Mystogan n'a jamais le genre d'homme à se cacher derrière un mur haut et épais, espérant que les soldats au-dehors puissent le protéger, lui et son confort. Il n'a jamais cru bon de se servir de ses sujets comme bouclier humain. Après tout, comment les citoyens pourraient le protéger de la barbarie de Baram ? Eux qui n'hésitent jamais à faire couler le sang d'une manière ou d'une autre. Eux qui ont débarqué dans la Cité Royale sans difficulté, bien qu'ils aient été repoussés. Le fait que de nombreux anciens soldats fassent maintenant partie de l'Alliance a aidé, cela ne fait aucun doute. Combien Baram a-t-il d'espions au sein du gouvernement ? Jusqu'à quel point Mystogan peut croire dans son entourage proche ? À qui peut-il vraiment se confier sans que ses doutes ne soient révélés ? Myst se sent isolé, ne sachant pas comment agir contre cette menace qui grandit de jour en jour. Il a l'impression de livrer une bataille perdue d'avance. D'être incapable d'arrêter ce flot de haine qui se déverse sur ce monde. Après tout, n'est-ce pas le cas ? Comment garder espoir quand on a vu tant d'horreur déjà ? Comment se dire qu'il y a encore du bon en ce monde ? Et que c'est pour cette raison qu'il faut se battre. Malgré la rudesse de ce monde, il veut encore y croire. À un lendemain flamboyant. Pas un monde sans guerre, les humains étant ce qu'ils sont, elle reviendra toujours. Mais juste pour un temps, un court temps, une période de faste et de répit pour cette humanité à bout de souffle. Lui offrir l'envie un avenir sans froideur et sans peine. Lui offrir un monde dans lequel on ne regrette pas d'être né une seule seconde. Un monde où ne demande pas aux dieux ce que l'on a fait pour mériter pareil sort pour subir une telle infamie. Il en rêve encore, c'est d'ailleurs ça qui le fait tenir debout. Ca et rien d'autre. C'est pour ça qu'il a demandé à commencer à prendre la revanche sur Baram. Trop longtemps Edoras a vécu dans la peur, il est temps de montrer que le royaume peut encore se battre et qu'il n'est pas couché face à ce monstre à trois têtes.

Le plus gros danger, peut-être, est Soul Reaper. Bien que les deux autres guildes ne soient pas en reste mais elles restent pour l'instant bien mystérieuses ... Leur "reine" est redoutable et les mages qui la composent le sont tous autant ... Des Bersekers aux yeux de Mystogan qui ne peut pas fermer les yeux sur leur brutalité ... Qui plus est, ces fameux mages sont sûrement les plus forts de l'Alliance, subjugués par leur reine, ils obéissent aveuglément et ne recule devant absolument rien pour satisfaire ses désirs. Il n'y a rien de plus dangereux qu'un homme qui a placé sa foi dans une folie meurtrière, cela ressemble presque à une guerre sainte que mène les reaper. Quoi de mieux que la foi d'un homme qui met son âme dans une dévotion sans fin pour accomplir un dessein aussi sinistre ? Quel genre de personne peut accepter de faire tant de mal sans ciller ? Le roi ne veut pas le savoir. Non, il a cette peur terrible de les comprendre, de se mettre à leur place et d’acquiescer leurs choix et il s'y refuse totalement. Ce serait la fin de tout s'il le faisait. Alors pour éviter de sombrer dans une folie sans précédent, il se jette à corps et à cri dans la mission. Rien ne l'empêche de mener l'escadron, c'est le roi après tout. Qui peut lui donner des ordres si ce n'est lui-même ? Il risque de se prendre les foudres de sa sécurité mais il sait très bien se défendre tout seul, c'est un grand garçon. Il a passé son adolescence avec Draer, autant dire que niveau gnon et insultes, il est assez calé dans le domaine.

La Seconde Division est sur les traces suspectes d'une activité de Baram, autant y aller précautionneusement afin d'éviter de prévenir les ennemis de leur arrivée avec un joli "Youhouuuuuuu on est là !" Ou quelque chose dans le genre. Myst étant prévenu de l'itinéraire à suivre, il n'a aucun mal à les retrouver, il apparaît telle une fleur au milieu d'un champ.

« Majesté »

Il a oublié ce léger détail dans son énième escapade. Erza. Et la plus féroce des deux en plus. Il a envie de se cacher un caillou en répondant "Non, je ne suis pas là" mais hélas, ce tour de bas niveau ne va pas marcher avec la rouquine. Il risque plutôt de perdre un œil dans l'histoire ou se prendre un torrent d'insultes, à vrai dire, il ne sait pas ce qui est le pire quand il s'agit de Knghtwalker. De plus, vu le ton qu'elle utilise, il a intérêt à ne pas répondre à côté, même si elle est sa subalterne, elle ne se gênera pas de le remettre à sa place. En respectant un maximum le protocole, elle est très forte pour cela d'ailleurs, éviter les crimes de lèse-majesté est devenu un art pour elle. Et Mystogan n'étant pas très porté sur l'étiquette, elle peut habilement le remettre à sa place.

« Je peux savoir ce que vous faites ici ? Nous préparons une attaque périlleuse. Et de manière générale, je vous prierai d’éviter le risque de vous inviter aux raids des forces spéciales. »

Le ton est sec, plus sec que le désert où se trouve Crystal Valley. Mystogan sent une goutte de sueur dans sa nuque se former. Il a beau être en haut de la hiérarchie edorasienne, il se met toujours dans ses petits souliers quand elle l'engueule, elle n'a pas tort, c'est peut-être pour ça, il n'a pas vraiment un argument convaincant à lui rétorquer. Mais vu qu'il est là maintenant, il ne va pas retourner gentiment au palais comme un gentil garçon obéissant à sa mère.

"Je voulais savoir comment se déroulait l'opération. Nous ne pouvons pas nous permettre d'échouer, il est primordial d'obtenir des informations sur Baram. Avoir un homme de plus pour les affronter n'est pas une si mauvaise chose."

Erza le sait, Myst n'est pas un homme qui vient d'apprendre le maniement de l'épée. Il se bat depuis très longtemps. Même si depuis son couronnement, il n'a pas eu l'occasion de vagabonder comme il a pu le faire autrefois, il ne s'est pas rouillé pour autant. Il s'entraîne autant qu'il peut pour ne pas devenir un poids mort. Et le moral des troupes sera meilleur avec son roi pour se battre à ses côtés. Il murmure à sa commandante quelques mots pour lui faire comprendre que non, il ne partira pas.

"Knightwalker, tu connais l'importance de cette mission, les maîtres de Baram n'hésitent plus à se montrer au grand jour, ça galvanise leurs troupes. Que penseraient nos hommes s'ils pensaient que je reste cloîtrer dans mon château toute la journée en leur demandant de se battre. Ils doivent se sentir soutenus. Ils ne sont pas de la chair à canon pour moi."

Il la regarde presque froidement, ne cillant pas une seconde, bien qu'il l'adore, il ne doit pas laisser ses sentiments pour elle prendre le dessus, il n'a pas le temps pour ça. Il a autre chose à faire et à penser, certainement pas batifoler. Il se détourne d'elle pour saluer de la main les autres membres de l'escouade. Il ne compte pas créer plus d'agitation que cela. Aussitôt les salutations faites, le groupe tout entier se replonge dans la mission. Le quartier étant à désormais quelques minutes de marche, le calme s'impose. Le moindre faux pas et c'est la catastrophe. Le groupe lève le camp et se déplace dans les ombres qui se font de plus en plus grandes. Arrivés devant la porte du QG, l'équipe lance l'assaut, doucement, dans un calme olympien. Il faut neutraliser le plus rapidement possible sans être repéré. Il n'y a rien à dire, avec Erza aux commandes, tout se passe à merveille. Les premiers gardes tombent et les voilà dans le complexe, il faut maintenant avancer le plus rapidement possible et attraper un maximum de ces scélérats, il serait bien trop horrible que l'un d'eux s'échappent et préviennent l'Alliance ...

Mystogan chuchote à Erza, comme une confidence qu'il lui fait :

"Allons'y."

Traduction : Allons péter des culs.

L’idée de pouvoir échapper aux contraintes du palais, fuir l’étiquette. Prendre les voiles et voir de nouveaux horizons. Mystogan se sent revivre. Il ne sait pas tenir en dehors de murs. Il aime toujours prendre un sac et partir à l’aventure. Mais un roi, ça ne fait pas toujours ce que ça veut. La charge légèrement conséquente qu’est de régner sur un pays en crise est un poil fatiguant. Alors prendre l’air comme maintenant, c’est parfait. Il se retient de faire un grand sourire à Erza, comme un enfant. Il sait très bien qu’elle va lui rabattre les oreilles quand ils seront seuls en privé. Devant autant de monde, elle ne peut se permettre de lui rappeler en long en large et en travers à quel point il est idiot qu’il prenne autant de risques. Bien qu’elle ne puisse pas parler, ses yeux le font pour elle. Si son regard était une arme, ce serait sans aucun doute une gatling à cet instant. Le sourire de Mystogan se plus rayonnant encore. Il ne devrait pas faire ça, la provoquer inutilement. Pourtant, ce besoin d’être au-dehors l’enhardit. Il connaît pourtant bien l’adage : « Il ne faut jamais taquiner la rouquine avec la grosse lance ». Si cet adage existe, c’est pour une bonne raison. Combien d’inconscients sont tombés pour l’avoir sous-estimée ? Beaucoup. Et Mystogan a encore sa tête sur ses épaules grâce à son titre et au léger attachement qu’elle a pour lui.

« Ils penseront que vous accomplissez votre rôle de roi, qui est de gouverner, tandis que nous accomplissons le nôtre, qui est de nous battre. »

Il sourit. Il ne peut que se plier face à sa répartie. Comment la convaincre qu’il doit rester au palais, protégé par les hautes murailles de la capitale ? Elle est aussi naïve que lui si elle pense qu’il va rebrousser chemin bien gentiment, elle se trompe lourdement. Trop longtemps il l’a écouté, pensant qu’effectivement, son rôle était à la capitale, de rester en retrait des conflits. Mais à force de rester loin, il perd la notion avec la réalité. Aurait-il mieux agi s’il avait été sur le terrain lors de l’attaque de la Cité Royale ? Il aurait pu mettre au tapis plusieurs mages de haut rang … Mais non, il est resté cloîtré, comme un enfant. Mystogan ne se pardonne pas sa propre lâcheté. Il veut se racheter. Il a l’impression que par son inaction, il a souillé son âme. Il ne sent plus le droit de regarder les gens dans les yeux.

Il se refuse de laisser les autres prendre les coups pour lui. Il ne veut plus qu’on agisse en son nom. Il veut régler les choses par lui-même. Prendre une nouvelle fois les armes. Qu’il agisse enfin de lui-même. Ne craignant ni les ténèbres ni les lumières. Il doit faire ce qui est juste. Qu’importe ce que pense son amie la plus proche, elle a cette liberté que le roi lui envie. Celle de pouvoir agir. Celle d’être libre. Celle de briser les règles, bien que pour cette dernière, elle est l’accord implicite de son roi. Elle s’élance au devant du danger, ne lui laissant pas cet honneur. Elle virevolte, frappe avec une précision mortelle. C’est une déesse de la guerre. Elle lui bloque volontairement le passage. Prenant pour elle tous les ennemis. Qu’elle est agaçante à être si performante ! Elle ne semble même pas essoufflée par l’effort, quoique un peu décoiffée.

« Deux groupes ! Brigadier, au premier étage ! Capitaine, le suivant ! Gardez quelques prisonniers pour la troisième division ! »

Elle donne ses ordres sur un ton impérieux, elle n’hésite pas une seconde, sa voix ne laisse pas la place au doute. Elle transpire la classe et le respect. Elle est la lumière tandis qu’il est l’ombre. Agissant dans les Ténèbres. Il n’aime pas briller, il laisse ça aux orgueilleux. Du moment que le travail est fait correctement, il n’a rien à dire. Elle se tourne vers lui, presque triomphante.

« Majesté, voyez, la situation est sous contrôle. »

Il lui sourit encore. Qu’il aime sa façon si particulière d’aller se faire foutre et d’aller cueillir des fleurs un peu plus loin. Mais le problème, c’est que le roi a goûté au côté branleur de Laxus et peut-être y a t-il pris goût … Ou alors, est-il en période de rébellion et Erza est le symbole de l’autorité ? Il ne sait pas.

« Vraiment ? Nous savons tous les deux que la situation se renverse souvent. »

Manière polie de lui dire j’en ai rien à carrer de ce que tu dis, j’y vais si je veux.

Mystogan passe enfin devant elle, sentant son regard brûlant dans le dos, il se retient de rire comme un gamin. Sinon, elle va le tuer, qu’importe qu’il soit le roi. Il pénètre les lieux, un bâton à la main, il entend du bruit au-dessus de lui, il reste encore des ennemis en état de se battre. Il se met à courir à travers les ruines, il n’y a rien à dire, la 2e Division sont vraiment bon quand il s’agit de tout détruire. Il gravit l’étage supérieure, venant en aide aux membres du bataillon, il envoie une salve de rayon destructeur, incitant fortement l’ennemi à se rendre sans faire d’histoire. Il continue son chemin, arrivant au dernier étage, celle des communications. Il s’adresse à l’un des premiers hommes sur place.

« Est-ce qu’ils ont eu le temps de prévenir quelqu’un ? »

« Non Votre Majesté, nous les avons neutralisé à temps pour les communications ! Seulement, il semblerait que plusieurs manquent à l’appel selon le registre.»

Le soldat a les joues rose de contentement, il y a de quoi. Il n’est qu’une question d’heure pour que la base mère des Reapers. Ces heures précieuses qui peuvent leur permettre de la localiser et d’y mettre le feu. Attaquer le quartier général, c’est pouvoir s’assurer de les affaiblir considérablement pour qu’enfin, Soul Reaper ne soit plus une menace aussi importante. Finalement, Knightwalker le rejoint. Il se tourne vers elle.

« Que la 2e Division vienne en aide à la 3e, nous devons trouver un maximum d’informations. Knightwalker, avec moi. »

Sa voix est ferme et le regard qu’il lance à Erza lui incite à ne rien répondre. Pas qu’il n’aime pas leur échange peu constructif, mais parce qu’il a besoin qu’elle reste concentrée. Chercher des punchlines à longueur de journée, c’est fatigant. Ils sortent du bâtiment tous les deux.

« Traquons ceux qui se sont enfuis. Avec un peu de chance, on va tomber sur un particulièrement loquace. »

Et sans préavis, disparaît dans la brume pour chercher les rats qui se sont enfuis. Il y a longtemps qu’il a chassé avec la Chasseuse de Fée, ça va être l’occasion.

Mystogan fonce dans la brume, il ne la craint pas le brouillard. Il est le brouillard. Il se déplace furtivement. Il est l'ombre. Les fuyards ne le voient même pas arriver, ne le sentent même pas. Il est le courroux. Il ne craint rien ni personne. Cette sensation est décuplée de savoir Erza près de lui. Il n'espérait pas pouvoir chasser auprès d'elle. Il a le fol espoir qu'elle comprenne son sentiment, passer du temps avec elle, ne serait-ce que quelques secondes. Vivre son quotidien, ne pas perdre de vue les sensations du terrain. A vivre dans son immense palais, il n'en ressent qu'une affreuse solitude. Plusieurs fois, il s'est tâté à aller se réfugier dans la guilde des fées, profiter du brouhaha ambiant et ce sentiment ardent d'être aimé et attendu. Les murs froid de la demeure royal ne le peuvent pas. Les servants ne sont que des ombres sans consistance qui vont et viennent. A ne lire que des rapports, il essaie de s'échapper, déformant malgré lui la réalité. Son fardeau a créé des menottes qui l'enchaînent à cette pierre si froide ! Alors pouvoir les enlever quelques heures pour les passer auprès de celle qui fait chauffer son coeur, il est heureux. Il se sent revivre. Il se sent invincible, ses tracas disparaissent. Simplement en apercevant ici et là sa tignasse rousse si caractéristique. Ils vont rattraper à deux ceux qui ont eu le malheur de s'enfuir ! La chasse ne prend que de temps en effet, même pas quelques minutes. En même temps, on parle de deux monstres. Il ne manque plus que Laxus pour créer le Monster Trio. Assez fort pour tenir le choc face aux monstres de Baram. Mystogan voit plus loin, il s'agit d'un entraînement pour lui. Être capable de pouvoir communiquer avec ses commandants sans utiliser la parole, tout jouer sur une confiance absolue. Ce sera ce point qui sera déterminant dans les prochaines batailles. Oui, la configuration de la journée est fantastique !

Quand ils ramènent les prisonniers, il fait tout son possible pour garder son calme, il serait malaisant de voir le souverain du pays sautiller sur ses pieds comme un enfant de cinq ans. Ou alors comme une fangirl, il ne sait pas ce qui est le plus humiliant niveau comparaison.

« Vérifiez que le compte est bon. »

La voix autoritaire de Knightwalker le fait presque frissonner. Elle est tellement sérieuse et impliquée dans son travail. C'est entièrement grâce à elle que la 2e Division se tient aussi bien à carreau, le roi reste en retrait, la laissant gérer. Il a suffisamment empiété sur son terrain pour la journée. Il fait quelques pas, quittant le groupe pour réfléchir à la suite des opérations. La situation est critique, il doit trouver comment reprendre les territoires conquis. Baram ayant toujours un coup d'avance sur lui, il va devoir les devancer en la jouant fine. Quand la Commandante revient le voir, il pivote vers elle, gai comme un pinson.

« Vous ne me faites pas confiance. »

La sentence tombe comme un couperet. Il est tellement surpris par le constat d'Erza qu'il est abasourdi. Elle ne lui laisse pas le temps de répliquer qu'elle s'éloigne de lui, vers l'inconnu de la brume. Il fait un signe aux soldats de ne pas les suivre, ce qui est pratique quand on suit Knightwalker, c'est que personne ne va penser une seconde qu'on va lui faire la cour et donc, personne ne va jaser. Non, suivre Knightwalker alors qu'elle a son regard "Tu es mort à mes yeux", c'est de rendre possible cette phrase plus vraie que nature. Le roi la suit, remerciant secrètement les dieux de les laisser seuls sans personne pour les espionner (ne jamais faire ça, elle sait quand on l'observe).

"Erza."

C'est dire à quel point la remarque de la chevalière l'a profondément chagriné. Il ne l'appelle jamais par son prénom, même quand ils sont tous les deux. Il a cette étiquette, ce protocole que les deux s'engagent à respecter. Cette forme de respect que le Roi aime par dessus tout. Mais pour faire écouter sa guerrière chérie, il ne connaît pas meilleur élément que de dire son prénom.

"De toutes les remarques que vous avez pu me faire, c'est celle-là qui me blesse le plus. Comment croire une seconde que je ne vous fais pas confiance ?"

Il se rapproche d'elle, malgré l'affection évidente qu'il lui porte, son ton se doit d'être ferme. Il ne peut pas courber l'échine devant elle à chaque fois.

"Si je ne vous faisais pas confiance, pourquoi seriez-vous encore à la tête de ce Commandement ? Est-ce que je vous autoriserais à parler en mon nom ? Vous permettrais-je d'agir comme nous le faisons ? C'est parce que j'ai confiance en vous que je suis venu ici. Je ne crains pas le danger car je sais que vous saurez le combattre et le vaincre."

Il se sent affreusement fleur bleue en cet instant. Il voudrait en rajouter, lui dire tous ces mots qu'il garde pour elle dans son coeur. Malheureusement, elle est aussi réceptive qu'une porte de prison et elle prendrait certainement ça pour de la pitié ...

"J'ai pris plaisir à travailler avec vous, Knightwalker, car je sais que vous êtes une combattante hors-paire. J'aime simplement le voir de mes yeux."

Pas de reproches, simplement une vérité bien trop candide dans ce monde au bord de la destruction.

Mystogan l'observe tranquillement, peu habitué à afficher une telle honnêteté. Les deux ne sont pas des grands sentimentaux. Ils agissent selon ce que leur dicte leur instinct. Aussi, il est surpris de voir les joues de sa chevalière prendre une teinte rosée, pendant quelques secondes, elle redevient une enfant remplie de candeur. Il trouve cela adorable, comme quoi, sous l'épaisse carapace qui entoure son âme, elle peut se montrer un peu humaine. Quelques secondes avant de reprendre son rôle de Commandante, tandis qu'il reprend son rôle de roi. Ils ne sont plus vraiment humains en vérité, leurs fonctions respective les a avalées. Si on retire son rôle, Mystogan n'est plus rien. Qu'importe ce que peuvent penses ses détracteurs, il a toujours pensé à son peuple, lui et lui seul. Si vendre son âme peut protéger à jamais la population de la menace de Baram, Mystogan n'hésiterait pas à le faire. Abandonner son humanité pour sauver celle des autres. C'est étrange cette façon de penser. Au contact de Knightwalker, il se rend compte de la complexité de son rôle. Ne rien transparaître, ne rien montrer pour ne pas montrer aucune faiblesse. Le roi se sent si faible et si fragile quand il la regarde. Il suffit qu'il cligne des yeux pour comprendre ce qu'il ressent. Il est ainsi. Un cœur trop tendre devant une guerre effroyable. Il espère secrètement qu'arrivera le jour où il pourra enfin laisser ses armes de côté pour se concentrer sur autre chose que l'armée et la protection. Il a abandonné l'idée de retrouver le sommeil un jour.

« Peu importe la confiance que vous m’accordez, je ne pourrai jamais accepter que vous vous exposiez de la sorte, sans la garde royale qui plus est. Permettez-moi de garder cette inquiétude pour vous, elle me donne aussi de la force. »

Il l'avoue, sans un soutien aussi dévoué que le sien, il y a longtemps qu'il serait tombé. Elle est là, toujours et encore. Ils sont la béquille de l'autre dans ce monde. Ce monde ne leur a pas fait le moindre cadeau, bien au contraire alors ils se sont soutenus. Contre vent et marée. Il imagine un monde où elle n'est pas là, où il ne peut pas compter sur sa force et son courage, une définition de l'Enfer pour lui. Mais jamais, il a imaginé un monde où elle devrait vivre sans lui. Il l'imagine trop solide, trop puissante pour se laisser tomber au sol avec la disparition d'un seul homme.

« Et ne vous méprenez pas. C’est un honneur pour moi de combattre à vos côtés. »

"Mais vous me préférez bien sagement à l'abri."

Il est taquin. Il est ému de sa déclaration mais préfère se dérober, ce ne sont pas des enfants de cœur. Pas de romance ou de ton mielleux entre les deux. Il est plus confortable pour les deux jeunes gens de lire entre les lignes, leurs lignes. Ils s'avancent, retrouver les autres soldats qui ont fait le ménage. Voilà un moyen d'affaiblir ne serait-ce qu'un peu Reaper en les rendant aveugle. Avant d'atteindre la foule, il murmure quelques mots :

"Si le peuple m'appelle à l'aide, je ne sais pas rester sourd à sa complainte."

Son altruisme le perdra à coup sûr. Il ne sait pas envoyer des gens à sa place, il se sent obligé d'y aller. À végéter au palais, il n'est même plus sûr de savoir se battre, lui qui a été un guerrier d'exception à Earthland. N'est-ce pas lui qui a mis en déroute les succursales de Phantom Lord ? Oui, c'est lui. Il reste un grand guerrier et il n'est pas du genre à se cacher, il l'a déjà fait depuis trop longtemps. Revenir sur le devant de la scène, c'est permettre de revivre pour lui. Il veut redevenir cette menace fantôme que ses ennemis craint. Il sourit à ses troupes, les félicitant pour leur excellent travail. Ils ont gagné une petite victoire aujourd'hui, mais certainement pas la guerre.