Le retour au sein des Reapers avait fait un bien fou à Lizbeth. Le renforcement de la sécurité de plus en plus poussé de l’armée l’avait poussée à en voir les membres de moins en moins souvent et à présent elle retrouvait les gens qu’elle considérait comme sa famille. Revenue du Nord, on lui avait laissé quelques jours pour reprendre ses marques dans une base qu’elle ne voyait plus beaucoup. Incapable de rester sans rien faire, après une seule journée à raconter des milliers de choses à son jumeau elle était retournée en salle d’entrainement pour échanger quelques coups de lames avec un autre membre de la garde. Les militaires n’étaient pas au niveau et elle avait besoin de ce genre d’échanges pour garder ses réflexes. Les jours suivants s’étaient déroulés de cette façon jusqu’à ce que quelques rumeurs s’élèvent au sein de la garde. Les suspicions de la présence d’un laboratoire dans la forêt du sud de Mideel étaient sur toutes les lèvres. Mais les informations avaient été captées par un espion qui ignorait tout de la fiabilité de cette information. Pas parce qu’il n’était pas sûr de lui, mais parce que les laboratoires avaient la fâcheuse tendance à se téléporter lorsqu’ils étaient repérés.

Inactive depuis bien trop longtemps à son goût, Lizbeth se proposa pour partir en éclaireur dans la forêt. Si elle venait à trouver le fameux laboratoire, elle n’aurait qu’à contacter le reste de la garde pour échanger et aviser sur la meilleure chose à faire. La subtilité résidait dans le fait que dans le cas d’un malencontreux accident venant à détruire le laboratoire, les Reapers ne devraient pas en être soupçonnés. Car après tous les autres guildes étaient encore leurs alliés, officiellement du moins. Mais tous ces détails d’organisation et de planification n’étaient pas pour elle qui était davantage une femme de terrain. Avec l’approbation de Nour, elle fit son sac et pris la direction de la forêt. Recherchée désormais, elle ne pouvait plus se permettre de traverser les axes fréquentés tranquillement. Lorsqu’elle était contrainte de le faire, elle progressait avec sa cape d’invisibilité sur le dos. Arrivant à sa destination de nuit, elle pu ranger sa cape dans son sac et fit une halte afin d’avoir un peu de repos et de se restaurer, choisissant un coin calme dans lequel s’établir.

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Les rayons de la lune étaient amplement suffisants pour accorder à Lizbeth un éclairage acceptable afin de progresser dans les bois. Habituée aux opérations discrètes, elle n’avait pas besoin de plus dès lors que ses yeux avaient fini par se faire à l’obscurité. D’autres commodités, en revanche, nécessitaient bien davantage et elle avait attendu de s’enfoncer plus profondément dans la forêt avant de s’y employer. Lorsqu’elle se trouva assez loin des chemins de sentier et de l’entrée de la zone de végétation, elle posa ses affaires et s’appliqua à faire un feu. L’idée n’était pas seulement celle de se réchauffer (Lizbeth supportait très bien le froid) mais plutôt celle de réchauffer des rations froides qu’elle avait embarquées avec elle. Il était plus agréable de manger chaud et seuls ceux qui n’avaient pas de goût lui diraient le contraire.

Relevant vivement la tête de son feu lorsqu’elle entendit un bruissement dans les feuilles, elle augmenta légèrement le volume sonore de la zone pour se faire une meilleure idée de l’origine du bruit. Elle attrapa un poignard d’un mouvement souple et s’approcha doucement des buissons d’où cela venait, annulant tout son qu’elle pouvait émettre pour ne pas se faire repérer. Repoussant les branches, c’est nez à nez avec un lapin qu’elle se retrouva. La pauvre bête, ne l’ayant pas entendue arriver, détala à la seconde où elle entra dans son champ de vision, mais il était déjà trop tard. Avec dextérité, elle lança le poignard sur la créature dont la mort fut rapide et sans douleur. Les rations se conservaient, elle économisait ainsi un repas. Habituée, elle ne mit que peu de temps à préparer l’animal avant de le mettre au-dessus du feu pour le faire cuire. L’odeur risquant d’attirer d’autres animaux, voire même des monstres environnants, elle garda près d’elle ses armes et resta attentive au moindre mouvement autour d’elle.

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La Reaper voulu s’attaquer à son repas, tout juste cuit, lorsque de nouveaux bruits attirèrent son attention. D’un mouvement vif, elle attrapa une de ses lames, tandis qu’une ombre commençait à se dessiner progressivement face à elle. L’ombre devint une silhouette, et la silhouette devint une femme. « Hé, toi là-bas ! Est-ce que ça te dit de partager un bout de ton repas avec moi ? J'ai la dalle et j'ai pas vu de resto dans le coin, la vie à la dure c'est pas mon truc. » Elle s’avança en mettant ses mains en évidence, ce qui ne fit pas baisser sa garde à Lizbeth. Elle qui pouvait autrefois se promener à visage découvert était à présent recherchée. Rien ne lui prouvait que la femme face à elle était sincère, et rien ne lui prouvait non plus qu’elle n’était pas une membre du gouvernement sous couverture. Et au-delà de ça…Quant bien même elle pourrait être en train de lui dire la vérité, Liz n’était pas la plus sociables des femmes. « Halte. » Ainsi la mettait-elle en garde. Elle n’avait pas le luxe de pouvoir permettre à une inconnue dont elle ne savait rien de s’approcher d’elle au vu de sa situation actuelle : elle n’avait pas pour projet de se faire attraper par le gouvernement, et donc de leur faciliter la tâche de quelque façon que ce soit.

Elle prit quelques secondes pour jauger la situation avant de secouer la tête. Elle désigna le nord. « Il y a un village pas très loin d’ici, dans cette direction. Tu y trouveras de quoi te nourrir. » Cette indication était déjà plus que ce qu’elle offrait habituellement. La méfiance n’était pas suspecte en soi : tout le monde était méfiant face aux inconnus face à ce contexte incertain. Elle la contempla une seconde avant d’avaler un morceau de viande, puis se redressa et étouffa le feu avec de la terre. Quoi qu’elle décide de faire, maintenant que Liz avait été vue ici elle ne pouvait pas y rester. Libre à l’inconnue de faire ce qu’elle voulait tant qu’elle foutait la paix à la brune, en réalité.

Liz disparut dans l’ombre des arbres et repris sa mission initiale. Elle resta fouiller la zone un moment avant de constater que les rumeurs avaient été fondées : il restait dans la forêt les traces de la téléportation d’un bâtiment. Elle se mordit la lèvre d’agacement, il était trop tard. Elle rentra faire son rapport avec une sensation d’inachevé. La frustration laissa un gout amer dans sa gorge.

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