Les tarés font du ski

Telle une ombre se glissant dans l’obscurité, j’avançais dans la neige silencieusement, drapé de blanc, invisible sous les reflets blafards et étincelant de l’astre millénaire qui dardait ses rayons ici. Pas un seul souffle de fumée ne s’échappait de mon corps, mon corps était définitivement froid et mes poumons coincés. Les traces de mes bottes étaient rapidement effacées par la longue cape qui trainait et harmonisait ma montée.
Moi, à l’attaque d’une montagne seul, isolé dans le silence. Personne pour m’empêcher de réussir, seul responsable de mes actes et de mon existence, si j’échouais ici, je ne pourrais m’en prendre qu’à moi-même. C’était une mission bien trop simple pour un homme de ma stature, mais je devais reprendre les bases. Mon mépris de l’être humain me poussa à faire de grossière erreur et c’était inexcusable, seul l’excellence ne pouvait avoir lieu.

Pour saper l’autorité économique de l’usurpateur du trône, j’avais été désigné, ou plutôt, je m’étais désigné seul pour aller détruire une station de ski isolé. A cet instant précis, je ne savais pas vraiment ce que j’allais faire. Allais-je tuer tous ces innocents ? Allais-je tuer tous les gardes qui protégerait cet endroit ? Je ne le savais pas, il me fallait surtout garder l’esprit froid, ce qui était plutôt de circonstance au vu de la couche de neige qui m’arriverait probablement jusqu’aux genoux. Mais, heureusement pour moi, grâce à mes raquettes, je ne m’enfonçais pas et je pouvais ainsi continuer d’avancer.

Dénué de fatigue, cela faisait maintenant plusieurs jours non-stop que je continuais de monter, la neige était peu à peu apparue et désormais, un désert blanc s’étalait à perte de vue et je continuais de marcher, encore, encore et encore. Il me fallait avancer et purger mes erreurs par ma réussite. Je n’étais rien d’autre qu’une arme qui vivait pour Nyx, je ne faisais que ce qu’elle me demandait de faire, je n’avais plus d’existence propre à moi. J’étais corps et âme dévoué à ma reine, sans retour en arrière possible.
Simplement détruire cet endroit n’était pas compliqué, mon but était de provoquer une petite avalanche pour tout détruire. Mais, je rechignais à laisser mourir tant d’innocent, ils étaient tous des sujets de ma reine, ils méritaient une chance de survivre. Je devais leur offrir une chance de survivre, je devais leur offrir le moyen d’accéder à la lumière de l’âme.

C’est ainsi que j’avais comme première destination, le haut de la montagne, pour m’occuper de placer ce qui me permettra de faire tomber la neige et rasé l’endroit. Une fois le dispositif de placé, je n’aurai plus qu’à lancé l’ultimatum pour leur vie. Deux choix, vivre ou mourir. Enfin, je me doutais bien qu’en chemin, je rencontrerai es ennemis, devais-je les tuer, ou eux aussi les épargner ? Il était clair que les soldats seraient bien moins aptes à se soumettre. Malheureusement pour eux, j’allais probablement devoir faucher leur vie pour les envoyer dans un endroit meilleur, le royaume des cieux qui sera dirigé par Nyx.

Ma marche était silencieuse et je ne produisais aucun son, tant j’étais déterminé sur ma tâche, je ne vivais que pour elle, plus rien n’existait en moi, il n’existait que l’esprit de l’honneur.

Et alors que je relevais la tête, je remarquai enfin au loin, en haut, la forme de la fameuse station de ski. Dans la nuit noire qui s’était levé entre temps, je voyais désormais les multitudes petites lumières, telles des flammes de bougies dansant au loin.  J’approchais de mon but et alors que j’esquissai un sourire pour me féliciter d’être arrivé jusque-là sans problème, une lampe ne tarda guère pas à éclairer la neige devant moi et d’un mouvement vif et silencieux, j’invoquait Auguste et en quelques instants, ma marionnette venait de faire la distance avec la garde qui tenait la lampe à quelques mètres de moi et avant même qu’il ne puisse esquisser le moindre mot, la lame s’arrêta devant sa gorge. Je m’approchai alors de lui et lui volait sa lacrima de communication et le visage baigné dans l’ombre, plaçait mon doigt devant ma bouche et à cet instant précis, ma sublime création lui envoya un coup de garde sur la tête et l’autre s’effondra comme une poupée de chiffon. Il semblerait que je sois d’humeur généreuse aujourd’hui, cet homme ne mourra pas aujourd’hui.



 

Les tarés font du ski

Le plus important était que je ne me fasse pas attraper, ni réellement voir pour l’instant. La garde n’était peut-être pas très grande, je ne devais pas prendre le risque de laisser des renforts être appelé et ainsi me faire capturer de la sorte. J’aimais bien mon corps et je voulais être sûr que je n’allais pas être obligé de me faire sauter pour préserver les secrets de mon existence surréaliste. Il me fallait faire les choses cachés, calmement, tranquillement. Aucun impératif biologique ne pouvait m’affaiblir dans cette situation.

Je laissais alors l’homme, non sans l’avoir ligoté et repris mon ascension. J’avais rangé Auguste et complètement solitaire, mètre après mètre, je montais, à un rythme rapide. La station au loin fut atteinte en une heure, et j’y accédais plutôt facilement et rapidement en évitant les gardes, ce n’était vraiment bien protégé. Ils ne pouvaient rien faire contre mon talent monstre.

Une fois-là, je pouvais tout détruire facilement, mais je devais épargner tout ceux qui étaient dedans, massacrer tout le monde n’était pas la solution, ma pente pacifiste n’était pas achevée et je ne voulais pas tous les tués, mais les épargner pour qu’ils puissent voir la lumière, la vraie.

Mais, alors que je m’apprêtais à rentrer Auguste pour faire sortir Crassus et ensuite prévenir, une lance de glace sauta juste devant mon visage et je me détournais à temps. Je me retournais alors que là, derrière moi se trouvait un trentenaire en doudoune qui me regardait l’air hagard.

J’avais été découvert et d’un mouvement dédaigneux, je rejetais ma protection qui m’avait protégé de la vue de tous d’ici là et hautain, déclarais :

« Que compte tu faire contre moi ? Je pourrais détruire cet endroit avant même que tu n’exécute le moindre mouvement ! Tu es vainement là ! »

Ma voix neutre et d’outre-tombe raclait l’air comme un écho dans la montagne. J’avais paru bien plus confiant que je l’étais en vérité. Après tout, ce mage, probablement le chef de la garde de cet endroit maitrisait la glace, un des éléments les plus dangereux pour moi. Une attaque mal placée et s’en était finit de moi : je devais à tout prix éviter cela !

Mais cette attaque de ce mage était une chance, bientôt, tout le monde sera rameuté par le bruit de l’affrontement et une fois vaincu, je serais magnanime avec les gardes en les épargnant. La population pourra elle aussi voir la puissance de Nyx, la puissance qu’elle incarnait et ainsi se soumettre. C’était une bonne stratégie, je repris alors :

« Que personne ne se mêle de cet affrontement si tu veux que tous ces gens survivent ! »

Un bon petit chantage, il n’y avait rien de mieux pour les faibles, ils se soumettaient alors avec facilité et docilité sans aucun problème. Il allait faire comme je le voulais car il ne pouvait pas mettre la vie d’innocent en danger. La morale et la nature humaine démontrait encore une fois que seuls les forts pouvaient survivre et triompher ! Et le plus fort de tous ici, c’était moi ! Même si je devais faire vite, ils auraient tôt fait de prévenir tout le monde et que les gardes de la tour accours. Je devais ne pas perdre de temps.

Cependant, je remarquais quelque chose, l’homme parut troublé quelques instants et restais pantois. Était-il, si étonné par ma suprématie au point qu’il se soumette sans combattre ? Non, il y avait quelque chose d’autre, il murmura alors :

« Vous, Claude ? »

A ces mots, mon esprit fit un bond en arrière, il y a fort longtemps, à l’époque où je ne servais pas encore Nyx. La surprise était impossible à lire sur mon visage, ni dans ma voix, mais j’étais choqué et je répondis d’un ton neutre et guttural :

« Voilà des années qu’on ne m’a plus appelé comme cela. On dirait que tu me connais d’une époque lointaine. Ainsi donc, tu as survécu au massacre du village ? »

Il commença à froncer les sourcils et me demanda ce que j’étais devenu, d’un ton méprisant. Je répondis avec lyrisme :

« Je me suis décidé à suivre la seule voie, celle de Nyx et tu devrais te soumettre ! Je n’aimerai pas te tuer, pas toi qui m’a connu avant. »

Il semblait douter, puis grogna qu’il ne se soumettrai pas à une dictatrice et je répondis sans rien laisser paraître, mais j’étais déçu. Mais, les fragments de mon passé passaient après Nyx. J’allais donc devoir le tuer :

« Je suis si désolé que tout cela prenne cette ampleur, j’aurais aimé que les choses se passent autrement. Mais, réglons cela entre homme, je ne mentais pas quand je disais que j’allais tuer tout le monde ! »

Il grommela mais accepta, c’était une bonne chose ! Le combat allait donc pouvoir commencer et avec lui, la destruction de ce lieu !



 

Les tarés font du ski

Il se lança sur moi avec toute la fougue et la rage qu’il avait. Malheureusement, je me doutais que cela serait suffisant, car déjà, Auguste tournoyait et tranchait les lames de glaces qui se dirigeaient vers moi. Déjà, le bruit faisait ouvrir aux gens leurs fenêtres qui voyaient bien que la situation n’était pas normale et que s’il y avait affrontement, alors leur sécurité était en danger. Ils encourageaient au mieux l’autre, mais, pour moi, c’était cause perdue, il allait perdre.

Les autres sentinelles arrivèrent quelques instants plus tard et alors qu’ils s’apprêtaient à m’attaquer, leur chef les arrêta en hurlant :

« Ne faites pas ça, sinon il va attaquer les clients ! Je peux m’en occuper ! »

Mais, il galérait déjà, il n’allait pas faire long feu. J’exécutais de grands mouvements de mes mains. J’avais cessé de me défendre et attaquaient désormais alors que ma splendide marionnette s’approchaient, obligeant l’autre à se défendre avec des murs de glaces contre les lames de ma création.

Le temps semblait comme suspendu et tous les regards ou presque était braqué sur moi qui maitrisais le chef de la protection. C’était satisfaisant de voir qu’on n’avait rien perdu de sa puissance.

Mais, d’un coup, un garde sauta sur moi, une arme magique à la main, je dégainais prestement ma rapière et parait le coup et assénait alors un coup de glaive à celui qui m’avait reconnu, laissant une large estafilade sanglante sur son bras et dans la neige. Un coup de pommeau assomma l’autre. La défense de cet endroit était vraiment pitoyable et seul un garde valait la peine. Mais, on m’avait attaqué, je déclarais alors :

« Je vais pardonner cette attaque et ne pas vous faire subir de représailles. Nyx ne voudrait pas que je vous tue tous ! »

Je dominais autant psychologiquement que martialement ! Ils ne pouvaient rien faire contre moi ! Je semblais invincible ! Mais, le temps pressais, il me fallait en finir et vite!




 

Les tarés font du ski

Les soldats nous regardaient, ébahis. Ils n’étaient pas préparés au fait qu’un mage aussi puissant que moi se ramène et ils étaient désormais tous terrifiés. Cela n’était pas étonnant, ma présence ici était une promenade de santé. Pour eux, c’était l’enfer. Quelle chance ils avaient que je n’ai pas d’ambition assassine, sinon ils seraient déjà tous mort. Je ne cherchais qu’à faire abandonner ce combat en leur faisant comprendre que c’était futile de se battre contre moi. Depuis que j’avais assommer un des leurs, ils ne bougeaient plus, obéissant à leur chef, à cette personne qui me rappelait un passé où je n’avais pas encore découvert la lumière, où Nyx ne guidait pas encore ma vie. Mais, je ne comptais pas le tuer, il était trop puissant pour cela, j’allais le capturer et lui montré la voie à suivre !

Le combat continuait et j’avais clairement l’avantage, Auguste l’obligeait à rester sur la défensive et moi j’avançais à chaque fois plus vers lui ! Les petites attaques le touchaient et le poison ankylosant faisait effet, chaque coup était plus rapproché que le précédent et finalement, il s’écroula par terre. Satisfait de cet affrontement, je m’approchais de lui et déclarais alors :

« Tu as de la chance que je ne sois pas le moindre qu’on vous vend ! Tu ne mourras pas. »

Je me tournais vers la foule de garde et repris :

« J’ai vaincu votre chef, vous ne pouvez rien faire contre moi, laissez-moi faire et rien ne vous arriver… »

A cet instant, un pieu de glace m’empala et sortis par mon ventre. Je me retournais et vit qu’il s’était relevé. D’un mouvement vif, Auguste se déporta derrière lui et le frappa à la tête, se faisant assommer cette fois. J’arrachais le pieu de glace et le jetait par terre :

« Aucune de vos attaques ne peut quelque chose contre moi ! »

Je mentais évidemment car le pieu avait brisé une de mes lacrima, ce n’était pas fatal, mais gênant. Je demandais alors aux gardes :

« Faites sortir tous les gens du bâtiment ! »

Tous se dépêchèrent ! Moi aussi je devais me dépêcher, avant que des renforts trop importants pour que je puisse gérer seul arrive. Cela faisait déjà 5 minutes qu'ils avaient dû lancer l'alertes. En quelques minutes, le bâtiment fut vidé et Crassus arriva alors et d’une secousse, fit écrouler le tout facilement, d'un mini-séisme.

Je rangeais mes marionnettes et invoqua Sénèque, puis emmenant le fragment de mon passé dedans, avant de disparaître, déclara :

« Souvenez vous de ce jour comme celui où Nyx vous a épargnez ! Au revoir ! »

Et je me mis à détaler dans ma marionnette en forme de sphère, disparaissant rapidement. J’avais eu de la chance, beaucoup de chance même, la prochaine fois, les choses seront différentes j’imagine. Soyons heureux de ce jour et marquons-le du signe de la réussite, même si je l’avais échappée belle. Avec sa magie de glace, il aurait pu me faire beaucoup plus mal que cela, s’il avait sus que c’était ma faiblesse. S’il m’avait retenu plus longtemps ça aurait pus mal tourner aussi. J’avais été chanceux, probablement parce que Nyx veillait sur moi !

Je produisais plusieurs avalanches derrières moi pour faire encore plus de dégâts, rendre le tout impraticable, empêcher qu'on me poursuivent, mais surtout faire perdre de l'argent à tous! Ma mission était terminé et je finis de lâcher quelques explosifs avant de cette fois, vraiment prendre la poudre d'escampette.

Célébrons ce jour et préparons-nous pour la suite ! Le fragment de mon passé deviendra un allié, j’en étais sûr, je saurais le convaincre ! Il était temps de rentrer chez moi…