Les Fossoyeurs 

Nous étions les mieux placés de toute l’alliance Baram pour cette mission, un nécromancien et un profanateur de tombe, quelle meilleure équipe pour chercher des ossements prévus pour de la magie noire ? Personne, s’en était presque jouissif de savoir et de se rendre compte qu’on était parfait pour certaine chose, j’en aurai presque souris de toute mes dents si mes émotions n’étaient pas bridées par ma condition d’être. L’ordre de mission nous avait été donné et j’avais bien pris note de tout noter dans un coin de ma tête, regardant de mes deux yeux vide d’émotion, la personne qui faisait la transmission de la demande du maître de Lux Requiem. Mais, mes mains libres de toute concentration requise s’amusaient, dansant un balai avec un crayon, griffonnant en même temps sur une feuille devant moi, un portrait de ma reine. Je ne détournai pas le regard une seule fois et finalement alors que le silence retombait et que nous nous retrouvions seuls tout les deux, je ne lâchais pas le moindre mot, m’amusant à m’imaginer la réaction qu’aurait ma reine en voyant cela. J’étais un peu semblable à ces enfants qui faisaient des dessins pour leurs parents et s’excitait plus de la réaction que du plaisir qu’ils avaient pris à le faire. J’étais plus ou moins pareil, sauf que je ne dessinais pas pour mes parents, mais pour ma reine. Essayant de brosser le portrait le plus beau possible, songeant à quel type de peinture rendrait le mieux honneur à la beauté extranaturelle de Nyx. Gouache ? Trop artificielle. Aquarelle ? Trop classique. Alors que tout les types de peintures passaient en moi et que je réfléchissais encore, je me permis de lancer un regard en coin à l’autre.

Détestais-je Malik ? Pas vraiment. Aimais-je Malik ? Non plus. Mes sentiments à son égard étaient évidemment mitigés, en tant qu’être humain, je le haïrais probablement volontiers, je l’ai même déjà haïs avant de me rendre compte de la futilité de ces sentiments pour un être comme moi, cependant, je n’étais plus vraiment un être humain et les émotions n’ayant plus cours en moi, j’étais capable d’affiner ma pensée, d’aller plus loin, là où l’arrogant blond semblait incapable d’aller. Malik avait du potentiel, c’était évident, sa magie était même la seule que je craignais réellement, être capable de capturer l’âme, c’était là, ma seule et unique faiblesse. Mais Malik possédait de très gros défaut lié à sa condition d’humain, l’orgueil en tête de liste. Je ne pouvais pas nier que s’aimer était une chose fort importante et je mentirai en disant que je ne m’aimais pas plus que les autres, mais, il y avait une limite. Malik était comme un enfant frustré qui gérait mal qu’on ne lui obéisse pas au doigt et à l’œil, sauf que malheureusement pour lui, je n’avais qu’une reine et n’obéissais qu’à une seule personne, Nyx. Je jouais probablement un peu avec cela pour le faire enrager, voyant bien qu’il était dominé par ses émotions, c’était la facette de lui qui me faisait pitié. Mais, il n’empêchait pas que je n’appréciasse pas Malik pour d’autres raisons, bien plus futile, malgré que j’eusse rejeté mon humanité, je n’en restais pas moins jaloux, affreusement jaloux au point d’en être malade, si jaloux que je l’ai haï ! Mais, désormais que j’avais eu, une épiphanie, j’étais devenu capable de mettre de côté mes sentiments pour le bien d’une mission, même si pour cela, je devais collaborer avec la personne la plus incontrôlable pour moi.

S’il devait y avoir deux factions dans Soul Reaper, il y aurait probablement eu les Pro-Malik qui comprenait la garde Royale entièrement et plus encore. A défaut, les Pro-Lucius étaient beaucoup moins nombreux et je n’avais pas assez de soutien, mais je devais bien m’en satisfaire. Tout cela pour dire qu’en ayant plus de la moitié de la guilde qui lui obéissait au moins aussi aveuglément qu’à Nyx, Malik pouvait être heureux, cependant, il souhaitait plus, il souhaitait que personne ne puisse résister à ses paroles et c’était là, la marque d’orgueil qui me gênait le plus, il n’était pas à plaindre et cependant, il trouvait le moyen de le faire. Mais, enfin, Malik étant Malik, ses compétences permettaient de faire fermer les yeux à bien des gens, moi compris. Il était fidèle à ma reine et c’était bien assez suffisant, que nous nous entendions ou pas, ce n’était pas vraiment le problème, seule nos compétences en équipe comptaient et nous allions vites être fixé si nous étions capables de le faire. J’allais faire des efforts, parce que c’était là mon rôle, d’arrondir les angles, même si j’en voulais toujours au blond pour la destruction de la salle d’entraînement, il ne fallait pas se leurrer, cette rancœur en moi ne disparaîtra probablement jamais, cependant, je suis capable de passé outre, je serais un piètre conseiller pour Nyx, si je me laissais noyer par mes sentiments. C’était là une de mes qualités premières, faire les choses indépendamment de ce que je ressentais, c’est-à-dire pas grand-chose, les humains en étaient incapables pour la plupart, mais je ne pouvais pas les blâmer, le grand tourbillon des émotions nous assujettissais, passer outre était dur. C’était pour cela que je brillais encore plus d’être à cet instant, capable de le faire !

Détournant mon attention du blond, j’avais enfin trouvé ce qui rendrait justice à ma reine, le sang. Peindre un tableau à son honneur avec du sang, quel magnifique œuvre d’art, car jamais un rouge ne pourra être plus éclatant et plus merveilleux que celui du sang. Aucune couleur ne pourra jamais rendre autant honneur à Nyx qu’un merveilleux pourpre. Notant alors mes impressions dans le coin de la feuille, mon camarade prit alors la parole, me demandant si j’avais une bonne idée pour rentrée sans se faire repérer, car la méthode de la dernière fois ne marchera probablement pas.

Levant les yeux du doux visage de ma reine dessiné sur ma feuille, je songeais en effet à une méthode pour rentrer, autre que de tout détruire, ce qui serait assurément une erreur pour nous deux. J’avais beau ni douté de ma propre force et encore moins de celle de Malik, se faire remarquer n’était pas la bonne méthode, c’était une certitude. J’avais une liste de cinquante-sept plans possibles pour nous infiltrer tout les deux dans la cité royale, mais plusieurs me paraissaient plus facile à mettre en place, celle de s’infiltrer calmement étant en tête de liste.

Mes prunelles vides de toutes émotions scrutaient désormais Malik, essayant de deviner ce qui avait lieu dans son esprit, probablement diverses pensées agréables, si je m’en fiais au léger sourire qui se dessinait sur ses lèvres. J’attendait qu’il est terminé pour expliquer en quoi consistera le plan. Car, le jeune homme n’avait pas terminé et repris qu’il souhaitait en terminer rapidement, j’hochai la tête silencieux, signe que j’entendais bien ce qu’il disait. Je mentirais si je disais que moi aussi je ne voulais pas en finir vite, car plus vite je pourrai retourner aux divers plans que j’avais en tête pour faire de Nyx, la reine des reines. De plus, fait assez intéressant pour être remarqué, le chef de la garde songeait bien au fait que nos visages pouvaient être connus, il avait raison dans une certaine manière, car lui avait bien sa belle gueule de connus des services de l’armées royale. Mais moi, j’étais inconnus, c’était à peine ils savaient mon existence, si j’étais resté dans l’ombre tout ce temps, c’était bien pour préserver ma face.

Puis, finalement, Malik détourna son regard et le braqua sur moi avec insistance, nos deux paires d’yeux se croisèrent alors et aucun de nous deux ne détourna le regard, ni ne cligna des yeux. En pleine joute silencieuse, il termina par bien notifier qu’il était de notre intérêt à tout les deux de faire cela bien et de coopérer, car plus vite nous aurons terminé, plus vite nous serons libérés l’un de l’autre et je devais bien avouer que si cela était une bonne motivation pour lui, ça l’était aussi pour moi, j’avais beau être capable de faire preuve d’effort, une collaboration trop longue entre nous deux finirait fatalement par mal finir. Il insista aussi sur le fait Nyx attendait des résultats et je ne pus que réfléchir s’il disait cela de manière neutre, ou s’il me testait par rapport à notre accrochage, si c’était le second cas, alors ce pauvre garçon était encore plus con que je l’avais cru

Je n’avais aucun doute sur mon plan et si Malik se montrait un tantinet docile, il n’y avait aucune raison que cela tournât mal. De ce fait, je répondis d’une voix neutre, de ma voix neutre d’outre-tombe, mais néanmoins sûr de moi, tout d’abord pour le rassurer :

« Je suis tout a fait capable de mettre de côté tout sentiment pour réussir une mission, tu n’as pas à t’en faire pour cela. »

Légère pause pour laisser le temps à mes paroles d’avoir de l’ampleur, puis je repris expliquant mon plan

« Tu m’as demandé si j’avais un plan pour nous faire rentrer tous les deux et il se trouve que la réponse est oui : Je sais comment nous faire rentrer tous les deux et cela diffère en effet d’un assaut qui serait que bien pratique fort peu adéquat pour ce que nous nous apprêtons à faire. »

Nouvelle pause pour lui laisser le temps de tout avaler, puis j’attaquais alors les détails techniques :

« Mais, nous allons devoir faire quelque chose pour cela ! déclarais-je alors en désignant sa face de la main. Après l’attaque de la capitale et les évènements de Riv Garden, ta face est trop bien connue, nous allons devoir te déguiser pour te faire rentrer. Et pour préserver ma propre face, je serai déguisé moi aussi. Nous utiliserons des faux-papiers qui nous feront passer pour d’autres que ce que nous sommes et le tour devrait être jouer, tant que personne n’invoque d’âme de guerrier du passé où de marionnettes créer à base de macchabée. »

J’essayais d’arrondir les angles au maximum et j’avouais que c’était rendu bien pratique par mon absence d’émotion physique. Je mettais du mien, il ne restait plus qu’à ce que Malik mette aussi du sien. Ainsi, parce que je savais bien que Môsieur Asurbanipal aimait bien tout diriger, je repris ainsi, toujours aussi neutre et froid :

« Ce plan te convient-il ? »