Il faisait nuit noire lorsque j’émergeais d’un sommeil que je n’avais pas vu venir. La dernière chose dont je me souviens c’est que nous avions commencé à regarder un film dont je n’aurais jamais vu que le début. Le canapé de Lucy m’avait servi de lit, et alors que son odeur était bien plus présente que le reste, je remarquais avec plaisir la couverture qu’elle avait posée sur moi dans une attention délicate. Me redressant, m’étirant par la même occasion, j’appréciais le calme autour de moi avant de repérer Happy posé sur l’accoudoir du canapé, à l’opposé d’où je me trouvais. Visiblement, nous étions tous endormi et la surprise me gagnait alors que je ne m’étais rendu compte de rien. Je m’étais endormi et ce qu’il s’était passé ensuite était pour moi comme inexistant alors que la confiance que j’avais en cet endroit avait endormi mes sens. Je n’avais réagi à aucun mouvement et rien que pour cette raison, je savais à quel point cet endroit était important.

Faisant comme chez moi, je me levais, direction la cuisine afin de me servir un verre d’eau que je tenais bientôt tout en revenant sur mes pas. Et machinalement, mon regard se posa sur elle. Ma meilleure amie était endormie près de la fenêtre et comme il m’arrive de le faire habituellement, je me rapprochais d’elle pour m’asseoir sur le matelas à ses côtés. Elle sentait bon, mais cela n’arrivait pas à chasser l’odeur du tigre qu’elle avait encore sur elle, je plissais le nez. J’aimais bien Sting cependant, ce n’était pas la première fois que je percevais son odeur sur elle, comme s’ils avaient passés beaucoup de temps ensemble. C’était ma partenaire, pas la sienne ! Il pouvait grouper avec qui il voulait, pourquoi pas une de ses constellationnistes d’ailleurs s’il voulait à tout prix une fille. Mais Lucy et moi, on était une équipe ! Ainsi, je me surpris à croiser les bras, mécontents de ce constat.

Regardant l’heure, je me passais paresseusement une main dans les cheveux alors qu’une certaine évidence me sautait aux yeux. Il était trop tôt pour se lever, bien trop tôt, et tout le monde était endormi alors que j’étais là à me demander quoi faire. Finalement, la raison l’emporta, à moins que ce soit le sommeil, et je finis par m’allonger au côté de Lucy, regardant le plafond avant qu’elle ne bouge. J’étais un dragon slayers de feu, j’aimais la chaleur et la fatigue gagnant du terrain, je me rapprochais malgré moi d’elle, occultant l’odeur dérangeante du blond qui brisant mes habitudes et le petit confort auquel j’étais habitué. Fermant les yeux, je finis par rouler sur le côté, face à elle, la tête calée sur mon bras plié. Et je la regardais de nouveau en me demandant ce qu’il se passerait si elle venait à disparaître du jour au lendemain.

« Natsu … » La petite voix plaintive et embrumée d’Happy me sortit de mes pensées alors que je me retournais pour l’observer, sa tête dépassant à peine du canapé. « Qu’est-ce qu’il y a Happy ? » chuchotais-je afin de ne pas réveiller la fée endormie dans mon dos. « Tu crois que Lucy va nous quitter ? » Alors, lui aussi l’avait senti, ce léger changement qui planait dans l’air et qui me laissait songeur … Ses mots traduisaient ce que je n’osais pas me permettre de penser et quelque part, cela me serra le cœur à cette idée. « Qu’est-ce que tu racontes ? Elle fait partie de Fairy Tail, on est une équipe ! » J’essayais de le rassurer, à moins que ce soit plus pour moi que je disais ces mots. Je le fixais du regard avant de lui dire de se recoucher ce qu’il fit sans plus de cérémonies, disparaissant derrière le dossier du canapé alors que je regardais de nouveau le plafond. Je me tournais alors en direction de ma meilleure amie, replaçant une mèche qui tombait sur son visage, le visage indéchiffrable.

Une chose était certaine, elle ne pouvait pas partir ! C’était ma meilleure amie, elle faisait partie de Fairy Tail, on était une équipe, il était inconcevable qu’elle s’en aille sans nous. Ainsi, sur cette certitude qui me berçait déjà un peu plus, je fermais les yeux non sans un murmure à moi-même. « Tu ne peux pas partir sans nous … » Et ainsi, la fatigue aidant, je finis par me rendormir, collé à elle dans son lit.

Je m’étais finalement endormi, bien plus rapidement que je ne l’aurais cru alors que la chaleur que dégageait Lucy m’apaisait. Elle n’avait pas une température corporelle bien élevée pourtant et malgré tout, dormir à côté d’elle avait cet effet qui brisait mes défenses sans doute plus que de raison. J’avais chaud, j’étais bien emmitouflé dans la couette, recroquevillé près d’elle jusqu’à ce que le matin n’arrive et avec lui, le réveil brutal de ma meilleure amie qui se mit à crier de bon matin. « Mais qu’est-ce que tu fais dans mon lit ?! » L’habitude aidant, je me redresse paresseusement, bredouillant un bonjour, à peine surpris par cette énergie matinale, alors qu’elle se met à m’attaquer avec un coussin. Ce même schéma se reproduisait tellement souvent qu’on le dirait écrit à l’avance, me laissant sourire doucement à ses assauts qui n’en était pas vraiment. Ainsi, un dernier coup d’oreiller qui me revint en pleine tête, je m’extirpais de ce piège, un bond mal contrôler en arrière pour finir en tailleur au sol à la regarder en baillant. Une main frottant mes cheveux, faisait mine d’avoir eu mal, je pose mon regard sur elle, les larmes traîtresses de fatigue perlant au coin de mes yeux. « Faisait plus chaud près de toi. » Mon regard se détourne alors d’elle, regardant un point invisible, une moue boudeuse prenant place sur mon visage.

Sous l’éclat de voix de la blonde, Happy s’était également réveillé, passant sa tête par-dessus le dossier du canapé, toute la fatigue semblant l’avoir quitté. « Salut Lucy ! » Il me regarda ensuite et alors qu’il s’adressait à moi, intrigué, je tournais alors ma tête dans sa direction. « Qu’est-ce que tu fais par terre Natsu ? » Comme si j’avais réellement envie de finir les fesses au sol, peut-être que ca ne me dérangeait pas tant que ca dans le fond, mais par principe je me devais de répondre. « La faute à Lucy, elle m’a lancé un coussin ! » D’ailleurs, elle avait encore l’objet entre ses bras, le gardant comme un bien précieux ou une arme déguisée qu’elle ne souhaitait pas lui céder. J’avais haussé la voix, reprenant peu à peu de la vitalité qui me manquait avec ce réveil animé. Ce n’était pas très sérieux de se faire battre par un oreiller je l’avoue mais pour l’heure, je préférais battre en retraite pour chasser la fatigue me laissant inoffensif.

Mon regard se pose ainsi de nouveau sur ma meilleure amie dont les joues rouges me tracassèrent légèrement alors que je lui accordais toute mon attention. « Ca va Lucy ? T’es toute rouge. » Dans le même temps, je m’étais levé, un genou sur le matelas pour me rapprocher d’elle et poser mon front contre le sien, mes yeux ne quittant pas les siens. Non, elle n’avait pas de température, c’était déjà une bonne chose et ainsi, je me reculais pour m’installer au bord du lit. « Pas de fièvre. » Je la regarde à la fois sceptique et rassuré alors qu’une moue songeuse prend bientôt forme sur ses traits. « Dis, Natsu … » La suite de la phrase ne vint pas directement et mon regard curieux se fit toujours plus insistant. Que voulait-elle dire ? Elle avait faim ? Si c’était ca, je la comprenais ! Dans tous les cas, ma tête s’était légèrement penchée sur le côté, malgré moi, attendant la suite.

Happy avait fini par se rapprocher de nous, grimpant à son tour sur le bord de lit, lui aussi intrigué avant qu’elle ne sourît finalement. « Passons la journée ensemble ! » Cette déclaration me plaisait et je lui souris en retour, trahissant sans mal mes pensées. « Bien sûr ! » Comme s’il avait pu en être autrement de toute manière, c’est bien ce que je comptais faire à la base, surtout que l’on s’était vu moins dernièrement. Ainsi, pris soudain d’un regain d’énergie, je me relevais d’un bond pour lui offrir ma main fièrement avant de m’exclamer, le sourire aux lèvres : « Allons manger Lucy ! » « Bonne idée, moi aussi j’ai faim ! » Commença à réagir l’Exceed à mes propos qu’il partageait sans l’ombre d’un doute. Cependant, j’étais tellement enthousiaste à cette idée que je n’avais pas prise en compte que ma meilleure amie était encore en pyjama.

Il y avait des jours comme ca, où le plus simple des évènements était synonyme de bonheur et, plus qu’une bonne bouffe offerte gracieusement, ces moments que je passais avec Lucy le représentait de la plus belle façon qui soit. Je pouvais être là à toute heure du jour comme la nuit alors que rien ne changerait, pas même ce lien si particulier que nous partagions. Elle était devenue ma meilleure amie, une des personnes la plus importante de ma vie, ma coéquipière, une membre à part entière de Fairy Tail. On pouvait dire beaucoup de choses sur le fait qu’Happy et moins débarquions sans gênes chez elle et elle en avait bien d’autres encore à nous dire, comme ce matin et pourtant, cela ne m’empêchait pas de recommencer avec un plaisir certain. Notre amitié était loin d’en souffrir et c’est certainement pour cette raison qu’inconsciemment, j’avais continué à venir chez elle comme s’il s’agissait de chez moi. Poussant le vice, je m’étais invité dans son lit, aux premières heures de cette nouvelle journée, à la recherche d’une chaleur que je ne pouvais nier. Je l’en avais d’ailleurs tenue informée, moue boudeuse, alors que j’avais terminé sur le sol après un réveil pour le moins brutal orchestré par la blonde qui m’avait pour le moins chassé. « Ce n’est pas une raison pour t’incruster dans mon lit… » Elle soupira alors que je continuais à bouder jusqu’à ce qu’Happy choisisse ce moment pour ce montrer.

L’Exceed était déjà en pleine forme et saluant notre amie, il s’était empressé de s’enquérir de ma situation avant que, quelque peu inquiet, je me sois rapproché d’elle. Elle était rouge, mais n’avait pas de fièvre, c’était étrange mais pas moins rassurant alors que je lui annonçais le constat, détachant mon regard du sien. Au moins, elle allait bien, c’était le plus important mais si, visiblement, elle ne s’était pas même rendue compte de ses joues en feu. Peut-être faisait-il trop chaud pour elle de bon matin ou alors, c’était peut-être bien son combat armée de son coussin qui en était responsable … Dans tous les cas, ce moment d’inquiétude passé, je m’empressais d’accepter de passer la journée avec elle, lui tendant la main, prêt à l’emmener à l’extérieur sourire aux lèvres. Je l’aide à se redresser alors qu’elle commence à se défendre, ce qui finir par m’arrêter dans mon mouvement pour la regarder, dubitatif, le regard perdu. Une seule question tournait en boucle dans ma tête en cet instant Pourquoi ?

Elle continua à se débattre, peu consciente du fait que je ne lui tenais plus que la main sans mouvements supplémentaire alors qu’elle adressait enfin la raison de toute cette soudaine réticence. « Attend, Natsu, je suis encore en pyjama ! » Pourtant, même si je comprenais enfin la situation, il m’était impossible de lâcher son poignet ce qui ne se produit que lorsque je me retrouvais soudain dos contre le sol. Si j’avais perdu l’image l’espace d’un instant, je me retrouvais à présent avec ma meilleure amie sur moi, ses cheveux chatouillant mon avant-bras avant qu’elle ne se redresse légèrement, inquiète. « Pardon...Ca va ? » Le son de sa voix me parvint cependant, je me retrouvais désormais incapable de dire quoi que ce soit. C’était la première fois que nous étions si proches et je ne pouvais détourner les yeux de son visage bien trop expressif de bon matin. Elle sentait vraiment bon, c’était un fait que je ne pouvais nier alors que petit à petit, l’odeur du tigre n’avait plus d’importance.

Lucy tenta de se relever pourtant bien trop rapidement ce qui me fit agir par instinct alors que ma main agrippa son bras pour la retenir. Depuis quand mon cœur battait-il comme ca alors qu’elle voulait simplement se redresser ? Je n’en savais rien mais j’étais réellement incapable de regarder ailleurs. Elle pouvait être étonnée, j’étais moi-même le premier surpris alors que je me demandais ce qui m’avait poussé à faire ca. Et puis, lorsque son visage se tourna en direction du mien, mon corps agit tout seul avec une rapidité incontrôlée. L’espace d’une seconde avait suffi pour que je me redresse et que mes lèvres aillent rencontrer les siennes, me laissant enfin fermer les yeux. Bon sang, qu’est-ce que je venais de faire ? Je n’en avais pas la moindre idée … Ses lèvres m’avaient appelé et je n’avais su résister à cet appel, aussi fugace eut-il été. Je venais d’embrasser ma meilleure amie, et je n’en étais pas insatisfait. « Désolé … Je ne sais pas ce qui m’a pris … » Et à présent, j’avais même envie de recommencer, bien que je m’éloignais légèrement de ses lèvres sans la quitter des yeux.

A côté de nous, Happy n’avait rien perdu du spectacle et nous regardait les yeux écarquillés. Une patte sur la bouche, son sourire se fit davantage taquin alors qu’il se mit à rouler des « r » en proclamant un mot qui ne m’était pas si inconnu que ca. « C’est l’amourrr … » Je me tenais alors vers lui, presque choqué d’une telle intervention en ce moment. « Happy ?! »