Cet endroit sentait beaucoup moins la mort que dans le désert du Louen, c'est certain, j'y étais mieux traitée et savoir que je me trouvais à la Cité Royale était plus rassurant. Je pouvais même constater que ce geôlier avait plus d'humour et de patience que l'autre enfoiré du désert. Par ailleurs j'avais appris pour le petit séjour de l'autre côté des barreaux, concernant le geôlier du Louen, c'est justifié et un juste retour de bâton qui me fait assez rire intérieurement. Quand je pense qu'on m'avait carrément prise pour une de ces mages de Lux, quoique ça s'est vite apaisé, maintenant ça va, on ne me prend plus pour l'une d'entre eux... Il faut vraiment que je me renseigne sur ma réputation, ça ne va plus cette histoire ! M'enfin, quoiqu'il arrive : deux mois de zonzon, ce n'est pas la mort, un peu l'ennui mais j'avais de quoi être en sécurité pour dormir en paix autant que je voulais. Et surtout, je n'avais pas de colocataire pour m'embêter. La belle vie quoi ! Faisant une petite sieste à même le sol, je me redressais en entendant quelqu'un arriver. Bâillant au corneille, je me demandais qui était la rousse, mais une chose était sûre, elle me faisait penser à quelqu'un... de connu ? "Ce ne serait pas ...? Impossible." Mes souvenirs datant trop des magazines d'il y a cinq ans sur les mages les plus célèbres d'Earthland, je ne me remettais pas celle qui ressemblait... à cette rousse. Tant pis, ça me reviendra peut-être plus tard.

Waw. Cette armure est sublime ! Et cette chevelure ardente me ferait presque rougir par sa beauté, en tout cas la jeune dame charismatique me laissait étonnée et légèrement jalouse de ses atouts. En revanche, le gardien à côté d'elle n'en menait pas large. Je vois, c'est le moment de me montrer sage sinon on me fait la peau comme l'autre pète-au-casque qui m'avait arrêté ? Elle se présentait en s'approchant de ma cellule, je restais assise sans bouger face à elle, écoutant attentivement ce qu'elle avait à dire. "Erza... Erza... Erza... J'ai déjà entendu ce nom... Raaaaarh... Eh puis merde, j'arrête de réfléchir... ça me revient définitivement pas." Par magie, elle veut dire... ce que ça a impliqué derrière, ou juste mes éclipses ? "Est-ce qu'elle est au courant qu'un shuriken qui tournoie à toute allure peut faire plus que mal ? ... Nh... Nan en fait, j'ai pas envie de savoir si elle sait ou pas."



D'abord silencieuse dans un premier temps, je m'interrogeais surtout sur le fait qu'on lui ait fermé autant la porte au nez pour sa proposition, c'est assez étrange. Puis mon intérêt soudain pour l'aventure se ravivait comme une petite flamme dans mes yeux. Je ne pouvais que relever la tête avec un petit sourire, je voulais en savoir un peu plus. Il faudrait que je l'accompagne ? donc... en tant qu'équipière ? C'est franchement flatteur et je venais cacher mes joues sous mes mains, les sentant chaudes et piquantes qui signifiait qu'elles rougissaient. Ne connaissant rien à ce Continent Nord duquel elle parlait, je ne me posais franchement pas la question puisque j'en avais rien à cirer d'où on allait et pourquoi. Pas intéressée à ce sujet-là, je m'intéressais plutôt au reste de la proposition.



Exploration dangereuse, c'est exaaaaaactement ce que je voulais entendre ! C'est franchement excitant et motivant ! Rien de tel pour me convaincre de la suivre où elle veut. Quant à la température, je pense qu'on peut largement dire ce que l'on veut mais le froid et le chaud, l'inconfort et le reste, c'est justement ce à quoi je m'exposais lorsque j'étais encore libre il y a un mois et quelques, donc je connais et cela ne me dérange vraiment pas. Quant aux monstres, tant que ce ne sont pas ces foutus pampa... quoique non, elle a parlé de froid intense. Bah avec mon shuriken de feu et celui de foudre, je vais bien m'éclater alors ! "C'est qui qui va réchauffer l'atmosphère là-bas ? C'est bibi !"



Je me relevais et m'approchais de la dame, toute souriante, enjouée de la demande d'aller se promener dans un endroit très certainement sinistre, où je pourrais sans doute me défouler à volonté. Sans doute était-ce véritablement maudit et je comprenais ses craintes de ne pas vouloir y aller seule, mais si je ne montrais aucune réticence à ce sujet, c'était bien parce que je me fichais royalement de ce genre de conneries. Malédiction ou pas, c'est pas mon problème, tout comme la raison pour laquelle elle veut s'y rendre. Mais pour une fois qu'on vient me demander mon aide, pourquoi la refuserais-je ? Et même si j'étais en cage, enfermée par un gouvernement que je ne peux pas piffer, je ne pouvais pas m'empêcher de me dire que si je peux leur montrer à quel point ils se sont plantés à mon sujet, c'est peut-être la meilleure façon de le faire. Et peut-être que je suis encore trop naïve, mais qui s'en fout en étant en taule avec une proposition dans la main ? La balance pèse forcément d'un côté plus que de l'autre. Si ça se trouve il y a peut-être un appart en ville à gagner, ou peut-être est-ce du pipo, mais l'un ou l'autre je m'en cognais profondément. Elle précisait que j'avais bien le droit de refuser puisque la mort m'y attendait sans doute. J'y ricanais légèrement.



Je m'étirais les bras vers le haut. Être réveillée de la sorte c'est mieux que n'importe quelle confiserie accompagnée d'un café.



Pour le reste, je pense qu'elle comprendra que je ne suis pas difficile en la matière, quitte à me retrouver avec un uniforme sur le dos, je ne cracherai pas dessus si j'ai le droit de le laisser se faire déchiqueter par tout ce qui m'attaquera. Ahahaha... je nous y vois déjà. Je suis déjà excitée par ses propos, bien que je tienne encore en place sagement, mais j'ai juste envie d'y aller sur le champs.

La cage s'ouvrait, la rousse me demandait de m'approcher, ce que je fis sans le moindre mot en m'étirant une fois de plus, plus discrètement : les jambes ce coup-ci. Ce que c'est pauvre en architecture dans le coin ! on a à peine une cage à poule pour s'y dégourdir les pattes, c'est trop peu. On déverrouillait mes menottes anti-magie, ça me faisait un bien fou de me sentir enfin plus libre ! Mais serais-je vraiment aussi folle d'accepter d'aller au casse-pipe, juste une semaine avant ma totale libération ? Oui mais pas sans raison : j'avais bien envie de prouver à ces abrutis qu'ils s'étaient véritablement plantés et que jamais je n'aurai dû être emprisonnée pour aussi peu. Aussi, si la rouquine se méfiait de moi, elle n'avait rien à craindre car franchement je n'avais aucunement l'intention de tenter quoique ce soit contre elle, et de toute façon ce ne serait pas dans mon intérêt, mais moi non plus je n'avais pas confiance en elle. Au moins c'est clair et net. Future équipière ou non, elle restait native de ce monde, un monde que tout bonnement je déteste plus que tout. Néanmoins je la suivais comme je suivrais n'importe quel mage de ma tranche, et ce, dans un silence qui me ressemblait vraiment, contrairement à la fois où je m'étais littéralement lâchée contre ce Caporal Chef (de mes fesses). J'admirais la tenue noire d'Erza qui était encore plus jolie de dos. "Trop stylée. J'suis jalouse."

La jeune femme commandait un uniforme d'hiver et le gardien acquiesçait sans un mot. Trop gentil j'vous dis, il est bien plus agréable que celui du Louen.



Glissait-elle avant de reprendre la conversation ininterrompue par mes bons soins, avec l'homme. J'hochais juste la tête sans un mot, sachant qu'on ne m'avait pris aucune arme. Mais la simple présence des menottes m'avait enlevé toute capacité à les utiliser de toute façon. La vérité, c'est que ces menottes n'avaient servi à rien puisque j'avais été plutôt sage durant tout ce temps, et je dois l'admettre, je m'impressionne moi-même ! Quoique ... Je l'aurais été tout autant sans menottes aussi car je sais me montrer d'une patience infinie. Mais bref, Erza n'avait pas l'air de connaître mes Shuriken ni ma magie qui permet de les invoquer, et tant mieux ! Si je n'avais pas montré à ce Caporal Chef mes armes, il était naturel qu'on ne m'en ait enlevé aucune. Pour une fois que j'avais d'ailleurs su me montrer intelligente sur un point, je m'en félicitais intérieurement ! bien qu'ils m'avaient arrêté alors que j'étais dans un état de santé déplorable, ce jour-là. La rouquine m'autorisait à me servir, franchement dans tout ce fourbi, je ne voyais pas grand chose qui m'intéressait aux premiers abords. Si elle me demandait de rester intelligente, je ne pouvais de toute façon pas me montrer gourmande, n'aimant pas ce que j'avais sous les yeux.

Je fis d'abord tomber ma tunique au sol, attendant nue qu'on me ramène la tenue d'hiver promise et mes affaires, tout en visionnant la table remplie d'un bordel monstre d'armes en tout genre. Des armes blanches, des épées, des armes à feu et des fusils de tout calibre. J'attrapais une de ces armes à feu : un fusil avec un long manche en bois, juste pour le tester en visant un mur, mais je n'avais pas besoin de tirer pour me rendre compte de la chose... Clairement pas pour moi, je le reposais aussi sec en roulant des yeux, blasés. "Pfff... Eh bien eh bien... Je sais à quoi m'attendre si jamais la cavalerie déploie tout l'arsenal contre moi, un jour... hooo... C'est trop beau ça !" J'attrapais un couple de deux dagues ondulées qui brillaient d'un éclat presque aussi cristallin que mes armes. J'agitais l'une d'elle autour de ma main puis je la faisais sautiller d'une main à l'autre. Je fis tourner l'autre dague autour de mes doigts. Simples, légères, bien piquantes au bout. Je n'hésitais pas à me fendre le doigt pour me rendre compte à quel point elles étaient coupantes, avant de lécher ce dernier sans me plaindre. J'agitais mes bras et commençais deux ou trois tours vite fait, histoire de les essayer. Pratique pour le corps à corps. Je me rapprochais d'un mur et balançais l'une des dagues à travers la pièce afin de m'éclipser avec, au bout de la salle. Waw, la rapidité est clairement plus accrue de par la petitesse des dagues comparé à mes Shuriken. Bon je ne sais pas si elles ont une magie quelconque à activer par un système, mais connaissant ce monde, ça m'étonnerait. Au pire, je m'en fous ? Moi qui adore voir le sang gicler autour de moi, si ça n'a pas d'élément qui cautérise, tant mieux je vais bien m'amuser. Hihihi... Quelqu'un toquait à la porte et me posait l'uniforme là, sur une table vierge à côté de moi, ainsi que mon sac en bandoulière sur le dos d'une chaise.



Lâchais-je sans honte d'être nue face au soldat, ça aurait pu être une fille, c'aurait été pareil. Je ne croisais même pas son regard puisque le soldat sortait aussitôt, je m'en foutais bien qu'il m'ait vu nue. Je m'approchais de l'uniforme en détaillant la pile et en posant toute pièce pliée, séparément, l'une à côté de l'autre. "Noir, sobre, des fines lanières roses fuchsia pour le côté girly, et ces bottes épaisses. On m'a bien regardé ?! Je marche pied nu moi... Ah oui merde, j'oubliais.... continent gelé depuis deux cent ans ! Non bah dans ce cas j'ai rien dis. Je vais juste en chier pour marcher au début, mais tout va bien." J'enfilais le marcel, le t-shirt, le sous-pull, le pull, punaise qu'est-ce qu'il y a comme couches... J'enfilais également le pantalon, les chaussettes, ces bottes. Et enfin, pour finir, cette veste... La tenue installée sur moi me donnait carrément l'air badasse, je la kiffais littéralement, presque trop pour avoir envie de la salir, hélas, me connaissant, elle ne fera pas long feu. Argh ! Non, ça ne va pas... J'enlevais la veste pour rester ici, il ne faisait pas encore assez froid pour la porter en ces lieux. Je transpirais déjà rien que de rester enfermée, pourvu qu'on y soit vite dans leur congélateur naturel ! Je flanquais pour le moment la veste dans mon sac sans fond, ainsi que le couple de dagues ondulées. Ai-je oublié quelque chose ? Je me retournais et balayais des yeux la pièce. Ah bah oui, ma tunique, elle traînait au sol. J'allais la ramasser et aussitôt, je la plongeais dans mon sac à côté du reste de mes fringues. Je vérifiais mon quota de bandages et autres poches de sang pour le moment vides... Le compte y est, on ne m'a rien piqué, pas même ce sachet de noix.

Ainsi prête, je sortais de la pièce en manquant de trébucher. "Je vais m'y faire, je vais m'y faire... Ces bottes vont clairement me faire chier si je ne m'y habitue pas au plus vite, alors il faut que je les garde aux pieds." Perdue en ces lieux, je demandais mon chemin à tout soldat sur ma route, pour le peu qu'il y avait, et l'un d'eux m'y menait carrément. Il avait raison, c'était la plus rapide et efficace des solutions. Désormais présente face à la commandante, j'écoutais ses informations le plus attentivement possible en oubliant volontiers mes orteils déjà endoloris. "Ils se sont gourés dans la taille, pas possible autrement..."



"Pourquoi y aller si l'homme n'y a plus sa place ? ... Nan ! j'veux pas savoir, je m'en fous. Ça ne me concerne pas ! D'ailleurs, je devrais sans doute éviter tout commentaire du genre... Rhaaah, ça va me frustrer de retenir tous mes sarcasmes, mais vu la lance qu'elle tient, je n'ai pas envie de finir empalée sur un bûcher." La dame monta aisément sur la bête dont je me méfiais plus que la peste noire. La dernière fois que j'ai fais confiance à deux chevaux, ils ont failli me rentrer leurs sabots dans le crâne. Je reculais légèrement, non pas par peur, mais plutôt parce que ce machin est trop grand pour moi. Ainsi dont je fis une fine éclipse pour chevaucher ce truc inconnu à la peau bleuâtre. "Je suppose aussi qu'il faut que je m'assois au plus près d'elle et que je tienne la pilote ?" J'hésitais mais le fis timidement.

Nous quittions le hangar à bestioles. La bête volait vite et bien, quoiqu'il arrive le voyage était agréable, sans toutefois être comparable à tout le confort d'un voyage de vacances. Nous survolions le continent puis l'océan afin de partir à la recherche du Nord-Continent gelé. Le silence se fit vite combler par la brise qui s'amusait à picoter mes joues et les faire rougir. L'ennui me frustrait, et rester le cul collé sur une grosse bête tout du long sans rien avoir à faire commençait à faire long, je restais alors les yeux fixés sur mon PHS afin de lire mes nombreux messages. Je profitais de ce peu de liberté afin de scruter les nouveautés que j'avais loupé depuis le début de mon emprisonnement injuste. "Eh bien, ce monde se barre toujours autant en couilles d'après ce que je comprend. Ça va toujours de mal en pire ici... Tch." Je quittais aussitôt la page des news et scoops et je retournais sur mes messages, dont certains intéressants à qui je répondais du bout des doigts sur l'écran tactile.

Plus nous approchions du supposé endroit ciblé et plus il faisait froid. "Ok, c'est peut-être le moment de sortir mon manteau, ici, c'est certain que je ne transpirerai pas d'une chaleur intense." Je glissais mon PHS dans ma poche de pantalon, puis glissais ensuite ma main dans mon sac à la recherche du manteau mis en évidence. Aussitôt sortie du sac magique, je réenfilais cette pièce manquante de l'uniforme et ainsi ce dernier complet, je pouvais enfin me parer contre tout vent glacial. Fermeture éclaire remontée jusqu'en haut, je faisais sitôt après repasser mes cheveux par dessus. Ah toutefois, je ressentais peu à peu l'humidité et le froid mordant des lieux. Le pantalon avait beau être chaud, cette jambe droite toujours plus fragile que l'autre depuis cinq ans, ne se privait pas de frissonner la première et ainsi réveiller des douleurs que je taisais volontiers devant cette commandante, en pensant littéralement à tout sauf à ça.

Je m'équipais ensuite de mes mitaines "Gants dragon" à chaque main, en prenant bien soin de laisser leurs lames rétractables à leur place histoire de ne pas décapiter la pilote de l'animal par le dos. La jeune femme me demandait de me tenir prête, "nice timing" pensais-je durant ses propos, mais alors que l'on entrait dans cette purée de pois, je ne vis pas quoi invoquer comme shuriken pour le moment. Quoique en fait, y a pas l'feu ! On verra en temps voulus pour invoquer une arme aussi dangereuse soit-elle, et au pire mes Gants dragon serviront de préliminaire dans une danse sanglante.





Et c'était loin d'être sarcastique ou ironique, je restais sincère et motivée. Je voyais le sol de plus près puisque la bête confortable volait plus bas, puis elle se posa dans un long dérapage qui m'obligea à poser ma main dans le dos de la rouquine afin d'amortir une soudaine expulsion en avant. Je me redressais également sur un genou. "C'est tipar." Lors de son brutal arrêt, je me laissais emporter dans le mouvement d'un salto avant dérivé sur le côté, Erza descendait et j'atterrissais d'un genou au sol à ses côtés, avant de me relever. Malheur... J'avais oublié ces foutues godasses et j'ai failli trébucher en avant dès le premier pas ! J'espère parvenir à vite m'habituer à elles. Sans un mot je suivais Erza qui finit par nous faire nous approcher de rocheuses cristallisées par la glace qu'on croirait presque éternelle. Mes chaussures semblaient plus confortables au fil des minutes, et je marchais déjà mieux. "Si ça ne tenait qu'à moi j'adopterai cet uniforme en le customisant pour retirer toute affiliation à l'armée royale... mais bon... ce serait considéré comme du vol en plus d'être réellement considérée comme l'un des leurs, berk... Il faudrait que j'me trouve le même genre de fringues mais pas dans ces couleurs-là."

Lorsque nous étions suffisamment proches d'une antre sombre, la commandante sortit une lacryma de lumière, je soupirais très légèrement. Ça ne suffirait peut-être pas et en cas de danger, elle devrait sans doute la lâcher. "Et moi, j'invoque quoi ? Lulu ou Elec ? ... Pas feu quand même... Non oublions le feu, je l'invoquerai en dernier recours si vraiment y a besoin. D'toute façon tout est quasi conducteur, la glace n'y fait pas exception, puis invoquer un shuriken de glace ici... non, clairement pas. On n'est pas dans un environnement qu'il faut protéger, sinon elle m'en aurait fait part, du moins j'espère que j'aurais l'droit de me lâcher." J'invoquais un shuriken électrique dans ma main. L'endroit s'éclairait d'avantage et je suivais toujours la rouquine en me tenant prête. "J'ai hâte de voir ce que pourrait donner un sacré combo avec l'un de ces gants et mon shuriken. Ahahaha... Le sadisme est présent. J'espère juste que je vais pouvoir me défouler comme jamais et qu'elle ne retiendra pas ça sur mon dossier." Pour le moment mon arme était en mode économie d'énergie, le shuriken ne faisait qu'éclairer les alentours de quelques fins arcs électriques qui dansaient à même le cristal ; et faire refléter les murs du glacier à chacun de nos gestes et pas, comme une salle miroir de fête foraine.



Chuchotais-je presque afin d'éviter que ma voix si enfantine ne provoque aucun dommage par l'écho à l'endroit, ou ne réveille la moindre créature. La peur était là tout comme la prudence, je restais donc sur mes gardes en regardant toujours autant derrière nous, qu'en suivant la rousse.

À défaut d'avoir été attirés par mes chuchotis, ces bestioles non loin de nous s'étaient montrées par la simple présence de la lumière. Au moins on ne pourra pas dire qu'on n'était pas accueillie avec les honneurs. En effet, des espèces de tigres congelés aux crocs aussi longs que des stalagmites et aux yeux luminescents, avaient fait acte de présence à la moindre lueur de cette lacryma. Aussitôt avais-je entendu des grognements très peu rassurants, aussitôt avais-je chargé dans leur direction à bord d'une éclipse, passant en une traînée lumineuse du dos de Erza à l'une de ces créatures que j'attaquais sans la moindre hésitation. Mon arme tournoyant sur elle-même, déployait tout un arsenal d'arcs électriques que j'avais appris par le passé, à faire rougir d'une haute température. Flottant dans les airs par la force centrifuge de mes mouvements, je pouvais assener la tête de la bête et le reste de son corps, de nombreux coups. Ses grognements et mouvements ne me faisaient pas peur, en revanche son coup de patte et le fait que l'un de ses congénères vienne lui prêter main forte en chargeant sur moi, m'avait quelque peu déconcentré. Deux contre une.

De son côté, Erza avait vite réchauffé la grotte en détruisant cinq créatures toute seule.. "Hahaha... je fais pas le poids ! Déjà rien que deux, ça me suffit amplement." Je fus gelée deux trois secondes par un souffle glacial, en retombant au sol comme sonnée. Par chance, je pouvais me relever d'une roue arrière et esquiver le coup de bélier que le tigre avait de nouveau tenté sur moi. Je me glissais sous l'un des monstres, afin de venir le découper par le ventre, les pattes et la tête. Mes mouvements vifs m'évitaient la perte de connaissance et me réchauffaient. Heureusement que je suis chaudement habillée ! Afin d'éviter que tout ne tombe sur moi, j'usais d'une autre éclipse afin de prendre de la hauteur vers le plafond. Je vous épargne cependant toute description gore, mais disons qu'il me fallut environ trente à quarante secondes pour casser telle une roche calcaire, cette monstrueuse bête. Quoique, pour parler de gore, il faudrait déjà que la bête saigne. Elle était tellement en phase avec la glace que ses chaires rougies, conservaient l'aspect d'une viande congelée. Ayant fini le premier tigre, je fondais du plafond sur le second, rapidement pris d'une crise épileptique. Pour sûr, il ne supportait ni les coups tranchants de ma déchiqueteuse, ni les éclairs qui dansaient sur lui. À mesure que mon arme évoluait sur sa peau rocailleuse, je vins trancher ses membres aux endroits les plus friables. Des crocs, des pattes et une tête retombaient au sol dès lors que j'en eus fini avec ce gros matou congelé. "Au final, j'aurai plus utilisé mon Shuriken que ces Gants dragon, hm.... la prochaine fois sera la bonne pour les utiliser."

Lorsque les restes retombaient violemment au sol, je cessais mes éclipses pour me calmer un peu. Debout face à ces monstruosités en morceaux, j'enlevais le givre de mes cheveux en frottant ces derniers. L'avantage de mes éclipses est qu'au moins, je n'aurais pas eu à marcher ou courir, cela soulageait quelque peu ma jambe droite qui sanglotait toujours d'être dans un tel environnement.


Entendais-je abasourdie alors que je ramassais une paire de pattes-avant de tigre, ainsi que la peau la plus belle de l'une des bêtes, afin de les enfourner discrètement dans mon sac sans fond. "Hoi hoi... plus rapide, je veux bien mais si on n'peut plus s'amuser pour se réchauffer, ça va moyennement me plaire !" Pensais-je en retrouvant un souffle normal.


Lâchais-je tout bas avec le maximum de retenue. "Hmpfff... merde, c'est sorti tout seul, pourvu qu'elle n'en tienne pas compte ! Oh et puis après tout je m'en cogne. Elle n'est ni ma mère, ni ma patronne." Je soupirais, ne nous énervons pas et restons motivée. "Il ne faudrait pas oublier non plus qu'elle m'a pris dans sa mission, alors que je n'ai pas pu m'entraîner durant presque deux mois. Aussi, je ne fais que remplacer ses soldats, je n'ai rien signé pour lui appartenir." Je me rapprochais de la commandante qui commençait à s'en prendre à la grotte en elle-même. Ne faisant que la regarder en penchant légèrement la tête, je ne compris pas ce qu'elle tentait de découvrir. Un trésor caché sans doute ? J'observais le truc qu'elle déterrait et j'allais analyser le reste des murs et sols, un peu plus loin. Me baladant librement sans trop m'éloigner de la commandante, j'écoutais, j'analysais et je me concentrais. Finalement, après quelques minutes, je reculais lentement... "Je ne sais pas ce que j'ai entendu mais ça ne me plaît pas ! Pas du tout même !" Et pourtant, je ne m'effrayais pas aussi facilement. Mais c'était loin d'être des tigres à la peau jonchée de glaçons, que je venais d'entendre. On aurait plutôt dit ...un grognement sourd, long, et rauque. "Quelque chose ronfle par-là, et de ce que j'imagine... il vaut mieux ne pas le réveiller." J'ignore ce qui vit là-dedans au fond de cette grotte, mais disons que si j'étais reine d'un peuple aussi stupide soit-il, je condamnerai l'accès de cette cave avant de vivre à côté ! En dehors de cela, j'avais entendu une rivière non loin, mais cela ne m'étonnait pas puisqu'on était dans une caverne de glace.

Je devais bien admettre que ses horripilantes remarques "fais ci, fais pas ça, plus vite, obéis" nous laissait sombrer toutes deux dans une ambiance plus que lugubre et peu à peu, cela me démotivait. J'avais pourtant mis toutes les chances de mon côté pour être au top du top ! Mais rien à faire. Je n'aime pas son comportement, et la rouquine me traînait comme son petit chien d'un endroit à un autre. À peine finissait-elle de ramasser des machins qui ressemblaient selon moi à des crottes de chauve-souris fossilisées, qu'elle m'ordonnait encore d'en faire plus comme de fouiner et ramasser des échantillons. Je prenais bien son sac, mais à vrai dire, je ne savais pas quoi en faire. "C'est une blague ?! Elle est de mauvais goût, comment veux-tu que je trouve quelque chose d'intéressant à mettre dans ta banane en cuir ?! Je n'y connais rien, moi ! Ma parole, je ne donne pas cher de son exploration..." Raclant le fond de ma gorge, je la suivais malgré moi. "J'imagine que je ne pourrais pas me tirer en catimini, elle me retrouverait et m'attacherait à une corde pour finir mon séjour auprès d'elle, plutôt qu'en zonzon ! RHAAAAAAAAA ! Mais pourquoi j'ai accepté bordel ?! Ok je voulais en finir avec l'ennui, et me la péter en répondant oui contrairement à tous ces cons qui lui ont dit non pour la suivre, mais de là à avoir une madame qui se prend pour ma daronne sur le dos... En fait, cette nana, c'est pire que l'enfer ?! Et si j'ose lui dire non... elle me fait quoi ?!" Intériorisais-je au plus profond de moi en soupirant doucement. "Non, non non... vaut mieux pas la défier, la dernière fois y a un enfoiré de caporal chef qui a voulu vendre mon âme au diable en ordonnant à un connard de geôlier de ne pas me nourrir... Je ne sais pas ce qu'elle, elle me ferait. Mais tout d'même,... ça m'fait chier." Je la suivais, je la suivais mais dehors la température c'était l'hécatombe. Ma jambe droite frissonnait de plus en plus jusqu'à m'en faire serrer les dents très fort. Silencieusement, je ralentissais malgré la randonnée qui nous attendait sur le long terme. "Uuurf... Ne pas m'en plaindre ouvertement va devenir de plus en plus hardcore, pourtant marcher devrait me la réchauffer ?!"

Je peinais à suivre Erza en frottant ma jambe douloureuse, mais je ne la perdais pas de vue pour autant. Lorsqu'enfin je la rejoignais à l'antre d'une nouvelle caverne, je fus stupéfaite du brouhaha qui régnait ici. Nous avions réveillé quelque chose qu'il ne fallait pas, à savoir une sale bête, m'enfin... moi et les noms des monstres de ce monde, c'est tout un art ahaha ! Des effluves d'eau frigorifiques se baladaient rapidement ici et là, j'arrivais à le suivre des yeux, mais avant d'attaquer, j'esquivais d'un bond en arrière les effondrements qu'il provoquait. "Ok... voyons voir si tu fais le poids face à mes gants dragon." Je m'éclipsais, toutes griffes sorties et je plongeais directement sur sa tête, les bras tendus. "Rien, je ne lui ai rien fais. Pas la moindre égratignure." Néanmoins, on peut grimper avec ça sur l'espèce de pente glacée, puisque je me retrouvais agrippée en haut de celle-ci, les griffes plantées dans la couche gelée.


Il serpentait de gauche à droite et de haut en bas, formant un nœud sur lui-même dans les airs et il attaquait les cloisons avec son corps. "Donc le sans-magie ne lui fait rien, mais ... ma magie électrique lui fera quelque chose pour sûr !!" Je me concentrais, toujours agrippée d'une main sur cette paroi quasi verticale, afin de réchauffer fortement les éclairs de mon shuriken qui apparaissait de nouveau dans mon autre main. "Plus vite il sera rouge, plus vite la cascade vivante se retrouvera au sol à gesticuler sur elle-même d'agonie." Lorsque les éclairs furent d'un rouge sang, si puissants étaient-ils qu'ils en faisaient grésiller dans mes oreilles un son horrible ; je détachais mes griffes de la pente, me laissant tomber vers le sol afin de m'éclipser d'un gros élan vers la bête en mouvement constant. Le shuriken tournoyant telle une scie circulaire, passait à travers le monstre et moi aussi je passais à travers, mais la magie électrique de mon arme avait jonché la bête entière d'un amas d'arcs électriques, provoquant une épilepsie débutante à cette espèce de serpent d'eau. Je continuais à plusieurs reprises : un coup, deux coup, cinq, dix d'affilée, onze allez ! Je dansais dans les airs autour de lui et sur lui dans de nombreuses éclipses, le harcelant de toute ma magie ainsi que de nombreux allers retours entre le plafond ou le sol, et lui. Le shuriken ne pouvait pas couper le liquide mais ça l'électrocutait assez fortement, à m'en faire sourire de sadisme. "Là ! Je prends mon pied ! C'est comme ça que j'aime l'occuper mon temps !"

Hurlant probablement toute sa haine, mais en tout cas pour certitude toutes ses douleurs électrisantes, la bête esquivait mon seizième coup en bougeant sa tête comme celle d'un hibou. L'espèce de giclée des abysses me regardait de nouveau avant de me souffler dessus tout un jet d'eau à haute pression qui était terriblement glacial, ce qui me propulsait aussi violemment dans une paroi gelée. "Kyuuuh..." Gémissais-je en accusant le coup dans le dos et la tête que je venais de subir contre le mur. Pourquoi je n'avais-je pas esquivé ? Parce que j'étais trop occupée à prendre un nouvel élan pour vouloir le tabasser d'éclairs par la gauche. Hélas, je retombais brutalement au sol, mais je sentais que le monstre en était au milieu de sa vie, il était plus essoufflé que moi. Haute mais rapide fut la chute. Malheureusement je ne pouvais plus bouger, je sentais qu'un truc avait craqué en moi, j'hésitais... "Est-ce ma jambe droite qui vient de se casser de nouveau ou bien ma tête ? ... Ou les deux ?" Cela, sans parler du fait que j'étais profondément gelée, à en trembler plus fortement que je ne le croyais. Je ne pouvais plus que me recroqueviller sur moi-même, attendant sagement de pouvoir me réchauffer malgré mes nausées et la vue trouble.


Les couches de vêtements que j'avais sur le dos ne suffisaient même pas à me tenir au chaud, et encore moins éveillée, puisqu'elles étaient complètement trempées.