Embarquée dans un entraînement intensif avec (ou plutôt contre) son frangin ; Akané avait délaissé ses fonctions de barmaid du petit matin. Les lève-tôt allaient devoir se débrouiller à faire leur petit-déjeuner pour la première fois du mois, mais il fallait bien que ça arrive de temps en temps. Les quelques hommes de Néandertal (ou juste Sting) qui ne savaient pas faire fonctionner les machines pourraient être aiguillés par certains philosophes des lumières parmi eux. Akané ne revint qu’en fin de matinée, encore un peu essoufflée alors qu’elle avait fait une marche tranquille de quinze minutes avant de retrouver la guilde. Elle fit un saut à la douche dès qu'elle arriva et s’habilla de vêtements souples, qui laissaient tout de même ses gambettes à l’air. Avant de préparer le repas, pour s’excuser d’avoir délaissé le service matinal auquel elle avait habitué tout le monde, la demoiselle avait encore un peu de temps pour elle, et tant mieux, parce que la faim se faisait sentir. Au programme, nouilles instantanées avec un petit peu de lecture !

Comme la jeune femme avait rarement de temps pour elle-même, elle avait cette fois jeté son dévolu sur un recueil de nouvelles. Akané avait donc la chance d’enfin pouvoir lire des histoires (souvent d’amour gnangnan au possible) d’un trait, sans avoir à attendre des mois pour en connaître le dénouement final.

Assise au bar, côté serveuse, elle mangeait ses nouilles en détachant le moins possible son regard du livre. À fond dans son activité, la maladroite se donna même un coup de baguettes en visant mal sa bouche. Le récit d’aujourd’hui traitait d’un homme paranoïaque qui, en voulant observer un prétendu ennemi avec des jumelles, découvrit Olympia et en tomba amoureux à distance sans savoir que c’était une automate… alors qu’il était déjà fiancé à quelqu’un d’autre, en plus. « Nathanaël espèce de  traite, tu ne mérites pas une femme comme Clara » Elle s’était évidemment rangée du côté de la femme "bafouée". Ses nouilles terminées en moins de cinq minutes malgré les embuches ; il lui restait quelques lignes durant lesquelles elles ne desserraient pas le poing. Akané était longue à lire car elle n’était pas suffisamment concentrée. Son esprit créait des brèches où elle se figurait héroïne. En l’occurrence, elle s’imaginait à la place de Clara, à mettre une dérouillée à ce… « Akané ! » L’intéressée releva vivement la tête.

Le visage Lucien apparut tel un flash, mais disparut aussi rapidement, laissant place au minois très délicat de Lucy. C’était assez troublant. La fée lui ressemblait tant qu’Akané avait parfois du mal à dissocier la réalité de son imagination loufoque. Cela étant, elle ne perdait pas ses réflexes de politesse. « Bonjour Lucy ! » dit-elle  avec grand sourire, une demi-seconde de retard, espace trop court pour l’accuser de rêvasserie ; mais ça ne saurait tarder. « Comme promis, je passe te voir ! Comment vas-tu ? »  « Encore mieux maintenant que tu es là. C’est sympa d’être revenue, on s’est ratées de peu la dernière fois ! » regretta la jolie brunette, qui venait de corner la page et fermer son livre. L'autre fois, en rentrant de son entrainement, elle avait vu Lucy s’éloigner avec Sting et quitter la guilde. Ils avaient l’air assez préoccupés et la démarche rapide indiquant assez explicitement qu'il ne fallait pas les déranger. Une affaire importante avait dû les demander ailleurs mais… Akané n'était plus sûre. Outre le fait que Sting tenait la main de Lucy en partant (acte qui passait encore car le maître était parfois tactile), la miss en avait entendu de belles sur ces deux-là, au point qu’elle était prête à éclaircir quelques soupçons.

Une toute petite créature, ressemblant à un mini bonhomme de neige mais avec la mignonitude d'un chaton, se hissa sur la chaise du bar. Akané couvrit une joue de sa main, son regard aux reflets grenat scintillant d’adoration. Elle ne valait pas mieux que la plupart des filles de ce monde, groupies du kawaii. « C’est Plue ! »  « Il est si mignon » Le ton gaga fut un peu suraiguë. « Plue, voici Akané » « Enchantée » ajouta t-elle avec un grand sourire adorable, les yeux clos. Plue avait de la chance d’être l’esprit de Lucy, qui le laissait respirer. Il donnait plutôt envie de le garder constamment contre soi, comme une peluche.

« Que boiras-tu ? » demanda la barmaid en relevant son sourire vers son amie. Entre femmes gentilles et joviales, la bonne entente coulait de source, il avait fallu une seule rencontre pour pouvoir les qualifier d'amies, ce qui pouvait paraître exceptionnel aux yeux de toute personne n’étant pas dans leur tête. Akané prêta attention à ne rien renverser en servant Lucy. Il ne fallait pas lui faire regretter d’être revenue. Après le verre de la fée rempli, et un cocktail sans alcool servi à Plue (s'il ne buvait pas, tant pis), la brunette posa les coudes sur le comptoir. Il y eut un petit moment de flottement tandis qu’elle offrait à Lucy le regard perdu de quelqu’un se demandant s’il n’était pas censé faire quelque chose. Son cerveau s’activa rapidement et elle se redressa en claquant des doigts, les idées enfin claires. « Je devais te cuisiner quelque chose ! » se réveilla t-elle enfin. « Mes plus grands succès sont mon tajine de veau au miel et aux amandes, mon poulet au gingembre et mon magret de canard à l’orange. Qu’est-ce qui te tente ? » Dès qu’elle reçut sa réponse, elle ramena le nécessaire de la cuisine jusqu’au plan de travail derrière le comptoir, afin de couper ses ingrédients sans avoir à abandonner ses invités spéciaux. « J’ai pensé à venir te voir à Fairy Tail, quand je t’ai vue partir l'autre jour, mais… je n’ai pas osé. » dit-elle en haussant une épaule, un peu de rose sur les joues, parce qu’elle savait que c’était bête de sa part ; les tigres et les fées s’entendaient bien. Mais pour elle, cette guilde restait un terrain inconnu peuplé d'inconnus. Un danger pour sa timidité. « Alors, que t’est-il arrivé de beau depuis la dernière fois qu’on s’est vues ? » s’enquit Miss Potin. Elle utilisait la manière soft d’amener Lucy vers un sujet qui relevait toute sa curiosité mais, elle se doutait que ce ne serait pas suffisant et qu’il faudrait mettre les pieds dans le plat.

Akané eut un grand sourire que Lucy exprime un regret de ne pas l’avoir croisée. En effet, la fée avait retrouvé Sting alors, elle aurait pu s’en ficher de ne pas l’avoir vue elle ! C’était très sympa de l’informer que ce n’était pas le cas. En fait, la brune eut même un peu le rose aux joues de cette considération ! Elle lui servit son cocktail favori comme elle le demanda, à base de fruits de la passion, citron et de fruits rouges, avec une toute petite touche d’alcool pour dynamiser le goût ; et une lamelle d’orange en garniture. Plue avait d’ailleurs eu le même, mais avec un peu de plus de citron à la place de l’alcool. Attendrie, Akané applaudit la petite danse de l’esprit, ses mains tapaient presque en silence pour ne pas attirer l’attention sur elle, mais l’enthousiasme y était ! « Je crois qu’il a aimé » La jolie barmaid sourit à pleine dents. Et se rappela après un moment de flottement qu’elle était censée faire à manger. Elle proposa à son amie un menu de ses best-sellers. « Tu sais faire tout ça ? » Akané s’empourpra de nouveau, un petit sourire timide aux lèvres. Elle hocha la tête au lieu de balbutier que ce n’était trois fois rien et que, de toute façon, elle n’avait pas eu de choix que d’apprendre la cuisine pour bien s’occuper de son frère à l’époque. Akané eut une petite expression mystérieuse quand Lucy demanda le poulet… tiens, elle connaissait justement quelqu’un d’autre qui appréciait ce met !

La miss Ito revint auprès de Lucy avec sa grosse planche sur lequel était posés son ail, son gingembre, ses oignons, et commença la découpe de ces derniers. Elle déclina l’aide de sa copine, puisqu’il n’y avait pas grand-chose à faire en préparation. Voire même quasi rien, puisque Akané taillait tout en deux temps et trois mouvements. Ce fut étonnant que sa camarade n’eût rien à lui dire d’actuel. Cela faisait donc longtemps qu’elle voyait le maître ? « Ho moi tu sais, missions, gestion du bar… la routine… à ceci près que nous avons intégré un nouveau tigre récemment ! » Elle lui passa les détails quant à sa gueule de bois un peu forcé. « Aussi, j’essaie d’avoir une place pour assister à une représentation du Kirozuka Show » La plus grande troupe de comédiens d’Edoras ! En tant qu'admiratrice de l'art de la comédie, Akané en était fan et avait tous les films de rediffusion présents sur le marché. Le problème, c'est qu'il n'y avait pas des films de tous leur spectacle, et qu'en plus, c'était mieux de les voir en vrai ! « Mais, ils affichent toujours complet avant même que je trouve le lieu où ils se produisent ! J’ai joué à la loterie pour tenter de gagner des places ; tu penses bien que j’ai perdu ! » dit-elle en lâchant un soupir. « Je vais devoir assister à une pièce de théâtre locale. Qui sait, les comédiens seront sans doute très bien aussi » qu’elle ajouta en haussant une épaule défaitiste. Mais pas aussi bien que les représentant du Kirozuka show... (elle penserait cela jusqu’à ce qu’elle voie un Lyon Vastia interpréter Roméo). Lucy lui remonta un peu le moral avec son compliment. Il n'en fallut pas plus à la brune pour être de nouveau enjouée.

« Contente qu’il te plaise ! C’est passion, fruits rouges, citron et une petite note de gin. Sting l’appelle le Nané Sea. D’ailleurs… tu sais, le poulet au gingembre, c’est son repas préféré… » commenta t-elle sur un ton qui se voulait innocent mais, qui ne l’était pas du tout, d’autant qu’elle voulait faire mine de s’intéresser au gingembre qu’elle épluchait alors qu’elle levait toutes les secondes le regard vers Lucy pour vérifier sa réaction. La fée ne sembla pas excessivement tiquer; elle devait se demander ce qu’il fallait faire de cette information mais ça, Akané était trop à côté de ses godasses pour s’en douter (ou alors au contraire, elle était trop visionnaire pour cette Lucy, qui n’avait pas encore vu l’évidence !). « Je suppose que ça t’intéresse parce qu’il se passe quelque chose entre vous…n’est-ce pas ? Je suis désolée si ça te semble indiscret… Mais comme vous vous teniez la main la dernière fois, je me suis dit que ce n’était pas un secret et que ça ne vous dérangeait pas que ça se sache ! Pour ne pas te mentir, j’étais déjà au courant parce que… »

Elle jeta de petits coups d’œil furtifs à droite puis à gauche pour vérifier qu’aucune oreille indiscrète ne trainait. La voie était libre ! Akané se pencha vers Lucy. « Lecter est rentré seul à la guilde un soir, et quand je lui ai demandé où le maître se trouvait, il m’a répondu qu'il passait la nuit chez toi… Enfin il ne me l’a pas dit tout de suite, c’est moi qui ai insisté parce que j’étais inquiète et qu’il avait l’air très bizarre ! » le défendit la jeune barmaid d’une voix certes en chuchotis, mais tout de même animée. « Ne t’en fais pas, je suis la seule à m’être fait du souci, cette information est restée entre nous » qu’elle ajouta rapidement, comme si Lucy allait se sentir mieux après ça. Est-ce qu’elle laissa à sa chère amie le temps de lui remettre les pendules à l’heure ? Pas vraiment ! Sa main laissa rapidement le couteau et se posa sur le poignet de Lucy. « Viens en cuisine, il faut que tu vois comment je prépare la suite de ce plat ! » dit-elle d’un ton complice. Comme ça, la fée pourrait le refaire au maître ! Akané prit la planche et se retourna, faisant joyeusement onduler ses longs cheveux corbeaux derrière elle (et en fichant une moitié d’oignon par terre, les ingrédients s’étant déplacés sur la planche parce qu’elle avait bougé trop rapidement). La belle Ito poursuivit son chemin les genoux légèrement fléchis pour ne plus faire de bêtises, avec le dos droit de quelqu’un qui doit tenir un livre en équilibre sur sa tête.

Les prunelles de la barmaid se mirent à pétiller à sa révélation. « Toi aussi tu aimes le théâtre ? » s’enthousiasma Akané. Lucy promit d’ailleurs qu’elle serait son invité si elle gagnait des places pour le Kirozuka show. « De même, je te réserve l’invitation ! » Avec leur poisse respective, on pouvait faire une croix sur ces places mais il ne fallait pas se laisser abattre ! Elle ajouta d’ailleurs : «  Et si on ne gagne rien, on pourra tout de même aller voir une pièce ensemble pour se consoler ! »

Lucy cria au malentendu tout en la suivant dans la cuisine. Un peu dans sa bulle, la brunette ne se rendait même pas compte de la petite détresse de la fée d’avoir été prise sur le fait.  « N’est-ce pas comme le début de beaucoup d’histoire d’amour ? » rêvassa l’Ito à voix haute en déposant sa planche sur le comptoir.

« Le maître ne me tient pas la main quand il me "traine" quelque part, moi ! » Akané se tut et tourna le regard sur le côté tout en songeant qu’en fait, c’était peut-être arrivé, le maître étant tactile. Mais ce n’était pas comparable de toute façon. Ils étaient tous une famille ! Fairy Tail en était une autre, de famille. Akané fit ensuite une négation du chef. « Il aurait pu interroger Pyxis ici oui mais, il ne l’a pas fait… il avait quelque chose en tête alors, Sting n’est pas de ceux qui perdent du temps avec des détours. » Demandez à Séléna. « Il voulait se promener avec toi avant, tout simplement » La belle Ito avait vu juste quant au fait que Sting ne s’était pas déplacé par hasard mais, elle était quand même à côté de la plaque sur les raisons ! Après avoir mis la casserole sur le feu avec un filet d’huile d’olive, elle sortit les cuisses de poulet du frigo qu’elle coupa en deux tout en écoutant sa camarade. « Et il est resté chez moi parce qu’il s’est mis en tête qu’il fallait qu’il me protège…  » Akané interrompit ses mouvements avec un minois surpris, qui ne changea même pas quand Lucy ajouta le détail du feu. Les accidents, ça arrivait à tout le monde (surtout à ces deux-là) « Il est resté chez toi pour te protéger ?  » répéta t-elle en tournant vivement la tête vers elle, le regard brillant, les joue rosies d’émerveillement « C’est tellement romantique… ! » Lucy aussi avait rougi en plus, mais beaucoup plus et pour d’autres raisons. C’était adorable ! Toutefois, fallait-il comprendre qu’ils n’étaient qu’à leurs débuts tâtonnant et qu’il fallait un peu plus de temps pour que Lucy soit à l’aise de dire qu’ils étaient en couple ?

« Je comprends que tu aies peur. Débuter une relation, c’est connu pour être difficile mais il ne faut rien lâcher ! D’ailleurs, laisse le jouer au chevalier servant ! Les hommes sont toujours plus attachés aux filles envers qui ils se montrent utiles » Cette recommandation semblait raisonnable mais la suite s’avérait catastrophique. « En plus, Ils aiment bien l’imprévisibilité, surtout le maître à mon avis ! Les filles un peu difficiles et susceptibles m’ont l’air d’avoir la côte. Dès qu’il ne t’accorde pas assez d’attention, hop ! Une petite gifle de temps en temps et ça le remet dans la course !  » bavarda t-elle d’un ton dynamique en mimant en prime le geste de la baffe. Le monde pouvait se rassurer sur un point : Akané ne draguerait jamais de sa vie. Cependant, elle donnait des conseils à partir de ses lectures et de son visionnage naïfs de films et pièce de théâtre romantique.

Elle fit revenir ses poulets à feu vif en disant certainement le conseil le plus véritable d’aujourd’hui en matière d’amour : « Retiens bien la recette car je pense qu’on peut séduire un homme avec son repas préféré !  » avant de ruiner ses efforts en  ajoutant « mais après cela, il faudra lui faire quelque chose de méchant pour qu’il comprenne que tout n’est pas acquis. C’est comme la carotte et le bâton. Le bâton doit faire mal ! » Elle avait saisi la cuillère en bois et l’agitait au gré de ses conseils complètement nazes dont elle était pourtant à peu près certaine de l’efficacité. « Il faut aussi le déstabiliser. Mh.. » Comment déstabiliser un homme; toujours dans cette optique de punition/récompense ? Elle réfléchit une petite seconde puis, son visage s'illumina et elle se remit à parler en agitant la cuillère de façon méthodique. « Par exemple, tu peux lui faire un compliment un peu étrange… qu’il a les yeux bleus comme un lagon, ou quelque chose comme ça. Mais pour pas qu’il se repose sur ses lauriers, il faut ensuite lui faire une critique. »

Quand on n’y connaissait rien du tout en amour et qu’on ne se fiait qu’à la fiction, voilà ce que ça donnait.

Elle lui en bouchait un coin avec sa question sur les copines du maître ! Il fallait tout de même faire la distinction entre des filles comme Lucy et les… filles qui s’étaient déjà invitée dans la chambre de Sting pour l’affaire d’une nuit. C’était un phénomène un peu plus rare qu’on ne pensait soit dit en passant. La prochaine y forcerait d’ailleurs un peu son passage ! Akané interpréta sa remarque (sans doute à raison) comme une forme de jalousie de la part de la fée, ce qui était compréhensible.  « Il ne faut pas écouter tout ce qu’on raconte. Le maître n’a pas de petite amie… juste… » Il valait mieux être honnête tout de suite, plutôt que la blonde découvre la vérité par elle-même et, pire, qu’elle considère un jour qu’Akané l’eut trahie. « Peut-être qu’il a eu une aventure une fois de temps en temps... ce n’est pas comparable. Il n’est pas en couple. Je pense d’ailleurs qu’il ferait un excellent petit ami. C’est déjà le cas d’ailleurs, puisqu’il veille sur toi quand tu vas dormir. »

Elle se lança dans ses conseils saugrenues et Lucy, au lieu de lui en faire constater la débilité, bougonna qu’elle ne voulait pas séduire Sting. La brune eut une inclinaison de tête, comme si elle légitimait ses réticences. « Certes, on est habitué dans la fiction à ce que ce soit l’homme qui fasse tout. Mais pas toujours ! Sting est particulier qui plus est. Tiens, par exemple, dans l’histoire que je suis en train de lire, c’est la fille qui fait toutes les démarches » Ce que Akané ne savait pas, et qu’elle aurait été contente de savoir, c’était que la fille en question gagnait d’ailleurs à la fin ! Elle s’abstint toutefois de préciser que, en fait, cette héroïne re-séduisait son homme parce qu’il avait des vues sur une automate plus vraie que nature perchée sur un balcon.

Dès que les poulets furent bien dorés, Akané les retira. Elle réduisit le feu et ajouta dans la même sauteuse les oignons hachés, l’ail et le gingembre râpé, avant de saupoudrer assez généreusement de gros sel le tout. « Il n’y a vraiment rien entre nous deux, d’accord ? » Akané observa son amie un léger moment, avec un petit air un brin mystérieux, et un autre brin circonspect. « N’essaie pas de convaincre les gens d’une chose dont tu n’es pas toi-même convaincue. » Elle paraissait lucide et clairvoyante pour la première fois depuis le début de cette conversation. Elle fit ensuite mine de s’intéresser de nouveau à sa cuisine tandis que son air parfaitement sérieux de la seconde se dissipait derrière de l’insouciance et de l’enthousiasme. Le vin blanc et la sauce soja furent ajoutées, avant qu'elle ne remette les poulets dans la sauce. « S’il se passe quelque chose avec qui que ce soit, je compte sur toi pour m’en parler ! » La tournure était volontaire pour ne pas la froisser. En réalité, la barmaid n’était pas qu’une simple nunuche voulant absolument une histoire d’amour entre deux personnes qui semblaient bien aller ensemble. Le maître avait sans doute besoin d’une telle histoire, de quelqu’un comme Lucy dans sa vie, quelqu’un à qui il dirait tout ce qu’il ne disait pas à sa guilde. Sting avait beau être jovial, il portait sur les épaules de lourdes responsabilités. Comme eux tous, il avait subi le deuil mais, il subissait encore, peut-être, une forme de culpabilité quant à la disparition de Minerva. Il y avait des tourments dans son esprit, qui transparaissaient parfois brièvement dans son regard bleu et, qui s’en allaient rapidement tandis qu’il détournait l’attention, ou se détournait l’attention sur une futilité, ou pour se batailler avec Rog.

Elle servit son plat avec du riz qu'elle avait fait cuire dans la machine à cet effet. Deux assiettes avaient été dressées sur le bar, une pour Plue et l'autre pour sa maîtresse. Lucy lui posa une question dans laquelle un beau compliment fut glissée. Les joues de la barmaid prirent une teinte rosée. « Ho...euh.. merci. C'est d-dans les livres du chef étoilé C-cédric Lignart » bafouilla la barmaid en haussant une épaule modeste. Elle lui épargna les récits de femme élevant son petit frère seule au foyer car, de toute, façon, ce n’est pas cela qui l’avait formée à l’art de la cuisine ; c’est juste ce qui l’avait un peu orientée de ce côté ! « J'y ai fait quelques arrangements selon mes propres goûts. Parfois je change aussi selon mes humeurs. Mes plats ne sont jamais les mêmes » Pour les humeurs… il lui arrivait parfois de trop forcer sur le sel, le paprika ou le poivre, quand on l’avait préalablement irritée !

« Ça devient de plus en plus compliqué de trouver du temps pour faire plaisir à la guilde… on a beaucoup de demandes et de travail. J’essaie quand même de faire un effort. Ce sont ces moments conviviaux qui me permettent de vérifier le moral des troupes ! »

Lucy avait quand même réussi un petit quelque chose dans sa conversation avec Akané. La barmaid, au début convaincue qu’elle était en couple avec le maître, était désormais simplement convaincue qu’ils le seraient bientôt et que tout n’était qu’une question de temps ! C’était déjà un progrès, non ? D’ailleurs, Akané aussi avait réussi quelque chose de son côté, sans le savoir. Lucy était beaucoup moins catégorique, beaucoup plus sur la remise en question sur sa situation avec Sting. Ou alors, peut-être qu’elle n’osait tout simplement pas s’ouvrir à la brune, ce que celle-ci pouvait comprendre, c’est d’ailleurs pourquoi elle ne lui avait pas tiré les vers du nez et s’était contentée de recommandations/ La question serait donc : la tigresse allait-elle ruiné les chances de son amie avec ses conseils à 2 jewels ? La suite dans les prochains épisodes.

« Et toi, Akané ? Tu es adorable, tu dois surement avoir beaucoup de succès ! » La barmaid s’empourpra du compliment. De par son physique avantageux, elle avait son petit succès, en effet. Cependant, elle était assez à côté de la plaque sur ces choses là, un peu trop pour pleinement réaliser cela. Elle interprétait les dragouilles comme de la simple gentillesse. Il fallait être vraiment, vraiment un gros lourd (et qu’elle soit grièvement embêtée par la personne) pour qu’elle comprenne, et dans ces cas-là, son enquiquineur s’en sortait rarement indemne. De ce fait, on n’osait pas être lourd, justement, et donc, Akané passait à côté de beaucoup de choses. Notamment des désespoirs secrets des intéressés. « Ho, Lucy, tu es trop… merci… mais, non, pas vraiment en fait » dit-elle en haussant une épaule modeste, tout en remettant nerveusement une mèche de cheveux derrière son oreille.

Suspendue aux lèvres de son amie et de Plue, qui s’apprêtaient à déguster son plat, Akané les observa avec un air de petite fille, les yeux luisant de cet espoir d’avoir donné une bonne réponse à la maîtresse. Un grand sourire illumina son visage quand le verdict tomba. « Je suis si contente que ça vous plaise ! Mais Lucy toi tu apprends en regardant, c’est la même chose ! » la défendit dignement la tigresse « Je parie que quand tu prépareras ce plat, ça sera excellent ! » Spoiler Alert, il manquerait quelque chose selon le maître. Mais c'est en forgeant qu'on devient forgeron ! « Tu peux être sûre que même avec les meilleurs livres au monde je n’arriverais pas à un résultat comme ça…Merci pour avoir partagé ta recette avec moi ! » « Roo mais non… le plaisir était pour moi ! … si tu trouves vraiment les meilleurs livres de recette au monde, préviens-moi cela dit » ajouta t-elle avec convoitise. Avant d’être cuisinière, l’Ito était une grande gourmande.

Quand Lucy se leva, Akané l’accueillit naturellement dans ses bras, comme si elles se connaissaient depuis des années. Elles se connaissaient pourtant essentiellement en tant que Lucien, et Kanamé, les amoureux maudits. Cependant, pendant la Bataille de la Cité, il y avait eu ce moment en particulier, ce regard croisé au moment de l’horreur, un instant de partage et de soutien mutuel silencieux, qui les avait probablement autant rapprochées que l'auraient fait vingt rendez-vous tasse de thé. Et pendant cette bataille, Lucy avait aidé le maître, ça n’avait pas de prix. « Sting est très gentil avec nous ne t’en fais pas » affirma-elle sincèrement. Quand ils ne les traitaient pas de grosses dindes. « Il fait bon vivre ici, exactement comme à Fairy Tail si j’en crois ce tout le bien que l’on dit sur votre guilde ! » Elle ignora délibérément les épisodes de destruction de villes dans les qu’en-dit-on sur Fairy Tail. Les dommages collatéraux pouvaient faire partie du métier après tout. « Pense à prendre soin de toi aussi, d’accord Akané ? » Akané hocha vigoureusement la tête avec un grand sourire. « Ne t’en fais pas, quand je ne me ménage pas assez, on m’y force ! » Sting était le savant mélange entre un tyran et une mère poule. « Toi aussi Lucy, et fais très attention. »

« Et si jamais on t’en demande trop ici, tu seras toujours la bienvenue chez moi ! » La brune leva le pouce (on ne lui en demandait jamais trop mais, elle ne se fit pas la réflexion vu qu’elle était curieuse de connaître la demeure de Lucy et pensait plus à cela que le reste). « Avec plaisir. Je t’apprendrai un autre plat pour te remercier, ou je cuisinerai pour toi si tu es fatiguée. Tu le sais déjà mais tu es également la bienvenue ici en toute circonstance. » Akané eut un petit sourire de chipie. « Ce n’est pas le maître qui dira le contraire… » C’était dit tout bas mais, la fée avait forcément entendu !

Akané leva l’index avec un air maternel et pédagogue. « Alors, on a trois choses au programme : théâtre, cuisine, et ta visite quand on aura installé le Ciné Saber au sous-sol ! … je n’aurais peut-être pas dû en parler tout de suite, ça peut porter malheur » ajouta t-elle en posant le même doigt sur les lèvres. Surtout qu’elle en parlait à Lucy, Master chef de la poisse, et que Rui Smûla n’allait pas tarder à venir sur place lmao. Comment renoncer à un avenir radieux au sein de Sabertooth.