. Quand la furie écarlate fonce une énième fois dans sa direction, un portail apparaît au dernier moment dans un relent de lucidité. La magie n’est pas là pour sa propre utilisation, mais afin de reporter l’assaut un peu plus loin. L’état physique est bien trop fragile pour exploiter la magie à son plein potentiel avec une utilisation aussi abrupte, n’offrant une sortie qu’à l’autre bout de la place théâtre du duel. De quoi s’offrir une fenêtre de sortie, elle ne pourra pas aller bien loin dans un premier temps, mais elle a juste besoin d’échapper à l’attention d’Erza.

Lueur d’espoir, infime, le temps d’une pensée où elle voit la ruse fonctionner pour se défaire de l’étreinte inlassable que lui inflige la commandante. Lame brisée face au martèlement de la lance, son corps prend le même chemin, chaque choc venant affaiblir sa constitution. Plus moyen de bloquer, les restes de l’épée sont abandonnés sur le sol, l’esquive devient le seul moyen de survie encore à sa disposition. Chaque mouvement arrache les muscles, tétanisés par le surplus d’effort nécessaire pour rester en alerte. Échec de la tentative, l’écarlate connaît parfaitement les manœuvres de l’ancienne militaire, au point d’anticiper sans laisser l’avantage la fuir. Nouvelle offensive, l’acier s’approche mortellement de la jugulaire avant de changer de cible de manière impromptue, feinte illisible dans laquelle Nihayat plonge sans la moindre retenue, la lucidité trop émoussée pour réagir et s’adapter. Mouvement éclair qui vient trancher la chaire sans la moindre résistance, séparant la main droite de la blonde du reste de son corps. Moment de latence, la douleur n’arrive pas sur l’instant, le temps de réaliser la précarité de la situation, c’est son seul espoir de retraite qui vient de lui être arraché. L’attention obnubilée par le membre amputé, Daria n’offre aucune résistance lorsque l’écarlate s’agite à nouveau pour la clouer au sol, fracassant encore les pavés. Conscience fluctuante, l’hémoglobine fuit son corps à une vitesse alarmante, venant se répandre et imbibant les fringues. Allongée sur le dos, plus rien ne semble répondre, les tentatives de mouvement avortées par la douleur qui enflamme ses nerfs. « Maintenant que tu entrevois la fin, toi aussi, à quoi ressemble-t-elle ? » Poussière et fumée qui masquent le ciel, le sang qui teinte une vision flouée, la douleur et l’impuissance. Sa voix est dans le même état que le reste, aucun son n’arrive à passer la barrière de ses lèvres. Respiration limitée, souffle roque, les poumons ne s’animent qu’avec de petits à-coups, tous plus difficiles les uns que les autres. Dernière tentative, ultime folie, le refus de pousser son dernier soupir à même le sol. Le corps s’anime de nouveau, à la manière d’un cadavre, mouvements qui semblent à peine maîtrisés, la douleur lui arracherait un cri si ses cordes vocales pouvaient encore en subir la contrainte. Elle roule pour se mettre à genoux, appuyée sur la seule main qu’il lui reste, mais la commandante ne lui laisse pas la possibilité d’aller plus loin. Renvoyée instantanément d’où elle vient, coup de pied dans la tête, nouvelle giclée de sang pour se retrouver face contre terre avant de se faire immobiliser sans la moindre difficulté, d’un pied placé au niveau des omoplates, écrasant la cage thoracique. « Pathétique. » La fin se dessine, face au chaos engendré depuis sa désertion, elle n’imagine qu’une solution à cette situation, attendant que la lame de son bourreau vienne entailler sa chaire une ultime fois pour mettre fin au rythme fuyant de son palpitant.

Le tonnerre frappa sa lance. Malgré toute la force mobilisée par son bras, la trajectoire dévia. La pointe s’écrasa au sol et forma un cratère près de la tête de la blonde. Erza releva un regard interloqué vers l’individu qui avait osé l’interrompre. River, à l’évidence. Nul autre ne s’armait d’un tel culot en sa présence. Il semblait pourtant lui-même surpris d’en être arrivé à s’opposer à sa commandante par l’arme. Parfois, l'envie de le frapper lui saisissait la gorge, à cause de ce sentiment étranger qu’il provoquait chez elle et qui se rapprochait de l’empathie. Ils n’étaient pas si opposés, River savait se montrer impitoyable quand la situation le requérait. Hélas, celle-ci ne le requérait effectivement pas, l’ennemie était déjà vaincue.

« On ne frappe pas un ennemi à terre… » dit-il avec une incrédulité d’enfant.

La commandante détestait les enfants, mais celui-là était son sergent. Aucune réaction immédiate ne survint, seule une poignée de secondes de suspensions où elle se figura odieuse. Elle figura sa semelle s’écrasant sur ce visage, écartant ce regard où elle ne supportait plus de lire la détresse. Pierce était un exemple de flegme et d’indifférence au quotidien, ce qui rendait la fissure du masque plus difficile encore à observer. Des murmures bourdonnaient autour d’eux. Il détourna la tête, et elle libéra le souffle retenu depuis qu’elle n’avait pas réussi à frapper sa face d’insubordonné. À un gradé ayant vociféré son mécontentement, il invoqua un autre argument que la fin du combat, celui de la place de Daria au sein de Baram. Knightwalker se réveilla enfin et ses précédentes pensées se réalisèrent, quand son pied s’écrasa sur River et envoya son dos s’écraser sur sa grande copine. Qu’il la protégeât donnait une réciprocité infâme au constat de la commandante. Daria n’était plus la seule à épargner l’autre, Pierce lui renvoyait le service. Invoquer la gratitude mal placée pour justifier son comportement était une option qui s’érodait à mesure qu’il campait sur ses positions discutables.

« C’est pour cette raison que tu te jettes sous ma lance ? » demanda froidement la commandante.

Un capitaine déclara, sans grande conviction, et sans regarder Erza dans les yeux, que Nihayat revenait effectivement à la Troisième division, tandis que son collègue lieutenant se déclarait très incertain de vouloir cette chose dans ses locaux. Si l'écarlate oubliait deux minutes que ce dernier allait dans son sens, elle l’aurait laminé pour son manque de professionnalisme. Elle posa le genou à terre et saisit River par le col. Son poing aurait pu frapper ce visage jusqu’à ce que les bonnes pensées s’y alignèrent mais, encore, cet air hagard, ce regard gris d’une infinie tristesse, retenait son bras.

« Tu connais le nombre de tes camarades morts par sa faute. Et maintenant tu la laisses salir ton nom. Je devrais vous écraser tous les deux. »

Une hésitation. L’écarter, achever l’ennemie agonisant dans l’indifférence la plus totale de la foule, repartir. La cape de la garde royale, parmi les soldats, tapant le coin de son œil, lui rappela sa place. La protection des personnes dans l’incapacité de se défendre constituait bien un code. Elle ne s’en trouvait pas au-dessus, et Daria, toute vermine qu’elle fut, ne se trouvait pas en-dessous. Erza le repoussa sèchement et se redressa.

« Disparais, tant que je suis encore courtoise. »

La déception secoua la foule comme une brise glaciale. On avait espéré que Knightwalker se rebellerait contre des lois parfois stupides, mais elle était un animal bien mieux dressée que les apparences ne laissaient croire. Personne ne voulant approcher trop près la chevalière de l’apocalypse, même à l’état de loque, River dut se coltiner son arrestation, guidée par les indications d’un mage de la troisième laissant une distance radioactive entre eux. Erza les regarda partir en se demandant ce qu’aurait fait Ethan, à sa place.