Se balader dans Crystal Valley est une expérience assez étrange pour Maddox. Y a plein de truc qui lui font perdre patience, des donzelles qui le bousculent pour courir voir la prochaine attraction, des gens qui l’apostrophent pour essayer de leur vendre leur came de merde et… Maddox s’imagine péter la gueule de certains, mais n’a jamais réussi à passer à l’acte, peu importe sa volonté extraordinaire de chien de chasse. Pourtant, sa magie est censée le prémunir contre ce type de sortilège. Ce n’est pas le cas. C’est perturbant tout ça. D’habitude, quand il marche, c’est comme si un nuage radioactif l’entoure, les gens normaux s’écartent et le craignent, fuient pour leur vie. Tout est différent ici. Comme s'il porte une muselière à la vue de tous. Ça a le don de le foutre encore plus en rogne.

Leurs espions sont incertains sur le sujet, mais il semble que le président de cette ville bosse pour Weisslogia. Maddox trouve que c’est à prendre avec des pincettes, cette info. S’il était vraiment dans leur camp, cet endroit ne serait pas un putain de bisounoursland... à moins que le type soit juste un associé de Lux, sans en être membre. Chacun son mauvais goût en plus. Soul Reaper aussi, c’est pacifique et calme à l’intérieur, surtout quand Mads se comporte bien avec ses camarades. La différence, c’est qu’on n’y laisse pas entrer tous les cons de ce monde comme ici. En cela, Crystal Valley représente un emblème de paix. Détruire cet endroit, tuer tout ce qui s’y trouve, ce serait envoyer un message fort si on y parvenait. Ce serait filer des insomnies à toute cette populace qui se croit bêtement sauve, qui a le culot de venir s’amuser alors qu’on leur rabâche que la sous-race qu’ils sont va crever pour laisser place à la nouvelle. Malheureusement, le sort anti-délit est d’une puissance monstrueuse ici. Maddox peut dire des grossièretés, mais il n’arrive pas à insulter les gens ! Dans sa mission de reconnaissance, il regarde aussi les contrats de chasse de près, dont un qui retient son attention. Mads est une mauvaise personne, parfois un mauvais coéquipier, mais c’est un bon subalterne. Il pense à son commandant, et son goût pour les artefacts rares, en lisant un intitulé précis. Pourquoi un forgeron voudrait récupérer son marteau au lieu de tout simplement s’en racheter un : vu le pactole que rapporte la mission, ça lui couterait moins cher! Cet outil représente quelque chose d’important. Il doit avoir une magie particulière qui leur serait utile, et même en étant un peu inculte, Mads a déjà brièvement lu des récits sur des outils de forgeron légendaires, incluant même un marteau si ses souvenirs sont exacts. Edoras a sa propre histoire. Le bleuté arrache sèchement la feuille avant de tourner les talons et se tirer de cet endroit aussi bruyant que merdique.

Le plus risqué à Crystal Valley, c’est de sortir. Les gardes veillent au grain pour que des millitaires n’approchent pas trop près de la frontière. Ce serait con d’avoir un sort de paix si puissant pour qu’au final, ça se castagne juste à côté. Le gouvernement semble toutefois se tenir à une certaine distance de sécurité -ou alors le président de CV a trouvé une ruse pour ça-, Mads évite les patrouilles du désert à l’aide des précédents repérages et estimations fait par les siens. Il se rend au point de rendez-vous donné sur le continent en utilisant l'itinéraire prudent préalablement proposé par Lucius. L’héliport de leur guilde, le transport qui a révolutionné leurs déplacements, arrive peu après lui et l'emmène dans les monts Novara, chez eux. Ne reste plus qu’à trouver son commandant, ou l’attendre en cas d’absence.

A Reaper, on pose le genou devant la Reine, il n’empêche que le commandant a le droit à une reconnaissance qui lui est propre. Maddox s’incline devant lui, pas aussi bas que certains, mais le Belfire préfère montrer sa dévotion à son boss par autre chose que de la lèche. « Commandant. J’ai rendu mon rapport sur Crystal Valley à Lucius » comme il lui a été demandé. « J’ai trouvé ça là-bas » Il présente la feuille de mission correctement dépliée. « Est-ce que ça vaut le coup de se pencher dessus ? » Si Malik estime que c'est le cas, Maddox ne rechignerait pas à se mettre en quête. Même en faisant chou blanc, ou en découvrant un marteau presque ordinaire, ça ne serait pas une perte de temps vu que le blond aurait sa curiosité satisfaite. Cela étant, si l’objet ne correspond pas à leurs attentes, la récompense du contrat promet quand même des matériaux rares et pour ça, Mads trouve plus adéquat de laisser son supérieur juger de l’utilité de ce genre de trucs.

« Pour commencer j'espère que tu m'as fait une copie de ce rapport, Mad. Tout ce que Lucius sait, je dois le savoir, surtout quand les informations proviennent des hommes et femmes que je commande. » N’étant pas scribe, ni assistant de direction, le Belfire avait trouvé un bon moyen de contourner les problèmes des copies et foutues copies de copies depuis belle lurette. « C’est stocké sur lacryma. » En gros, ouais, il peut partager avec toute personne le souhaitant. Par ailleurs, il a priorisé l’envoi à la reine, comme la demande venait d’elle, précisément. Pour Mads, c’est évident qu’elle en parlera à Malik, mais celui-ci préfère prendre de l’avance pour connaître son sujet, sans surprise. Un petit sourire satisfait étire le coin de sa lèvre de se faire appeler numéro Un Il préfèrerait que ça vienne de la reine of course mais de Mal c’est déjà pas mal, ce jeu de mot ptn. « Je tombe à point nommé alors. » Le petit rictus du bleuté s’agrandit pour se faire carnassier. Leur mépris de l’inaction semble être une caractéristique commune, quoique Malik est évidemment plus mesuré que lui. Si on écoutait Maddox, Soul Reaper passerait sa vie en guerre, et l’intéressé serait probablement déjà mort.

Le bleuté connaît ces sales bestioles que sont les bombos, on la trouve dans la partie Est zone des monts Novara. Ce n'est donc pas si loin de leur maison J’ai déplacé notre sujet à cet effet, je sais pas pourquoi je l’avais foutu dans les îles, bref.  Ça va cramer sévère. Et le reaper n’a pas le luxe d’avoir sept paires de bras pour l’assister, lui. Il va devoir se faire mal en les exterminant. Mais ça ne le dérange pas, au contraire. Pour ce fanatique, il y a comme une certaine fierté dans le fait de s’en prendre plein la gueule au nom de la Reine. Un air vaguement amusé sur le visage, Maddox hoche simplement la tête à la demande de congé du blond, en sachant pertinemment que jamais il n’aura le temps de vraiment se restaurer en quinze minutes. En fait, il a juste le temps de vider une bouteille d’eau qu’il ne pissera jamais vu son état avancé de déshydratation au moment de se désaltérer. Aussi, il se fait une toilette de chat dans sa salle de bains, vu qu’il aime bien ne pas puer à côté de ses supérieurs, avant de repartir au pas de course et arriver dans le hall d’entrée de la guilde deux minutes avant la fin du temps imparti. Ce qu’il y a de bien, c’est qu’en voyageant avec Malik, on est certain d’avoir l’héliport avec des horaires parfaits. Maddox n’aura pas à poireauter son tour dans l’appareil, pendant que d’autres gars descendent pour leur diverses missions aux quatre coins du globe (dans le cas où le reaper n’aurait pas fait son petit con pour gratter une place plus haute dans la liste d’attente.)

Dans l'appareil, alors que le commandant est confortablement installé, Maddox se tient debout, à sa droite, les mains dans les poches. Son regard vitreux fixé sur le sol trahit son effort permanent de n’exprimer à aucun moment combien il trouve le voyage long et qu'il se fait chier alors qu’il n’en ont que pour une vingtaine de minutes à tout péter. En l’absence de son commandant, le bleuté aurait déjà trouvé quelqu’un à faire chier ou à provoquer pour passer le temps. Malik prend la parole et le dos de Mad se redresse de lui-même. « Pigé, mon commandant. »  Le reaper n’a clairement pas l’aplomb d’un soldat quand il parle, sa voix traine quelque peu de nonchalance, même quand il est au max de son professionnalisme. Enfin, on les prévient de leur arrivée imminente et, après avoir donner un petit acquiescement sec du menton, Maddox tourne la tête vers Malik. « Sans surface plane, on devrait sauter du pont pour atteindre directement la zone où le vol s’est produit. » Rien qui ne leur ferait du mal quoi. Et vaut mieux ça que d’être déposé au pied du volcan. Le bleuté n’a rien contre les ascensions, mais il aime bien rentrer dans le tas le plus rapidement possible. Quelque chose lui dit qu’avec l'environnement de merde qui les attend, c’est la meilleure stratégie à adopter, que de ne pas trop trainer.

Dépêchés sur les terres arrides, le duo fait face à un calme de mort rendu oppressant par la chaleur ambiante. Maddox shoote dans une pierre noire en scannant les lieu du regard. En l'absence de menace direct, il faut bouger. « D'après le descriptif, les bestioles se sont barrées sur la montée. » Il n'emprunte pas le chemin naturel, plus plat, et coupe par la pente escarpée, parsemée de pics et roches tordus dans tous les sens. Certains lui tailladent d'ailleurs les cheville, vu qu'il ne prend pas la peine de les éviter. Ça vole, les bombos, ils se foutent du terrain. Le reaper s'arrête et jette un oeil à son commandant. « On brassera plus de terrain à se séparer, commandant. » Ouais, il est pressé de taper Ils n'auraient qu'à s'appeler en cas de nouveau. Le Belfire, lui, attend les ordres avant de pleinement se lancer.

Belfire hoche la tête à l'ordre de Malik. Il s’éloigne en partant vers la droite, le visage sérieux, une expression avec le coin de la lèvre naturellement tombant, qui donne l’impression que la situation le débecte. Alors que non, il n’est pas encore de mauvaise humeur. Au départ, le bleuté se lance en footing parce que vu la taille de la zone, ils vont en avoir pour des plombs. Parfois, il jette des coups d’œil à son chef engagé dans l’ascension. Au bout d’un long moment, ça le soule. La chaleur n’aide en rien, même si Maddox est tout à fait habilité à courser encore des heures dans un tel environnement. Seulement, il se dit que ça ne sert à rien. Les bombos sont chez eux ici. S’ils ne veulent pas être trouvés, y a de grandes chances qu’il ne les trouvera pas. Autant marcher. Son avant-bras se lève, essuyant son front humide d’un revers de manche. Le katana rangé dans son fourreau et bringuebalant sur sa hanche au gré de ses pas, Maddox scrute les alentours mornes, les mains enfoncés dans les poches. Ça lui vaut de se cogner le pied contre une roche, mais c’est plutôt la roche qui est à plaindre. « On s'fait chier » marmonne t-il entre ses dents.  Son chef a l’air de faire chou blanc aussi, d’après la silhouette qu’aperçoit le bleuté en levant le nez et en tournant la tête. Quelques instants plus tard, un très léger bruit l’alerte et il pose la main sur le manche de son arme, ralentissement instantanément l’oreille tendue. Malik appelle son nom, il dégaine automatiquement.

Sa tête se tourne sèchement. Dès qu’il a la cible dans le coin de l’œil, sa main armée se lève par-dessus son épaule. La lame qu’il fait tournoyer derrière lui frappe brutalement la bestiole la plus près, faisant gicler des étincelles vers le sol. Il la profondément tailladé, mais pas découper. Le bleuté fait enfin l'honneur de se retourner. Il y en a deux de plus, bordel. Maddox saute vers l’arrière pour échapper à une attaque de feu. Un bombos en hauteur fond sur lui, et le reaper bondit en réponse, lui chassant la gueule d’un violent coup de pompe, laquelle se réchauffe sans cramer, l'impact étant trop bref. Les deux qu’il a frappé ont grossi, le troisième prend la même taille quand Mads le repousse d’un coup d’épée. Avant qu’il ne se soit surmené par les trois, le plus éloigné de lui explose littéralement après s’être bouffé une lance. Ça, c’est signé Akhiléus. « Tu tombes bien mon vieux » Mads ajoute plus fortement, à l’intention de Malik : « Merci Commandant ! » Il dédiera moins de temps à essayer de ne pas se faire cramer la gueule, ce qui lui permet de placer ses attaques de bourrin. Moins sur la défense, Maddox rentre dans le tas. Quand il s’élance, il se dirige non sur l'ennemi, mais juste à côté pour que sa lame le cueille plus pleinement. Il enchaine une bestiole rapidement, allant et venant entre chaque coup d’épée de bourrin, jusqu’à ce que la bestiole lui pète à la gueule et qu’il se trouve projeté vers l’arrière. Le sol écailleux lui racle le dos quand il tombe. Mads roule vers l’arrière pour se remettre sur pied en lâchant un rire. Le dernier bombos, qui a la mauvaise idée de foncer sur lui en le croyant déstabilisé par la chute, se fait dégager d’un violent coup de katana. Akhiléus l’achève et Maddox bondit vers l’arrière pour éviter la dernière explosion. « Ça nous dit pas où est ce putain de marteau » commente Maddox, dont les fringues sont à moitié déchirées. Sa peau albâtre est parsemée de brûlures bégnine. Le tank qu’il est ne les sent même pas.

Son regard perçant a le temps d’intercepter un petit feu follet qui disparaît derrière un haut rocher noir, à environ trois cent mètres. C’est qu’ils sont plus nombreux que ça en fait ! « Patron, la rescousse se fait la malle ! » Maddox s’élance sur la pente montante, ce qui le rapproche de la hauteur de Malik. Dès qu'il prend l'angle de la grosse roche où on disparut ses cibles, il s’arrête brièvement devant un renfoncement noir, une grotte ouverte comme une bouche béante de néant. Si l'intérieur est aussi obscur vu d'ici, alors que les Bombos sont des bêtes enflammées, c’est que ça doit être bien plus profond que ça en a l’air. À l'intérieur, les monstres seront repérable à 100 km avec leur corps, mais le bleuté se dit que pour esquiver leur explosions de merde, là, ça sera moins de la tarte. Sa bouche s’étire en un sourire carnassier. C’est l’heure du carnage.