Lors de mon voyage, errant toujours d'endroit en endroit, je découvrais de nouveaux lieux en ce monde que je trouvais déjà de base très étrange. Les arbres, la faune, la flore, tout cela était bien trop différent de ce que je connaissais à Earthland. Comment se fier aux champignons et savoir lequel est mangeable, bon ça à la rigueur à Earthland c'est encore facile, mais ici.. faut se demander s'il va pas nous manger plutôt que l'inverse. J'ai entendu une fois la rumeur à propos d'un poisson tout petit, tout mignon, visible à l'extérieur de l'eau depuis le haut d'une cascade. Le mec aurait tenté de pêcher, tuer et cuisiner la bête, jusque là, tout va bien... Sauf que, il en est resté à pêcher et s'enfuir avec ses amis parce que le poisson était milles fois plus grand en sortant de l'eau, la seule partie qu'il avait vue n'était que la partie non émergée de la bestiole. Il paraît même qu'il aurait failli se faire croquer les fesses par ce monstre... 'Fin bref.

En dehors de cela, sur ma route en plein cœur de la forêt, je croisais pas mal de choses étranges. Allant des déchets sauvagement déposés là, -et j'insiste sur le fait que je n'y suis pour rien, en plus certains des sacs poubelles étaient éventrés et puaient la mort à vingt kilomètres à la ronde, à vomir !- jusqu'à des trucs bizarres. Pourtant je ne marchais pas vite, mais des cadavres d'animaux... empalés ? Des cadavres dans une forêt dense, ça me paraît logique, mais empalés par des armes... Bon à la rigueur si des chasseurs sont passés par là, ça tombe sous le sens. Je continuais de marcher en balayant du regard inquiet le sol encombré, puis la vue prenait de la hauteur. Ces cages en bois éclaté ou en fer rouillé totalement défoncées, qu'elles soient petites ou grandes, longeaient mon chemin et me barraient parfois la route. Obligée de marcher dans la boue plus profonde, pfff... non mais sérieux quoi ! Je finis par m'arrêter subitement en me demandant premièrement d'où venait ce grognement inquiétant non loin de moi, et deuxièmement, si le corps allongé là-bas sous mon nez, était vivant ou mort. Corps humain, bien évidemment, c'est ce qui m'inquiétait le plus. J'aurais hélas accouru comme une folle, mais des sueurs froides glissaient dans mon dos en sentant le danger derrière moi, en plus, avec les pieds coincés jusqu'à la cheville dans cette affreuse boue, je marchais plutôt lentement.

Mais j'y parvenais doucement, sans trop me retourner, oui, il y a bien quelque chose qui me suit, il a dû sentir l'odeur du sang... Mais le mien ou celui de ce mec ? Abaissée à son niveau tandis qu'il gisait sur le ventre inconscient, je vérifiais s'il était encore en vie. Sa jambe étant en piteux état, il avait plutôt l'air de respirer et de vivre. Mais le laisser comme ça sans même savoir s'il s'agit d'un mage d'Earthland ou pas, je ne le pouvais pas. Mes yeux vinrent croiser à quelques centimètres de moi de belles branches en vrac au sol et sa longue veste blanche semblait inutile sur le coup. Je sacrifiais une manche un poil difficile à déchirer à même le gars mais j'y parvenais... après avoir forcé et m'être retrouvée le cul dans la boue car j'avais tiré trop fort.



Je n'avais pourtant pas parlé fort mais il semblerait que le jeune homme ait repris connaissance en gémissant, il ne bougeait pas, une chance que je saisissais pour lui faire une atèle au genou. D'ailleurs, je constatais que la bête qui me suivait n'était pas assez proche pour attaquer tout à coup, c'est... comme si il me suivait depuis longtemps à distance. Finalement, c'est bien mon sang qui l'attirait mais j'ignorais ce que c'était.



Sérieusement ? Je ne m'en sentais pas capable, bien qu'il n'ait pas l'air d'être trop lourd. De plus, le déplacer serait sans doute une grosse erreur, j'ignorais l'étendue de ses blessures et ce qu'il lui était arrivé. Mais je pouvais au moins essayer de réduire ses hémorragies avec ce que j'avais à bord,... c'est à dire, ses fringues que je déchirais, en partie la veste qui perdait encore une manche en m'envoyant dans la boue une seconde fois.



Il forçait sur ses bras tremblants de douleur et d'épuisement, tentant de se relever mais il retombait de force au sol car je plaquais mon genou dans son dos. Il n'était pas question une seconde que je le laisse compliquer la situation dans laquelle il me mettait.



Non sans blague... Dangereux, comment à part avec des cages partout et des monstres en veux-tu en voilà, et ce grognement qui m'a suivi jusqu'à ce mec ?! Par ailleurs, j'osais espérer que mon interlocuteur n'était pas le chasseur en question de ces proies toutes ravagées. Sa voix était roque, il toussait du sang, ça démarrait très mal pour le sauver et je n'y étais pour rien. Je soupirais, enlevant mon genou de là et je me relevais afin d'essayer de le porter. Il pesait une tonne, me faisant plier un peu les jambes qui galéraient à le traîner hors de la boue. Bon et maintenant je fais quoi ?! J'ai un blessé sur le dos et je ne sais absolument rien de ce monde, où y aurait-il une ville, un hôpital ou même des gens experts en sauvetage dans le coin, tant qu'à faire ? Où puis-je aller pour nous mettre à l'abri ?



Un Flasha, ou plusieurs. Pour nos lecteurs, savoir de quel monstre il s'agissait est cruciale, mais le fait est que je ne connaissais ni d'Eve ni d'Adam cette monstrueuse créature, ou plutôt CES. Paniquant, peur au ventre et tout ce qui s'en suit, je m'interrogeais à savoir si j'allais pas plutôt abandonner le blessé et me barrer, ou si je devais mourir avec ? Puis-je simplement les combattre ?



D'accord ! Pas la peine de me le répéter. J'asseyais doucement cet inconnu contre un tronc d'arbre et j'invoquais un Shuriken. Pouvais-je simplement les vaincre ? Combien y en avait-il au juste ? Eh puis merde, voyant des éclairs foncer sur moi que j'esquivais d'une éclipse tactique accompagnée de deux ou trois saltos arrière, je me disais que je ne pouvais pas abandonner quelqu'un comme ça. Ça se fait pas et en plus, je ne connaissais même pas son nom.

Malheureusement, pendant que j'attaquais l'une de ces bêtes au péril de ma vie avec ce Shuriken de glace, je fus vite effondrée d'entendre que les autres bêtes avaient attaqué ce type. Nooon... C'est pas possible, pensais-je totalement déçue de moi-même ou pire... effrayée de la situation qui me fit lâcher des larmes. Suis-je aussi incapable que ça de protéger des gens ?! Ce mec sur lequel je me retournais était éventré par les griffes félines, puis dévoré. Je ne devrais pas rester là. C'est ainsi que même si j'avais blessé ma première cible aux pattes et au dos, je fis une éclipse en tangente afin de m'enfuir le plus vite possible, une encore, puis une pour gagner plus de terrain car la bête et sa troupe me rattrapaient à toute allure.

Essoufflée, je finis par renvoyer le shuriken en mode pause dans son canal invisible et courir aussi vite que je pouvais. Les cages me montraient très clairement que j'étais sur un territoire abandonné de chasseurs. Pourvu que je m'en sorte. Vite cours, putain... Cours, te retourne même pas ! Soudain, sur ma route pendant que j'esquivais de nombreux éclairs en manquant de trébucher vers l'avant, je vis une cage en fer non abîmée à ma droite ! ... Sauvée ?! Elle avait une porte qui semblait fermer et tout... Je fonçais tête baissée vers sa direction. Je n'en pouvais plus de courir, je ne voulais pas finir en charpie puis en douce marmelade crue et juteuse sous ces petites dents félines. Mon souffle se coupait presque pendant que ma sueur dégoulinait de mes joues. J'entrais dans la grande cage, assez grande pour un énorme monstre et honnêtement, je ne savais pas dans quoi je m'embarquais. Petit problème, les félins maintenant entouraient cette cage, je remarquais qu'elle était totalement inutile !!!



Hurlais-je au milieu de la cage en m'accroupissant de panique. Je pris une décharge dans le dos, ce n'était pas la première mais elle me coucha au sol en deux secondes avec douleur. Du coin de l'œil je vérifiais la porte, les monstres étaient deux face à elle. Mais c'est une blague, je ne peux même plus sortir !!!

Cette dernière décharge qui m'avait couché au sol était violente, j'en avais encore des picotements du dos jusqu'aux orteils. Mes mains avaient heureusement eu le réflexe de protéger ma tête et ma nuque mais j'étais piégée le nez collé au sol bien qu'il soit plus sec que le reste de la forêt. Comment m'enfuir ? Impossible avec ces bêtes devant la porte. Je suis vraiment trop conne, j'aurai dû continuer à courir, ou bien, peut-être dû plonger avec une éclipse dans les branchages denses d'un arbre et m'y cacher ?

Les monstres continuaient à grogner, à feuler, ainsi qu'à envoyer leurs attaques magiques et électriques. C'est sûr, c'est la fin. Mon visage sale se tournait encore vers la porte, en regardant dans l'angle intérieur de mon bras, je comprenais qu'ils n'arrêteraient pas. Les attaquer ne servirait à rien, aussi je regrettais avoir blessé l'un d'eux dans ma fuite de tout à l'heure. Je tremblais comme une feuille morte, de trouille, oui.



Cette douce voix mélodieuse sortie de nulle part me rassurait tout à coup. Je levais le regard vers elle, oh. Elle prononçait une sorte d'incantation magique et des épées l'accompagnaient jusqu'à la porte. Qu... Quoi je suis sauvée ?! Elle esquivait les attaques des monstres qui voulaient autant la dévorer qu'ils voulaient me dévorer, heureusement ils ne lui firent pas grand mal, enfin pour ce que j'en voyais, je ne saurais pas tout voir dans ma position. J'entendis la porte de la cage s'ouvrir dans son grincement, je me redressais à quatre pattes et la demoiselle vint m'aider à continuer de me relever. Mais je ne pouvais pas encore souffler de soulagement, les monstres et la tension étaient encore présents.

La demoiselle me dit qu'on ne pouvait pas rester là, évidemment ça coule de source, moi-même je n'ai pas envie de rester. M'appuyant d'une main sur son épaule afin de garder un certain équilibre, je testais une poignée de secondes ma jambe toute enrubannée d'un bandage en la soulevant et la pliant, avait-elle encore la force de bouger ? Oui, ouf. Les éclairs que j'ai reçu ne l'auront pas trop abîmé. Je tremblais encore de quelques précédentes décharges, mais aussi d'impatience de pouvoir nous remettre en sécurité.



Je lâchais l'épaule de la demoiselle et j'avançais prudemment vers la sortie de la cage, un éclair vint aussitôt me faire face mais je rappelais d'une éclipse mon shuriken de glace qui était en pause, il tournoyait face à moi et stoppait l'éclair dans sa force centrifuge. L'éclair maintenant dissipé du cristal, je pouvais rattraper mon arme. Mais ils ne s'arrêteront dont jamais !!! Le pire c'est que j'en ai blessé un tout à l'heure, je n'aurai sans doute pas dû mais c'était lui ou moi. Que faire ?! Oh... JE SAIS. Mais j'ignore si elle arrivera à me suivre. Je fis une éclipse pour fondre sur l'extérieur droite de la cage, j'étais prête à courir mais j'attendais ma sauveuse, je ne voudrais pas qu'elle se retrouve dans ma situation.



Demandais-je en esquivant d'une nouvelle éclipse, une attaque physique, la bête avait foncé sur moi pour m'assener un coup de patte griffue. Fiou, je l'ai échappé belle, mais il va falloir que je me calme sur les éclipses. Je reculais, reculais, esquivais et lorsque la demoiselle sera sortie, je courrai aussi vite que possible. Par contre si elle ne sort pas de là, je ne saurais pas quoi faire.

Mon dos me picotait encore mais l'urgence de la situation m'avait fait ignorer le regard inquiet qu'elle avait porté à mon égard lorsqu'elle m'avait aidé à me relever, pourtant je m'en rendais compte pendant que j'esquivais encore ces sales bêtes qui me fonçaient dessus. Mais je n'avais pas le temps de me plaindre sinon on se mettrait dans la panade plus qu'on ne l'est déjà, on devait se tirer de là et vite. La demoiselle sortait de là à sa façon après m'avoir répondu que oui, elle allait y arriver. Les barreaux de la cage se scindaient... Mais quelle idiote je fais, j'aurai aussi pu le faire. Je m'en rendais compte en regardant mon shuriken. Tant pis, ce qui est fait est fait, je ne pouvais pas toujours penser à tout.



Aussitôt sortie, ma sauveuse choppait mon poignet et me guidait vers la sortie. Je la suivais immédiatement dans sa course. On courait aussi vite que l'on pouvait, des éclairs nous suivaient ou frappaient les environs que nous étions sur le point d'atteindre, certains arbres prenaient cher sur notre passage, j'étais déjà essoufflée mais je n'avais pas le droit de m'arrêter, cette pause dans la cage m'aura permis de récupérer mes forces, il fallait donc que je me dépasse.





Oui cette zone, cet endroit mortuaire, ce cimetière de bêtes en tout genre, ce ramassis de conneries et de cages qui plombaient la forêt. Y a-t-il un lien avec ces espèces de gros chats électriques ? Me questionner ne m'empêchait pas de courir, d'ailleurs je tenais toujours la main de cette jeune et jolie demoiselle. Elle utilisait encore sa magie mais je manquais d'idée pour l'aider. Lancer mon shuriken en éclipse m'enverrait droit sur les monstres, je ne devais pas nous ralentir. Toutefois les attaques cessaient petit à petit, nous ralentissions et pendant que la rosée regardait derrière nous, je m'avachissais pour reprendre mon souffle. Elle me fit part du fait qu'on ait eu chaud, non mais tu m'étonnes ! On a même carrément failli y rester.



L'inconnue s'adossait à un arbre en me regardant, je me laissais tomber à genoux non loin d'elle pendant qu'elle me demandait si ça allait. Je hochais la tête mais je rougissais.



Desquelles elle parle ? Je la voyais bien inquiète mais je me demandais si elle n'approfondissait pas plutôt le regard sur ma jambe... Un petit rictus se dessinait sur mon visage rougi qui se baissait, je me redressais un peu, et m'avançais de deux ou trois pas à genoux vers elle. Je m'asseyais dos à la jeune fille en soulevant mes cheveux que je faisais passer sur mon épaule droite. On va faire passer l'urgent en premier, allons-y par étapes.



C'est bien la première fois que je me fie à quelqu'un, mais elle vient de me sauver la vie ! comment me méfier d'elle ? C'est impossible. Je lui en suis plutôt reconnaissante et d'ailleurs, j'éclaircissais ma voix après avoir repris un souffle normal.



Je retournais mon regard vers la mage, oui c'était bien de la magie qui émanait d'elle tout à l'heure, rien à voir avec ces gens d'Edoras. Je rougissais encore plus en attrapant sa main.



Ce coin de la forêt semble plus paisible, pourquoi ces bêtes ne nous suivent plus ? Pourquoi n'y a-t-il plus aucune cage, cadavre ni monstre dans les parages ? Enfin bon, je n'en suis pas mécontente, on est plus en sécurité à présent. La forêt de ce côté-ci a même un bruit de fond plus serein, ces petits oiseaux chantent. De quoi me détendre plus, par ailleurs je me demande où je pourrais me nettoyer, car la boue m'avait plus que sali d'un peu partout, à commencer par les fesses.

Toujours dos à elle, j'écoutais sa réponse, son explication était des plus claires, la jeune fille m'affirmait que ces bestioles n'ont rien d'offensives tant qu'on ne nuit pas à leur territoire ou qu'on ne les attaque pas, en gros c'est ce que je comprenais globalement... J'en venais à me remettre en mémoire que tout le long de la forêt j'avais été suivie par ces grognements incessants mais qu'ils ne m'avaient attaqué qu'à l'instant même où...



Je soupirais, mais elle ne devait rien comprendre à ce que je racontais, sauf si elle avait vu l'état du cadavre que j'avais laissé avec l'atèle improvisée à sa jambe, sur ma fuite. La demoiselle observait mon dos avec attention, elle auscultait puis appliquait une sorte de chose gras -sans doute de la crème- pour apaiser mes douleurs. Sa main est si délicate et douce qu'elle me déconcentre beaucoup, ça faisait un bien fou et me faisait pencher la tête tandis qu'elle continuait son explication avec les flashas, que la douleur finirait par se calmer dans une heure plus ou moins, voilà qui me fait lâcher un soupire de soulagement, ouf, si c'est pas grave alors tant mieux.



Finalement, elle avait fini par comprendre d'elle-même où je voulais en venir, ça me rassurait qu'on ne m'en veuille pas que quelqu'un soit mort par ma faute parce que je n'avais pas su l'aider, ni le protéger... moi je m'en voulais. J'espère que rien de mal n'arrivera à ma sauveuse, mais quoiqu'il arrive je m'appliquerai. Elle, je ne la laisserai pas mourir, pour sûr, quitte à y laisser ma propre vie ! Elle posait sa main sur mes cheveux et les caressait, cela me faisait bizarre, je n'en avais plus l'habitude depuis belle lurette mais ce genre d'attention et affection me rendaient presque nostalgique en plus d'être super contente. Cela s'accentuait encore un peu plus lorsqu'elle prononçait ces mots :



Je ne pouvais m'empêcher de la regarder, trop mignonne et trop gentille !! J'ai envie de la serrer dans mes bras mais je me retenais... je ne sais pas comment elle réagirait. Une chance qu'elle soit venue à mon secours, je ne sais pas ce que je serai devenue sans elle, mais d'où vient-elle au juste ? Sa tenue ne m'inspire rien d'offensif, de désagréable, mais c'est plutôt mystique. J'adore sa capuche qui lui donne un air de vagabonde, son visage semble si mystérieux et son sourire me rassure plus que tout. Enfin, rien n'est plus beau que ses yeux et ses cheveux mais je n'oserai jamais le lui dire de vive voix. La demoiselle à qui j'avais proposé mon aide, ne tardait pas à me la solliciter en parlant de ces cages. Je hochais la tête. Elle me demandait si je pouvais l'accompagner et je me relevais aussitôt, lui tendant la main avec le sourire.



C'est dommage qu'il soit mort s'il était un braconnier, ça mérite juste la taule ces merdes-là, la mort est trop douce et le choix le plus facile pour eux. L'aidant à se relever, je gardais encore sa main dans la mienne... J'ai tellement la sensation d'être amie avec elle alors que ça fait moins d'un quart d'heures qu'on se connait. Il est grand temps de se présenter je crois.



Je commence à marcher à ses côtés, suivant ses pas pour retourner doucement d'où l'on vient afin qu'elle enquête et trouve de potentiels rescapés à mettre en zonzon. Je l'espère de tout cœur en tout cas ! J'ai encore un peu d'appréhension cela dit, est-ce que ces flashas vont revenir nous refaire courir pour notre survie ou bien sont-ils repartis se terrer dans leur nid en toute tranquillité d'esprit ?

Nous avancions dans ce terrain rempli de bestioles, j'étais tendue, revenir sur mes pas en sachant que j'avais esquivé bon nombre d'attaques félines et des pluies d'éclairs pour survivre. Cette fille est un peu barge de vouloir y retourner, mais je la suivais, non pas uniquement à cause de ma dette mais aussi parce que sa présence ne me laissait pas de marbre. Cette crème qu'elle m'avait mis soulageait les brûlures dans mon dos, mais mon corps tout entier résonnait de picotements, me faisant parfois trembler. Ou bien c'est parce que j'entendais grogner autour de moi et que mes yeux se posaient sur les bêtes en retrait ?! Je n'étais pas tranquille, en plus j'avais blessé l'un des félins pour pouvoir m'enfuir loin du cadavre. Qui sait si lui ne reviendra pas m'attaquer ?! La demoiselle me fit toutefois revenir à la conversation en complimentant ma magie et en me faisant comprendre qu'elle n'avait jamais vu cela. Je ne pouvais pas m'empêcher de sourire, et surtout lorsque j'entendais son prénom, Meghan ou Meg.

Je me demandais ce qu'elle fichait ici, était-elle en quête officielle ou bien juste en trajet pour autre chose ? Mais le temps d'ouvrir la bouche, elle enchaînait des propos qui se voulaient rassurants. Oui, pour le moment ! Je lâchais sa main et allais fouiller les cages du regard, d'ailleurs quelques pas plus loin, je trouvais une montre brisée. Je ne sais pas à qui elle appartient mais briser une montre comme ça, il en faut de la force.



Préoccupée par ce que je trouvais des yeux, mon ton était plutôt terne et neutre, à vrai dire je parlais sans réfléchir. Et tandis que Meg se questionnait sur le type d'animaux qui auraient pu être enfermés dans ces immensités, j'ouvrais la porte d'une cage aux barreaux complètement rouillés, ça grinçait comme si ça avait plus de cent ans... Mais c'est quoi ce truc ?! Je m'avançais vers le fond de la cage et trouvais au sol une grosse dent. GROSSE, énorme, elle pesait son poids lorsque je la ramassais, j'avais l'impression de porter un bébé dans mes bras, elle devait bien mesurer dans les soixante centimètres au moins. Je levais les yeux et voyais les barreaux tordus, comme si une énorme bête avait tapé la cage à s'en éclater les dents. Ok... il voulait absolument sortir de là mais pourquoi tant de haine ou de précipitation ?!



Cette petite mise en garde me fit revenir à la réalité. Je me retournais, soucieuse et de l'intérieur de la cage, je m'avançais vers Meg, j'y déposais la dent à l'extérieur en passant mes bras à travers les barreaux. Je ne pouvais pas sortir de là de suite car j'avais vu un autre truc étrange, là haut. Sortant mon shuriken de sa pause, je le réinvoquais et je m'éclipsais vers le haut de la cage. Je coinçais mon Shuriken entre deux des barreaux du toit et je m'accrochais. Le bras tendu, je tentais de capturer cette étrange chose, une petite boite noire toute pleine de bave séchée et de poils collés.



Oui je jouais les aventurières détective, sans doute influencée par ma compagnie, mais si d'autres monstres rôdaient, il fallait bien découvrir de quoi il s'agissait. Personnellement, je ne saurais pas identifier quoique ce soit dans ce monde depuis que j'y suis, moi à part différencier les mages d'Earthland des trouducs de l'armée royale, je n'ai jamais pu prendre d'encyclopédie ou m'informer sur le registre de choses dangereuses. Suspendue à plusieurs mètres au dessus du sol, j'avançais en tenant fortement les tuyaux rouillés dont certains glissaient et d'autres éraflaient mes doigts. Bon allez, je vais réussir à l'attraper oui ou non ?! Tant pis, j'y vais avec mes pieds ! Je pris de l'élan et mettais un coup de pied dans la boite. Je n'aurais pas pu m'empêcher de m'écrier de douleur, ça c'était mes orteils et ils s'étaient mangé les barreaux en plus de la boite qui tombait enfin.



Pourvu qu'elle ne s'assomme pas ! Je fis maintenant le chemin inverse, ne pouvant pas regarder en bas, je continuais à escalader afin de récupérer mon arme. Je ne pourrais pas redescendre sans le shuriken, en toute sécurité. Y parvenant enfin, je décrochais l'arme, me laissais tomber quelques secondes, puis je fis une éclipse plongeante vers le sol afin de ne pas me blesser. Mes orteils me tuaient mais ce n'était pas si grave que ça à bien y regarder. Enfin, je sortais de la cage pour rejoindre la gentille rosée. J'étais curieuse de savoir ce que j'avais déniché.

Je ricanais intérieurement en revoyant dans mes lointains souvenirs qu'il m'arrivait régulièrement de me fendre le petit orteil contre le coin d'un abruti de meuble à la maison... lorsque j'en avais encore une, la seule et l'unique que j'avais habité avec mes parents. Un joyeux souvenir car à chaque fois maman venait me faire un bisou magique sur la joue malgré ses rires et papa me tendait toujours ses lunettes dans un seul but moqueur. Huhu. C'est assez con, mais mon rire sortait finalement malgré moi. Lorsque j'arrivais auprès de ma compagnie fort sympathique, je ne pouvais que ricaner d'avantage devant son visage décomposé de toucher une matière aussi écœurante collée à la boite noire. Ce n'était pas une moquerie méchante, j'espérais qu'elle ne se vexe pas mais si seulement je pouvais la prendre en photo, ou avoir un miroir, elle ricanerait aussi de sa propre expression faciale. Malheureusement, elle ne semblait pas en savoir plus que moi à propos de cette trouvaille rongée par des coups de croc. Je viens de penser à une chose .... effrayante.



La panique n'était pas encore là mais lorsque je la vis foirer sur l'ouverture de la boite avec ses seules mains, je ne pouvais qu'en être soulagée. Oh bordel, faites que j'ai tord, faites que ce ne soit pas un bébé quelque chose qui aurait mal fini ! Meg me confirmait mes doutes, oui, c'était bien des dents qui avaient tenté de ronger la boite. Vu la taille de celle que j'ai ramassé, ça aurait pu avoir assez de force pour détruire la boite... si ces barreaux ne l'en avaient pas empêché ?! Je me rendais compte trembler des mains comme une feuille morte.



Sa lame fendait la boite en deux. Je reniflais et ça puait, c'est tout ce que je pouvais en dire. Quant à tenter de découvrir de quelle odeur nauséabonde il s'agissait, probablement rien d'important... Mais si Meg avait raison -trop tard, elle n'avait qu'à parler plus vite- je n'aurais peut-être pas touché le fond de la boite, ni léché mon doigt... Je sais, c'est immonde ce que j'ai fais mais qui ne tente rien n'a rien, je voulais juste découvrir de quoi il en retournait. Quoique... Au goût, je n'y ai reconnu que quelque chose de pourri et complètement affreux. Ça m'avait piqué la langue, mais je n'arrivais pas à deviner ce que c'était. En tout cas, c'était acide.



Soupirant en me désespérant moi-même, je lâchais la boite désinvoltement et je suivais mademoiselle qui voulait trouver le campement de ces horribles personnes. Je ne ressentais aucun effet notoire pour le moment, et j'espérais que ça n'arrive pas. J'avais presque oublié la présence des fauves qui nous entouraient, mais tout à coup je les entendis courir tous en chœur à en déraper, et s'engouffrer soudain dans le profond bois. En me retournant, j'en vis un à l'air complètement effrayé. Je fronçais mes sourcils et commençais à m'inquiéter d'avoir fais quelque chose de vraiment stupide... mais peut-être que ce n'était pas moi ?! Un vrombissement parvint jusqu'à mes oreilles. Sur le coup je levais les yeux au ciel, me demandant s'il tonnait et pleuvait, je cherchais les éclairs ou encore à définir la couleur des cimes d'arbres. Rien... Pas d'orage apparemment. C'est sans aucun doute un grognement animal gigantesque !



Ouais c'est ça, pour que tu meurs en premier et moi en second, y a pas de problème. Je la tenais par la main, je vais tenter une expérience. Je fis revenir mon shuriken dans mes mains, lui qui était en pause depuis ma sortie de la cage. Le grondeur approchait. Sur mes gardes, je me préparais. Je vis quelque chose de gigantesque sortir des arbres qui se cassaient en deux et se couchaient à son passage. Le bruit sourd et lourd des arbres vint faire trembler le sol et me provoquer une terreur profonde. J'ai cru que mes jambes allaient m'abandonner sur le coup ! Le temps de voir ses immenses cornes et dents, je n'attendis pas qu'il nous fonce dessus pour téléporter Meg avec moi dans une cage derrière nous. Couchée au sol avec la demoiselle dans mes bras, je la regardais droit dans les yeux. J'espère qu'elle a supporté le voyage au moins... C'est la première fois que je fais ce genre de chose. J'espère que le monstre ne l'a pas blessé et je vérifie où je peux dans mon champs de vision.



Tant pis, nous revoilà au point de départ. Je n'ai eu pas d'autre endroit et choix où nous téléporter pour nous protéger, tant que ce machin détruira la forêt par des simples coups de pattes. L'urgence était telle que je venais à vraiment regretter ces petits félins. Venez pas nous protéger ou protéger votre territoire surtout... Grrr...

Meg se voulait très rassurante, je lui faisais confiance malgré que je la connaissais à peine. J'aurai voulu calmer mes mains et les empêcher de trembler, mais ça, c'était avant de découvrir les premières petites secondes d'effets notoires à ce que j'avais ingéré. Elle avait beau m'avoir fait la morale, c'était trop tard je ne pouvais plus revenir en arrière sur mes faits et gestes à moins d'inventer une machine de voyage dans le temps, là, tout de suite... c'est impossible. Mais je commençais à comprendre doucement ce qu'aurait pu subir un monstre géant dans ce genre de cage. Le produit que j'avais léché sur mon doigt était puissant, assez pour attaquer rapidement le système nerveux d'un énorme monstre par exemple,... et moi qui suis toute petite, assez fine et en assez mauvaise condition physique, je ressentais bien vite les effets indésirables. Pour autant, allongée sous Meg, je préférais lui porter la priorité comme de lui sauver la vie pour la remercier d'avoir sauvé la mienne tantôt. C'était un bon début de reconnaissance. Elle ne me répondait pas de suite, ... zut, ça doit être l'éclipse. Lors de mes premiers pas dans la magie, j'avais ressenti cet espèce d'effet de tête vide, cette absence soudaine et ce trouble dans l'espace qui me rendait parfois nauséeuse. Mais j'ai fini par m'y faire à ça... J'espère qu'elle ne vomira pas. De mon côté, ce n'est pas ça qui me rendait aussi bizarre, je suis bien trop habituée à ma propre magie pour lui faire aveuglément confiance lorsque je me téléporte d'un endroit à un autre, je dirai même que j'adore cet effet de corps perdu qui tombe ou qui fonce vers un endroit parfois incertain. C'est le côté imprévisibilité et dangerosité de ma magie que j'adore.

Mais pour en revenir à ce qu'il y avait dans la boite, ma foi, je crois que c'était bien une drogue, un truc qui je l'espère ne me sera pas fatal. Ma nuque me brûlait, pire encore que les étincelles électriques que m'avaient lancé les félins, et qui s'étaient baladées dans mon corps tantôt. Je regardais discrètement mon poignet qui lui aussi me brûlait. Mes veines noircissent un peu pour une raison que j'ignore, et ma vue commence doucement à se modifier, provoquant des picotements sous mes paupières. J'avais la sensation que des larmes s'écoulaient sur mes joues, peut-être était-ce le cas, ou peut-être pas, quoiqu'il en soit, ça se propageait à une vitesse tout en moi, ces picotements et ces brûlures. Je plissais les yeux une minute, le temps de me reconcentrer. Meg m'avait répondu que finalement, elle pensait aller bien, j'étais rassurée mais pour peu de temps hélas.

Le monstre énorme à la peau noirâtre s'était approché sauvagement de la cage dans un furieux galop. D'un coup de patte griffue, il avait balayé la cage dans laquelle nous nous trouvions et c'était parti pour le tour de manège... Pour le coup, je me suis littéralement envolée vers les barreaux avant de me cogner dedans. Bravo en plein dans le mille, pile là où j'avais mal : le dos. Meg me demandait si je tenais le coup. J'hochais la tête sans trop chercher à répondre mais je serrais les dents, je tentais d'abord de comprendre ce qui m'arrivait et je me tenais à la cage. Bon ça va, les tractions, j'en fais souvent, ce n'est pas ça qui va me faire peur. Un bruit sinistre de porte rouillée sifflota jusqu'à mes oreilles, ne me dis pas qu'il va tenter de nous chopper comme des croquettes au fond du paquet, avec sa patte ?! Si Meg ne s'attendait pas à ce genre de bestiole, vu la taille des cages et de la dent que j'avais ramassé plus tôt, j'aurai dis que moi je m'y attendais, sinon je n'aurai pas autant tremblé tantôt. En revanche, ce qu'il compte nous faire risque d'être bien moins sympa que ce à quoi elle s'attendait. Que faire ?!





Fallait que ça sorte, je me sens mignonne dans ces propos, mais c'est la vérité. Elle m'a sauvé, elle m'a aidé, et c'est une mage d'Earthland. Je n'ai pas le droit de l'abandonner ! Plus les minutes passent en sa compagnie, plus je la considère comme une amie. Je ne voudrai pas la perdre en tout cas et pas aussi bêtement que face à un monstre. Mais attends voir ? La cage est dans quel sens en fait ? Je ne sais pas si je fais le poirier ou si j'ai les jambes en bas. Quoiqu'il arrive, je vois la patte du monstre, ses yeux énormes, sa mâchoire effrayante et ses cornes du diable ondulées juste pour dire que rien qu'avec une seule, tu peux finir en brochette dessus. Je déglutissais et me laissais tomber. Oui, plus insouciante, tu meurs mais rester en danger sans rien faire, ce n'est pas mon genre. Malgré que tout à l'heure je n'osais pas me défendre contre les félins électriques, là c'est différent... J'ai quelqu'un à protéger, pas seulement moi. Je crois que c'est ça qui me donne le courage et le cran nécessaire pour bouger.

Ma toux sèche se raréfiait enfin, je tenais encore le coup. Le plus terrible est que je n'arrivais plus à faire la distinction de l'environnement autour de nous, du monstre et de la cage. Tout me semblait flou au delà de ces distances. Je sortais de la cage en me téléportant. Faisons au moins comme elle a dit, diversion. Face au monstre, je fis revenir mon shuriken de glace qui tournoyait sur lui-même dans son élément, et avec, je lui griffais le nez avant de disparaître. Il aura une belle cicatrice et un bon rhume si la glace lui sort par les trous de nez. Fiou, j'ai évité sa patte de justesse lorsqu'il s'est agité pour essayer de dégager la glace de sa gueule. Malheureusement je suis mal retombée sur le dos, et ma jambe où se trouve mon long bandage s'est comme qui dirait tordue dans la chute. Je crois que je me suis fais vraiment mal ce coup-ci, mais je me relevais parce qu'il le fallait. C'était difficile de me retenir de crier, je tremblais rien qu'à tenter de tenir debout mais j'y parvenais, même si j'étais complètement avachie. Aussi je parvenais à sortir un sifflement strident de ma bouche grâce mes quatre doigts principaux plantés dedans.



À ce tarif-là, les tâches de boue qui commençaient à dominer sur la teinte de ma tunique bleuâtre, c'était un détail des plus insignifiants. Je ne regardais plus dans quel état j'étais. Le grognement animal et le rugissement qui suivirent, me firent froid dans le dos et même frissonner. Je n'ai pas le choix. Pour protéger quelqu'un, il faut se mettre d'abord en danger. Mais me téléporter en ne voyant plus à longue distance les arbres qui m'entouraient, c'était un petit problème dans la mesure où je pouvais aussi rater une cible. D'un autre côté, je peux aussi bien le faire sur de petites distances pour mieux me préserver et jouer avec la bébête. Mais la question est, me reste-t-il encore assez de réserve magique, avec tout ce que j'utilise depuis tout à l'heure ?! Je crains que non, je n'en ai plus pour longtemps avant de m'écrouler épuisée, mais je vais devoir me surpasser si je veux survivre. Le monstre fonçait sur moi et j'envoyais mon shuriken dans l'une de ses pattes sans même viser. Je sus par des crépitements givrés parvenus à mes oreilles, qu'il avait la patte quelque peu congelée, en plus d'être coupée à l'endroit où j'avais bien senti l'avoir frappé avec ma déchiqueteuse. Mais je ne saurais dire si ces blessures étaient importantes ou pas. Je ne me retournerai pas pour le vérifier.

De toute façon j'étais trop occupée à me rattraper de justesse à genoux. C'était ma jambe encore en bon état qui se pliait la première dans la boue, ma seconde jambe qui était de nouveau blessée, restait un peu tordue sur le côté avant de me faire hurler lorsqu'elle retombait au sol. Cette éclipse-là qui m'avait fait atterrir derrière l'animal, me fit avoir des vertiges... Je ne pouvais plus que tomber totalement à quatre pattes, en espérant que le monstre n'ait pas encore comprit où je me trouvais, ou en espérant que Meg vienne m'aider.

La demoiselle aux sublimes cheveux d'une couleur que j'enviais gentiment mais que surtout j'appréciais, avait été très tenace dans ses propos à vouloir m'empêcher de l'aider. Mais quand c'est non, c'est non ! Surtout que m'enfuir vers une destination inconnue dans ce monde que je ne connaissais pas énormément, serait débile en plus de laisser quelqu'un dans la mouise, tout seul... Je ne suis pas si irresponsable que cela tout de même. Je remarquais et savourais sa gentille personnalité maternelle à vouloir me protéger, c'était louable de sa part, oui c'était très généreux. Ses gentils conseils étaient enregistrés pour une prochaine fois, bien qu'ils n'étaient absolument pas appliqués pour cette situation bien trop dangereuse pour ne rien faire. Je savais que je n'étais pas en état de me battre, il n'empêchait que moi aussi je me savais très protectrice avec ceux qui me secouraient. La cage avait fini en pièces grâce à plusieurs épées alors même que le monstre avait tenté de me dévorer. J'entendais des mots comme de ne pas le provoquer, et même des capacités magiques être invoquées. Des rayons dorés éblouissants m'entouraient et vinrent combattre le monstre après que je l'ai blessé à la patte.

La demoiselle arrivait et m'attrapait dans ses bras. Fiou.



Je tremblais d'épuisement dans son emprise et mes mains se voulant délicates grimpaient des vêtements gentiment agrippés jusqu'aux épaules de Meg. Si elle me souriait agréablement, je ne pouvais m'empêcher d'en faire autant malgré que je galérais à tenir sur mes jambes. Au moins ça m'empêchait de grimacer et de faire une horrible tête.



La drogue continuait de m'envahir et me faire trembler d'avantage de douleur de par les brûlures qu'elle infligeait à mon organisme. Mais je ne voulais pas inquiéter la demoiselle plus grande que moi malgré qu'elle semblait avoir le même âge. Je l'écoutais chuchoter quelque chose, elle s'adressait probablement à ce monstre. De nombreuses épées énergétiques bleuâtres apparaissaient face à moi qui restais difficilement debout dans l'étreinte de Meg. Je les regardais doucement nous entourer à droite et à gauche, et devenir plus nombreuses encore.  



Je sentais une puissance inestimable en cette demoiselle, c'était impressionnant, aussi éblouissant qu'admirable. Tout à coup toute sa puissance s'en allait avec violence vers le monstre. Ce cri puissant et abominable vint résonner dans tout mon être avant qu'une vrombissante secousse du sol, tout comme un arbre s'écroulerait, me faisait tomber. Mes jambes m'avaient effectivement abandonné et m'offraient au sol, je n'avais pas réussi à garder mon emprise sur les épaules de la demoiselle. Quoique, je n'étais pas seule à m'écrouler car Meg s'abandonnait au sol elle aussi, nous étions à bout de force et elle osait me demander si j'allais bien. Je mis quelques poignées de secondes avant de parvenir à sortir de mon état de choc. Qu'est-ce qui m'arrivait bon sang ?! Recroquevillée comme une pauvre crevette hors de sa rive salée, je fixais mes mains qui tremblaient violemment. Un instant j'eus cru qu'elles étaient toutes noires... mais non, j'ai halluciné. Mes yeux voyaient encore plus flou que tantôt.



Mes veines apparaissaient quand même un peu noircies sous ma peau qui doucement, se pâlissait. Cela, en plus des ossements de ma jambe qui avaient mis très longtemps à se réparer convenablement après mon premier accident à Edoras. Cette même jambe enrubannée de ce long bandage m'obligeait à me crisper d'avantage. Je subissais une atroce douleur, malgré cela, je me retenais d'hurler de toute ma voix. Je constatais tout ce temps de guérison foutu en l'air à cause du mauvais atterrissage qui m'avait tordu le genou.



Mes larmes s'écoulaient, enfin mon corps réagit d'une autre façon pour relâcher la pression. Je ne sais pas si c'était une autre hallucination mais comme j'avais l'oreille collée au sol dans ma position, j'entendais la terre doucement trembler. De très nombreux pas claquaient dans la boue et d'autres dans de la terre sèche. Je ne sais pas qui arrive mais c'est humain. Est-ce pourtant une bonne chose ? N'y connaissant rien en ce monde, ni même en cette forêt et ce qui l'entourait, je ne saurais dire s'il s'agissait de soldats, d'autres mages, de braconniers ou tout simplement d'habitants qui vivaient dans cette localité. Si la jeune fille avait des amis, c'était peut-être eux aussi qu'en sais-je ?



Arrivais-je à placer en parvenant à penser à autre chose qu'à la douleur. Je souriais à la demoiselle.

Si ça se trouve, le monstre énorme couché derrière moi au loin, avait été affecté par ce type de drogue ? En y repensant et si on compare l'énorme dent que j'avais plus tôt trouvé et les siennes que je visualisais de mémoire, après cet affrontement avec lui... ça collait bien. Il est sans doute mort sans comprendre pourquoi... mais c'est mieux ainsi ? Il ne fera plus de mal à personne, c'est l'essentiel. Bien qu'en vérité il ne m'ait pas touché -j'ai de la chance d'avoir une telle magie- et bien qu'il n'ait pas non plus blessé Meg, fort heureusement. En revanche, je me demandais bien à QUI serait destiné ce genre de drogue, si un animal pouvait être enragé avec ça à cause de la douleur. J'espérais bêtement que je serai la seule et la dernière affectée par ce genre de chose, que ce camp soit abandonné et que plus personne n'utilise des animaux comme testeurs de poudre. Mais ce serait encore croire au père noël... Quoique il n'existe peut-être pas à Edoras, mais à Earthland j'en ai des souvenirs d'enfant encore bien marqués. Ah si seulement on pouvait y rentrer ! Rien que le fait d'y repenser, je revoyais quelques beaux souvenirs de notre monde, et des souvenirs de quand j'étais très jeune. Je m'égarais quelques fines secondes dans mes pensées, mais je revenais à la réalité lorsque mon amie me demandait de tenir le coup, je répondais d'un hochement de tête que j'allais tenir bon. C'est de ma faute, je me devais de l'assumer, mais au moins ça m'aura permis de comprendre des choses, et peut-être avoir aidé Meg à découvrir ce qui se passait ici ? J'espérais de tout cœur lui avoir été utile.

Ce corps ne m'obéissait plus mais je sentais une main très douce s'emparer délicatement de la mienne. Meghan m'avait fait part de ce qu'elle allait faire : appeler de l'aide, et c'est ce qu'elle fit avec son PHS. J'étais rassurée de savoir qu'elle allait bien, elle n'a sans doute eu qu'une faiblesse dû à toute la magie qu'elle avait utilisé. Je suppose qu'utiliser une magie comme la sienne doit être plus demandeuse que la mienne, qui s'épuise petit à petit. C'est surtout invoquer une arme de son canal fantôme et en changer qui me pompe plus que nécessairement, car en dehors de cela, les éclipses et les pauses régulières de l'utilisation d'un shuriken ne m'épuisent pas autant qu'une seule attaque de Meghan.

Je serrais aussi doucement que je pouvais sa main lorsque la mienne parvenait à m'obéir, il n'était pas question de lui faire le moindre mal. Ces tremblements m'effrayaient tout autant que ces couleurs sur ma peau, et cette chaleur intense qui m'engouffrait lentement vers une espèce d'hallucination lorsque j'osais fermer mes yeux. J'avais comme une impression d'être tombée droit en enfer et que les flammèches, vivantes, ayant une conscience et étant sournoises, entraient en moi pour me consumer de l'intérieur. Dévorant petit à petit mon âme et faisant bouillir le reste, elles se régalaient et s'acharnaient à une température idéale pour faire durer toute ma souffrance, le plus longtemps possible. Meghan insistait sur l'urgence de la situation dans son appel téléphonique, apparemment elle avait interlocuteur dur à cuir, en ligne. Enfin elle le remerciait et raccrochait.



J'efforçais alors mes yeux de se rouvrir et j'hochais une fois de plus la tête, cette vue de l'enfer était plus terrifiante encore que le diable là-bas, que Meg avait sagement achevé. J'espérais simplement que ce n'était que mon cerveau qui imaginait toute sorte de choses et non pas le véritable enfer. Elle m'encourageait encore, son comportement me rassurait et me fit sourire avant que je n'entende des voix inconnues s'approcher. Des enfants ? Quoi ? Il y a des enfants ici ?! Ils s'approchaient de moi, m'encerclaient et s'accroupissaient, comme concernés. Meghan les laissait faire et allait parler avec plus vieux que nous, j'étais surprise de ce genre de situation, je ne m'attendais pas du tout à cela et moi qui déteste me plaindre, c'est encore pire devant des enfants ! Les petits -garçons et filles mélangés- semblaient sortir d'un centre aéré et faire une visite guidée découverte de la forêt, probablement étaient-ils là pour découvrir les félins électriques. Les enfants adorent les félins ! Meghan devait avoir raison, ceux-ci n'ont rien de dangereux et cet endroit ne devrait en théorie pas l'être non plus. Encore la main de l'homme qui a foutu le bordel à un endroit où ça n'aurait jamais dû exister, j'imagine. C'est révoltant. Les enfants me posaient tout un tas de questions. Prenant sur moi pour ne pas les effrayer, je serrais mes poings, me recroquevillais plus encore afin de retenir mes tremblements autant que je le pouvais.

Je vis un genou se poser devant moi. Soudain, j'avais envie d'éborgner le marmot et de l'égorger vif avec mes griffes, toutefois je me faisais violence pour me retenir de bouger. Une folie passagère probablement due à la drogue, j'espérais qu'elle ne contrôle pas mon corps sans mon consentement. Bien que je ne sois pas allergique aux enfants, leurs questions me dérangeaient... sauf celle-là :



Prononçait une petite fille qui me le tendait, une sucette qu'elle venait de déballer sous mes yeux. J'ignorais si en tremblant de la sorte ce serait dangereux ou non, mais je ricanais gentiment de sa proposition et j'acceptais volontiers. Elle avait d'ailleurs deviné d'elle-même que je ne viendrai pas la chercher et elle me la posait sur les lèvres. J'attrapais cette sucette avec mes dents. Cerise, voilà qui m'enlevait le goût affreux dans la bouche et qui calmait au moins mes pensées, c'est mon goût préféré. L'un des petits garçons me demandait d'une voix légèrement muée, en pointant du doigt ce qui se trouvait dans mon dos :



Meghan en avait fait bien plus que moi, je n'avais su que l'occuper et le blesser, mais si ma condition physique l'aurait permis, il aurait morflé plus que ça je pense. Elle de son côté, et en deux coups, seulement, était parvenue à lui ôter la vie. Oui, je n'avais pas besoin de me retourner sur lui pour savoir qu'il était DEAD. Son horrible cri me l'avait confirmé et sa chute également. Dans un sens, ce ne serait pas mentir que d'hocher la tête, et ce gamin était stupéfait. Lui qui adorait cette bête etc, il me racontait sa vie et je commençais à lentement m'évanouir, je ne captais plus rien à la conversation. Heureusement, je sentis quelque chose se poser sur moi, sursautant, je me réveillais et Meg me disait au revoir.



Un document quelque peu tâché de terre sèche était posé sur mes mains.



L'équipe médicale vint s'occuper de moi, m'enquiquiner quant à ma sucette qu'ils tentaient en vain d'ôter de ma bouche. Il était hors de question de les laisser me piquer ma sucrerie et je serrais les dents. Finalement ils me la laissaient, désespérés, et après avoir soigneusement lu le contenu d'une page cornée des documents, il m'avaient injecté plusieurs médicaments, mon corps se calmait doucement mais sûrement. Je soupirais de soulagement. Les tremblements ne furent plus que des légers frissons. Les médecins se questionnaient sur l'endroit et le monstre, discutant ensemble ils déterminaient que le document posé sur moi avait un rapport avec le reste, étant donné que les médicaments faisaient effet sur moi. Ils pouvaient enfin m'embarquer dans un brancard qu'ils portaient à quatre, et je pouvais admirer une dernière fois le monstre à terre en passant à côté de lui. Ah ouais, je lui avais carrément déchiré la cuisse, et le gel de mon arme avait rempli l'énorme fente avant de lui congeler toute la patte. D'accord, c'est bon à savoir, finalement je lui avais fais plus de dégâts que je ne l'aurai cru. C'est plutôt gentillet de ma part n'empêche, j'aurai mieux fais en de meilleures conditions.

Ainsi dont je quittais la forêt plus tranquillement que j'y étais entrée. La suite est une autre histoire.