Le groupe rassemblé à Louen, en plus de ceux de la troisième qui surveillaient la base de Lux Requiem, étaient les seuls au courant de l’attaque qui se préparait. Depuis l’annonce du plan ils n’avaient pas quitté la ville, la plupart, comme Liz, n’avaient d’ailleurs pas même quitté la base. Elle avait cependant profité d’un moment de solitude pour en informer Malik qui eut tôt fait de lui confirmer la marche à suivre : l’alliance n’avait de cela que le nom et affaiblir Lux leur serait profitable sur le long terme, bien que Blood Moon représente une menace plus importante dernièrement. Frapper la guilde de Weisslogia sans risquer quelconque retombée sur les Reapers étaient une aubaine dont il fallait profiter. Attendant le moment opportun et les instructions, tout comme d’autres soldats Liz n’avait alors que très peu quitter la salle d’entrainement où elle apprenait des plus expérimentés : l’ordre de préserver leurs forces ne les empêchaient pas d’échanger sur des stratégies ou des diverses façons dont l’on peut se sortir d’une mauvaise situation. Habituellement elle jouait également le rôle de professeur avec les nouvelles recrues ou avec ceux qui avaient davantage de mal en combat rapproché. Mais ces recrues là ne faisaient pas partie des équipes qui se trouvaient sur place à ce moment.

Cela faisait trois jours que les troupes étaient stationnées à Louen lorsque la commandante de la troisième se présenta sur place. Les saluts se succédèrent à son passage et sans perdre plus de temps les forces spéciales s’isolèrent dans une pièce dans laquelle toutes les informations et tous les éléments connus furent présentés à Knightwalker, rappelés à ceux qui étaient sensés avoir déjà mémorisé tout cela. La réunion dura une bonne heure et aurait sans doute continué si des voix ne s’étaient pas élevée par-delà la porte close pour annoncer une attaque de Weisslogia et de Daria sur la ville de Tsita. « Commandante, que faut-il faire ? » La voix calme de River ne trahissait en rien l’urgence de la situation. Un temps de silence se posa sur, la pièce, lourd, pesant, avant que la commandante délivre ses ordres. « Nous savions que si Weisslogia sortait de cette guilde, ce ne serait pas seulement pour prendre l’air. Laissons les autres régiments s’en occuper. » Ouvrant la marche, elle ouvrit la porte de leur salle de réunion. « Tenons-nous à notre mission. » Quelques hochements de tête furent le seul retour des soldats autour de Liz pour montrer que les ordres avaient étés reçus et compris. Tous suivirent la cadence de ses pas jusqu’aux Legion. Dans la répartition naturelle des effectifs, Nightingale se retrouva avec quelques camarades sur la monture de Pierce. Après quelques dernières consigne aux gradés, les montures du bataillon s’envolèrent. Haussant la voix pour se faire entendre, les consigne de la commandante parvinrent à l’ensemble du groupe. « Je ne veux aucun prisonnier ! » Le « A vos ordres ! » de Liz se mélangea à celui de ses camarades. Il s’agissait là d’une façon plus élégante de leur rapper qu’ils étaient envoyés dans cet assaut pour tuer tous les ennemis qui croiseraient leur route. Tout ceux qui se trouvaient ici étaient préparés à cela, aucun n’avait jamais fait face à la mort. Cela aurait été trop compliqué à gérer.

Il n’y eut pas de mots échangés sur le court trajet qui séparait la ville de la base de la guilde noire, à l’exception de quelques dernières instructions que les soldats connaissaient déjà mais qu’il était bon de rappeler. Chacun savait très exactement ce qu’ils devaient faire, et cela s’illustra d’ailleurs à merveille lorsqu’ils arrivèrent sur place et que le plan s’exécuta. Comme prévu, les bêtes qu’ils chevauchaient s’écrasèrent sur les infrastructures hors du sable. Outre les dommages collatéraux qui frappaient les mages qui se trouvaient à l’intérieur, à proximité de ces murs, cela leur offrait à la fois une ouverture pour s’enfoncer plus profondément dans leur base et l’effet de surprise qui permis aux premiers soldats, dont Liz faisait partie, de s’engouffrer rapidement dans la base et d’y faire leurs premières victimes avant même qu’elles aient le temps de comprendre ce qui leur arrivait et de se défendre ou de riposter. C’était un avantage de quelques secondes seulement et ils n’auraient plus cette chance. Avant qu’ils ne posent problème, Lizbeth pris le temps d’abréger les souffrances de ceux qui furent frapper par l’impact des Legion avant qu’ils ne puissent se relever et leur causer quelconque problème. Arrivés à dos de monture volante, ils étaient la première salve d’attaque. Les unités à pied ne tarderaient pas à les rejoindre pour augmenter leur force de frappe. En attendant, ils étaient là pour leur ouvrir le passage et faire le ménage sur leur chemin. Pas de prisonniers, c’était les ordres. Cela voulait dire qu’ils feraient un carnage, ce qui n’était qu’un juste retour des choses.

CODAGE PAR AMATIS

« Liz, Damon, vous resterez en surface. » Il n’y avait ici que des soldats qui avaient déjà livrés nombre de batailles et qui avaient déjà vu la mort en face plus d’une fois, que des hommes et des femmes qui ne cessaient d’affronter le danger à tel point que l’on pourrait croire que ce mot n’avait plus aucun sens à leurs yeux. Ce serait une erreur de penser ainsi. Observatrice, Liz avait remarqué ce bref éclair de soulagement passé dans les yeux de Damon à l’idée de se retrouver dans la zone la plus sécurisée possible pour cette opération. Un œil attentif aurait remarqué, à l’inverse, la brève déception de Liz à l’idée de ne pas pouvoir aller tabasser du Lux Requiem avec ses faux camarades. Le respect des ordres et de la hiérarchie fit qu’elle s’y plia néanmoins -mais cela ne voulait pas dire qu’elle s’interdirait de râler auprès de l’ami lorsqu’ils ne seront plus en service et qu’il ne sera, temporairement, plus son supérieur. Ce n’était pas l’arrogance que de considérer qu’elle était une bonne combattante, dans le cas contraire elle n’aurait jamais intégré la garde de Nyx d’ailleurs. Elle aurait eu sa place à l’intérieur, mais ne doutait pas que c’était le cas des autres également. Il n’y eut aucun râle ni même aucune manifestation de mécontentement autre que cette brève et humaine déception passée dans ses yeux. Du reste, elle hocha la tête et garda sa position avec Damon dès lors que l’entrée fut dégagée et que les troupes c’étaient engouffrées dans la base qui était désormais un vaste champ de bataille à ciel ouvert.

Tenir la sortie et le point de retraite ne signifiait pas que l’opération serait calme pour eux, seulement qu’ils rencontreraient moins de mages que les équipes donnant directement l’assaut. Pendant quelques secondes qui leur sembla les laisser hors du découlement normal du temps, leur zone était calme malgré les bruits de bataille qui leur parvenaient de l’intérieur. Sans notion concrète du temps, Liz estima qu’il ne fallu guère plus de quelques minutes avant que les premiers fuyards -ou opportunistes- réussissent à se frayer un chemin jusqu’à eux et jusqu’aux bêtes qui leur permettrait une retraite rapide et efficace. Même sans la rapidité accrue du sérum, l’entrainement de Liz lui permettait de ne pas avoir à rougir de ses performances et elle en intercepta la plupart que ses lames firent tomber au sol après un dernier souffle de vie. A ses côtés, Damon faisait de même et se couvrant ainsi l’un l’autre ils n’en laissèrent pas un seul passer. Que les fuyards soient assez nombreux pour vraiment les accabler et qu’ils ne puissent malheureusement pas faire le poids tous les deux ne l’aurait pas dérangée outre mesure : être dépassés par le nombre aurait constitué une justification parfaite pour avoir été incapable de couvrir correctement son camarade. Hélas, la justification n’était pas là et elle ne jouait pas avec le feu. Sa loyauté se devait d’être irréprochable indiscutable.

Outre les fuyards, certains de leurs camarades s’étaient également joint à eux en effectuant une retraite stratégique après avoir reçu des blessures qui auraient mis leur vie en danger s’ils s’étaient entêtés à combattre. Elle en aida un, blessé à la jambe, à reculer derrière les Legion où ils se trouvaient plus à l’abri en cas de nouvelle attaque de fuyards. Quelques autres suivirent sans que le calme ne se trouve brisé une nouvelle fois. Ce fut assez pour que Damon juge qu’on avait davantage besoin de lui derrière. « Je vais m’occuper d’eux. » Ce n’était pas une surprise qu’il soit resté derrière avec elle. Avant de devenir soldat, il avait déjà fait quelques années dans le domaine du médical, faisant de lui désormais une sorte de médecin de l’armée. Nightingale répondit d’un haussement d’épaule que ça lui était égal qu’il la laisse seule. Elle ne s’attendait pas à une nouvelle attaque, mais restait capable de faire face. Quelques vies furent d’ailleurs une nouvelle fois fauchées par elle avant que la commandante elle-même ressorte de ce qui fut avant leur arrivée la guilde de Lux Requiem. « Pas un seul n’a réussi à fuir. » Confirma la soldate à sa supérieure. Le nombre de cadavres que l’on trouvait autour d’elle en attestait. Par la suite, un petit signe de tête lui désigna la zone calme installée derrière les bêtes, qui n’avaient pas à déplorer ne serait-ce qu’une seule égratignure. « Damon s’occupe des blessés afin que leur transport ne comporte pour eux aucun risque. » Lorsque d’autres soldats ressortaient, par petits groupes, des ruines qu’ils avaient provoquées, le regard de Liz y cherchait toujours inconsciemment celui de River. Son soulagement de le voir enfin les rejoindre, bien que dissimulé, fut si réel qu’elle commença à s’en inquiéter. S’attacher à certains membres de l’armée n’était vraiment pas une bonne idée. « Sonnons-nous la retraite ? » Demanda-t-elle lorsqu’il lui sembla qu’ils étaient au complet.

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