Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
 :: Rps de l'amour Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
Marry You (Pv Alycia)
Anonymous
Invité
Invité



Mar 23 Juin - 20:46

   
 

   
Marry You

   

Nahim est presque devenu fou. Il a passé plusieurs nuits blanches à ressasser cette journée. Combien de minutes à durée cet entretien ? 5, 10,15 minutes ? Tellement court quand on y pense mais pourtant, il en est pas moins chamboulé. Tout s'est effondré comme un château de cartes. Il n'a rien vu venir. Il ne s'est pas attendu à la revoir vivante. Il s'attendait pas à voir un zombie débarquer dans sa vie. Il est quasiment sûr de l'avoir tuée ce jour-là ... C'était il y a si longtemps. Il venait de massacrer ses "amis". Victimes d'un fou furieux. Il rit jaune. Luther complotait contre lui. Ils auraient tué Nahim sans la moindre pitié, Alycia aurait suivi. Rien n'était plus beau, plus parfait que son Luther. Nahim serre le poing. Malgré les années, rien que de se souvenir de ce bâtard le rend fou furieux. Il regrette que lui aussi ne soit pas revenu à la vie pour le torturer des heures. Il aurait pris un malin plaisir à tous les entendre hurler de douleur, suppliant qu'on les achève. La vue est ingrate, on a ramené la seule personne insignifiante de Sunrise. Nahim est déçu. Plus il y pense, plus il trouve qu'il aurait pu s'y prendre autrement. Il manquait cruellement d'expérience à l'époque. Il aurait dû les faire souffrir bien plus longuement, la mort qu'il leur a offerte était si douce ! Nahim regrette de ne pas avoir pris plus son temps. Il soupire. Il déteste avoir des regrets, ça l'empêche de penser à l'avenir. Il ne reste qu'Alycia. Nouveau soupir. Certes, elle est devenue puissante, la colère est un bon vecteur. Il aurait pu mourir là-bas, alors pourquoi ne pas l'avoir tué ? Il espère qu'elle est faible et qu'elle n'a pas une morale à deux balles. Il serait encore plus déçu d'elle, si c'était seulement possible.

Alors, il cherche. Elle ne veut pas mourir ? Très bien. Elle va vivre. Nahim ne va pas la tuer, oh non ! Il va la torturer toujours plus, la massacrer mentalement. Elle sera son jouet. Et quand il en aura mal de la voir, il lui tranchera la gorge. C'est sale mais au moins, elle ne risque pas de revenir à la vie, la garce. C'est déjà assez ignoble qu'elle vive toujours, ce n'est pas la peine de la ramener une deuxième fois d'entre les morts. Il n'est pas fan de la nécromancie, c'est un peu sale. Il repense à son échange avec Ninel, sa petite Nini adorée. Il a cherché en vain une idée de comment la réduire en poussière mais rien de probant n'est venu. Il est resté sans idées. Lui qui d'habitude a toujours quelque chose en tête. Là, RIEN. Pas assez monstrueux, pas assez intéressant. Il veut la voir souffrir. Il veut qu'elle soit détruite. Il veut voir l'étincelle de vie dans son regard s'éteindre. Tant pis si Nahim vend son âme au Diable. Tout ce qu'il veut, c'est raser ce qu'il reste de Sunrise sur cette Terre. Qu'il puisse faire son deuil. Qu'il puisse enfin abandonner ce mensonge qu'a été sa vie là-bas. Il ne veut plus jamais se souvenir de ce bonheur factice qui a été le sien. Il ne veut plus se souvenir du sourire de ses camarades, simplement de leurs cadavres encore chaud. Il veut oublier la trahison qu'il a subie. Il veut oublier Alycia qui l'a trahi. Elle qu'il a aimée si fort. Elle qu'il a désirée plus encore. Elle qui sera à jamais reine de son cœur. Il veut faire table rase du passé. L'Alliance est passée à une étape supérieure, Nahim ne peut pas se permettre de rester les bras ballants en attendant que ça se passe. Il doit absolument aider Skyadrum à atteindre le sommet. Blood Moon l'a sauvé. L'a ramené à la vie. Ninel et Valentine, amies de la première heure l'ont soutenu, bien que leur amitié soit quelque peu étrange. Il le sait, jamais Ninel ne le trahirait. Il a foi en elle, comme elle a foi en lui. Lui, le tuer de compagnons. Lui qui a tout perdu en quelques minutes. Lui l'incompris. Lui qui s'est senti abandonné et dépossédé de tout ce qu'il avait. La Lune Sanglante lui a offert une chance de trouver sa place dans ce monde injuste. Un monde qui ne mérite pas de rester tel qu'il est. Il ne supporte pas que ce soit des utopistes qui soient au pouvoir. Cinq ans de négligence pour se retrouver devant le fait accompli. Incroyable que le gouvernement n'est pas réagi une seule petite seconde face à la menace. Midgar n'était pas suffisant. L'attaque contre la Cité Royale non plus. Il va falloir plus. Beaucoup plus.

Mais le temps des stratégies concernant la guerre va attendre. Nahim a un autre projet sur le feu. Lui qui a été dans les ténèbres pendant des jours voire des semaines, a trouvé une voie de sortie. Enfin, il sait comment détruire cette succube aux cheveux de feu. Nahim se hait d'aimer avec toujours autant de passion cette chevelure. Il se hait de la désirer autant que de la détester. Il veut trancher les derniers liens qu'il a avec elle sans la moindre pitié. Il n'aura bientôt plus le temps de s'occuper de ses affaires personnelles. Une nuit, bien avant l'aube, il se met en route. Il prend toutes ses affaires, une longue journée l'attend. Il part sans prévenir personne, après tout, c'est la mode ces temps-ci de prévenir personne quand on part pendant un certain temps. Il enfile une cape pour cacher son visage. La route risque d'être longue mais ce n'est pas grave. Il est patient. Après plusieurs jours de voyage, à prendre d'infimes précautions à ne pas se faire attraper par l'armée. Il sème des indices pour elle. C'est une traqueuse hors-paire, il ne pourra jamais lui retirer ça. Il veut l'attirer dans un endroit désormais connu que deux eux seuls, oublié par le reste de la population d'Edoras : la guilde de Sunrise. Quand Nahim arrive sur les lieux, il est pris d'une envie de foutre le feu, bien contraire à ses plans. Le bâtiment n'est plus qu'une ruine perdue dans une forêt au sud de Solest, à plusieurs kilomètres du prochain hameau. Nahim s'est toujours demandé pourquoi la guilde s'était établie là à son arrivée à Edoras. Il hausse les épaules, ce n'est plus son problème et les lieux sont parfaits pour une rencontre. Il a encore du temps avant qu'elle ne déboule. Il se met donc au boulot. Il entre dans le bâtiment, tout est resté en place depuis l’exécution. Les meubles renversés pourris par l'humidité et qui commence à se faire manger par la végétation. Si Nahim se concentre, il peut presque deviner où se trouver les corps. Il s'arrête à une tache sombre. C'est là qu'il l'a laissé morte. Il aurait dû la planter, la poignarder sans relâche jusqu'à ce que son cœur cesse enfin de battre. Il se balade. Tout est détruit, plus rien n'est en état et pourtant, la guilde est toujours debout, comme pour signifier que d'une certaine façon, elle n'est pas morte. Nahim avait un jour entendu parler Makarov, le Maître de Fairy Tail, une guilde, ce n'est pas un bâtiment mais bien les gens qui la composent. Sunrise n'est désormais composé que deux personnes qui veulent la mort de l'autre. Et leur nouvelle joute aura lieu ici. Bien que ce ne soit pas encore parfait. Nahim sort la pelle qu'il a emmenée. Non, ça manque d'un quelque chose. Il sourit, profondément sadique. Il sait qu'ils sont enterrés pas loin, ça va lui causer quelques cloques aux mains mais le jeu en vaut la chandelle. Il sort dehors en sifflotant, l'air de rien.

Il passe plusieurs heures à mettre en place son horrible plan. Il y prend un plaisir terriblement malsain, ne s'arrêtant même pas pour manger ou prendre une pause, il doit continuer, encore et toujours. Tout doit être parfait. Alors, il continue de creuser, trouvant enfin ce qu'il cherchait. Il est totalement ravi. Tout ce passe comme il voulait. Il passe encore plusieurs heures à installer pour que tout soit pile-poil comme dans son plan. Il installe plusieurs pièges magiques aussi. Il n'a pas vraiment apprécié la dernière fois où Alycia lui a tiré dessus. Il prend un soin particulier, mettant en pratique tout ce qu'il apprit en combattant Akané. Quand enfin, tout est fini, il pousse un rire, ravi. Ils sont tous là : Luther et les autres. Enfin, leurs ossements. Tous alignés devant lui. Il reste un peu de chair sur le visage de Taylor. Nahim grimace, il entend encore son rire dans sa tête et se retient de shooter dans la tête. Il installe ses derniers pièges magiques et s'installe au fond de la pièce principale, assis en tailleur sur un pupitre, le charnier gentiment aligné devant lui. Il est quand même un peu déçu, certains tendons sont encore là, les vers ont mal fait leur job, si bien que certains corps comme celui de Morgan est toujours en position fœtal, comme au moment de sa mort. Ce n'est pas grave. En observant les ossements, on peut voir que le sort lancé par Nahim a eu un effet corrosif sur certains os notamment les cotes. Quel spectacle macabre ! Il adore. Il prend le temps de préparer plusieurs flèches grâce à la lacryma de son arc qui lévitent tranquillement, prêtes à frapper la rouquine. Il garde son arc à porter de main, pas fou. Il attend patiemment, quand enfin, il entend des pas. Il reste là, prenant une grande bouffée d'air. À la moindre agression d'Alycia, il la bombardera de sorts et de flèches. Quand enfin, elle se tient à l'embrasure de la porte, il répond avec une voix douce :

"Mon amour, je ne t'attendais plus ! Viens, nous sommes tous là pour t'accueillir !"

   

   

   Phantasmagøria

   
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité



Ven 3 Juil - 19:20



   

Nahim & Alicya
Marry you
Si elle essaye de fermer les yeux, tout lui revient en boucle. C’est comme un fichu cauchemar qui lui colle à la peau et dont elle n’arrive pas à se débarrasser. Elle était persuadée que, malgré ses cicatrices parfois encore douloureuses, elle avait enfin réussi à aller de l’avant et à reprendre sa vie en main. Et il a suffit d’une rencontre pour tout foutre en l’air. Pourquoi a-t-il fallu qu’elle et Nahim se croisent ? Avec tous les mages présents lors de cette horrible bataille, ils auraient très pu ne pas s’y voir, continuer à vivre leurs vies respectives de leur côté en laissant l’ignorance continuer de les bercer. C’était facile de penser qu’après toutes ces années sans le revoir, qu’il était mort. C’était si simple de chercher un millier d’explications possibles à son comportement de l’époque sans n’avoir jamais la possibilité d’avoir une réponse. L’ignorance n’est pas une réponse, pour beaucoup. Mais Alycia s’était faite à cette idée de ne jamais savoir, de ne jamais pouvoir savoir. Elle pouvait lui trouver un millier d’excuses et simplement s’accrocher aux meilleurs souvenirs. Mais tout est parti en vrille. Parce qu’elle sait qu’il est là et parce qu’il n’y a plus d’excuses possible. Après cinq longues années en l’ayant laissée pour morte et en semant des cadavres sur son chemin de membre de Blood Moon.

Allongée dans son lit, au beau milieu de la nuit, elle tente une nouvelle fois de fermer les yeux mais en vain. Quelques instants à peine plus tard, elle se redresse dans un sursaut brusque, encore confrontée aux images de la cité et aux images de la chute de Sunrise qui s’entrechoquent dans son esprit. Elle passe sa main dans ses cheveux pour les ramener en arrière, elle tâche de ne penser qu’aux bons moments de l’époque. Mais même ça, avec les informations qu’elle possède et celles qu’elle ne possède pas, c’est douloureux. Et la fatigue la rend de plus en plus facilement irritable. Lâchant un profond soupire, elle lâche l’affaire, enfile un short et un top et quitte son petit appartement, non sans un regard nostalgique sur ce pendentif accroché à sa lampe de cheveux depuis toujours. Elle ne s’est jamais résignée à s’en débarrasser. Elle n’en sera sans doute jamais capable, tout comme elle n’est plus capable de le mettre autour de son cou. C’est un parfait vestige de son passé. Il est là, toujours présent dans un coin de son appartement, dans un coin de sa tête. Mais ce n’est rien de plus qu’un souvenir qu’elle aimerait laisser derrière elle, si elle était capable de tourner entièrement la page. Ce n’est pas pour lui, du moins s’en persuade-t-elle, mais parce qu’elle ne peut pas tourner le dos à ceux qui ont disparu. Elle aurait l’impression de les laisser derrière, d’abandonner leur mémoire pour les oublier peu à peu, alors qu’elle s’est longtemps efforcée de vivre pour eux.

Elle referme doucement la porte derrière elle, elle erre dans les rues vides éclairées par la lune. Elle croise une patrouille sur son chemin et échange un peu avec eux avant de reprendre son chemin. Elle traine encore quand l’aube se lève, ses pas la mènent naturellement vers la guilde. Elle y croise Cal, comprend à son regard sur elle qu’il commence à s’inquiéter. C’est sans doute normal, avec la tronche qu’elle tire ces derniers temps. Mais il ne fait pas un seul commentaire et elle apprécie ça. C’est Cal qui lui a sauvé la vie, c’est une des rares personnes qui sait d’où vient Alycia. Si elle avait besoin de se confier, elle se tournerait sans doute vers lui, ou vers Iris. Mais se confier ce n’est pas son genre. Elle reprend ses vieilles habitudes et préfère se tuer à la tâche pour qu’au moins son esprit arrête de trainer librement vers des idées ou des souvenirs douloureux. Elle veut pouvoir être tellement épuisée qu’elle s’écroulera pour tomber dans un sommeil sans rêves, comme à l’époque. Elle récupère une quête sur le tableau et tourne les talons. C’est une quête assez longue, qui lui prend plusieurs jours, mais c’est exactement ce qu’il lui fallait : s’investir dans la traque et l’élimination de ses monstres accapare toute son attention et lui permet de laisser tout le reste de côté.

Elle s’arrête sur le chemin du retour. Elle s’était lancée dans cette traque pour ne pas penser à lui mais elle retrouve finalement sa trace, après avoir cherché quelques temps sans trouver de début de piste. « C’est un peu trop évident, non ? » Marmonne-t-elle à l’attention de son familier, présent à ses côtés sous la forme d’un loup, sans attendre aucune réponse. Il émet cependant un long grognement qui semble signifier qu’il est de son avis. La piste lui semble bien trop simple à suivre pour que cela ne soit pas intentionnel, pour que cela ne soit pas une invitation. Ou un piège. Pour elle y va. Pas parce que la fatigue l’empêche de réfléchir correctement, mais bien parce qu’elle se moquer bien que ce soit un piège ou non. Elle est persuadée qu’elle est capable de faire face, et elle ne sait pas quand se représentera la chance de trouver une piste qui la mènerait à lui. Quête déjà terminée, elle ne laisse rien derrière elle, si ce n’est à la rigueur sa guilde qui s’attend à son retour. Ils ont l’habitude de la voir parfois disparaitre. Parce qu’Alycia est toujours restée distante, parce que c’est son genre et parce qu’elle l’a fait assez souvent pour qu’on ne s’inquiète plus de ses absences.

C’est une blague ? Se demande-t-elle, profondément blasée, lorsqu’elle voit se dresser devant elle, un peu plus loin, le bâtiment qui fut autrefois son foyer, la guilde de Sunrise. Ce n’est plus qu’une ruine oubliée de tous, au milieu de la forêt. Pourtant, Alycia en a encore le net souvenir de l’époque où l’endroit était en bon état, plein de vie, de joie et de rire. Ici se trouvent une bonne partie des plus beaux souvenir de sa vie, mais également le pire de tous. Elle sent son cœur se serrer, elle inspire profondément. Comme pour lui donner du courage, c’est son familier qui s’élance, à pas lents, devant elle pour ouvrir la marche vers l’entrée de la guilde. Ses jambes suivent de manière mécanique. Elle est trop fatiguée pour se demander si c’est une bonne idée où si elle ne devait pas, malgré tout, faire demi-tour en laissant derrière elle cette cordiale invitation à le rejoindre ici. Elle passe, sur les pas de son familier, l’entrée qui était autrefois composée de deux grandes portes de bois et qui n’est à présent plus qu’une ouverture. Elle a à peine le temps de laisser ses yeux bleus parcourir la pièce dans laquelle la végétation a repris ses droits que son regard est attiré par Nahim qui l’interpelle, assis sur un pupitre au centre de la pièce. « Mon amour, je ne t'attendais plus ! Viens, nous sommes tous là pour t'accueillir ! » « Ne m’appelle pas comme ça. » Souffle-t-elle sans être vraiment agressive, mais davantage simplement par habitude. A côté d’elle cependant, son familier grogne en direction de Nahim. La bête lui sauterait probablement au cou si elle le pouvait.

Tous. Elle ne tique sur le mot qu’après que ses habitudes l’aient fait agir pas automatisme. Elle baisse les yeux sur le charnier devant lui. Aly n’a pas vraiment le respect des défunts profondément ancré en elle, mais là il est en train de lui faire comprendre avec une voix douce qu’il est allé profaner les tombes de ses amis, ces mêmes amis qui ne sont enterrés aujourd’hui six pieds sous terre qu’à cause lui ? Si elle s’écoutait, elle lui aurait tiré une flèche dans le crane avant même que le loup à ses côtés ne recommence à grogner en montrant les crocs. Mais elle n’est pas aveugle au point de ne pas avoir vu les flèches, de ne pas avoir vu les pièges. S’il voulait la tuer est-ce qu’elle ne serait pas déjà morte ? Que ce soit maintenant ou dans la cité, il aurait pu jouer plus finement et faire en sorte qu’elle ne soit plus là aujourd’hui. Pourtant elle se tient là face à lui. Elle ne sait pas comment elle arrive à contenir, en apparence cette rage qui l’anime. C’est sans doute ce qu’il cherche, la faire sortir de ses gonds, alors elle ne lui fera pas ce plaisir. S’il veut la faire souffrir, c’est une réussite. Pourtant elle se tient droite et n’en montre rien, parce qu’il ne mérite ni sa haine, ni sa colère, ni ses larmes.

Son regard se promène dans la pièce, une nouvelle fois. Elle met ses mains dans ses poches, d’un air un peu nonchalant. Elle donne l’impression d’être blasée alors que son œil expert est en train d’identifier tous les pièges qui peuvent être posés dans la pièce. C’est que c’est un peu sa spécialité aussi, les pièges. « Le comité d’accueil est charmant, dire que tu as fait tout ça pour moi. » Elle commence à marcher, à parcourir d’un pas lent et mou la grande pièce principale tout en regardant un peu partout. Un peu partout sauf là où se trouvent les ossements. « Dommage que ton amour, la fille pour qui tu as fait tout ça, est morte depuis bien longtemps. » Continue-t-elle calmement. « L’aurais-tu oublié ? » Elle croise son regard émeraude. Il n’a pas oublié, c’est pour ça qu’ils sont là aujourd’hui tous les deux, parce qu’il se souvient avec autant de précision qu’elle de ce jour. « La Alycia que tu as aimé, si tu l'as vraiment aimé, est morte juste ici, il y a cinq ans. » Marmonne-t-elle, toujours l’air blasée, en se positionnant sur la tâche brune de son propre sang, à l’endroit où il l’a laissée pour morte. Je ne suis plus la même. Cette information est teintée d’une menace à peine sous entendue. « Oh, non, pardon, pas tout à fait. » Rectifie-t-elle. Elle parcourt la pièce jusqu’au couloir qu’elle avait traversé à grande peine ce jour-là, elle s’arrête juste devant, soit l’endroit exact où elle a eu un merveilleux aperçu du chaos…Et de la personne qui en était responsable : lui. « Ici, plutôt. »  Elle a vraiment le sentiment d’être morte ce jour-là, lorsqu’elle s’est réveillée, elle n’a plus jamais été la même. Pas qu’elle s’en plaigne aujourd’hui, cela dit. 

Mains toujours dans ses proches, elle s’adosse à l’encadrement de la porte de couloir, à l’endroit où tout sa vie a basculé en une fraction de seconde. Elle le regarde, toujours sans lui offrir ne serait-ce qu’un brin de cette haine qu’il ne mérite pas. « Le Nahim que j’aimais est mort aussi, même si je ne sais pas à quel moment exactement c’est arrivé. » Tu n’es définitivement plus lui, tu ne l’étais déjà plus quand tu as fait tout ça. Elle aimerait comprendre, lui demander pourquoi, savoir enfin ce qui s’est passé. Elle ne lui demandera cependant rien. A quoi bon ? Il ne lui répondrait pas de toute façon, alors elle ne se donnera pas la peine de poser des questions dont il ne voudra pas lui apporter de réponses. « Tu as déjà eu deux occasions de me tuer et pourtant je suis toujours là. Et si tu nous faisant gagner du temps à tous les deux et que tu me disais pourquoi tu m’as invitée à te rejoindre ici ? » Malgré son air blasé, Alycia est en réalité très concentrée, et son familier l’es également. Au moindre geste de travers de sa part, elle sera entourée d’arcs, prête à se défendre. 


   
(c) fiche:WILD BIRD & gifs:gifs hunt c l o s e d
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité



Lun 10 Aoû - 19:18

 
 

 
Marry You

 

« Ne m’appelle pas comme ça. »

Il est ravi. Il se sent comme un enfant qui a reçu le cadeau de Noël qu'il espérait tant. Il veut tout simplement que cette allégresse ne s'arrête jamais. Elle est venue. Elle n'a pas su se contenir, elle a voulu savoir pourquoi il a semé autant de petits cailloux sur son chemin, lui qui est resté dans les ombres pendant des années. Pas qu'il est l'envie de retourner dans la lumière, la vie qu'il mène lui plaît. Elle lui permet de purger cette terre de tous ces cons qui se croient au-dessus des règles. Nahim ne croit pas au jugement divin, mais bien aux actes humains. Nahim a pour projet de foutre le bordel autant de fois qu'il le faudra pour Skyadrum. Mais pour servir son maître, il doit régler le problème Alycia. Il ne la tuera pas. Non, il la veut vivante. Nahim veut détruire le monde dans lequel elle s'est reconstruite. Elle avance doucement, d'un air blasé. Il l'observe en silence, prenant plaisir à la dévorer des yeux sans la moindre gêne. Ses vêtements, sa poitrine qui se soulève au rythme de sa respiration, ses yeux qui scrutent chaque millimètre de la pièce. Elle est hypnotique. Sous cette apparence de je-m’en-foutiste, elle est d'un professionnalisme admirable. C'est ce qu'il adore avec elle, elle arrive à cacher son talent sans la moindre difficulté. Ce n'est pas une chasseuse réputée pour rien. Il se sent gêne d'admirer chaque parcelle de son corps, il peut presque sentir le parfum discret de sa peau. Le charnier qui est exposé devant lui sent heureusement la terre mouillée et non la putréfaction. Il est d'ailleurs étonné que ses anciens camarades ne soit pas à l'état de squelette, mais plus de momies décharnées. Peut-être est-ce un effet secondaire de son sort ? Il s'en fiche, au moins, ils ont l'air encore plus horribles.

« Le comité d’accueil est charmant, dire que tu as fait tout ça pour moi. Dommage que ton amour, la fille pour qui tu as fait tout ça, est morte depuis bien longtemps. L’aurais-tu oublié ? La Alycia que tu as aimé, si tu l'as vraiment aimé, est morte juste ici, il y a cinq ans. »

Il la suit du regard, un sourire rayonnant aux lèvres. Oui, ils se sont aimés. Plus que leur propre vie en fait. Il l'a aimé plus que sa propre âme. Il se souvient encore de cette époque où il aimait se réveiller à côté d'elle. Il se rappelle avec quelle ardeur il lui faisait l'amour. Il les revoit s'aimer à la folie, à en oublier le reste du monde. Tant qu'eux étaient ensembles, le reste n'avait pas d'importance. Maintenant qu'ils sont ennemis, plus rien n'a d'importance. Tout ce qui compte, c'est de clore le chapitre Sunrise entre les deux derniers survivants. Il se demande encore une fois comment il a pu aimer cette femme, la désirer encore aujourd'hui et la haïr aussi fort. Elle qui était tout est devenue rien. Elle avait disparu de son existence pendant cinq ans, il avait presque fini par oublier qu'elle avait existé. Se rappelant qu'un jour, oui, il avait aimé une fille dans son ancienne guilde. Rien de plus. Un fantôme de plus dans son répertoire avec aucun signe distinctif pour qu'il puisse réellement s'en souvenir. Elle continue de marcher. Même si les lieux sont délabrés maintenant, Nahim n'a aucune difficulté à se souvenir de comment c'était avant. Il peut presque voir le sang qui a séché sur le plancher pourri. Il se souvient de l'alignement des bouteilles sur le bar, aujourd'hui brisées. Il se souvient parfaitement d'où sont morts ses amis. Quand Alycia finit par arriver devant le couloir, elle le regarde, sans haine, juste de manière neutre. Il ne réagit pas. Il attend, patiemment.

« Ici, plutôt. »

Il cligne des yeux, concentrés, un nouveau combat entre le saphir et l'émeraude. Elle qui lui offre la neutralité, il lui offre de l'intérêt pour ses mots. Même s'il trouve qu'elle est longue à avancer. Il regarde la place où elle se tient, il sent sa cicatrice dans le dos le démanger. Pas par regret, mais parce qu'il regrette d'avoir raté sa cible ce jour-là. Il est en colère de ne pas avoir pu finir ce chapitre honteux de son existence. Il n'a qu'une envie, c'est de retourner sur une vraie mission. Il a galéré à se débarrasser de Nini qui le colle. Il refuse de mêler sa précieuse camarade dans cette histoire. Alycia serait capable de salir la pureté meurtrière de Nini. Nahim la laisse parler, de toute façon, il n'a pas envie de parler. Pour dire quoi ? "Bonjour Chérie ! Je m'en fous d'où tu as presque failli crever ! Par contre, qu'est-ce que tu penses de ce papier peint ? Il est vraiment ignoble !"

« Le Nahim que j’aimais est mort aussi, même si je ne sais pas à quel moment exactement c’est arrivé. »

Il baille en réponse. Elle a le sens du dramatique, on ne peut pas le lui reprocher. Il n'est pas mort, il est revenu à la vie ce jour-là, libéré des chaînes. Lui qui n'avait aucun personnalité, trop gentil, trop naïf. Un pantin sans émotion propre. Lui qui vivait uniquement pour faire plaisir aux autres s'est senti seul et pas si bien entouré que ça. Lui qui espérait trouver une famille qui voudrait de lui, qui l'accepterait comme il serait : faible et motivé. Lui qui passait le plus clair de son temps à se faire soigner parce qu'il ne savait pas se battre mais qui essayait encore et encore. Qui voulait juste trouver sa place. C'est ce Nahim qu'elle regrette ? Un pauvre gamin pas foutu de s'imposer ? Lui ne se regrette pas. Il est heureux de s'être affirmé. Il est heureux de planifier des plans avec Skyadrum. Il ne veut pas redevenir la victime de la guilde. Il ne veut plus être le pion d'Alycia. Il ne veut plus subir l'affront de la trahison. Il n'est pas ce genre d'homme. Il n'est plus ce genre d'homme, à pardonner aussi facilement histoire d'arrondir les angles. Il ne sait plus pardonner de toute façon.

« Tu as déjà eu deux occasions de me tuer et pourtant je suis toujours là. Et si tu nous faisant gagner du temps à tous les deux et que tu me disais pourquoi tu m’as invitée à te rejoindre ici ? »

Après quelques secondes de silence à la regarder dans le blanc des yeux, il lui répond simplement, comme si c'était l'évidence même :

"Parce que je ne veux pas que tu meurs, chérie."


Il fait glisser son regard vers son familier qui ne bouge pas mais qui est prêt à bondir à la moindre remarque/geste de sa maîtresse. Il soupire et cherche un objet dans sa poche, qui visiblement ne vient pas. Quand ses doigts touchent l'objet tant aimé, espoir de toute une vie perdue, il a un voile d'ombre qui couvre son regard, pendant une minuscule fraction de seconde avant de retrouver un regard attendri. Il n'y a pas à dire, il est très bon comédien quand il le veut. Elle veut la vérité sur leur rencontre aujourd'hui ? Pas de souci, il ne comptait pas lui parler de la pluie et du beau temps. Les deux ne sont pas intéressés par la conversation de base. Les deux aiment aller droit au but sans détour. Ils ont beau être dans un camp opposé, ils ont été fait dans le même pot. Même si Nahim est plus posé et moins réactif qu'elle. Il se redresse légèrement.

"Sais-tu quelle date nous-sommes ? Non, tu ne dois pas savoir. Range ton toutou, je ne compte pas t'attaquer, simplement discuter du bon vieux temps ... Ou plutôt, du mauvais vieux temps."

Il détourne le regard pour admirer l'objet de ses fouilles, il en sort un minuscule objet, à peine abîmer par le temps. Il attend patiemment qu'elle se replace pour qu'elle puisse observer elle aussi.

Un anneau en argent, avec une émeraude et un saphir enchâssés, liés par le métal, ne faisant plus qu'un. Sans quitter l'objet des yeux qu'il tient au creux de sa main. Cet objet si minuscule, fait pour mesure pour elle. Il se souvient, non sans une pointe dans le cœur du temps qu'il avait mis à rassembler l'argent pour la fabriquer. Il s'était littéralement vendu les deux reins pour pouvoir lui offrir une bague digne d'elle. Une bague qu'elle ne mettra jamais. Il continue sur un ton plat.

"Il y a cinq ans, jour pour jour, j'aurais dû te demander en mariage ici même. Devant tout le monde et te jurer ma fidélité et mon amour éternel, t'appartenant totalement. A jamais."


Il détourne enfin son regard de ce bien dont il n'a jamais réussi à se débarrasser. Comme une ancre qui le retient au fond de l'eau depuis trop de temps déjà. Il lui lance, elle la rattrape sans mal, après tout, elle a de supers réflexes. Il continue, perçant son regard.

"Je te la donne, nos amis en sont témoins, je n'ai pas cherché à te tuer. Je m'engage après cette entrevue à ne plus avoir aucune pitié pour toi. Oublions que nous avons été amants, ça nous rend idiots cette situation. De plus, je n'ai pas envie qu'on sache."

Il grimace en prononçant le mot ami, non, ces gars là n'étaient pas ses amis. Il s'étire et descend enfin de son pupitre et s'approche d'elle, sans aucune animosité, il reste à distance respectable d'elle, néanmoins.

"Oublions ce destin où nous rêvions d'être heureux, il serait idiot d'espérer une utopie qui jamais, ne se réalisera. Garde là, elle a été faite uniquement pour toi. Elle ne peut aller qu'à ton doigt."

Il la dépasse, il n'a pas un regard pour elle, tout ce qu'il veut, c'est finir cette mascarade. Il veut la laisser porter le fardeau qui a été le sien. Il veut oublier son amour dévorant pour elle. Alycia, la seule femme qu'il ait réellement aimé, la seule qui peut attraper son cœur avec un seul sourire. Sa malédiction de lui rester fidèle après tout le mal qu'elle lui a fait. L'amour qu'il lui a porté n'a jamais eu de retour. Un amour à sens unique, le détruisant à jamais. Elle a aimé son toutou, pas lui en tant qu'humain. Maintenant qu'il s'est délesté de son fardeau, il va pouvoir aller de l'avant, il va pouvoir reprendre du service au sein de Blood Moon, il va pouvoir se lancer corps et âme dans cette guerre qui a commencé. Il fera tout son possible pour que celle-ci donne Baram gagnante. Quand il arrive sur le seuil de la porte. Au fond de lui, une part de lui voudrait qu'elle le rappelle, qu'elle se jette à sa poursuite, refusant que ça se finisse comme ça. Qu'est-ce qu'il a dit déjà ? Oublier cette utopie de vivre ensemble hein ... ? Il a encore du chemin à faire, sacré Nahim.

"Il est temps de se dire adieu, mon amour."
 

 

   Phantasmagøria

 
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité



Mer 12 Aoû - 11:41



   

Nahim & Alicya
Marry you
« Parce que je ne veux pas que tu meurs, chérie. » C’est ainsi qu’il brise les quelques secondes de silence qui se sont installées entre eux. Toujours adossée contre le mur proche du couloir, à côté de là où elle n’avait pu que constater l’horreur à l’époque, elle garde son regard sur lui avec une mine blasée et trop peu d’intérêt. Elle soupire, elle ne va pas le reprendre une nouvelle fois sur ces petits sobriquets si ça l’amuse de lui en donner. C’est sans doute parce qu’il sait qu’elle déteste ça qu’il continu à les utiliser, même maintenant, alors qu’ils ne sont plus rien l’un pour l’autre. Plus rien…Ce n’est pas tout à fait vrai, sinon ils ne seraient pas là tous les deux. Il reste au moins cette haine dévorante de l’ennemi, née de ces camps opposés qu’ils ont choisis et nourrie de la trahison du passé. Qu’il ne veuille pas sa mort, cela ne semble pas avoir de sens, venant de celui qui a déjà tenté de lui ôter la vie. Elle ne sait pas comment elle a pu survivre à ça. Outre les prouesses et les compétences d’Iris, elle ignore comment elle a pu un jour se relever de ses blessures et de ces sorts. Est-ce que c’est vraiment sa volonté de vivre qui a fait la différence ? C’est une explication qui n’aurait pas de sens. Elle se souvient de cette difficulté qu’elle avait de vouloir encore faire quoi que ce soit de sa vie après avoir tout perdu. Longtemps, elle n’a plus été capable de rien. Cela aurait été simple de se laisser mourir pour rejoindre ses compagnons, bien plus que de vivre avec la douleur de la perte de et la trahison. Pourtant, elle avait fini par décider qu’elle vivrait pour ceux qu’elle avait aimé, qu’elle laisserait sa peine derrière elle. Elle aurait pu réussir, elle aurait pu continuer ainsi s’il n’avait pas décidé d’entrer dans sa vie à nouveau. Le pire dans tout ça, c’est qu’elle ne sait pas si elle devrait être heureuse de croiser son chemin une nouvelle fois, elle qui pensait pourtant avoir tourné la page. Quelle idiote elle peut faire.

Elle est attentive aux moindres détails, c’est ce qui fait d’elle une si bonne chasseuse. Elle voit son regard glisser sur le familier qui est toujours à ses côtés, avant qu’il reporte son attention sur un objet enfouit au fond de sa poche qu’il semble vouloir récupérer. Elle voit son regard changer, et bien entendu elle reste sur ses gardes, qu’importe qu’il vienne de lui dire qui ne veut pas sa mort. Elle est incapable d’y croire, vu qu’il existe déjà une tentative ratée dans leur passif. « Sais-tu quelle date nous-sommes ? Non, tu ne dois pas savoir. Range ton toutou, je ne compte pas t'attaquer, simplement discuter du bon vieux temps ... Ou plutôt, du mauvais vieux temps. » La rouquine soupire. Elle n’a pas envie d’être là, lui non plus sans doute alors ne peut-il pas en venir au fait plutôt que de tourner ainsi autour du pot ? Elle ne devrait pas lui faire confiance, pourtant après avoir laissé couler quelques secondes, son familier disparaît doucement et il n’y a plus qu’eux, au milieu des ruines de cet endroit qui a vu tous leurs souvenirs heureux de l’époque. Il n’y a même plus de méfiance lorsqu’il sort finalement un petit objet de sa poche, peut-être juste de la curiosité. Si elle ne s’approche pas et se contente de regarder cet anneau de loin, c’est bien davantage parce qu’elle préfère ne pas s’approcher de lui. C’est son ennemi, elle le déteste, pourtant son cœur bat à un rythme différent lorsqu’il est dans les parages. C’est trop pour elle et elle ne veut pas l’accepter. Alors, elle préfère rester à distance. Parce que ça semble plus facile à gérer.

« Il y a cinq ans, jour pour jour, j'aurais dû te demander en mariage ici même. Devant tout le monde et te jurer ma fidélité et mon amour éternel, t'appartenant totalement. A jamais. » Reprend-t-il d’un ton plat. Son cœur se serre, une boule se forme dans sa gorge, l’empêchant de répondre quoi que ce soit alors qu’il y aurait tellement à dire. Il y a cinq ans, ils étaient heureux. Mais tout a disparu, tout a volé en éclat en une seule soirée. Il lui lance l’objet, et qu’importe qu’elle soit troublée, ses réflexes réagissent à sa place. Elle l’attrape au vol et prend enfin le temps de la contempler de près. Elle semble si neuve que cela la déstabilise autant que les mots qu’il vient de prononcer. Il ne l’a pas seulement conservée, il en a pris soin comme on ne le ferait pas s’il n’y avait que cette haine viscérale entre eux deux. Les deux pierres, émeraude et saphir enchâssés, ont cette symbolique qui pourrait à elle seule se passer de toute autre discours, une symbolique qu’il n’y a qu’eux qu’ils peuvent voir ou comprendre. « Je te la donne, nos amis en sont témoins, je n'ai pas cherché à te tuer. Je m'engage après cette entrevue à ne plus avoir aucune pitié pour toi. Oublions que nous avons été amants, ça nous rend idiots cette situation. De plus, je n'ai pas envie qu'on sache. » Il descend enfin de son pupitre pour s’approcher un peu d’elle, restant à une distance respectable. Ça l’arrange, elle ne veut pas qu’il s’approche. Elle ne veut pas aimer le savoir près d’elle, elle ne veut pas avoir cette possibilité de le toucher si elle tend le bras. Elle ne veut pas avoir l’impression qu’il est vraiment là, encore accessible alors que ce n’est plus le cas depuis bien longtemps. Après tout ce qui s’est passé, pourquoi ne sont-ils pas simplement capables de se vouer une haine franche et sans incertitudes ? Après tout ce qui s’est passé, pourquoi faut-il qu’ils soient toujours aussi fidèles l’un à l’autre ? Elle préfèrerait qu’il la déteste franchement, parce qu’elle reste persuadée que ça serait plus facile pour elle de tourner la page s’il faisait de même. Mais est-ce que ça le serait vraiment ? Elle se sent maudite de continuer à avoir ce genre de sentiments qui la troublent alors que pourtant tout les destine à être ennemis. Elle aurait un millier de choses à lui dire, mais chaque mot reste coincé au fond de sa gorge. Fondamentalement, ce n’est pas plus mal.

« Oublions ce destin où nous rêvions d'être heureux, il serait idiot d'espérer une utopie qui jamais, ne se réalisera. Garde là, elle a été faite uniquement pour toi. Elle ne peut aller qu'à ton doigt. » Il dépasse son niveau et se dirige sans un mot supplémentaire vers la sortie. Est-ce que c’est ainsi que leur entrevue doit se terminer ? Elle le regarde s’éloigner, soulagée une nouvelle fois de ne pas simplement pouvoir tendre la main pour se saisir de son bras, lui demandant ainsi silencieusement de rester avec elle. A quoi ça rimerait, tout ça ? Ça n’aurait aucun sens. Et il a raison, maintenant, il n’y a plus aucun avenir pour eux. Il s’arrête sur le seuil de la porte. « Il est temps de se dire adieu, mon amour. » Elle serre dans son poing la bague qu’il vient de lui donner. Ça doit être la première fois de sa vie qu’elle n’a pas envie de vomir lorsqu’il l’appelle mon amour, ce qui cependant la dégoûte d’elle-même. Elle devrait le laisser partir et balancer cette bague quelque part dans les bois, laisser tout ça derrière elle et simplement accepter silencieusement tout ce qu’il vient de lui dire. Non, mieux encore, elle devrait lui tirer une flèche dans le dos et mettre fin à cette histoire qui n’a fait que la faire souffrir durant toutes ces années. Laisser la bague avec son cadavre, brûler l’endroit, et enfin tourner la page, se libérer de ce passé et de ces attaches qui l’empêchent d’avancer. Combien de fois elle a essayé de l’oublier dans les bras de quelqu’un d’autre ? Elle ne les compte même plus. Malgré tout c’est lui, c’est toujours lui, malédiction de merde. Laisse le partir, laisse le partir… tente-t-elle de se convaincre en serrant son poing plus fort encore, en se mordant la lèvre jusqu’au sang pour ne rien dire, pour ne pas le retenir. Mais finalement elle cède, parce qu’il est sa plus grande faiblesse. « Tu te rends compte ? Ça veut dire qu’on fêterait bientôt nos cinq ans de mariage… » Belle façon fort peu subtile de lui faire savoir que, évidement, elle aurait sauté et hurlé de joie et qu’elle lui aurait dit oui.

Elle l’a murmuré, mais c’était assez fort pour qu’il l’entende. Elle ne le regarde pas, alors que pourtant elle sait qu’il lui tourne le dos. Mais elle ne voulait pas croiser son regard s’il venait à se retourner pour la regarder. Tout ce qu’elle sait, c’est qu’il s’est arrêté, qu’il est toujours à l’entrée de la guilde, mais qu’il n’a pas continué son chemin. Elle n’a pas besoin de se saisir de son bras pour le retenir, elle ne sait pas si c’est une bonne ou une mauvaise chose. Elle ne peut pas se permettre de craquer devant lui, alors elle continu de faire comme si tout ça ne l’affectait pas. Mais rien que sa remarque montre que ça l’affecte bien plus qu’elle ne veut le montrer, ou même l’admettre. Elle imagine sans mal comment ça se serait passé, il n’aurait pas eu l’éloquence qu’il vient d’avoir, il aurait sans doute bafouillé un peu, il aurait été mois sûr de lui parce que c’est comme ça qu’il était à l’époque. Et à l’époque, elle aurait trouvé ça attendrissant, elle aurait fondu, elle aurait dit oui parce qu’elle savait déjà qu’il était tout ce qu’elle voulait. Elle se demande comment les choses se seraient passées, ensuite. Tout ces évènements l’ont beaucoup faite changée, si Nahim était resté tel qu’il était à l’époque, la Alycia d’aujourd’hui aurait sans doute du mal à l’aimer. Cette timidité, cette gentillesse…Il était parfait pour l’ancienne Aly, pas celle qu’elle est aujourd’hui. Ils ont évolué, tous les deux. C’est devenu un enfoiré de première et pourtant…Elle ne peut pas nier qu’elle aime cette assurance nouvelle qu’il n’avait pas à l’époque. Quitte à changer, n’aurait-il pas pu devenir le genre de personne qu’elle pourrait haïr de tout son être ? Ce qu’elle peut détester le fait de toujours l’aimer autant qu’elle le hait. « Tu peux oublier si ça te chante, si c’est plus facile pour toi. » Elle soupire, l’air faussement blasé. Elle a mal mais elle refuse de le montrer, il ne mérite pas qu’elle se laisse aller.

Il a le droit de choisir la facilité, est-ce que ce n’est pas déjà ce qu’il a fait lorsqu’il est parti en détruisant tout sur son passage ? Ça ne la regarde pas, ça ne la regarde plus. Leurs chemins se sont séparés il y a cinq ans. Ils devraient être des étrangers l’un pour l’autre. Elle comprend qu’il veuille oublier, laisser ça derrière lui et repartir vivre sa nouvelle vie ailleurs. Pour sa part, elle en est incapable. Mais ça ne regarde qu’elle. « Je me souviendrai pour deux, je suppose. Fais ce que tu veux mais ne viens pas me demander de tirer un trait sur mes plus beaux souvenirs. » Elle ne sait pas pourquoi elle lui dit ça. Parce qu’elle a toujours été sincère avec lui, et que certaines choses ne changent pas avec le temps ? Pourtant, il n’en a très certainement rien à faire. Elle se décolle du mur, elle fait quelques pas vers lui. C’est un soulagement pour elle de laisser finalement le charnier derrière elle, elle n’a plus à se forcer de garder son regard ailleurs. Cette fois c’est elle qui s’arrête à une distance raisonnable. Elle ne veut pas être trop proche, elle ne veut pas pouvoir le toucher comme s’il était accessible, alors qu’il ne l’est clairement pas. « Comment on passe de ce genre de projets à ça, Nahim ? » Demande-t-elle finalement. Elle se souvient de la façon dont elle lui a dit qu’elle se fichait de ses états d’âme, à la Cité Royale. Déjà à ce moment là elle crevait d’envie d’avoir une réponse. Mais le contexte ne s’y prêtait pas. Est-ce qu’il s’y prête plus aujourd’hui ? Elle ne sait pas, mais il semble vouloir mettre les choses à plat une dernière fois avant de tout laisser derrière lui. Cette conversation sonne comme s’il s’agissait là de sa dernière opportunité de lui demander, d’avoir des réponses aux questions qu’elle n’ose plus se poser depuis cinq longues années. Elle soupire, passe sa main libre dans sa tignasse rousse. Tu ne me répondras pas, je suppose… Songe-t-elle.

« Le mariage, c’est surfait. » C’est ce qu’elle pense aujourd’hui, elle ne croit plus en ce genre de choses de toute façon. Elle ne croit plus en grand-chose. Elle a conscience que le grand amour de sa vie, c’était lui, et que maintenant que c’est terminé, elle ne connaîtra plus jamais rien de semblable. Elle le sait, elle y est résignée. Elle a connu trop d’histoires qui n’auraient jamais abouties à rien pour comprendre que c’était lui, et que maintenant c’est terminé, c’est derrière elle. « On n’avait pas besoin de ça pour s’aimer et pour s’être fidèles. » Ils n’en ont toujours pas besoin, d’ailleurs. C’est aussi triste que c’en est beau. « Oublie-moi, oublie tout ce que notre futur aurait pu être. Fais comme si tout ça n’avait jamais existé. N’ai plus aucune pitié pour moi. » Résume-t-elle, serrant encore un peu plus fort la bague au creux de son poing. « Je n’oublierai pas, je ne ferai pas semblant. Mais je n’aurai aucune pitié pour toi non plus. » Et elle ne dirait rien. Elle n’a pas besoin de le préciser, parce qu’il l’a déjà sans doute compris dans ses mots. Cette histoire ne regarde qu’eux et personne d’autre, cela a toujours été ainsi, même durant les cinq dernières années. Il ne peut pas ignorer qu’elle n’a jamais parlé de lui durant tout ce temps, ses mots se seraient répandus, ils auraient eu un impact, d’une façon ou d’une autre. Elle veut le détester, elle veut lui tirer dessus. Mais il n’est pas là pour se battre et Alycia n’est pas du genre à attaquer quelqu’un de désarmé. Dire que ce serait si facile de le frapper s’il ouvrait les hostilités…Elle est presque déçue qu’il ne le fasse pas. Elle pourrait mettre ses sentiments de côté, laisser la haine prendre le dessus comme elle devrait le faire naturellement. Pourquoi est-ce que sa haine ne l’emporte pas après tout ce qu’il lui a fait ? Elle se sent bête, elle enrage contre elle-même. Elle arrive au moins à se faire violence et à rester à une distance raisonnable, à laisser au moins cette barrière entre eux. « Si tu comptes me faire abandonner, il te faudra plus que ça. » Elle lui adresse un sourire triste. Elle n’est habituellement pas naïve, pourtant malgré tout ce qu’il lui a fait elle lui accorde encore le bénéfice du doute. Elle se dit encore que son chemin pourrait changer, une nouvelle fois. Même si elle y croit à peine. Elle n’ajoute plus rien. Il a dit ce qu’il avait à dire et elle aussi. A présent s’il veut partir elle ne le retiendra plus.



   
(c) fiche:WILD BIRD & gifs:gifs hunt c l o s e d
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité



Mer 19 Aoû - 11:10

 

Marry You


Chaque pas est un supplice. Il sent son âme s'arracher d'elle-même de son corps. Il voudrait tant que cette épreuve cesse, ce supplice insoutenable. Il rompt toute tentative de réconciliation entre les deux, c'est ce qu'il faut faire. Cette hésitation malsaine qui existe entre eux va les condamner tous les deux. Ils sont ennemis, appartenant à deux camps différents mais plus que ça, ils se haïssent plus que tout au monde. Ils doivent se combattre farouchement jusqu'à ce que l'un d'entre eux succombe, c'est la seule solution pour que cette atroce comédie qui n'a plus de raison d'exister. Alors pourquoi ? Pourquoi a-t-il autant mal ? Pourquoi sa poitrine le fait autant souffrir. Chaque pas qu'il fait jusqu'à l'entrée est plus difficile que le précédent. Il n'en montre rien pourtant. Déchiré en deux, parasité par cette idée de vouloir se retourner et la prendre dans ses bras et l'aimer. Encore une fois. Pour toujours. Il sent sa gorge se serrer, ça le brûle comme ça n'a jamais brûler. Plus encore qu'il y a cinq ans quand il a tué tout le monde. Il ne ressent pas de tristesse de l'exécution sommaire qu'il a offerte à ses anciens partenaires de guilde. Il ne regrette pas ce choix de vie, il ne regrette absolument pas d'être allé à Blood Moon. Il ne regrette pas d'être devenu un assassin, un stratège à la solde de Skyadrum. Il est heureux quand Ninel vient le voir dans sa chambre, ignorant toutes les règles de bienséances. Il aime passer la nuit à discuter avec elle, imaginant des plans plus fous les uns que les autres. Il est heureux là-bas. Sincèrement. Alors pourquoi ? Pourquoi, en une seconde, tout a été balayé ? Il se rend compte avec amertume, ou peut-être avec un certain soulagement, il ne le sait pas vraiment, qu'elle a toujours été son unique faiblesse. Une faiblesse idiote, volcanique, destruction mais terriblement attachante.

« Tu te rends compte ? Ça veut dire qu’on fêterait bientôt nos cinq ans de mariage… »


Il ferme les yeux. Il a mal, tellement mal ! C'est une torture de rester de marbre, là maintenant. Il sait ce que ça veut dire. Elle n'est pas du genre à faire dans l'implicite. Il ne peut pas s'empêcher de sourire, infiniment triste. Oui ... Cinq ans de mariage. Fauchés, à s'engueuler sûrement sur des broutilles mais heureux. Ensembles. Pas séparément. À cet instant, il a juste envie de tout claquer, tout détruire pour la rejoindre. Faire comme si rien n'avait eu lieu. Juste ... Être avec elle. Oublier le profond désespoir que ça a été, cinq années sans elle. Il a envie de se gifler. Se rappeler pourquoi il a mis les voiles, pourquoi il a fait ça. Pourquoi ils n'ont pas pu rester ensemble. Il sent l'arrière de son crâne chauffer, sentiment qu'il a quand il est dans une situation d'extrême inconfort. Il ne doit pas perdre son objectif de vue, il doit garder la tête froide, ignorer les appels désespérés de son cœur à faire demi-tour sur lui-même pour la regarder, l'admirer.

Parce que ça fait trop mal d'imaginer qu'elle aurait été leur vie à deux. Il ne veut pas savoir, parce qu'il le sait, il vendrait absolument tout pour pouvoir l'épouser, il n'y a qu'en sa présence qu'il se sent complet. Il ne veut plus jamais le ressentir, ça fait trop mal. Il se demande néanmoins si ce bonheur aurait duré. Lui qui a tellement changé, lui qui n'a plus rien à voir avec ce qu'il était. Lui qui était petit, maigrichon, timide maladif et empoté. À se demander s'il est vraiment lui. Il est devenu plus grand, musclé, réfléchi, moqueur et sûr de lui. Les défauts d'hier sont devenus ses forces de demain. À rester avec Alycia il y a cinq ans, aurait-il connu le même miracle ou serait-il resté cette larve qui jamais n'aurait connu sa chrysalide ? Probablement, il serait mort sur place, sans pouvoir devenir ce qu'il rêvait d'être.

« Tu peux oublier si ça te chante, si c’est plus facile pour toi. »


Oublier ? Non il n'oublie pas, il va de l'avant, nuance. Il sait très bien que cette situation ne peut plus durer. Il va se passer quoi si la prochaine fois, ils se croisent sur le champ de bataille ? Ils vont se battre pour tomber dans les bras de l'un et de l'autre, s'enlaçant pendant que leurs amis respectifs se battent ? Un non-sens total. Parce que Nahim le sait, cette possibilité existe. Il sait très bien que les deux peuvent autant se haïr que s'aimer et tout ça peut changer en quelques secondes. Ils sont tous les deux tentés. Une sorte de jeu malsain semble se mettre en place. Résister à cette pulsion de rejoindre l'autre et abandonner ses principes. Nahim ne veut pas de ça. Parce qu'il sait très bien qu'il ne résisterait pas, il se sent si faible ! Il n'est pas foutu de lui résister quelques secondes. Il a été jusqu'à retourner à Sunrise pour faire la déclaration de guerre et pour quoi ? Se sentir encore plus amoureux d'elle ? Ça n'a aucun sens. Ses sentiments brouillent ses plans. Il ne peut pas continuer comme ça. Il ne veut pas trahir Blood Moon à cause d'un caprice stupide de sa part. Alycia est l'incarnation même de toutes ses tentations. Elle est sa pomme dans le jardin d'Eden. Sauf que lui a déjà connu le goût du fruit et il ne demande qu'une chose, c'est d'en reprendre une bouchée.

« Je me souviendrai pour deux, je suppose. Fais ce que tu veux mais ne viens pas me demander de tirer un trait sur mes plus beaux souvenirs. »

Il retrouve un peu de clarté dans son esprit. Il ne peut nier que ce sont aussi ses plus beaux souvenirs, mais ces derniers ont été souillés par cette atroce vérité qu'il n'a jamais voulu dire à Alycia. Il voudrait lui hurler à quel point ses amis étaient de véritables ordures mais il se retient, il reste muet. Il voudrait lui faire du mal pour se sortir de cette situation étrange dans laquelle ils se trouvent tous les deux. Ils sont ennemis que diable ! Alors pourquoi la ménager ? Il serre les dents, il y a trop de questions qui se bousculent dans sa tête. Il veut la protéger ou quoi ? Oui. C'est ça. Il veut la protéger de cette infâme vérité, il veut être le seul monstre de l'histoire, dans l'histoire de la vie d'Alycia. Protéger les souvenirs si chers de sa douce, elle, qu'il aime depuis des années sans faillir. L'idée qu'elle sache et qu'elle comprenne qu'elle s'est trompée sur toute la ligne le faire souffrir. Il veut rester l'ordure à ses yeux. C'est plus facile comme ça. Il ne supporterait pas de la voir pleurer.

« Comment on passe de ce genre de projets à ça, Nahim ? »

Il se retourne, contre toute attente, n'arrivant plus à lui offrir son dos comme interlocuteur. Il fait un effort surhumain pour rester neutre, même plutôt froid. Sa fierté personnelle en prendrait un coup s'il lui montrait qu'il se sentait touché au plus profond de lui-même de cette rencontre. Il répond placidement, pour éviter ce sujet trop brûlant. Se demandant une énième fois pourquoi il ne lui balance pas tout au visage, ce serait tellement plus simple de la voir pleurer. S'écrouler. Alors pourquoi il ne le fait pas, cet idiot ? C'est pourtant ce qu'il voulait en venant ici, alors pourquoi il se défile au dernier moment. Il s'énerve contre lui-même. Tu es un idiot fini, Nahim. C'est ce qu'il se répète en boucle. Pourtant, dans un éclair de mauvaiseté, qui avait disparu depuis le début de cet entretien revient de on ne sait où. Ne pas lui dire, c'est ne pas offrir la vérité qu'elle recherche ardemment. Vivre sans pouvoir connaître la clé de cette affaire.

"Il y a des choses qui se passent sans qu'on puisse avoir le contrôle dessus ..."


Il reste évasif, lui indiquant que non, il ne répondrait pas. Pas maintenant. Pas quand ça semble allait presque mieux entre eux. Partagé entre le fait de la faire souffrir encore un peu et de la soulager de ce fardeau qu'on appelle vérité. Il se hait d'avoir cette ambivalence en lui.

« Le mariage, c’est surfait. On n’avait pas besoin de ça pour s’aimer et pour s’être fidèles. Oublie-moi, oublie tout ce que notre futur aurait pu être. Fais comme si tout ça n’avait jamais existé. N’ai plus aucune pitié pour moi. Je n’oublierai pas, je ne ferai pas semblant. Mais je n’aurai aucune pitié pour toi non plus. »

Une fidélité qui tient après autant d'années, c'est presque beau. Ils se regardent et ils savent tous les deux ce que ça signifie. Personne en dehors d'eux n'a le droit de mettre son grain de sel. Parce qu'au fond, elle a raison. Même en n'étant pas marié, ils sont liés l'un à l'autre par un lien encore plus fort, plus puissant. C'est ce même lien qui les rend à moitié fou. Des amants maudits par les dieux, condamnés à s'aimer mais ne pouvant pas vivre dans le même monde. Elle lui sourit tristement, premier sourire qu'elle lui offre depuis des années.

« Si tu comptes me faire abandonner, il te faudra plus que ça. »


Et c'est le mot de trop. Celui qui le détruit de l'intérieur. Il ne peut pas s'empêcher de la trouver si belle, si parfaite, sa fabuleuse guerrière. Il aime cette lueur dans son regard. Il aime cette aura de volonté qui l'anime, elle n'a rien à voir avec la douce et innocente Alycia qu'elle était. Elle rayonne comme un astre là ou avant, elle était une étoile lointaine. Est-ce possible d'avoir un second coup de foudre pour la même personne. Il lui sourit, pas méchamment, un vrai sourire, comme avant, sans arrières pensées.

"S'il y a bien une chose que tu ne sais pas faire, c'est abandonner."


Il fait dos au seuil de la porte, se retenant de soupirer. Il aurait été plus simple de la laisser en plan ici, signant enfin l'acte de guerre entre les deux. Mettant enfin un terme à cette mascarade amoureuse. Mais elle l'a retenu ici, alors il reste. Ne sachant pas trop quoi rajouter. Il se dit qu'il doit avoir l'air idiot à lui sourire comme ça, dans cette atmosphère morbide. Il a envie de brûler cet endroit, il déteste cette guilde. Il veut passer complètement à autre chose. Il veut pouvoir retenir à sa guilde, faire un High-Five à sa petite soeur chérie et lui dire "C'est bon, on peut y aller maintenant". Ne plus avoir d'attaches. Le début des hostilités entre Baram et le Gouvernement a été lancé, l'amour n'a pas sa place dans cette guerre qui sera sans douter un tournant dans le monde d'Edoras. Il serait idiot de s'aimer alors que c'est totalement suicidaire comme situation. Oui, idiot. Alors pourquoi ce désir le brûle ainsi ? Ce serait oublier ce qui s'est passé il y a cinq ans. Nahim se hait d'oublier qu'Alycia ne l'aurait jamais choisi face aux autres. Elle les aimait plus que tout. Il s'est senti abandonné il y a cinq ans. Il s'est senti seul comme jamais. Et pourtant, il ne peut pas s'empêcher de vouloir chercher ses bras, il veut s'y endormir, encore une fois. Comme une drogue dont il a été privé depuis trop longtemps. C'est presque timidement qu'il s'approche d'elle, sans hostilité, avec une douceur infinie qu'il replace une mèche de cheveux derrière son oreille.

"Je ne compte pas oublier. Je ne compte pas oublier ce que tu es pour moi."


Il retire sa main, ce contact fugace avec sa peau est électrique, il en a presque la main qui tremble. Si ça ne tenait qu'à lui, elle serait déjà dans ses bras. Et paradoxalement, il lui susurrait des menaces. Il lui adresse un sourire moqueur. Le regard pétillant, il ne veut pas tomber dans ce piège, il le sait, s'il fait ça ... Il va craquer. Il a envie de se frapper la tête à l'aimer si fort. Elle lui fait littéralement perdre les pédales.

"T'es comme un chien qui refuse de lâcher son os. Tu comptes faire quoi ? M'accrocher  sur un étendard après m'avoir baffé à mort ?"

Il a ce sentiment de se sentir à des années lumières d'elle. Elle semble si proche, s'il tend la main, il peut toucher son visage et effacer d'un doigt la tristesse qui l'envahit. Il a presque envie qu'elle s'énerve contre lui, qu'elle le frappe, qu'elle lui hurle dessus sans retenu. Lui en est incapable. Il a perdu sa volonté de se battre. Il a l'impression d'avoir la tête sous l'eau, perdu dans les méandres de son esprit, à trop réfléchir, il ne sait plus quoi faire. Il se sent pleutre. Pas capable de prendre l'initiative autre qu'une réconciliation qui n'aura jamais lieu. Il ne lui a pas menti quand il disait qu'elle ne devait pas mourir. Il perdrait définitivement la raison. Où est passé sa rage envers elle ? Il en aurait grandement besoin tout de suite. Il reprend, sur un ton désinvolte.

"Je ne compte pas me laisser planter par tes flèches, je te renverrai l'ascenseur, n'aies aucun doute là-dessus."


Il voudrait qu'elle ouvre les hostilités, que cet endroit brûle, emmenant avec lui les démons de leur passé. Il espère l'avoir suffisamment titillé pour qu'elle morde à l'hameçon. Même si au fond, il espère de la tendresse de sa part. Il se retient de ricaner. Cette chimère doit mourir immédiatement, avant qu'il pense sincèrement que ce soit possible. Plus rien de bon ne peut arriver dans leur relation. Alycia ne veut pas oublier mais c'est si douloureux de se souvenir, ça lui broie la poitrine de se souvenir à quel point il l'adore. Il voudrait à quel point il l'aime. Elle est l'unique femme de son existence, aucune ne sera la remplacer.

"J'ai hâte de t'affronter sur le champ de bataille, mon amour."



   Phantasmagøria

Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité



Ven 2 Oct - 12:08



   

Nahim & Alicya
Marry you
Le sang, la destruction. Alycia n’a jamais oublié tout ce qui s’est passé le jour où sa vie à basculée. Elle n’a jamais été dupe et n’a jamais mis de voile sur cette vérité qui la faisait pourtant horriblement souffrir. Ça ne lui aurait pas rendu service que de nier que le coupable de tout ça était la seule personne au monde qu’elle ai jamais aimé. Elle n’arrive pas à comprendre pourquoi tout ça n’a pas balayé l’amour comme le souffle du vent balayerait la poussière. Il l’a privée de tout ce qu’elle aimait…lui y compris. Alycia a un sale caractère et elle est pourtant du genre rancunière. Mais lui, il est l’exception. Elle était persuadée qu’elle avait réussi à le détester, arrêtant de lui chercher des excuses ou des justifications qui n’existaient pas avec le temps. Elle était persuadée que cette haine l’aiderait à tirer un trait sur son passé en même temps qu’elle lui tirerait une flèche dans la tête. Ces cinq longues années auraient dû être suffisantes pour l’effacer définitivement de son cœur. Et pourtant il n’avait fallu qu’une seconde, qu’un regard pour que tout éclate en un millier de petits morceaux. Combien de fois à la Cité elle aurait pu mettre un terme à tout ça ? Suffisamment. Mais il était encore là, parce qu’elle avait été trop faible pour en finir. Et elle, pourquoi était-elle toujours là ? Elle peinait à croire que lui non plus n’avait pas réussi à tirer un trait définitif sur leur passé. Est-ce qu’il ne l’avait pas déjà fait en tentant de la tuer la première fois, d’ailleurs ? Elle ne sait pas pourquoi elle vit encore. Des mois durant elle s’était posée la question, persuadée qu’elle aurait mieux fait de ne jamais se réveiller pour rejoindre cet enfer d’une vie sans lui.

Les années, le recul, rien n’a pu l’aider à comprendre. Ce jour es un immense amas de questions dans sa tête. Bien malgré elle, elle a cherché et imaginé tout un tas de scénarios possibles mais on a beau chercher et réfléchir pendant des mois, pendant des années, quand on ignore la vérité on ne peut pas vraiment comprendre. Elle aurait aimé que la vie reste simple. Elle s’est parfois butée à s’imaginer ce qu’aurait pu être sa vie si les choses s’étaient passées différemment. Elle serre la bague un peu plus fort dans le creux de son poing. Elle n’a aucun doute sur le fait qu’ils auraient été heureux ensemble, preuve en est qu’encore aujourd’hui, malgré le temps et malgré tout ce qui s’est passé entre eux, elle est encore consciente de ses sentiments endormis jusqu’il y a peu pour lui. Ils se seraient pris la tête pour des conneries à longueur de temps, mais ils se seraient aimés sincèrement. Ils auraient été heureux, elle n’a tellement pas de doute là-dessus que l’idée lui forme une boule dans la gorge. Elle n’aime pas penser à ce genre d’avenir heureux qu’elle aurait pu avoir, parce que ça ne rend la réalité que plus douloureuse. C’est plus simple de ne pas y penser. Ça serait plus simple d’oublier, comme il voudrait qu’ils le fassent tous les deux. Mais Alycia n’est pas capable d’oublier. Au moins reste-t-elle encore consciente que tout ça n’a aucun sens et que plus rien n’est possible. Ils sont ennemis, ils vivent dans deux mondes différents, et sont très certainement incapable de balayer leurs convictions pour l’autre. Ils pourraient craquer et s’abandonner l’un à l’autre, du moins elle sait qu’elle serait capable de craquer. Mais ça ne changerait parce qu’après coup, ils n’en resteraient pas moins ennemis. Elle y pense, et elle se hait d’y penser. Parce qu’elle sait que ce chemin ne mène nulle part.

C’est naturel, elle veut savoir comment ils ont pu en arriver là. Pourtant lorsqu’elle pose la question, elle sait déjà qu’il n’y répondra pas. Elle ne sait pas vraiment comment ni pourquoi, elle le sait, c’est tout. En cinq ans ils ont tous les deux changés et évolués chacun de leur côté. Pourtant, elle a l’impression de le connaitre toujours aussi bien. Cette sensation est aussi étrange que douloureuse. « Il y a des choses qui se passent sans qu'on puisse avoir le contrôle dessus ... » Il pourrait ne pas lui répondre que cela reviendrait au même. Pourtant, pour lui répondre, il s’est tourné vers elle, posant à nouveau son regard sur elle, et ça elle le remarque bien. Elle ne sait pas si elle cherchait vraiment à le retenir quand elle s’est adressée à lui alors qu’il était sur le point de partir, mais si c’était le cas c’est une réussite, semblerait-il. Elle est soulagée qu’il soit resté au niveau de la porte, toujours hors de portée. Elle ne veut pas de sa présence près d’elle, c’est une idée qui l’effraie par le fait qu’elle ne sait pas ce qu’elle serait capable de faire, si elle pouvait le toucher juste en tentant le bras dans sa direction. Elle n’a pas oublié le contact de sa peau contre la sienne, un contact doux et chaleureux. Ce serait une torture de la retrouver alors que ne subsiste entre eux qu’une trêve temporaire. Elle ne sait pas si elle se sent capable de vraiment l’aimer, ou de vraiment le détester tant qu’elle ne comprendra pas ce qui s’est passé, pourtant. A la Cité, elle a eu beau prétendre qu’elle s’en fichait, il savait déjà probablement que non. Elle n’aura pas de réponse aujourd’hui. Ce n’est pas grave. Elle est bien capable de lui reposer la question la fois suivante. Et la fois suivante encore si nécessaire. Elle se raccroche à l’idée que d’une façon ou d’une autre elle finira par savoir. Parce que c’est bien trop douloureux de se dire qu’elle restera à jamais dans l’ignorance.

Elle n’abandonnera pas. Elle n’abandonnera ni ses souvenirs, ni ses sentiments, elle ne l’abandonnera pas lui. C’est assez contradictoire, parce qu’elle le connait et le comprend assez pour savoir qu’il n’y aura pas de marche arrière pour lui. Pourtant, elle ne peut pas abandonner, elle ne peut pas laisser tout ça derrière elle et agir comme s’il n’avait jamais rien été pour elle. Aujourd’hui encore, c’est lui et pas un autre. Elle le sait, si elle n’a jamais été capable d’aimer personne, et ne sera jamais capable d’aimer personne c’est parce que son cœur était déjà pris. Qu’il ait disparut ne changeait rien, c’était lui tout simplement. Alycia n’est pas une grande romantique, et elle a tendance à avoir envie de vomir quand on tente de l’être ne serait-ce qu’un peu avec elle. Il est donc clair pour elle que ce n’est pas du romantisme que de considérer qu’on ne peut avoir qu’un seul grand amour dans sa vie…C’est un fait. Elle le sait et elle le comprend parce qu’elle le vit. Ça ne l’enchante pas, elle se sent comme maudite d’être ainsi liée à quelqu’un avec qui aucun avenir n’est possible…Mais c’est un fait. Nahim est le seul grand amour de sa vie, qu’importe combien il est douloureux de l’admettre. Il lui sourit, d’un vrai sourire tendre depuis des années, et elle se hait de tant aimer ce sourire qui lui a manqué. « S'il y a bien une chose que tu ne sais pas faire, c'est abandonner. » Le petit sourire qu’elle lui adressait déjà s’étire légèrement. Je sais, je suis une plaie, se retient-elle de répondre. Elle ne veut pas commencer à engager une conversation assez normale pour lui donner l’illusion d’une entente qui n’a pas le droit d’exister entre eux.

Ils devraient être en train de se tirer dessus pour mettre un point final à cette histoire qui a déjà bien trop durée. Ça lui semble irréaliste qu’il soit là, sur le seuil de la porte, à lui sourire alors qu’il était sur le point de partir. Mais est-ce que ça l’étonne réellement ? C’est elle qui l’a retenu…Elle aurait pu se taire et le laisser partir. Cette trêve idiote aurait pris fin et ils auraient tous les deux repris le cours de leur vie. Là, elle a le sentiment d’être coupé du temps et du monde. Comme s’ils étaient tous les deux dans une bulle bien à eux que personne ne pourrait atteindre…Une bulle qui explosera lorsque l’un des deux passera la porte, pour les ramener à la réalité. Il devrait tourner les talons et la laisser là. Mais ses pas presque timides le rapproche d’elle. Il n’est pas hostile et pourtant elle voudrait reculer, juste pour laisser entre eux cette distance dont elle a besoin pour ne pas craquer. Idiote ! Elle est incapable de bouger. Pire encore, lorsque sa main se lève pour replacer une mèche de cheveux derrière son oreille, elle ferme ses yeux pour profiter de cette douceur qu’elle ne lui connaissait plus et qui, elle se déteste de le reconnaitre, lui avait manqué. « Je ne compte pas oublier. Je ne compte pas oublier ce que tu es pour moi. » Ses paupières se rouvrent et elle plonge silencieusement son regard dans ses beaux yeux verts, son regard est aussi tendre que les gestes de Nahim, mais elle n’ose pas prononcer un seul mot. Il le sait déjà. Il sait déjà tout ce qu’il représente à ses yeux et il sait déjà qu’elle ne l’oubliera jamais. Elle se fait violence pour ne pas poser sa main sur celle du brun, c’est presque un soulagement pour elle lorsqu’elle retombe en emportant cette tentation avec elle.

« T'es comme un chien qui refuse de lâcher son os. Tu comptes faire quoi ? M'accrocher sur un étendard après m'avoir baffé à mort ? » Elle n’arrive pas à définir s’il s’agit là d’une véritable provocation. Son regard sur lui reste doux, parce qu’elle ne lit pas en lui l’animosité qu’elle devrait y lire. Est-ce qu’il compte sur elle pour lancer des hostilités ? Si c’est le cas sans doute sera-t-il déçu. Tout ce qu’elle voudrait faire, c’est reculer de quelques pas pour qu’il soit moins proche d’elle. Sa douceur ne l’a rendu que plus accessible encore. Cette envie de tendre la main vers lui lui brûle les doigts. Elle s’y applique. « Je ne compte pas me laisser planter par tes flèches, je te renverrai l'ascenseur, n'aies aucun doute là-dessus. »  Il tente très probablement de la provoquer, mais Alycia n’est pas en état d’y répondre par de la violence. Si elle s’écoutait, si elle foutait en l’air sa raison et toute sa logique, elle le prendrait dans ses bras. Si elle arrive à se contenir, elle lui adresse malgré tout un doux sourire sans même s’en rendre compte. C’est presque comme s’il venait de balancer des menaces en l’air, alors que pourtant elle n’a aucun doute sur le fait que la prochaine fois, ils seront sans pitié l’un envers l’autre. « J'ai hâte de t'affronter sur le champ de bataille, mon amour. » « Ne m’appelle pas comme ça. » Sa voix est douce, posée, bien loin de la Aly agressive qu’elle devrait être dans ce genre de circonstance. Elle n’est même pas capable de dire combien de fois elle a pu le reprendre à ce sujet, par le passé. Elle n’a jamais aimé ça. Aujourd’hui encore moins, car ça ne fait que mettre l’accent sur ce lien qu’elle chérissait tant et qui est perdu aujourd’hui.

« Je compte respecter les termes de cette trêve. » Ces termes qui n’ont pas été évoqués mais qui restent clairs pour tous les deux malgré tout. C’est douloureux d’avoir un tel lien avec lui, d’être capables de se comprendre sans avoir besoin de mettre des mots sur tout. Juste en se regardant. Elle est persuadée qu’elle n’a pas besoin de lui parler de ses sentiments pour qu’il comprenne. Il a juste à la regarder dans les yeux. Alycia ne veut pas se battre, pas aujourd’hui. Elle a juste envie de tendre sa main vers lui pour lui montrer autant de douceur qu’il n’a pu en avoir à son égard. Elle ne sait pas comment elle fait pour tenir. Elle se concentre sur ce semblant de conversation comme si c’était suffisant. « Alors…Si tu veux m’affronter, tu peux passer cette porte et la trêve prendra fin. Ou alors, tu peux lancer les hostilités et la briser. Je te rendrai au centuple chaque coup porté, tu peux compter sur moi là-dessus. » Elle n’est pas agressive, elle reste douce dans le timbre de sa voix, mais elle n’en est pas moins sérieuse pour autant. Ce moment de paix entre eux ne lui est pas désagréable. Elle sait qu’il est éphémère, que cela ne pourra pas durer alors elle compte bien en profiter tant que cela est possible. Elle le sait, quand tout sera terminé et qu’elle se retrouvera seule, elle regrettera et se détestera d’avoir été aussi faible. Mais elle en est consciente. Elle sait que face à elle se tient son unique faiblesse…Lui.

« Ce serait une belle façon de mettre fin à tout ça, tu ne crois pas ? » Elle sourit, un peu tristement cette fois. Ils se sont rencontrés ici, si elle tourne la tête vers l’endroit où leurs regards se sont croisés la première fois, elle pourrait très clairement revoir la scène se jouer sous ses yeux. Ils ont appris à se connaitre ici, ils ont grandi, ils ont évolué et ils ont commencé à s’aimer ici. Sunrise, c’était sa famille, mais au-delà de ça c’était surtout Nahim qui était devenu sa famille, à lui tout seul. Il aurait pu véritablement l’être si tout n’avait pas dérapé. Cette bague qu’elle serre dans sa main, elle aurait pu la porter au doigt. Sa vie aurait pu être tellement différente. Les beaux souvenirs auraient pu se succéder pour leur offrir un présent bien différent. Mais… C’est ici également que tout à dérapé. Qu’Alycia a tout perdu sans comprendre pourquoi son monde venait de s’écrouler. Elle revoit sans mal, aussi distinctement que tous ses souvenirs heureux avec Nahim, la façon dont tout a pris fin. C’est toujours aussi douloureux, malgré les années qui ont passé. Elle se souvient de ce qu’elle a ressentis quand ses yeux se sont fermés…Et de cette douleur plus forte encore quand elle a ouvert les yeux alors qu’elle pensait que c’était la fin. La mort aurait été plus douce, tellement plus douce. « Tu pourrais essayer de m’envoyer une nouvelle fois ton sort à la figure…L’ennui c’est que maintenant je peux contrer ce genre de sorts avec mon arc. Dommage. Ça aurait été pour toi une belle façon de clôturer ce chapitre de ta vie. » Le pire dans tout ça…C’est qu’elle le pense. Pour lui, cela aurait été sans doute la meilleure façon de mettre un point final à toute cette histoire. Il devrait s’en prendre à elle, couper ce lien qui subsiste entre eux à l’endroit même où il s’est noué. Elle ne comprend pas cette tendresse à son égard. Elle l’apprécie, elle en profite, mais elle ne comprend pas. Pourquoi est-ce qu’il tient encore à elle ?

Elle s’est fait violence, elle a réussi à tenir jusqu’ici, mais elle craque. Doucement, sa main se lève et du bout des doigts elle retire une légère trace de terre qui restait sur la joue de Nahim. Elle ne sait pas par quel miracle sa main ne tremble pas, mais le contact est si doux qu’elle caresse un peu sa joue su bout des doigts avant de s’immobiliser dans son geste, laissant un moment sa main contre sa peau. C’est fou, ce que ce simple contact peu être doux et douloureux à la fois. Son cœur s’emballe, elle sait qu’elle devrait retirer sa main et pourtant elle n’en est plus capable. « T’es condamné à m’avoir sur le dos, jusqu’à ce que ça soit fini. » Jusqu’à ce que l’un de nous deux meurt, songe-t-elle presque tristement. Parce qu’après tout il n’y a pas d’autres issues possibles…Elle ne voit pas comment les choses pourraient se dérouler autrement. Ils ont tous les deux choisis leur camp et resteront fidèles à leurs valeurs. Et ces valeurs ne sont pas compatibles, elles ne le sont plus. Ses yeux se ferment, sa main fini par retomber mollement le long de son corps. « Et je suis coriace. Tu devrais vraiment en profiter pour essayer de te débarrasser de moi, tant que tu en as l’occasion. » Pourtant, en disant ces mots, elle est aussi douce qu’il a pu l’être. Elle n’en resterait pas moins une guerrière féroce s’ils venaient à croiser le fer mais…Il semble clair pour chacun d’eux sait que ce n’est pas de cette façon que va se terminer cette journée. C’est une mise en garde, c’est peut-être un adieu. Mais ce n’est pas un combat. A croire qu’ils ont tous les deux besoin de ce moment pour tourner la page, ou pour être prêts à laisser tous ces sentiments qui sont de trop derrière eux pour la prochaine fois. Parce qu’ils le savent, la prochaine fois il n’y aura pas de sentiments, pas de tendresse, pas de pitié.




   
(c) fiche:WILD BIRD & gifs:gifs hunt c l o s e d
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité



Lun 26 Oct - 7:18

 

Marry You


Un sentiment d'interdit. Une pénible chanson s'est mise à être entonner dans cette maison hantée, victime de la folie d'un homme. Un homme autrefois bon et altruiste. Un homme qui aurait tout fait pour les autres, sans penser à lui-même. Cinq ans ont passé et la seule chose qui n'a pas changé, c'est son regard vert pétillant qui s'illumine qu'en présence de son âme sœur. Nahim le sait, il est sur une pente dangereuse. Il ne devrait pas se montrer aussi tendre, aussi doux. C'est douloureux, à s'en arracher le cœur de ne pas pouvoir continuer son geste, il voudrait que sa main retrouve la chaleur de la sienne, ne serait-ce que pour quelques secondes. Il voudrait qu'elle le repousse, qu'elle le frappe pour le sortir de sa léthargie. Il voudrait retrouver sa froideur pour ne pas se laisser tenter par la chaleur de cet amour qui lui fait face. Ils le savent tous les deux et pourtant, ils espèrent encore. Ils voudraient se haïr, se lancer des sorts et des flèches et laisser l'autre mort pour avancer. Alors pourquoi cette hésitation ? Pourquoi espérer un futur qui est mort il y a si longtemps ? Pourquoi s'infliger une douleur que tous les deux redoutent ? Ils sont si semblables, bâti sur le même schéma, ils sont le reflet de l'autre. Nahim le sait, si elle l'avait suivi, ils auraient formé un duo de la mort. Ils auraient régner sur Baram sans difficulté, quand il y repense, Nahim a toujours trouvé que sa magie manqué de vitesse, atout majeur pour Alycia en revanche. S'il utilise encore un arc aujourd'hui, n'est-ce pas aussi pour se rappeler de leurs parties de chasse ? Il aurait pu très bien se battre à l'épée et abandonner l'arme de prédilection de son amour perdu, et pourtant, il s'y est attaché. Il voulait que ce soit un symbole de sa victoire contre Sunrise, mais est-ce vraiment le cas ? Il n'a plus rien d'elle, juste sa montre à gousset qu'elle lui a offert il y a si longtemps et qu'il refuse de lâcher ? Le seul bien qu'il ne quitte jamais, caché dans un pli dans ses vêtements. Dans cette douceur lancinante, malgré la scène d'horreur et de désolation qui les entoure, ils ne peuvent pas s'empêcher de se chercher, à trouver l'affection de l'autre, qui ne doit pas exister depuis longtemps mais qui pourtant subsiste.

En fermant ses yeux au contact de sa main sur sa joue, Nahim sait. Il sait que ce contact a été de trop. Il aurait dû garder ses distances, il aurait dû partir. La laisser seule, elle et ses cadavres. Il aurait dû retourner à Blood Moon pour se concentrer sur la prochaine opération, se donner à fond pour sa guilde. Se retourner, pour l'admirer encore, il se sent idiot. Il se sent comme Orphée qui a échoué aux enfers, incapable de ne pas regarder sa femme. Nahim est incapable de ne pas l'admirer, d'observer ses traits avec attention. A aimer chaque mouvement de sa bouche quand elle parle, ses tics quand une émotion la traverse. Il la connaît si bien ! Et l'inverse est tout aussi vrai. Il ne saura jamais voiler son coeur face à elle. Alycia trouvera toujours la faille pour l'atteindre, le toucher. Le faire douter. Sans que jamais, ils ne puissent faire autrement. Alors, quand il retire sa main de ses cheveux, c'est presque un soulagement que ce contact ait été aussi bref. Nahim se retient de serrer les poings, pour ne pas montrer sa nervosité. Pourquoi est-ce qu'il refuse de ne pas partir, à attendre presque accroché à elle les mots qu'elle daignera à lui dire ? N'est-ce pas idiot de vouloir tant écouter son ennemie la plus redoutable ? Il devrait lui rire au nez, se foutant bien d'elle, sans la moindre état d'âme. Mais au fond de son coeur, il hurle de douleur de voir son visage contenir la douleur qui la submerge. Il voudrait la prendre dans ses bras pour que plus jamais, elle ne souffre, la rassurer sur un futur qui jamais, n'aura lieu. Qui peut bien se rire d'eux ainsi ? Les dieux ? Quel plaisir peuvent-ils prendre à observer deux amants détruits par le Destin et qui n'ont plus la force de se battre contre l'autre ? Détruits par ces rêves qui arrachent leurs coeurs. C'est toujours avec une tendresse infinie qu'il la regarde, elle qui lui a tant manqué. Celle qui pour qui il aurait conquis la Lune pour que jamais, son sourire ne quitte ses lèvres. Ce même sourire qui fait bondir son coeur hors de sa poitrine. Ce même sourire qu'elle lui accorde enfin. Il a presque envie de dire qu'il a enfin vu la lumière.

C'est bien ça le problème. Là où il devrait trouver de la haine et de la colère, il ne trouve que de la douceur et de la chaleur. Il ne sait pas comment réagir. Il se bloque, il ne voit aucune issue possible dans ce foutoir sentimental qu'est leur relation. Pourquoi toutes ces émotions s'emmêlent entre elles ? Impossible de s'y retrouver ! Nahim n'est pas un homme qui se précipite, qui agit avant de réfléchir, il a besoin de se poser dans un coin en interrogeant les étoiles pour connaître la marche à suivre. Il ne peut pas se jeter à bras le corps dans cette tourmente sans queue ni tête, non, il ne peut pas. Il est tiraillé par des émotions contraires et puissantes. Il est perdu dans les méandres de son esprit torturé et il reste pourtant concentré sur le sourire de sa femme adorée. Parce que c'est la seule chose qui permet de rester stable et de ne pas se mettre à hurler dans tous les sens, comme un idiot.

« Ne m’appelle pas comme ça. »

Il sourit encore plus. Heureusement qu'elle réagi à ses provocations. Il aime voir son bout de nez qui tressaute. Elle n'a jamais aimé les surnoms d'amour. Trop rose, trop guimauve dans un monde comme le leur. Et pourtant, Nahim aime la taquiner par-dessus tout. Parce que c'est son ultime barrière pour ne pas céder à cette pulsion qui l'assaille. Lui qui est perdu devant un tourbillon et elle est là,son timbre de voix a changé. Elle s'est faite plus douce. Il tique. Elle aussi a ses barrières qui sautent les unes après les autres. Quelle situation merdique, les deux sont venus en roulant des mécaniques et finalement, ils sont là à baver l'un devant l'autre. C'est pitoyable tellement c'est risible.

« Je compte respecter les termes de cette trêve. Alors…Si tu veux m’affronter, tu peux passer cette porte et la trêve prendra fin. Ou alors, tu peux lancer les hostilités et la briser. Je te rendrai au centuple chaque coup porté, tu peux compter sur moi là-dessus. »

Une trêve ? C'est bien ce qu'elle a dit ? Ca ne ressemble pas à une trêve mais à un cessez-le-feu parce que les deux camps sont trop fatigués pour se tirer dessus. Nahim voudrait prendre les armes et détruire cette trêve et s'en retourner à Lestalli le coeur soulagé. Cette journée est une anomalie, elle ne devrait pas exister tant elle est absurde. Il voudrait se persuader de ça, vraiment. Pourquoi est-ce qu'ils parlent de trêve alors que leurs deux camps sont en guerre ? Ils ne vont pas jouer les amants maudits en plus ! Ce serait stupide, un scénario écrit à l'avance sans aucune saveur ni aucun intérêt. Alors pourquoi ils y courent ? Plus jamais ils ne pourront s'aimer, plus jamais ils ne pourront connaître la douceur de l'autre. Alors pourquoi est-ce que cette vérité lui déchire autant l'âme ? Nahim ne peut-il pas simplement ignorer sa remarque et envoyer valser cette trêve ?

Parce que se battre contre elle, c'est signer son arrêt de mort. Pas physique, mais mentalement. Se détruire intérieurement, vendre son âme pour ne plus jamais souffrir et espérer gagner. Pour quoi ? Pour se retrouver seul et se mettre à cauchemarder en l'apercevant dans ses songes. Nahim sait que rompre cette trêve maintenant, c'est se perdre lui même.


« Ce serait une belle façon de mettre fin à tout ça, tu ne crois pas ? »

"Ca pourrait, oui."

Finir cette comédie absurde pour leur permettre d'aller tous les deux de l'avant ... hein ? Ce serait si beau si c'était possible, si beau de pouvoir enfin voir un avenir sans l'autre, un avenir où Nahim pourrait aimer une autre femme qu'elle. Pouvoir redevenir ce qu'ils devraient être pour l'autre : des inconnus. Ignorant leur passé commun pour se faire face sans faillir, sans souffrir et sans être ridicule. Nahim se félicite de l'avoir invitée dans un lieu aussi désert. Personne ne pourra assister à ce massacre et c'est temps mieux. Finir là où tout a commencé. Nahim a beau avoir passé ici les plus belles années de sa vie, il n'en reste pas moins insensible. La douleur de la trahison l'a rendu sourd à la détresse d'Alycia concernant son besoin de vérité. Pour elle, ici c'est leur maison, le plus bel endroit sur Terre. Nahim n'est pas de cet avis. Il n'a plus aucune affection pour l'endroit, en vérité, il aimerait bien ficher le camp en y mettant le feu pour ne plus jamais y retourner.

« Tu pourrais essayer de m’envoyer une nouvelle fois ton sort à la figure…L’ennui c’est que maintenant je peux contrer ce genre de sorts avec mon arc. Dommage. Ça aurait été pour toi une belle façon de clôturer ce chapitre de ta vie. »

Clore leur histoire. Il admet qu'elle a raison. Il serait tellement plus simple d'en finir pour tous les deux ici. Mais Nahim ne veut pas la voir mourir. Autant pas haine que par amour. Il ne peut pas s'empêcher qu'elle a choisi de survivre, elle doit en payer les conséquences, elle s'est refusée à la mort qu'il lui a offerte. Il veut lui montrer toute la souffrance qu'il a accumulé depuis des années, elle stagne au fond de son être. Détruire le dernier membre de Sunrise, il l'avoue, c'est tellement tentant. Juste l'idée de tendre la main pour presser sa gorge et qu'elle suffoque. Il en finirait avec ce dilemme intérieur, il s'abandonnerait enfin à Blood Moon, n'est-ce pas pour ça qu'il a massacré Sunrise ? Pour ne pas à avoir à se retourner. Pour toujours faire face, malgré la douleur de sa perte à elle. Il le sait, si elle meurt maintenant, avec les années, il arrivera à faire face. Même si c'est dur. Alors pourquoi ne pas céder à la tentation ? Surtout si c'est elle qui le propose. Elle doit être épuisée de cette vie, des deux, c'est elle qui a tout perdu. Lui n'a 'juste' perdu qu'elle. Elle a perdu son amour, ses amis et sa maison. Pour ces deux derniers points, Nahim est plutôt soulagé de ne plus les avoir.

"Une technique marche rarement deux fois contre le même adversaire, très chère."

Elle s'approche de lui, aussi timidement qu'il l'a fait et délicatement, retire la boue qui lui reste sur la joue. Il ferme les yeux, cessant de respirer. Savourant ce contact plus que désiré. Il a envie que ce moment dure, il a envie de plaquer sa main contre la sienne. Mais elle l'a retire presque aussitôt, bien trop court pour lui. Nahim est affamé de sa douceur. Il en veut encore un peu. Il veut se sentir aimé parce qu'il n'y a que elle qui peut véritablement l'aimer. Il se retient de la supplier comme un enfant

« T’es condamné à m’avoir sur le dos, jusqu’à ce que ça soit fini. Et je suis coriace. Tu devrais vraiment en profiter pour essayer de te débarrasser de moi, tant que tu en as l’occasion. »

Il la regarde, amusé, il ne peut pas s'empêcher de répliquer presque aussitôt :

"Tu as raison, je devrais me débarrasser de toi, tu es une plaie. Tu es la pire des emmerdeuses qui existe."

Il sourit, un sourire qui se teinte de malice. N'a-t-il pas dit plus tôt qu'une technique ne marche pas ? Il sait très bien qu'ils se devraient se battre ici et maintenant, il perdrait, quoique, il peut enclencher tous ses pièges et il y a toujours ses flèches qui attendent patiemment ses ordres. La transpercer de toute part pour que plus jamais, elle ne se relève. L'idée l'enchante, et si au passage, ils pouvaient détruire ce temple de l'hypocrisie, Nahim ne serait pas contre.

"Une trêve ne marchera pas entre nous. Je n'en vois aucunement l'intérêt."

Il s'avance, le regard redevenu froid, prêt à attaquer. Il échafaude déjà un plan d'attaque quand une idée germe dans son esprit. Fourbe et sans classe. Rien qui puisse convenir à l'esprit presque chevaleresque d'Alycia. Ca lui convient parfaitement à lui, en fait. Il n'est pas fait pour se battre à la loyale de toute façon. C'est un assassin, il poignarde ses victimes quand celles-ci dorment. Affronter en face à face, il ne sait pas faire. Alors pourquoi lutter ? Il a cherché à se battre sur un terrain qu'il n'est pas le sien, il est temps qu'il retrouve ce pour quoi il est bon. Il sourit de nouveau, toujours aussi froid, une aura de sadisme l'entourant.

"Rends moi bien au centuple mes coups, chérie. Que je sente ta détermination."

Et avant qu'elle ne puisse faire quoique ce soit, il passe un bras autour de sa taille et la ramène brutalement contre lui, et avant qu'elle puisse invoquer un arc ou même son familier, il colle ses lèvres sur les siennes. Brutalement, passionnément. Il l'embrasse comme jamais il ne l'a jamais embrassé. Il sent un brasier s'éveiller en lui, un feu incontrôlable qui prend possession de son corps. Il l'embrasse encore et encore. De sa deuxième main, il caresse sa joue, de ses doigts, il prend appui sur sa tête pour qu'elle ne puisse pas rompre le contact. Il refuse de s'arrêter, même pas pour respirer. Ce contact le brûle, il sent enfin que cette étrange tension entre les deux se dissipe un peu. Mais ce n'est pas assez, il lui faut plus que les baisers de sa belle pour se calmer. Après cinq ans de séparation, il lui offre un vrai baiser, langoureux et amoureux. Il rompt le contact, à bout de souffle, le regard lumineux, empli d'un désir que lui-même n'a jamais connu. Il a un sourire moqueur en la regardant. Il souffle, impérieux, une vérité qu'il veut inscrire dans la peau de son amante.

"Tu es à moi."

Et sur ces mots, il glisse sa main pour qu'elle s'accroche à l'arrière du genou d'Alycia, il l'a fait basculer et se met à la porter comme une princesse. Prouesse qu'il n'aurait jamais pu faire autrefois, trop malingre pour la porter, même en y mettant toute la volonté du monde. De ce corps rachitique, il est devenu un homme aux muscles puissants qui portent sans peine l'objet de tous ses désirs et de ses emmerdes. Elle semble si frêle dans ses bras, il pourrait presque la briser s'il le voulait. Il la garde près de lui et ensemble, ils franchissent le pas de la porte. Lui qui pensait le franchir seul en la laissant esseulée et pétrifiée d'horreur, il n'a pas su s'en empêcher. Ils quittent cet endroit sordide et en ruine pour retrouver l'extérieur, il sent le coeur d'Alycia battre à tout rompre, comme le sien. Nahim ne fait que quelques pas, pour se retrouver au centre de la clairière, baignée de lumière, qui fait face à la guilde. Il se met à genoux et l'allonge, un peu brutalement peut-être et sourit. Il ne l'aura jamais à la loyale, alors autant la battre sur un terrain où il aura l'avantage. Il s'allonge contre elle et recommence à l'embrasser, langoureusement. Il sent l'incendie de sa peau prendre de l'importance. Chaque baiser qui lui donne est plus passionné que le précédent. Il voudrait pouvoir s'arrêter là et là laisser sur un goût d'inachevé mais il ne peut pas. Il en n'a pas envie. Il en veut plus. Il se désintéresse de sa bouche pour embrasser son cou avec ardeur, lui laissant sûrement en prime un suçon. Il laisse ses mains la retrouver, délicatement, patiemment, sans aucune agressivité. Il sent le bout de ses doigts palper des formes connues, qu'il redécouvre avec un certain plaisir. C'est presque une épreuve pour lui de rester aussi sage. Il se redresse pour l'observer, les yeux brillants d'un désir absolu, un sourire moqueur aux lèvres.

"Il est temps que je prenne l'avantage, tu veux ?"

Non, elle n'a pas le choix en fait. L'ancien Nahim n'aurait jamais fait ça. Lui imposer de tels choix. Autrefois, il aurait été doux, terrifié à l'idée de la brusquer, de se montrer impatient ou même de la forcer, tout simplement. Il n'a jamais voulu lui faire part de ses désirs, de peur qu'elle s'y refuse. Aujourd'hui, c'est différent. Il la veut, ardemment et il la veut maintenant. Cette excès d'assurance lui donne tous les droits pour la conquérir dans les règles de l'art. Cinq ans d'une abstinence qui aura été insoutenable. Il la désire bien trop fort pour qu'elle puisse lui échapper. Il sourit malicieusement, défaisant habilement les boutons de sa chemise, laissant à nue une peau qu'il n'a pas eu le plaisir d'embrasser encore. Il descend encore un peu et embrasse ses seins. Il sent son propre coeur tambouriner furieusement à l'intérieur de sa propre poitrine, ne sachant plus où donner de la tête. Il continue, la massant, appréciant avec délice ces jolies dunes qui ont gagné de l'importance avec les années. Il continue son expédition avec un petit rire, trop heureux de la tournure des évènements. Il embrasse son ventre, espérant pouvoir enlever la suite rapidement. Il se met sur elle, sans agressivité, pour pouvoir prolonger ce contact qui est train de le rendre fou, il caresse sa joue rougie par cette chaleur qui vient du tréfonds de leurs corps.  Il s'en fout de le faire ici, en pleine nature, à la vue de tous. Il n'est plus pudique, et le corps qui lui fait face est le plus beau de tous. Alors pourquoi priver le soleil d'une si jolie vue ? Ils sont tous les deux perdus dans une immense forêt où il n'y a aucune âme qui vive, alors pourquoi être complexé ? Il la regarde tendrement, l'admirant avec amour. Il fini par remonter et l'embrasse de nouveau sa gorge, adorant observer les frissons qui commencent à parcourir son corps, laissant ses mains explorer des contrées inconnues. Il enroule la cuisse d'Alycia autour de lui, il ne veut faire qu'un avec elle, fusionner totalement. Il essaie de rester doux et attentif, réprimant avec le plus grand mal son envie de la déshabiller. Il n'a qu'un souhait : qu'elle crie son nom. Qu'elle gémisse de plaisir quand il s'occupe d'elle. Ce n'est plus un incendie qui les ravage tous les deux, c'est un tourbillon de flammes. Nahim se plaît à lui faire endurer un tel sévice. Il se plaît à lui faire l'amour avec autant d'ardeur. Jamais, il n'a jamais été aussi loin, jamais il n'a été aussi tumultueux, aussi fougueux. Il se fait la réflexion que leur ancienne chambre à coucher n'est finalement qu'à quelques mètres d'eux, sûrement dans un état d'abandon total. Il veut sentir le soleil lui cuire la peau pendant qu'ils le font, il ne veut entendre que le souffle saccadé d'Alycia, ignorant le reste du monde. Il n'existe plus que eux deux, le reste ne compte pas. Il n'y a que elle, et il veut qu'elle ait autant de plaisir que lui. Il continue de l'embrasser avant de s'écarter, à bout de souffle. S'il pouvait, il éclaterait de rire, un sourire taquin se dessine sur ses lèvres et il souffle doucement. Il caresse avec douceur ce corps qu'il adore, il saisit tendrement la main d'Alycia qu'il colle sur sa joue, cherchant son affection. Il embrasse sa paume et ses doigts en fermant les yeux. Jamais il ne s'était montré aussi doux et si pressé. Son regard brille sous un jour nouveau, est-ce possible de désirer aussi fort quelqu'un ? Comment aurait-il pu supporter une telle trêve après un aussi beau combat ?

"Tu attends quoi pour répliquer ? Que je me tue à la tâche ?"


Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité



Sam 14 Nov - 22:30



 

Nahim & Alicya
Marry you
Leur dernier face à face dans ces mêmes murs était déjà une fin en soi. Tout était censé être terminé, jamais ils n’auraient dû se recroiser. Il aurait pu continuer de se contenter de la croire morte. Elle aurait pu continuer sa vie en tentant de se persuadée qu’il resterait disparu à jamais. Ils n’en seraient pas là, ils ne devraient pas trouver une nouvelle fin à cette histoire qui n’a plus aucun sens. Que l’un des deux ne ressorte pas vivant de cet échange, ce serait une belle façon de clôturer cette histoire, Nahim lui-même ne peut pas le nier. « Ça pourrait, oui. » Elle le sait, pour sa part elle en est incapable. S’il ne lance pas les hostilités, elle ne lui fera pas de mal. Elle aurait dû tirer un trait sur cette histoire, l’oublier, aller de l’avant. Ce n’est pas faute d’avoir essayé, mais elle n’a jamais été capable d’aimer quelqu’un comme elle l’aime, lui. Ils pourraient en finir aujourd’hui, mais elle sait très bien qu’elle n’aura pas le cœur plus léger lorsque leur histoire se ponctuera d’un point final. Peut-être qu’elle serait capable de s’en remettre, un jour, peut-être…Mais elle n’arrive pas à se l’imaginer. Elle a vécu cinq longues années sans lui, mais en restant consciente qu’il lui manquait toujours un petit quelque chose pour vraiment vivre. C’était facile d’imaginer que c’était tout Sunrise qui lui laissait ce vide dans le cœur, mais ce n’était pas tout à fait vrai. Sunrise a toujours eu une place importante dans le cœur de la Scalienne, mais il y avait bien une personne qu’elle aimait encore plus que sa guilde…Et il lui fait face une nouvelle fois aujourd’hui. Il devrait rattraper son erreur et ne la quitter qu’une fois qu’il se sera assuré qu’elle ne pourra pas se relever d’entre les morts, cette fois. « Une technique marche rarement deux fois contre le même adversaire, très chère. » Aly se contente d’hausser les épaules. Une méthode ou une autre, quelle différence ? Est-ce que ce n’est pas ainsi que c’est censé se finir, de toute façon ? Elle n’a jamais compris d’où venait toute cette haine qui l’animait, mais il devrait la haïr au moins autant que lorsqu’il a voulu se débarrasser d’elle. Alors, pourquoi est-il si tendre ? Et elle ? Elle devrait le haïr de lui avoir pris tout ce qu’elle aimait avant de disparaitre. Et elle le déteste. Mais quand elle le regarde il n’y a pas que cette haine qui brule en elle. Elle serait presque occultée par cette tendresse qu’elle continu de ressentir, malgré tout, pour lui. Elle ne peut pas l’aimer. Elle n’en a pas le droit. Pourtant elle l’aime encore, elle le sait. Qu’importe combien elle tente de réprimer ce sentiment.

Ces petits gestes tendres qu’ils échangent n’ont pas leur place ici, ils ne devraient pas se comporter de la sorte, adieux ou non. Pourtant, les deux semblent avoir laissé leur raison de côté. Ce serait plus simple s’il profitait de cette occasion pour tenter de se débarrasser d’elle. Ce serait plus simple s’il se contentait de lui montrer sa haine et non pas les brides de cet amour qui semble encore exister en chacun d’eux. Pourquoi ? Après cinq ans, ça n’a vraiment aucun sens de continuer à s’aimer, surtout au vu de leur histoire, de leur passif. C’est comme une malédiction qui lui colle à la peau. « Tu as raison, je devrais me débarrasser de toi, tu es une plaie. Tu es la pire des emmerdeuses qui existe. » Ce sont des mots qu’il devrait lui cracher à la figure avec dédain, avec colère ou avec dégout. Mais il n’y a rien de tout ça dans le sourire malicieux qu’il lui adresse avec ces paroles. Alycia aussi, elle se met à sourire, amusée de ces mots et du ton sur lesquels il les lui a adressés. C’est une plaie, une emmerdeuse et elle le reconnait volontiers. C’est ainsi qu’elle a évolué, c’est ce qui fait qu’elle est loin, si loin de la Alycia qu’il a connu il y a cinq ans. Trop gentille, trop naïve, trop douce…Elle ne supporterai plus celle qu’elle était, aujourd’hui. Et elle aurait sans doute du mal à supporter Nahim s’il n’avait pas changé. Difficile de croire qu’en évoluant chacun de leur côté, ils restent malgré tout l’idéal de l’autre. Il était gentil, doux, adorable, timide…Tout un tas de qualité selon beaucoup de filles, mais plus vraiment aux yeux d’Aly. Est-ce que c’est parce qu’elle a du caractère à présent, qu’elle a du mal à supporter ce genre de personne bien trop plates à son gout ? Elle est du genre à détester qu’on prenne soin d’elle, à s’ennuyer quand on s’efforce de lui faire plaisir et d’être toujours d’accord avec elle. Elle déteste ça, ce sentiment que la personne en face est incapable de lui dire non. Cette gentillesse, cette douceur à outrance…Ca lui donne juste envie de vomir. De loin, elle préfère les hommes capables de lui tenir tête, les hommes qui ont de l’assurance et du caractère. Sans doute parce qu’elle a elle-même un caractère explosif et qu’il lui faut en face quelqu’un qui est capable de faire face à son sale caractère.

« Une trêve ne marchera pas entre nous. Je n'en vois aucunement l'intérêt. » Dans son esprit, ça sonne comme la fin de cette comédie ridicule. Qu’il brise ce cessez le feu posé implicitement entre eux arrange la rouquine. C’est une saleté finie, mais elle a des principes et elle ne l’aurait pas brisé elle-même. Si Nahim entame les hostilités, alors elle peut répliquer sans remords. Et, l’espace de quelques secondes, lorsqu’il s’approche le regard froid, elle est persuadée que c’est ainsi que les choses vont se poursuivre. Parce que c’est ainsi qu’elles auraient dû commencer, parce que c’est ainsi que toute leur rencontre aurait dû se dérouler. Ça ne l’enchante pas et elle en est consciente, mais c’est pour le mieux et ça c’est quelque chose qu’elle sait au plus profond de son âme. Cette douceur échangée ne mène nulle part, si ce n’est dans un mur qu’ils finiront tous les deux par se prendre s’ils continuent ainsi. Mieux vaut arrêter les frais, mieux vaut se comporter comme ce qu’ils sont : en ennemis. Quoi qu’ils fassent c’est toujours ainsi que cela devra se terminer entre eux. Comme il l’a dit, une trêve ne peut pas fonctionner entre eux. Combien de temps seraient-ils capables de donner de la tendresse à l’autre avant de péter les plombs et de vouloir reprendre le combat ? Ce n’est pas leur genre, de s’aimer à la folie. Alycia ne supporte pas ça, la douceur, la tendresse. Elle ne supporte pas ça. Elle déteste ça. Pourtant…Elle ne s’avouera jamais qu’elle aimerait caresser sa joue encore un peu, juste un tout petit peu. Ou prendre sa main, juste quelques secondes. Les actes de tendresse qu’elle déteste habituellement prennent du sens, quand c’est lui qui est face à elle. Si un type essaye de prendre sa main, elle la fout dans sa poche pour lui glisser subtilement de lui foutre la paix. C’est pareil pour toute l’affection qu’on tente de lui donner, parfois. Elle esquive, elle envoie balader. Parce que ça n’a aucun sens, pour elle, de partager ce genre de moment avec des gens qui ne comptent pas. Alors qu’avec Nahim…Ca a du sens. Et c’est sans doute le seul avec qui ça aura autant de sens, d’ailleurs. Ca ne veut pas dire qu’elle voudrait en avoir de sa part tout le temps, parce qu’elle reste ce qu’elle est. Ca veut dire qu’il n’y a qu’avec lui qu’elle peut parfois en ressentir le besoin. Comme aujourd’hui. Elle ne pensait pas qu’elle trouverait ces quelques secondes insuffisantes. Elle se mord la lèvre. Elle l’aime plus qu’elle ne l’aurait cru.

Elle prend une profonde inspiration, chassant ses états d’âme pour se reconcentrer sur le moment présent. « Rends moi bien au centuple mes coups, chérie. Que je sente ta détermination. » Elle le regarde droit dans les yeux, impassible, presque froide. Nul besoin qu’il le lui rappelle, elle a bien l’intention de lui rendre ses coups au centuple, comme elle le lui annoncé. Elle l’observe pour se concentrer sur une attaque qui ne viendra jamais, prête à invoquer des arcs ou son familier pour un combat qui ne verra finalement pas le jour aussi rapidement qu’elle ne l’aurait cru. Comme elle avait l’intention de lui laisser l’honneur du premier coup, elle ne réagit pas tout de suite lorsque son bras s’enroule autour de sa taille pour la ramener contre lui. Outre le sursaut de surprise, elle n’a pas non plus le temps de réagir avant que les lèvres de Nahim viennent se plaquer contre les siennes, aussi brutalement que passionnément. Dans sa poitrine, ce n’est pas seulement sur le coup de la surprise que son cœur s’affole. Jamais il ne l’avait embrassé comme ça, jamais personne ne l’avait embrassée ainsi, avec tant de fougue et tant d’ardeur. Ou est-ce qu’elle le ressent ainsi parce qu’elle retrouve enfin celui qu’elle a toujours voulu après cinq ans sans que personne ne soit jamais capable de lui faire oublier ? Ce n’est pas qu’un baiser volé, il l’embrasse, encore et encore, comme si un seul baiser n’aurait jamais été suffisant. Et elle est bien incapable de dire à partir de quand elle a commencé à lui rendre ses baisers, d’abord hésitante puis peu à peu presque aussi fougueuse que lui. Son corps a réagi avant qu’elle puisse réfléchir à ce qu’elle est en train de faire. La raison lui hurlerait d’arrêter net le contact, de balancer des flèches sur Nahim et de disparaitre. Mais il est là, il la serre contre lui et il l’embrasse. Entre eux, temporairement, la raison n’existe plus. C’est une belle excuse de se dire que, de toute façon, il la tient contre lui Que son bras l’empêche de reculer. Et que sa main qui caresse sa joue, avec une douceur toute en contraste avec sa brutalité du moment, l’empêche même reculer ou de tourner son visage. C’est une bien belle excuse à laquelle elle s’accroche, alors qu’elle sait pertinemment que même sans ça, elle n’aurait pas rompu ce contact inespéré. Même si ça ne la rend que plus confuse encore. Impossible de nier qu’aucun des deux n’a tourné la page. Ce qui ne rend le comportement de Nahim que plus incompréhensible, ce qui ne rend Aly que plus perdue et plus troublée encore. Sa raison lui hurle qu’elle a besoin de réponses avant de retomber dans ce doux filet. Mais sa raison n’a aucune voix, aucun poids pour le moment.

Lorsque le contact est rompu, elle croise brièvement son regard pétillant de désir avant de détourner les yeux, bien incapable de soutenir son regard en se rendant compte qu’elle laisse s’exprimer des sentiments qu’elle tente de réprimer depuis des années. « Tu es à moi. » Non. Voudrait-elle simplement souffler, sèchement et froidement. Mais sa voix reste coincée au fond de sa gorge. Non, elle ne lui appartient pas. Elle s’y refuse, catégoriquement. Pourtant son cœur n’a jamais tambouriné de la sorte dans sa poitrine. Bien différent de celui qu’il était avant, il a désormais une assurance loin de la laisser indifférente. Alycia ne croyait pas au coup de foudre avant de rencontrer Nahim pour la première fois. A cet instant, pour la seconde fois de sa vie, elle a l’impression de réellement comprendre ce concept. Et ça lui semble aussi invraisemblable que ça ne pouvait l’être à l’époque. Elle ne le connaissait pas, et finalement elle ne connait pas davantage l’homme qu’il est devenu en cinq ans. Rien de tout ça ne devrait se produire parce qu’il n’existe aucune possibilité d’avenir pour eux. Pire que ça encore, il est son ennemi, celui qui lui a tout pris. Elle se sent comme maudite de toujours vouloir son amour et sa tendresse après tout ce qu’il lui a fait, tout ce qu’il lui a prit. Elle le veut toujours près d’elle, qu’importe combien elle sait qu’elle ne devrait pas le vouloir. Elle devrait le détester. Ironiquement, elle le déteste encore, d’ailleurs. Autant qu’elle peut tenir à lui. C’est un sentiment horrible, celui de se dire qu’il n’y a pas de bon choix à faire, que quelque soit son choix elle finira par en souffrir de toute façon. Elle voudrait pouvoir arrêter le temps, juste à cet instant. Ne pas avoir de choix à faire et ne pas en subir les conséquences. Elle est déjà bien trop brisée pour savoir si elle pourrait se relever de nouveaux coups. Si tout pouvait se stopper là, ce serait parfait. Mais le temps se joue du monde, il est impossible à maitriser et il continu son cours comme si de rien n’était. La main de Nahim glisse derrière son genou, ses pieds quittent le sol. Si elle se sent légère, ce n’est pas simplement parce qu’il la porte comme si elle faisait le poids d’une plume d’oiseau, mais aussi et surtout parce qu’elle se sent comme déconnectée de la réalité. Parce que c’est plus facile, ou parce que ce brusque excès d’affection semble trop beau pour ne pas être illusoire ? Ailleurs, presque docile, elle reste contre lui alors qu’il la conduit en dehors des murs délabrés de la guilde. Dehors elle a l’impression de reprendre une véritable bouffée d’air frais. Mais ce n’est que quelques secondes plus tard, lorsque son dos heurte presque brutalement le sol, qu’elle reprend véritablement ses esprits.

Mais ce n’est que pour mieux sombrer une nouvelle fois. Il s’allonge contre elle, et ce serait alors si facile de lui mettre un coup assez bien placé pour le mettre ko et terminer à cette entrevue qui a trop duré et qui a…Clairement bien trop dérapé. Mais elle ne fait rien de tout ça. Elle le regarde, droit dans les yeux, avant que ses lèvres recommencent à chercher les siennes. Une nouvelle fois, il l’inonde de baisers langoureux. Et une nouvelle fois, elle répond à ses baisers. L’hésitation a disparu, évincée tout comme la raison par ce désir qui brûle en elle, celui de retrouver un amour qu’elle a perdu il y a des années. Son cœur s’emballe, son corps se réchauffe et le soleil qui caresse sa peau n’y est pour rien. Ses doigts glissent sur son torse, et agrippent sa chemise lorsqu’il délaisse ses lèvres pour embrasser son cou avec ardeur, simplement parce qu’elle a besoin de serrer quelque chose entre ses doigts. Un frisson la parcours lorsque ses doigts commencent à se promener sur son corps. Elle tente de ne rien montrer lorsqu’il se redresse pour la regarder, mais leurs regards à tous les deux brillent du même désir de l’autre. « Il est temps que je prenne l'avantage, tu veux ? » « Oh, tu en es capable ? » Un sourire moqueur s’étire sur ses lèvres. La situation n’enlève rien de la malice et du côté moqueur d’Alycia, bien au contraire. Elle n’était pas de nature provocante avant, mais elle a bien changé et ce n’est pas la présence de Nahim qui la fera redevenir celle qu’elle était il y a cinq ans. C’est une chieuse, une fouteuse de merde, et même dans ce genre de situation elle ne peut pas se contenter de le laisser faire ce qu’il veut sans lâcher une petite pique, sans le provoquer pour le pousser et voir jusqu’où il serait prêt à aller. La situation étrange n’y est pour rien, elle l’aurait provoqué même s’il était sur le point de lui tirer une flèche dans la tête.

La provocation, c’est aussi une belle manière pour elle de cacher combien elle aime ce nouvel excès d’assurance chez lui. Auparavant il n’aurait jamais osé prendre les devants, ni même exprimer ses désirs et ses envies, qu’importe qu’elle le questionne là-dessus. Douce, patiente, elle laissait couler jusqu’à la fois suivante où il ne s’ouvrait pas davantage. Telle qu’elle est aujourd’hui, avec un homme comme ça, elle aurait levé les yeux au ciel, et tourné les talons pour passer à autre chose. Elle le déteste. Et elle déteste le fait d’aimer ce qu’il est devenu alors qu’elle le déteste toujours aussi fort. Son cœur bat à tout rompre dans sa poitrine alors qu’il montre que oui, il est en effet capable d’aller plus loin, de tout faire pour obtenir ce qu’il désire. Ses doigts serrent un peu plus sa chemise tandis que lui déboutonne la sienne habillement sans pour autant la lui ôter. Il embrasse sa peau, sans doute aussi brulante que tout le reste de son corps et elle ferme les yeux lorsqu’il descend peu à peu. Elle soupire doucement lorsque ses lèvres rencontrent sa poitrine, elle manque de se mordre la lèvre inférieure pour ne laisser sortir aucun son. Ses mains continuent de caresser sa peau et ses lèvres continuent de descendre, jusqu’à embrasser son ventre. Malgré la fougue, malgré son excès d’assurance et son envie palpable d’aller plus loin, ses gestes s’arrêtent avant de franchir une limite qui la ferait se sentir brusquée. Qu’elle partage son désir ne l’aurait pas empêchée de tout arrêter net si elle en était arrivée là.

Elle tente tant bien que mal de garder un rythme de respiration calme malgré son cœur qui bat à cent à l’heure dans sa poitrine. Elle n’a pas lâché sa chemise et elle ne la lâche toujours pas lorsqu’il se met sur elle, sans agressivité aucune à son égard. Il caresse doucement sa joue et elle lève les yeux vers lui, l’émeraude rencontrant le saphir une nouvelle fois. Sa main est aussi brulante que sa peau, et elle ne doute pas que les rayons du soleil n’y sont pour rien dans cette entreprise. Elle ne pensait pas que dans son regard elle pourrait à nouveau lire de la tendresse et de l’amour à son égard un jour, pourtant, c’est bien ainsi qu’il la regarde en cet instant. Elle est aussi, elle est bien plus tendre qu’elle penserait pouvoir l’être avec lui. Ses lèvres remontent jusqu’à son cou alors que ses mains ne quittent pas son corps. Elle frissonne. Elle le hait, mais elle voudrait que ce contact ne s’arrête jamais. Elle se sent tellement perdue qu’elle préfère arrêter de réfléchir à la logique du moment, et simplement se laisser guider par son instinct. Il enroule sa cuisse autour de lui et c’est finalement ses deux jambes qui s’agrippent à lui, presque par reflexe. Sa douceur l’étonne un peu plus à chaque seconde qui passe, elle est capable de voir dans ses yeux qu’il fait preuve de retenue pour ne pas aller plus loin. Trop loin. Pourtant jamais il n’avait été ainsi avec elle. Jamais il ne s’était comporté de façon si fougueuse, tumultueuse. Peut-être aurait-elle été capable d’apprécier cette nouvelle facette de lui sans aucune retenue siles circonstances étaient différentes. S’il n’était pas son ennemi. Elle n’oublie pas ce qu’il lui a fait, elle n’oublie pas ces différences qui les éloignent à présent et elle n’oublie pas qu’ils sont dans deux camps différents à présent, que tout un monde les sépare. Mais ce n’est pas une grande romantique ni une grande sentimentale, Aly. Elle n’a pas besoin d’aimer la personne en face pour en arriver à ce stade, sinon elle n’aurait jamais avancé. Elle est d’ailleurs même capable de franchir le pas avec quelqu’un qu’elle ne supporte pas, si la personne en face vaut le coup. La preuve en est qu’elle n’a toujours pas repoussé Nahim, alors qu’elle se raccroche à la haine qu’elle lui porte depuis le début de cette entrevue. Ils pourraient craquer tous les deux, ça ne changerait rien à leur relation. Il sera toujours son ennemi, et elle aura toujours envie de lui tirer dessus à leur prochaine rencontre. Ça ne change rien. Ça ne change rien. Elle se répète ces mots en boucle dans sa tête.

Le temps semble s’écouler différemment depuis qu’ils sont sortis, comme si pour quelques minutes elle était libérée du poids du passé dans lequel elle s’était enfermée toute seule. Elle est incapable de dire pendant combien de temps il a continué de l’embrasser, et pendant combien de temps elle a répondu à ses baiser avant qu’il s’écarte, à bout de souffle. Elle aussi, elle reprend doucement le sien, les joues probablement rougies par la chaleur de leurs corps. Sa main continue de glisser doucement sur son corps, jusqu’à rejoindre la sienne qu’il saisit tendrement. Il la soulève, pour la coller délicatement sur sa joue, embrassant sa paume et ses doigts en fermant les yeux. « Tu attends quoi pour répliquer ? Que je me tue à la tâche ? » Un tout petit, un très fin sourire se dessine sur les lèvres d’Alycia. Du bout des doigts elle caresse sa joue avec toute la tendresse qu’il semble lui réclamer. Sa seconde main lâche enfin sa chemise qu’elle tenait encore sans qu’elle ne se soit vraiment rendue compte qu’elle ne l’avait jamais lâchée. « Si seulement… » Commente-t-elle doucement, malicieuse et taquine. Quelque part, ça l’arrangerait s’il pouvait vraiment se tuer à la tâche. Elle n’aurait plus besoin de mettre elle-même fin à sa vie, de couper le dernier lien qui la lie à son passé et à toutes ses douleurs. D’une façon ou d’une autre, elle serait ainsi forcée de tourner la page, d’avancer sans que plus personne ne se dresse devant elle si elle cherche à se retourner. Sa vie ne serait pas plus heureuse, elle ne serait pas plus facile. Mais elle aurait peut-être une chance de trouver le bonheur ailleurs, qui sait ? Et si toutes ces années son blocage n’était venu que du fait qu’un part d’elle-même souhaitait le retrouver ? Elle a bien conscience de n’avoir jamais été capable de tirer un trait définitif sur lui. Sa mort ne lui laisserait pas le choix, elle tirerait ce trait à sa place, de gré ou de force. La Scalienne mettrait du temps à se relever de cette perte, sans aucun doute. Mais peut-être qu’elle aurait alors une chance, même toute petite, d’avancer enfin ?

Ses jambes se détachent de lui et viennent retrouver le sol, tout comme sa main qui quitte la douceur de sa joue. « Tu es bien présomptueux, Nahim. » Glisse-t-elle doucement. Ses paumes rencontrent le sol contre lequel elle prend appui pour se redresser en position assise, forçant le brun à faire de même. Elle reste malgré tout contre lui, incapable de briser cette proximité entre eux. Son sourire n’a pas disparu, et il n’a rien perdu de cette malice qui pétille également dans son regard qu’elle garde plongé dans le sien. « Je ne t’appartiens pas. » Son rythme cardiaque, cependant, hurlerait presque l’inverse. Est-ce que c’est lui, ou est-ce que c’est elle qu’elle tente de persuader ? Cela ne l’empêche pas en tout cas de fermer les yeux pour réduire à néant ces quelques millimètres qui les séparaient encore. Cette fois, c’est elle qui l’embrasse, avec cette même fougue et cette même passion qui les anime tous les deux depuis que cette entrevue est partie en vrille. Le message lui semble assez clair. Alycia n’appartient à personne, c’est un électron libre, et si elle est encore là, près de lui, ce n’est pas parce qu’il la retient et certainement pas parce qu’elle est à lui, mais simplement parce qu’elle en a décidé ainsi. C’est son choix d’être là, de lui rendre cette passion qui brûle en eux. Et si jamais elle venait à décider que les choses vont trop loin à son gout, elle n’hésitera pas à tout arrêter pour disparaitre. C’est qu’elle est passée maitresse dans cet art. Elle n’aurait aucun mal à le laisser au milieu de cette forêt perdue sans lui laisser la possibilité de retrouver ses traces. Il suffirait d’un rien, en réalité. Après tout elle sait déjà que tout ça est une mauvaise idée, même si elle continu de se persuader que ça ne représente rien. Pour l’heure, elle se contente de profiter du moment. Elle l’embrasse, encore et encore, ne lui laissant aucun répit tout comme il l’avait fait un peu plus tôt. Est-ce que ce n’est pas ce qu’elle lui a annoncé, d’ailleurs ? Qu’elle lui rendrait ses coups au centuple…?

Elle s’écarte finalement de lui pour reprendre son souffle doucement. Elle n’a qu’une envie, recommencer à l’embrasser, rester contre lui…Elle a le sentiment d’être redevenue accro à lui en quelques secondes, comme une droguée qui se serait soignée et qui fait une violente rechute au contact de l’objet de ses désirs. Cinq ans, c’est long. Assez long pour oublier la sensation de sa peau contre la sienne et le gout de ses lèvres. Assez pour ne plus vouloir retrouver ces sensations dont le souvenir est assez endormi pour que ce ne soit plus un besoin. Elle pourrait se contenter de l’embrasser pendant des heures, elle en est persuadée. Mais ils ne sont pas des amoureux qui se retrouvent, et d’ailleurs Alycia n’a plus aucune véritable notion de la tendresse ou de l’amour. Ils ne sont pas là pour rattraper le temps perdu, est-ce qu’ils ne devraient pas être sensés s’entretuer ?  « Te rendre tes coups au centuple… » Murmure-t-elle doucement, songeuse, comme si elle était effectivement en train de réfléchir à la question. Elle se penche un peu plus contre lui, approchant ses lèvres de son oreille. « Comment penses-tu que l’on rend ce genre de coups, dis-moi ? » Demande-t-elle, moqueuse, malicieuse. Son sourire s’élargit un peu de voir les frissons qui parcourent le corps de Nahim. La question est rhétorique, et d’ailleurs elle ne lui laisse pas le temps de lui donner une réponse qu’elle n’attendait pas. Appliquée à bien restée coller contre lui, elle mordille doucement son oreille, avant de recommencer à embrasser sa joue, puis de descendre jusqu’à son cou, où son ardeur dépose un suçon. Disons que pour l’instant, elle se contente de lui rendre la monnaie de sa pièce, mais elle est loin d’en avoir terminé avec lui. Ses lèvres viennent retrouver les siennes avec ardeur et ses mains retrouvent son torse. Elle l’embrasse, encore et encore, prenant soin d’ôter les  boutons de sa chemise un à un, avec une lenteur calculée pour le faire languir un maximum. Elle ne lui appartient définitivement pas, et ce n’est qu’un moyen de plus pour elle de le lui rappeler. Elle est libre de faire ce qu’elle veut, même de le tourmenter ainsi au milieu de ce tourbillon de passion dans lequel ils sont plongés.

Prise dans le feu du moment, ses mains ne s’arrêtent pas au dernier bouton de la chemise de Nahim. Sans jamais cesser de l’embrasser ses doigts continuent de glisser doucement sur sa peau, descendant encore plus bas. Toujours aussi lentement, elle défait adroitement le bouton de son pantalon et en descend la fermeture éclair. Elle ne lui ôte pas, tout comme elle ne lui a toujours pas ôté sa chemise. Sa main ne glisse pas sous son sous-vêtement, mais lui accorde tout de même quelques caresses langoureuses. Ça ne dure pas très longtemps, mais c’est juste assez pour qu’il commence à apprécier et pour qu’il désire qu’elle ne s’arrête pas. Ses mains remontent alors doucement en caressant sa peau brulante. Ses lèvres quittent les siennes, pour qu’elle puisse reprendre son souffle. « Est-ce que tu sens assez ma détermination, là ? » Demande-t-elle, taquine. Son sourire se fait moqueur et son regard brille toujours de malice. Ses mains continuent de remonter le long de son torse pour atteindre ses épaules. Elle fait alors doucement glisser sa chemise le long de ses bras, pour finalement lui retirer entièrement, prenant tout son temps pour continuer de le faire languir. Voir Alycia ainsi, c’est sans doute une découverte pour lui. Lorsqu’ils étaient ensemble, elle était prude, presque timide sur ce genre de sujet. Elle n’osait pas, ou alors elle osait très peu. Aujourd’hui, elle est tout l’inverse, elle est entreprenante et surtout, elle ne maque plus de cette expérience qui lui faisait cruellement défaut à l’époque. Quoi de plus normal ? Nahim a été son premier copain, il a aussi été sa première fois. Il a connu la gamine et c’est maintenant la femme qui lui fait face. C’est fou, dans le fond, ce que les gens peuvent changer du tout au tout. Avec une apparence différente, il serait sans doute incapable de la reconnaitre. Et cette idée aussi, ça l’amuse. Elle laisse la chemise de Nahim retomber doucement sur le sol, et se laisse tomber vers l’avant, sur lui, pour le faire tomber en arrière et pour que ce soit son dos, cette fois, qui rencontre l’herbe de la clairière. Ayant inversé les rôles, elle se trouve désormais au-dessus de lui. Ses doigts viennent caresser ses cheveux, elle le regarde avec tendresse, mais son sourire est toujours aussi moqueur, aussi malicieux. « Tu ne devais pas prendre l’avantage ? » Demande-t-elle en le provoquant à peine.


 
(c) fiche:WILD BIRD & gifs:gifs hunt c l o s e d
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité



Sam 2 Jan - 11:28

 

Marry You


La raison hurle à Nahim d'arrêter cette connerie. Sérieusement, il va en ressortir que du mal de cette échange ! Ce duel qui a pris un virage à 90° pour que ça se finisse comme ça ? Deux adolescents ne pouvant pas résister à leurs pulsions ? N'étant pas capable de se calmer un peu et de redescendre en pression ? Nahim s'est toujours vanté d'être un homme qui sait calmer sa réactivité sous une bonne couche de réflexions et qui sait prendre le temps de réfléchir avant de prendre une décision. C'est d'ailleurs pour ça qu'il a obtenu le rang S de Blood Moon. Un stratège qui assiste Skyadrum en plus de commettre des carnages ici et là, rappelant la puissance de Baram à ce monde sur le déclin à cause d'un gouvernement faible et passif. Nahim prévoit toujours, a toujours des ébauches de centaines de plan dans son esprit, il ne veut jamais se laisser surprendre. Il n'est pas un idiot qui se laisse dicter par ses émotions. Alors qu'est-ce qu'il se passe actuellement ? Nahim l'embrasse toujours plus, il emmerde sa raison, préférant se laisser aller à Alycia. Il se donne à elle sans retenu, incapable de retenir en lui ces sentiments qu'il a toujours pour elle au fond de lui, fermé à double tour. Il voudrait pouvoir réfléchir un peu et la planter pour arrêter cette mascarade mais il ne peut pas. Non, il ne veut pas. Il a trop envie d'elle, il est devenu accro à ses lèvres, il aime trop la voir frissonner à son contact, à sentir le désir grandir entre eux, à sentir cette température les brûler. Nahim a trop envie de faire l'amour avec sa rousse adorée. Il veut se fondre en elle, il veut retrouver le contact nu de sa peau contre la sienne, il ne supporte plus d'être habillé, il a l'impression que c'est un barrage à cette passion qui le dévore. Il en a aussic marre d'avoir des images de Blood Moon qui arrive dans son esprit, comme si la morale essayaient de le ramener sur le droit chemin. Nahim ne veut pas avoir une image de son boss pendant qu'il s'occupe d'Alycia, ça lui couperait l'envie. Il coupe son cerveau. Il ne veut plus réfléchir, il veut juste elle, il veut lui faire l'amour comme jamais il ne la fait. Il veut passer les prochaines heures à les consacrer à elle, et uniquement elle. Le monde n'existe plus, il ne reste que elle et lui. Rien n'a plus d'importance que eux deux là.

Quand il lui dit qu'il prend l'avantage et qu'elle lui répond moqueuse s'il en est capable, ça l'enflamme encore plus. Cette femme qu'il a quitté il y a cinq ans s'est métamorphosée. Elle ne lui aurait jamais répondu comme ça, ça lui plaît. Il aime qu'elle se moque de lui, il aime ce jeu entre eux deux. Ca le rend encore plus brûlant. Il préfère ça à des mots doux et sans saveur. Si elle lui dit des 'je t'aime' et des 'S'il te plaît, continue', il va se sentir un peu déçu. Il aime qu'elle lui résiste en apparence. Si elle n'avait pas voulu de ses baisers, Nahim aurait une dizaine de flèches plantées dans le dos. Là, elle répond à ses baisers et se laisse faire si docilement. Quand Nahim regarde sa tenue, une jupe et une chemise, il ne peut pas s'empêcher de trouver qu'elle ressemble à une lycéenne. Cette idée enflamme son esprit. Il n'est généralement pas fan des cosplays mais il doit avouer que sur Alycia, ça ressemble presque à une réalisation d'un fantasme inavoué. Il se demande comment il fait pour ne pas déchirer ses vêtements pour calmer cet incendie qui ravage son bas ventre. C'est tout une épreuve de reste sage. De ne pas la brusquer malgré l'envie qui les presse. Il ne veut pas qu'elle s'en aille en le laissant seul, lui et sa frustration qui atteint des sommets inimaginables. Si elle partait là maintenant, il ne sait pas ce qu'il ferait. Il suppose qu'il la rattraperait et qu'il la violerait, incapable de restreindre ce désir, impossible pour lui de comprendre pourquoi elle aurait dit non. Il ne veut pas en arriver à cette extrémité. Il veut qu'elle soit consentante, il veut qu'elle se donne à lui et qu'ils s'aiment contre toute attente. Il veut retrouver la chaleur de ses bras, parce que c'est la seule chose qu'il veut maintenant. Même si ça implique de brûler son âme en Enfer et de se condamner dans le futur. L'amour l'a remporté sur la raison. Nahim paiera le prix de cet amour interdit mais pas maintenant, aujourd'hui, il n'est qu'à elle et les conséquences pourront attendre.

Comment pourrait-il résister à cette femme qui le fait vibrer de tout son être ? Comment rester impassible quand il entend ses soupirs de plaisir ? Comment pourrait-il vouloir arrêter alors qu'il se sent plus que jamais vivant ? A chaque baiser, il se sent revivre, lui qui a été si longtemps privé de son attention. Nahim pensait pouvoir vivre sans, croyant se libérer de son emprise. Il s'est royalement loupé. C'est pour mieux retomber dans ses bras, pour les apprécier encore plus. Chaque baiser qu'ils échangent est si doux, si ardent. A croire que ce ne sont que de simples amoureux que le temps a séparé. Ils se retrouvent, tendrement, mettant de côté les affres de leur vie. Nahim a oublié tout le mal qui lui a fait, il s'en fiche de Sunrise, pourquoi se soucier des morts quand il est dans les bras d'une femme bien vivante. Ce n'est pas n'importe quelle femme, c'est la sienne. Il aura beau dire ce qu'il veut, il pourra mentir à la Terre entière s'il le souhaite, il n'a jamais cessé une seule seconde de l'aimer. Il n'a jamais su lui dire adieu. Il aura beau y mettre toute la haine, toute la rage qu'il veut, au final, il cherchera son affection, sa chaleur et son amour. Lui qui pensait avoir totalement tourné la page, essayant juste d'enlever la poussière qui était en train de rayer le mécanisme parfait de sa vie s'est lourdé. La machine s'est enrayée, refusant d'écouter la raison, refusant que la haine l'emporte. C'est tellement naïf, tellement guimauve comme sentiment que Nahim a envie de vomir. Il se déteste d'être aussi mielleux. Ce n'est plus un homme romantique, ce n'est plus l'homme qui irait offrir des fleurs à la femme qu'il aime, il trouve ça terriblement hypocrite. Derrière ces provocations qu'ils se lancent, il y trouve un semblant de vérité, de sincérité qu'ils n'avaient pas avant. Il a l'impression de vraiment faire sa connaissance aujourd'hui. Autrefois, ils se sont cachés derrière un paravent de timidité et de sentiments inavoués. Maintenant que le voile est levé, Nahim se sent tellement plus proche d'elle qu'il ne l'a été en trois ans de vie commune. Comment quelques secondes après toute cette guerre ont-elles pu tout changer dans leur vie ? Ils pourront partir chacun de leur côté, niant cette journée de toute leur âme, ils sauront au fond de leur être qu'elle aura été ce qu'ils avaient le plus besoin : l'amour de l'autre. Nahim le niera en disant qu'il a juste passé du bon moment avec une inconnue dont il aura oublié le nom. Refusant d'avouer, de dire à voix haute qu'il a aimé retrouvé les bras de son ennemie et de l'aimer comme ce n'est pas permis. Nahim se hait de l'aimer aussi fort, de la désirer et de ne pas être capable de la repousser et de lui faire guerre.

Mais comment pourrait-il faire autrement ? Quand il sent ses mains s'agripper à lui et serrer sa chemise, de sentir sa peau se réchauffer au contact de la sienne, il ne peut pas faire autrement que de faire tomber ses barrières. Comme il aime voir leur souffle saccadé ! Comme il aime voir le même regard brûlant de désir dans les yeux d'Alycia, pareil au sien. Comme il aime de la sentir contre lui et de ne pas se sentir repoussé ! Quand il sent ses jambes se refermer sur lui, il se sent au centre de son attention. Il ne veut que ça, être le centre de son univers. Il ne peut s'empêcher de se demander si leur nuit de noces aurait été aussi fougueuse qu'en cet instant. Il ne l'a jamais aimé aussi fort, peinant avec peine à retenir son envie d'aller plus loin. Comme c'est frustrant de ne pas pouvoir l'aimer complètement, il ne supporte pas cette patience que ces retrouvailles obligent. Il n'a jamais été aussi impatient de toute sa vie. Quand il croise le regard moqueur d'Alycia, il sent qu'elle l'a remarqué et qu'elle va prendre un immense plaisir à le faire tourner en bourrique. Avec une autre femme, ça l'aurait énervé, il aurait soupiré et finalement, aurait perdu l'envie. Là, il se prête à ce jeu beaucoup trop tentant. Savoir qu'elle le cherche lui plaît, il se dit qu'elle le veut autant qu'il a envie d'elle. Il ne supporterait pas l'idée qu'elle ne soit pas totalement consentante, refusant d'être totalement à lui. Il la veut entière. Il veut son corps et son âme pour lui seul, il ne veut pas la partager. Et en échange, n'être qu'à elle. Rien qu'à elle.

« Si seulement… »

Il sourit, elle ne peut pas s'empêcher de le provoquer, à croire qu'elle souhaite qu'il soit encore plus chaud, plus bouillant. Elle veut quoi ? Qu'il craque et qu'il se laisse totalement aller ? Il allait presque obéir à cette proposition quand soudain, elle se détache de lui. Quand il sent ses jambes retoucher le sol, ça a pour effet de le refroidir assez violemment. Même sa main qui sa joue. Il retient son souffle, il ne supporte pas de ne plus être en contact avec elle.

« Tu es bien présomptueux, Nahim. »

Il ne dit rien, la seule chose qu'il pense, c'est que la récréation a fini et qu'Alycia a en assez de cette douceur de vivre. Son regard se durcit, soudain à l'affût de la moindre attaque. Il est en position de faiblesse. Il se retient de se mordre la lèvre, il a laissé son arc dans la guilde ! Il est trop loin pour aller le chercher, quel idiot ! Heureusement, il a piégé l'extérieur, il aura juste à la pousser dans un piège et l'attaquer. Il est tendu, prêt à bondir et à attaquer. Tout le désir a cédé à une concentration extrême, le choc est brutal. Il a l'impression de frôler le zéro absolu. La rousse le force à s'asseoir, il respire doucement, ne comprenant pas pourquoi elle a dit ça sur un ton pareil et d'être aussi proche de lui. Elle lui fait souffler le chaud et le froid ! Pourtant, il perçoit la malice dans ses yeux.

« Je ne t’appartiens pas. »


Et elle l'embrasse avec la même ardeur. Nahim se mord la langue, s'attendant plus à se manger une flèche qu'à recevoir un baiser aussi chaud, ça a pour effet de le réchauffer un peu. Il se décontracte un peu, c'est mauvais pour sa santé ce genre de coup de pression. Il la repousse un peu pour reprendre son souffle et susurrer, tout aussi moqueur.

"C'est clair, je me suis trompé, tu ne m'appartiens pas, t'es juste complètement sous mon charme."

Ils se regardent, on dirait deux adolescents qui sont tombés sur un jeu interdit pour eux. Trop jeunes, trop immatures pour comprendre les règles, ils sont là, à se chercher, à repousser les limites de l'autre, sans aucune compassion, ça les amuse. Est-ce que Nahim déteste ça ? Bien sûr que non. Bien trop heureux de la tournure que prenne les événements, il pensait se prendre un carton rouge et se manger en pleine face sa témérité, il se retrouve récompensé d'avoir pris les devants. Les baisers d'Alycia sont si doux, il refuse d'ouvrir les yeux, se concentrant totalement sur son ressenti qui le rend fou de joie. Il ne pensait pas qu'elle pourrait l'embrasser aussi avec autant d'ardeur, il aime tellement le goût de ses lèvres, c'est un supplice quand le contact se rompt pour que les deux puissent retrouver leur souffle. Nahim se hait de devoir respirer, il voudrait pouvoir l'embrasser encore et encore. Elle approche ses lèvres de son oreille, rendant Nahim encore plus sensible, il ferme les yeux.

« Te rendre tes coups au centuple… Comment penses-tu que l’on rend ce genre de coups, dis-moi ? »


Le frisson qui le parcourt est long et délicieux, il en veut plus, il ne veut pas ouvrir les yeux, ses sens sont en éveil, il en veut plus. Il gémit quand elle mordille son oreille, il devient fou à force de se faire titiller de la sorte. Il commence à entrevoir le schéma qu'elle lui a concocté. Il va payer très cher ses mots, mais comme ce mec aime souffrir, il la laisse faire, sa respiration se hache, elle le tient totalement entre ses mains. Elle le force à s'asseoir et pour garder leur équilibre, il pose ses mains au sol, ne pouvant même pas profiter des voluptés qui sont si proches de lui ! Elle commence à enlever chaque bouton de sa chemise, si doucement. Il essaie de se concentrer sur sa respiration pour oublier ce feu qui le dévore, il voudrait que ça cesse et que ce plaisir dure toute la vie. Il ouvre un oeil quand il sent que le dernier bouton a été libéré, c'est pour mieux croiser le regard moqueur de la rousse qui, avec un certain sadisme, déboutonne son pantalon pour y glisser sa main. Il n'arrive pas à retenir un gémissement, il enfonce ses ongles dans la terre pour ne pas crier, il penche la tête en arrière, complètement sous le joug d'Alycia. Son coeur s'emballe si vite, il va sortir de sa poitrine. Nahim est arrivé au bout de ses limites, il est littéralement en train de bouillir sur place. Et pendant ce temps, elle rigole. Il a envie de la fusiller du regard mais ses pupilles sont tellement dilatées qu'il passe pour un drogué en plein trip.

« Est-ce que tu sens assez ma détermination, là ? »

Il ne peut pas répondre, il essaie de garder son self-control, il essaie de rester sage, mais pourquoi l'être quand elle l'allume autant ? Elle s'amuse de lui et il ne peut pas en profiter ! C'est trop injuste. Elle remontent ses bras pour virer sa chemise, avec cette même lenteur calculée, Nahim va se venger, c'est inhumain de le faire patienter comme ça. Sa frustration crève tellement le plafond qu'on voit le ciel désormais. Il pensait avoir à faire à une femme froide qui ne sait plus aimer et qui n'aime pas quand les choses durent trop longtemps. Il s'est loupé, Alycia prend un trop gros plaisir à le faire tourner en bourrique. Il va devoir se venger, lui faire comprendre à quel point, c'est pas très gentil de faire ça. Il répond à son sourire et avant qu'il puisse l'embrasser, elle le pousse doucement pour que son dos touche le sol. Il avoue que d'ici, la vue est plus qu'agréable. Elle est aussi brûlante que lui et il admire sans complexe ses seins qui sont au grand jour. Elle se penche pour pouvoir caresser ses cheveux. Il sourit, il y a si longtemps qu'elle ne l'a pas fait. Quand Alycia avait besoin de s'occuper les mains, elle caressaient ses cheveux, glissant ses doigts pour le masser, c'était un peu leur truc à eux. Le retrouver maintenant, ça lui fait chaud au coeur. Elle le regarde tendrement mais son sourire est toujours aussi sadique selon l'avis de Nahim.

« Tu ne devais pas prendre l’avantage ? »


"Je voulais que tu aies la sensation que tu allais gagner, c'est mon côté gentleman."

Il lui sourit. Si elle veut jouer à ça, il n'a plus besoin de se retenir, il ne peut plus de toute façon. Il fait remonter ses mains le long de ses cuisses pour glisser ses doigts sous sa culotte, le sourire narquois. Il n'a pas pu profiter de cette zone tout à l'heure, c'est le moment de reprendre l'avantage. Ils restent quelques secondes, Nahim se laissant aller à cette position qui lui plaît décidément trop. Il ferme les yeux, savourant cet instant. Il ouvre de nouveau brutalement les yeux et se redresse doucement, pour éviter de se cogner contre Alycia. Il quitte sa chute de rein pour retrouver son premier amour : sa gorge. Il les embrasse de nouveau, les léchant avec délice. Il enlève cette chemise, la laissant torse nue. Il passe un bras derrière son dos pour pouvoir les faire rouler. Alycia retrouve le sol tandis qu'il est au-dessus d'elle, un sourire mutin aux lèvres.

"Il est temps de te rendre la monnaie de ta pièce."

Et, mystère de la gravité qui agit bizarrement ici, Alycia perd sa jupe et se retrouve nue entre les mains d'un Nahim beaucoup trop en forme pour se demander s'il n'est pas sous l'effet d'une substance illicite. Il l'embrasse et continue là où quelques minutes auparavant il s'était arrêté par peur de la brusquer. Il embrasse son intimité avec une passion dévorante. Il voudrait s'arrêter pour lui faire le même coup mais il aime décidément trop ça. Il voudrait lui faire subir tout un assortiment de supplices mais le désir se fait trop pressant. Il se redresse, chaque seconde devient une torture. Il attrape les mains d'Alycia et ensemble, ils enlèvent la derrière barrière à leur fantasme, son pantalon. Et sans un mot, non sans l'avoir embrasser une dernière fois, il entre en elle. Il gémit tant la sensation est délicieuse. Il essaie d'être doux, affectueux, comme l'aurait été l'ancien Nahim, mais vite, le désir les rattrape et il se fait plus violent, plus sauvage. Nahim lui fait l'amour de tout son saoul, ne pouvant retenir ces cris de plaisir. Il ne lui laisse pas l'occasion de prendre l'avantage, elle est condamnée à subir ses assauts enflammés. Il se donne littéralement corps et âme pour elle, il veut qu'elle ait autant de plaisir que lui. Quand Nahim s'arrête, ils sont à bout de souffle mais il en veut encore, une seule fois ne suffit pas. Il lui caresse son visage, calmé. Maintenant que la frustration a été évacuée, ils peuvent s'amuser un peu plus.

"J'en ai pas fini avec toi, très chère."

Et avec une infinie doucement, il la couche sur le ventre et commence à embrasser sa nuque, il a retrouvé un peu de lucidité, il caresse sa peau nue, aimant plus que tout ce sentiment de bonheur qui le submerge, il embrasse son dos, doucement. Il ne peut pas s'empêcher de rester collé à elle, de peur qu'elle puisse partir, qu'elle puisse s'enfuir sans qu'ils aient pu réellement se donner à l'autre. Le désir se fait de nouveau pressant et Nahim l'assoit sur lui. Il ne veut plus jouer, il veut l'aimer. Il caresse son visage tandis que son autre main enlace son amante. Il comprend enfin ce que ça signifie de faire l'amour. Ce n'est pas simplement l'acte sexuel, c'est bien plus que ça. C'est construire un désir mutuel et l'assouvir ensemble. Et ensemble, ils se laissent aller. Invitant l'autre à découvrir le savoir accumulé au cours des derniers années, éliminant les doutes et certaines interrogations par de la tendresse et de la patience. C'est terriblement doux et à la fois, enflammé. Ce ne sont plus que des gémissements, des soupirs et des rires aussi. Nahim voudrait que ce moment ne s'arrête jamais. Il veut rester en elle, parce que c'est le seul endroit où il se sent totalement complet. Et quand il devra la quitter, il se sentira seul à nouveau, malheureux. Il ne veut pas quitter ses bras. Quand enfin, leur étreinte s'arrête, ils sont littéralement morts, couvert de sueur, cherchant au hasard si leurs poumons ne sont pas au loin. Nahim s'allonge sur le sol, son coeur bat si fort que ça fait presque mal. Il invite Alycia à s'allonger sur son torse et referme ses bras sur elle, quand il lève les yeux, il remarque que les étoiles pointent le bout de leur nez, il ne peut pas s'empêcher de se dire que le temps aussi est détraqué, comme la gravité.

Nahim caresse doucement le dos d'Alycia, cherchant son souffle, il voudrait lui envoyer des piques en tout genre, mais en vérité, il est totalement vidé. Il n'avait jamais été aussi fatigué que ce soir du coup. L'air est bon, comme si la météo ne voulait pas qu'ils attrapent froid. Nahim voudrait que ce moment ne s'arrête jamais. Il se sent apaisé, ses démons intérieurs ont disparu. Il a l'impression que la tendresse de sa femme a calmé sa rage. Il n'arrive tout simplement pas à se mettre en colère. Il hume le parfum de ses cheveux, pour ne pas l'oublier, ça sent la Nature. Le vent, la forêt, la liberté. Pas un parfum qui compte une fortune, c'est l'authenticité. Il ferme les yeux, il ne l'a jamais autant aimé qu'aujourd'hui. Il l'a vu sous un nouveau jour qui lui plaît. Il ne peut pas s'empêcher que ce jour-là à la Cité Royale, il est retombé amoureux de la femme qu'elle est devenue. Il est tombé sous le charme de la chasseresse, il aime son air renfrogné, son air blasé. Il a envie d'aller percer la couche de glace qui entoure son coeur pour pouvoir être encore plus amoureux d'elle. Il voudrait qu'elle s'endorme sur son torse pour l'enlacer encore un peu. Il ignore combien de temps, ils restent plantés comme des idiots, nus comme des vers. Il n'a pas envie de bouger, tout ce qu'il veut, c'est la chaleur de la rousse. Néanmoins, ombre qui vient ternir le tableau, il ne peut pas s'empêcher de se sentir sale. Il embrasse le sommet de son crâne, encore agaillardis de leur exploit.

"Je crois que j'ai gagné et je veux ma récompense."

Avant qu'elle puisse lui envoyer un coup de latte ou même qu'elle se casse, droit devant sans se soucier d'être en habit d'Eve, il lui lance un sourire narquois.

"Viens prendre un bain avec moi."

Ils se redressent tous les deux, cherchant à taton leurs vêtements dans la pénombre qui se fait de plus en plus imposante. Nahim n'est pas un homme pudique mais ça ne l'empêche pas de ne pas aimer de se promener tout nu dans la forêt, il y a des limites qu'il refuse de franchir, surtout qu'il en a franchi pas mal, aujourd'hui. Il est resté suffisamment longtemps à Sunrise lors de leur déménagement à Edoras pour avoir exploré les environs de la guilde. Il ramasse son alliance qu'Alycia a fait tomber lors de leur duel et la met dans sa poche. Il attrape la main de sa compagne et ils avancent doucement dans les bois, ne craignant absolument pas ce qu'ils vont y trouver. Nahim se sent revivre de quitter le sillage de son ancienne guilde, ses pas se font plus léger. Il marche devant, tranquillement. Au bout d'un moment, ils arrivent à une sorte de bassin naturelle, le clapotis de l'eau est agréable. Nahim grimace en regardant la scène : des lucioles volent ici et là, créant une atmosphère romantique. Il hausse un sourcil, après la gravité et le temps, voilà que la Nature s'y met aussi ? Il regarde d'un air blasé Alycia avant de reprendre un sourire moqueur.

"J'espère que tu n'as plus peur des insectes en cinq ans, je n'ai pas de tapette sur moi pour les tuer."

Et de nouveau, un peu timidement, il la déshabille, lui laissant le soin de faire pareil avec lui. Ils se retrouvent de nouveau nus et ils entrent dans l'eau fraîche. Nahim est surpris de voir à quel point la température de son corps est encore brûlante. Il commence à nager, l'invitant à le rejoindre. Un sourire moqueur aux lèvres. Il attrape sa main et glisse l'alliance à son doigt. Il murmure sur un ton moqueur :

"Ne la perds pas, j'ai vendu un rein pour pouvoir te l'offrir."

Il est terrifié à l'idée qu'elle jette la bague, lui a qui mis tout son amour dans ce bijou, cette bague, c'est le dernier fil qui les rattache à avant, quand tout était doux et rose. Maintenant, Nahim lui offrirait ... Un arc. Pour pouvoir se battre contre elle. Parce que la violence, ça n'a pas de prix.. Il ne veut pas qu'elle parte maintenant. Il veut encore passer du temps avec elle. Il la ramène contre lui, et au milieu de l'eau, perdu dans une forêt elle même perdue au milieu de nul part. Il lui avoue, un sourire malicieux aux lèvres.

"Ai-je suffisamment pris l'avantage à ton avis ?"

La pénombre s'installe de plus en plus, à part ces foutus insectes qui volent, ça devient difficile d'y voir clair, Nahim reprend une expression sérieuse, espérant qu'elle ne le remarque pas, avec la chance qu'il a, elle va le voir. Il ne veut pas que cette journée s'arrête, le moment qu'ils ont passé ensemble est trop court, il ne veut pas qu'elle parte. Il le sait, elle va mettre les voiles rapidement et le laisser tout seul. Il devrait la remercier de mettre fin à cette mascarade grotesque mais il ne peut pas s'empêcher d'en vouloir toujours plus, il n'est pas rassasié de son étreinte. Il voudrait tellement que ce soit le cas ! Etre capable de sortir de l'eau, broncher en disant que c'était sympa mais sans plus. Ce serait mentir. Il est complètement euphorique, il voudrait pouvoir dire que c'était rien, rien de plus qu'une faiblesse passagère. Il se hait de ne pas vouloir la lâcher, il a l'impression de redevenir comme avant, s'accrochant à elle désespéramment. Il soupire, plongeant la tête sous l'eau. Il reste immergé plusieurs secondes, espérant que l'eau arrive à le résonner. Il se détache d'elle, il sait que c'est la bonne chose à faire. Ils ne doivent plus revivre ça. Ce serait idiot, un suicide collectif. Il aimerait pouvoir mettre cette idylle de côté pour se concentrer sur ses ambitions et celle de la guilde. Il remonte à la surface, laissant sa bouche sous l'eau. Il a envie de l'emmerder, de la pousser à bout pour détruire ce moment un peu trop parfait, trop romantique. Sincèrement, ça le gêne. Il ne veut plus être comme ça. Ce n'est pas normal d'être aussi doux et mielleux, ça donne envie de vomir. Mais il ne sait pas faire autrement pour l'instant, à cause de cette foutue dopamine qui circule dans tous les sens dans son organisme. Hésitant entre deux envies, il en a mal au crâne à ne pas savoir ce qu'il veut, enfin si, il sait. Il veut rester encore un peu de temps avec elle, même si c'est pour se faire copieusement insulter. Il a encore besoin de sa douceur ce soir. Il envoie une pichenette qui éclabousse Alycia et commence à ricaner. Il ne peut pas la retenir, il ne doit pas. Il sait pertinemment qu'il va être malheureux de cette séparation mais il n'a pas le choix. Finalement, alors qu'elle lui tourne le dos sans qu'il sache vraiment pour quoi, sûrement pour mettre les voiles, ses bras agissent tous seuls et l'enlace, si fort. Il parle dans son dos, pour la première fois sérieusement depuis le début de la journée depuis sa confession sur la bague. Il se sent faible et démuni, un enfant qui essaie de réclamer l'attention qu'il n'a pas.

"Ne me laisse pas seul. Pars à l'aube demain, je te laisserai partir, mais ce soir, reste encore un peu avec moi, s'il te plaît."


Il ferme les yeux, honteux de se montrer aussi faible, autant à découvert. Il voudrait aller se cacher sous l'eau pour le restant de ses jours. Il peut dire ce qu'il veut : il est retombé raide dingue amoureux d'Alycia.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité



Lun 1 Fév - 19:38



   

Nahim & Alicya
Marry you
Il y a une autre vie, Alycia n’était pas du genre à agir sur un coup de tête, à faire ce qu’elle avait envie de faire sans réfléchir aux conséquences de ses actes. Elle était posée, elle réfléchissait aux tenants et aux aboutissants avant d’agir. Elle avait cette vision à long terme qu’elle n’a plus vraiment aujourd’hui. C’est sans doute difficile à comprendre quand on n’a pas vécu ce qu’elle a pu vivre par le passé. Elle a simplement conscience que sa vie pourrait s’arrêter d’une seconde à l’autre. Il suffit de peu, le temp d’un claquement de doigt serait suffisant pour que sa vie bascule -pour que la vie de n’importe qui bascule, en réalité. Il y a trop d’horreur et de souffrances dans ce monde pour qu’elle puisse rester aussi optimiste que d’autres peuvent l’être à la guilde. Elle ne réfléchit pas à demain, parce que demain elle ne sera peut-être plus là de toute façon. Alycia veut vivre sa vie à son fond avant qu’il ne soit trop tard. Alors, lorsqu’elle veut quelque chose elle ne cherche pas à savoir si c’est bien ou mal, elle ne cherche pas à savoir si elle le regrettera le lendemain -c’est un problème qui arrivera en son temps. Elle cherche simplement à l’obtenir. Rien de ce qui se passe ici ne semble avoir du sens, absolument rien. Elle aurait pu continuer de simplement le haïr et de refouler ces sentiments. Un petit geste de tendresse, c’était déjà la faiblesse de trop. Elle aurait dû passer son chemin et le laisser là avant de lui laisser l’occasion de l’embrasser. Mais c’est juste tellement incohérent. Elle ne s’y attendait pas. Comment aurait-elle pu ? Il est sensé vouloir sa mort plus que tout, non ? Ça n’a pas de sens et c’est ce qui a fait voler son peu de raison en éclat. Sur le moment, elle le veut simplement lui. Les remords, la haine, elle peut laisser ça pour plus tard. Elle peut laisser ça pour demain -si elle est encore là demain. Elle ne savait pas qu’il pouvait encore y avoir de l’amour et de la tendresse entre eux, encore moins du désir. Dire que c’est un simple baiser qui a tout chamboulé, qui a fait ressurgir des sentiments enterrés depuis cinq ans. C’est ridicule. Elle savait qu’elle n’avait pas vraiment tourné la page, mais elle se croyait plus forte que ça.

Elle ne pensait pas le vouloir autant, mais ce n’est pas si grave, puisque ça ne veut rien dire. Elle s’ne persuade encore. Après tout, pas besoin d’avoir des sentiments pour en arriver là. Elle peut lâcher prise, ça ne veut rien dire. Demain, ça sera comme si aujourd’hui n’avait jamais existé. Demain, ils pourront être ennemis et se tirer dessus de nouveau. Et le monde recommencera à tourner dans le bon sens, out redeviendra normal, tout reviendra à sa place. « C'est clair, je me suis trompée, tu ne m'appartiens pas, t'es juste complètement sous mon charme. » En guise d’unique réponse, la rousse lève les yeux au ciel, pour lui signifier combien ce qu’il dit n’a aucun sens. Ça n’a d’ailleurs tellement aucun sens qu’elle ne relève même pas, qu’elle ne le contredit même pas. Ils ne sont pas sous le charme l’un de l’autre. Ils n’ont pas le droit de l’être. Ils s’amusent, ils se cherchent, ils se redécouvrent, et c’est tout. Pas besoin d’être sous le charme de l’autre pour être capable de passer un bon moment avec cette personne…Dans le cas contraire Alycia serait loin d’avoir acquis toute cette assurance. Elle est loin, la Alycia timide d’il y a cinq ans qui n’osait pas, qui était gênée pour un rien. Aujourd’hui, tout comme lui, elle a pris de l’assurance. Elle est devenue joueuse, taquine, et elle s’amuse d’ailleurs à le pousser à bout, à le provoquer, à chercher ses limites. Elle n’est plus aussi docile qu’avant et elle n’a aucun problème à le montrer. Tous les hommes n’aiment pas cette assurance, mais aux frissons et aux soupirs de Nahim, il lui semble évident que lui non plus n’a pas de problèmes avec ça. Ça ne l’encourage que davantage à se jouer de lui, à le faire languir pour tester ses limites. Elle le taquine, elle le cherche. Jusqu’à ce qu’il n’en puisse plus, jusqu’à ce qu’il craque. « Je voulais que tu aies la sensation que tu allais gagner, c'est mon côté gentleman. » Une nouvelle fois, elle lève les yeux au ciel, gardant sur ses lèvres un large sourire moqueur. Elle pourrait garder l’avantage, si elle le voulait. Ça ne lui déplait pas, de lui laisser l’avantage. Elle aime les hommes entreprenants, les hommes qui savent ce qu’ils veulent. Et venant de Nahim, qui était si différent à l’époque, ça ne lui plait que davantage.

Il sait ce qu’il veut sans doute autant qu’elle sait ce qu’elle veut. Elle s’est amusée à le pousser à bout et à présent, tout en lui souriant, il fait remonter ses mains le long de ses cuisses, jusqu’à ce que ses doigts se glissent sous sa jupe, puis sous sa culotte. Elle a beau se mordre la lèvre, elle est incapable de s’empêcher de gémir. Ça ne dure pas très longtemps, quelques secondes à peine. Assez pour qu’elle se dise qu’il compte s’amuser avec elle tout comme elle l’a fait avec lui. Peut-être qu’il l’aurait fait, d’ailleurs, si elle ne s’était pas appliquée à le rendre assez fou pour lui faire perdre patience. Il se redresse, doucement pour ne pas la brusquer et tout son corps fremis lorsqu’il s’intéresse une nouvelle fois à sa poitrine, tout en ôtant cette chemise qu’il s’était contenté de déboutonner plus tôt, comme s’il avait attendu la permission silencieuse d’Aly pour lui enlever. Un bras se glisse dans son dos et il les fait rouler sur le sol, pour se retrouver au-dessus d’elle. Elle aurait pu reprendre le dessus mais elle se laisse faire, presque docilement, un fin sourire sur les lèvres. Parce que c’est exactement ce qu’elle cherchait quand elle essayait de le pousser à bout. « Il est temps de te rendre la monnaie de ta pièce. » Elle n’est visiblement pas la seule ici à rendre les coups au centuple. Elle apprend encore à connaitre le nouveau Nahim, l’homme qui lui fait face. Jamais auparavant il n’aurait réagi de la sorte. Il l’aurait laissée prendre les devants, ou alors il ne se serait pas risqué à faire quoi que ce soit sans s’assurer de son accord préalable. L’un comme l’autre, ils ont changé. Et c’est effrayant de se dire que même s’ils ont passé ces cinq années loin de l’autre, ils se ressemblent et se complètent toujours autant. Elle n’aime pas cette idée qu’ils seraient toujours aussi parfait ensemble, comme si quoi qu’il arrive ils seront toujours faits l’un pour l’autre. Parce qu’elle ne peut pas s’autoriser à l’aimer encore. Pas après tout ce qui s’est passé entre eux. Pas après tout ce qu’il lui a fait, ni même après qu’il ai fait de tels choix de vie. Dans le fond, il pourrait bien être son âme sœur que ça ne changerait pas le fait qu’ils ne peuvent pas s’aimer. Parce que tous les deux ils ont choisi de défendre des camps différents.

Il se débarrasse du reste de ses vêtements comme s’ils étaient en train de lui brûler la peau. Ses baisers ardents ne s’arrêtent pas et elle y répond avec tout autant de fougue jusqu’à ce que ses lèvres commencent à descendre progressivement. Tout son corps est parcouru par de délicieux frissons lorsqu’il arrive à son intimité. Elle se mords la lèvre, et ses ongles se plantent dans la terre sans même qu’elle ne s’en rende compte. Elle est persuadée qu’il va lui rendre la monnaie de sa pièce en la faisant languir à son tour. Mais il en est visiblement incapable, Alycia a été bien trop efficace pour ça. Bientôt, il se redresse et attrape ses mains pour qu’elle ôte avec lui ses derniers vêtements, les rendant tous les deux aussi habillé que l’autre. Une dernière fois, il l’embrasse avant de laisser derrière eux ce petit jeu qui sembla n’avoir que trop duré, et il entre en elle. Cette fois, elle ne cherche même pas à retenir ou étouffer ses gémissements de plaisir. Une nouvelle fois ses cuisses s’enroulent autour de lui, et ses mains glissent dans son dos. Elle veut rester contre lui, elle voudrait presque que cet instant ne s’arrête pas. La douceur dont il fait preuve les premiers instants est presque surprenante, car sa fougue précédente laissait à penser qu’il n’était plus ce Nahim tendre et affectueux qu’il était autrefois. Mais finalement, il est rattrapé par la folie de l’instant et se fait plus violent, plus sauvage, ce qui n’est pas pour déplaire à la rousse qui préfère nettement le voir ainsi. Ses cris de plaisirs, parfois étouffés, se joignent à ceux de Nahim. Elle se laisse aller, elle perd toute notion de temps ou de réalité, il n’y a plus qu’eux. Lorsqu’ils s’arrêtent, à bout de souffle, elle réalise seulement que le plaisir était tel qu’elle pourrait avoir légèrement griffé son dos. Elle prend quelques secondes pour reprendre son souffle et, tout en retrouvant ses esprits, elle se dit que ce serait le bon moment pour faire ce qu’elle fait à chaque fois dans ce genre de situation : partir. Son envie de fuir ne fait que s’accentuer lorsqu’il caresse son visage. Cette douceur, c’est très exactement ce qu’elle ne veut pas, et surtout pas avec lui. Elle ne veut pas de cette tendresse qui laisserait croire que ce moment était plus qu’il ne devrait l’être. Mais Nahim, lui, ne semble pas l’entendre de cette oreille. « J'en ai pas fini avec toi, très chère. »

Bien entendu, Alycia aurait pu lâcher un charmant Dommage, parce que moi si avant de se barrer sans se retourner. Elle l’aurait fait si ce n’était pas Nahim en face, mais il fout sa raison et sa logique en l’air. Puisque c’est lui, elle n’est pas contre l’idée de s’amuser encore un peu, qu’importe combien elle sait que c’est une très mauvaise idée. Toujours aussi faussement docile elle le laisse la coucher sur le ventre et ferme les yeux pour profiter des baisers qu’il dépose dans sa nuque et sur son dos. Il rest collé à elle, il la garde contre lui, comme si malgré l’absence il connaissait assez la nouvelle Alycia pour savoir qu’elle serait capable de s’en aller à la moindre ouverture qu’il pourrait lui laisser -et c’est très avisé en réalité. Ce n’est pas parce qu’elle profite du moment qu’elle serait incapable de retrouver un éclair de lucidité s’il venait à la lâcher quelques secondes. Il s’applique à ne pas lui en laisser le temps, à entretenir cette flamme entre eux qui brûle encore assez pour qu’elle l’embrasse doucement, caressant ses cheveux, alors qu’il l’assoit sur lui et l’enlace, tout en caressant son visage. Toute cette tendresse pourrait presque la rendre malade, elle qui s’applique à ne plus s’accorder ce genre de gestes avec quiconque. Elle ne sait pas quoi faire de ce sentiment contradictoire de vouloir s’en aller et de vouloir rester à la fois…Qu’il la garde contre lui lui évite d’avoir à vraiment se poser la question. Elle n’aurait pas pris ce genre de devants, surtout pas avec lui, mais elle ne se plains pas vraiment qu’il le fasse. Elle se laisse aller, complètement. Elle oublie le monde et elle profite simplement de ce moment où ils se laissent tous les deux aller. Ils se redécouvrent, ils se réapprennent. C’est presque frustrant de tant aimer ce moment alors que la rouquine s’entête à se dire que c’est un dérapage et que ça ne doit plus jamais arriver. Parce qu’après tout, la prochaine fois ils redeviendront ce qu’ils sont depuis des années : des ennemis. Dans le fond, peut-être que ça joue. Peut-être que l’interdit rend les échanges plus torrides encore. Elle voudrait presque que le moment ne s’arrête jamais. Mais ils on beau être endurants, ils ont tous les deux leurs limites. Ils sont à bout de souffle lorsque leur éteinte s’arrête. Alycia, pour sa part, n’a plus vraiment d’énergie, à tel point qu’elle se laisse faire lorsqu’il la ramène contre lui pour qu’elle s’allonge sur son torse. Elle ne râle même pas lorsqu’il referme ses bras sur elle, bien trop occupée à retrouver un semblant de rythme cardiaque correct. Au-dessus d’eux la nuit tombe, elle se dit qu’au moins, cela va signer la fin de cette mascarade qui n’a vraiment aucun sens. Elle voudrait caresser sa joue, ses cheveux…Avoir pour lui un geste tendre mais elle se le refuse. Il ne devrait même pas la prendre dans ses bras. Rien que ça, après tout ce qui s’est passé, c’est beaucoup trop. Comme s’il restait de l’affection entre eux. C’est ridicule. Ils devraient se haïr. S’insulter et reprendre chacun leur route de leur côté en disant que ça n’arrivera plus. C’est ce qu’elle se dit en tout cas, c’est ce dont elle se persuade. Mais est-ce qu’elle serait vraiment capable de le repousser s’il venait à recommencer ? Elle déteste l’idée d’avoir aimé plus que de raison tout ce qui s’est passé. Si ça avait été mauvais, ça n’aurait pas été compliqué de se dire que c’était déjà une fois de trop. Mais là…Elle soupire. Elle voudrait arrêter de réfléchir, arrêter de penser à tout ça. Se lever, passer son chemin, ne plus penser à lui. Mais non. Elle ne pense qu’à lui, et elle en est la première déboussolée.

Au-dessus d’eux, la nuit commence à tomber. C’est bizarre, elle n’a pas vraiment l’impression que toute une journée s’est déjà écoulée…Elle pourrait soupirer, si elle en avait la force. Mais elle tente encore de se remettre de ces retrouvailles bien plus intensives qu’elle ne l’aurait cru. Elle est persuadée qu’elle ne serait pas aussi vidée s’ils s’étaient vraiment battus. Cela dit, elle ne sait pas dans quel état ils auraient fini l’un et l’autre. La seule chose qui est sûre, c’est qu’il ne serait pas en train de caresser son dos avec douceur, comme il le fait en cherchant encore son souffle. Cette tendresse n’a pas de sens. Elle voudrait lui dire d’arrêter, mais elle se tait parce que le moment est beaucoup trop agréable. Trop pour son propre bien d’ailleurs. Il ne devrait pas être doux et tendre avec elle. Il devrait se lever, passer son chemin, faire comme si cette journée n’avait jamais existé. Mais non, au lieu de ça il la garde dans ses bras, il caresse son dos, hume le parfum de ses cheveux…Hors contexte, on pourrait presque les croire ensembles. Peut-être qu’ils le seraient s’il n’y avait pas eu tout ce passif. L’idée est douloureuse. Elle est consciente qu’elle aimerait l’avoir près d’elle de nouveau, mais elle est tout aussi consciente que c’est impossible. Elle fait tout ce qu’elle peut pour que ses sentiments ne refassent pas surface, niant en bloc qu’en réalité c’est déjà fait. Elle l’aime. Mais elle ne peut pas l’aimer. Parce qu’ils sont ennemis, parce qu’il lui a tout pris et parce qu’elle n’a jamais eu de réponse sur ce qui s’est passé ce jour-là. Elle l’aime tellement qu’elle pourrait sans doute lui pardonner si elle pouvait savoir, si elle pouvait comprendre. Quelle idiote elle fait. Tout ça devrait être impardonnable après tout. Elle ferme les yeux, juste quelques secondes. En réalité elle ne sait même pas combien de temps ils restent ainsi, combien de temps elle passe à se dire qu’elle voudrait que tout soit plus simple, à détester le fait que ça ne le soit pas et que ça ne le sera jamais. Ça lui semble fou de pouvoir encore l’aimer autant. Elle fait tout ce qu’elle peut pour se rappeler que tout ça n’arrivera plus, que c’était une très mauvaise idée. Elle ne peut pas le laisser entrer dans son cœur une nouvelle fois pour tout briser, encore. Parce que cette fois elle ne serait pas capable de s’en relever, sans doute.

Elle pourrait rester là, comme ça. Elle était persuadée qu’elle serait la première à rompre le contact pour s’en aller, pour arrêter là cette folie qui les a déjà conduits bien trop loin. Mais finalement, c’est Nahim qui bouge le premier, embrassant le sommet de son crane comme si tout allait bien entre eux, comme s’ils ne s’étaient pas quittés ces cinq dernières années. Comme s’ils ne se détestaient pas au plus profond de leurs âmes. « Je crois que j'ai gagné et je veux ma récompense. » Alycia relève son visage vers lui, haussant un sourcil septique. « Je crois que ni toi ni moi n’avons vraiment gagné. » Corrige-t-elle. « Et je ne te dois rien. » Le sourire narquois qu’il lui adresse montre cependant qu’il croit vraiment ce qu’il est en train de dire. Ça ne rend l’expression de la rouquine que plus sceptique encore. Elle n’est pas douce, elle n’est pas gentille ou agréable. Elle pourrait l’envoyer chier maintenant et briser cette bulle de douceur dans laquelle ils se sont enfermés bien malgré eux. Mais elle n’en a pas le temps. « Viens prendre un bain avec moi. » Ses lèvres s’entrouvrent alors qu’elle se prépare à lui répondre un non définitif et sans appel mais elle s’arrête net avant d’avoir émis un seul son. Le fait est que, avec ou sans sa compagnie, elle a grand besoin de se laver aussi. Alors, elle lève les yeux au ciel pour se montrer faussement agacée en guise d’unique réponse.

Ils se redressent, cherchant tous les deux leurs vêtements dans l’obscurité. Aly les enfile rapidement, pas spécialement pudique mais n’ayant pas spécialement envie de rester nue lorsqu’elle voit que Nahim remet ses fringues, même si elle trouve ça con parce qu’ils vont les enlever dans deux minutes, de toute façon. Elle cherche la bague du regard, lâchée naturellement alors que leur échange accaparait toute son attention, et lâche l’affaire lorsqu’elle voit Nahim la ramasser. Si finalement il veut la garder, c’est son problème. Ça ne la fait pas chier du tout. Après tout, elle n’aime pas les bijoux de toute façon, Aly. Et il le sait. Elle hausse les épaules, regarde distraitement les alentours lorsqu’il prend sa main pour l’entrainer dans les bois. Elle connait l’endroit par cœur et à la direction qu’il prend, elle sait déjà qu’ils vont vers ce bassin naturel où ils avaient l’habitude de se baigner tous ensemble. A l’époque. Elle pourrait retirer sa main en lâchant froidement qu’elle peut marcher toute seule, mais ce souvenir de l’époque de Sunrise fait se serrer son cœur. Instinctivement, elle serre un peu plus fort la main de Nahim dans la sienne, espérant qu’il n’en remarque rien. Lorsqu’ils arrivent, tout comme lui elle grimace en voyant les lucioles voler librement dans leur domaine. Elles ne les avaient pourtant jamais vraiment dérangés, avant. A croire qu’ils ne remarquaient pas leur présence. Mais l’ambiance était alors toute autre. Il pose sur elle un regard blasé, qu’elle lui rend bien volontiers. Mais son expression ne change pas lorsqu’il reprend un air moqueur. « J'espère que tu n'as plus peur des insectes en cinq ans, je n'ai pas de tapette sur moi pour les tuer. » Elle lève les yeux au ciel et lâche sa main. « C’est ta solution à tous les problèmes ? » Lâche-t-elle pas spécialement agréable, rappelant ainsi de par son comportement que même si elle a su l’être aujourd’hui, la nouvelle Alycia n’est pas vraiment douce. Elle n’est pas spécialement rancunière non plus, mais elle est frustrée de ne toujours pas avoir eu de réponse. Elle conclu cependant en lui tirant la langue, donnant un ton un peu moins dur à ses paroles. « Apprend à innover. » Il a pourtant été très novateur tout au long de la journée.

Elle a hâte de pouvoir plonger et se mettre la tête sous l’eau froide. Se laver, se rafraichir et remettre ses idées au clair. Comme il s’emploi à la tâche de la déshabiller, elle fait de même et vire les vêtements d’un Nahim qu’elle avait connu bien plus pudique, à l’époque. Elle peut comprendre le manque de complexe de son corps pas franchement désagréable à regarder -qu’elle ne se gêne pas pour regarder, tout comme lui le fait avec elle, d’ailleurs. Tout comme lui, elle entre dans l’eau fraiche. Pas spécialement frileuse, elle apprécie le contact de l’eau froide qui refroidie son corps encore anormalement chaud. Elle prend une profonde respiration, se laisse engloutir toute entière par ce petit point d’eau et reste ainsi, sous l’eau, les yeux fermés, aussi longtemps qu’elle peut garder son souffle. Elle profite du calme, de ce sentiment qu’ils sont seuls au monde. Puisque la nuit est tombée, elle suppose qu’ils vont bientôt se séparer, reprendre leur route chacun de leur côté tous les deux. C’est pour le mieux, ils ne vivent plus dans le même monde de toute façon. Son visage refait surface, elle inspire un grand coup et passe ses mains dans ses cheveux pour les plaquer en arrière. Elle le regarde nager, revenir vers elle avec un sourire moqueur aux lèvres, se demandant ce qu’il va encore pouvoir dire ou faire. Quand il a cet air-là, il pourrait être capable de n’importe quoi. Mais il n’y a pas d’insultes, ni même de grandes provocations lorsqu’il prend sa main pour glisser à son doigt la bague qu’il a ramassé dans l’herbe un peu plus tôt. « Ne la perd pas, j'ai vendu un rein pour pouvoir te l'offrir. » Elle reste un moment silencieuse, surprise du geste et de toute la symbolique qui entoure ces simples gestes. Il a beau tourner ça dans le sens moqueur ou dérisoire qu’il le veut, ça vaut bien plus qu’un millier de gestes, de paroles ou de promesses. C’est presque un serment en soit, un serment qu’elle prête aussi, quelque part, en gardant le bijou à son doigt et en ne lui envoyant pas violemment au visage. « Tu sous entends que je suis du genre à perdre mes affaires ? » Demande-t-elle sur le même ton que lui, haussant un sourcil. Elle va la garder, précieusement. Et ça, c’est sa réponse à une question qui n’a jamais été posée, et qui ne le sera jamais.

Toute dans cette journée, tout dans ce moment qu’ils partagent tous les deux lui semble étrange. Ce sentiment d’être dans une drôle de bulle ne la quitte pas, c’est bizarre pour elle de ressentir de la tendresse alors qu’elle était persuadée que ça n’arriverait plus. C’est tellement bizarre qu’elle commence à douter que ce qu’elle vit est bien réel lorsqu’il la ramène contre lui. La malice qui se lit sur son visage ne change rien à la tendresse de ses gestes. Alycia ne bouge pas, elle laisse son front se coller contre le torse de Nahim, ce qui reste encore une merveilleuse façon de ne pas affronter son regard dans la pénombre. Elle sent les battements de son cœur, ainsi contre lui. C’est une preuve qu’ils sont tous les deux vivants. Vu leur passif, c’est presque une moquerie contre la mort. Comment se fait-il qu’ils soient encore là tous les deux ? C’était si improbable que c’en est presque illogique. « Ai-je suffisamment pris l'avantage à ton avis ? » Elle ferme les yeux, sereine, sans bouger d’un pouce. « Oh, tu as pris l’avantage ? J’avais pas remarqué. » Ses lèvres s’étirent en un large sourire moqueur. Elle ne peut pas rester sérieuse avec lui, parce que si c’était le cas les choses iraient beaucoup trop loin. Se faisant violence pour ne pas passer ses bras autour de lui et l’enlacer, elle se détache doucement de lui. L’obscurité gagne du terrain et ils n’y verraient pas grand-chose si les insectes n’étaient pas là pour leur donner un peu de lumière. Il ne faudrait pas qu’il prenne sa provocation comme une invitation à recommencer le petit jeu qui les a occupés tout l’après-midi, alors elle recule un peu plus, essaye de retrouver cette distance raisonnable qu’elle voulait entre eux avant que les choses dérapent, un peu plus tôt. Le temps de quelques secondes, il plonge sa tête sous l’eau, comme elle l’avait fait un peu plus tôt. C’est une belle façon pour eux de se détacher l’un de l’autre progressivement, alors Aly en profite pour nager un peu, pour entretenir la distance en se disant qu’il faudrait qu’elle s’en aille. Elle aurait déjà dû le faire il y a longtemps. C’est cet attachement insensé qui la retient encore ici.

Elle a le sentiment que sa présence lui brouille le cerveau. Plus elle passe du temps avec lui et moins elle y voit clair. La haine s’efface dans la douceur alors qu’elle devrait s’amplifier. Elle sait qu’elle retrouvera ses esprits quand il sera loin d’elle, que la prochaine fois les choses se passeront différemment et qu’ils se balancerons probablement des flèches dans la figure. Pourquoi est-ce que ça n’est pas le cas aujourd’hui ? Elle a l’impression d’être victime d’une sale malédiction. Ça l’agace. Elle le voit sortir une partie de son visage de l’eau. Elle le regarde, quelques secondes, mais dans l’obscurité elle ne distingue plus très bien ses traits, ce n’est pas plus mal. Comme un enfant, il l’éclabousse et se met à rire. Aly lève les yeux au ciel. Elle ne peut pas répondre à cette provocation. Elle ne veut pas commencer à jouer à des jeux de gamins avec lui comme si leur complicité était encore là. Elle plaque une nouvelle fois ses cheveux en arrière, soupire et lui tourne le dos. Elle avait besoin d’un bain, maintenant que c’est chose faite elle ne veut pas s’attarder plus longtemps dans l’eau avec lui. Elle prend la direction de la rive, elle ne veut pas s’éloigner mais elle se persuade que c’est pour le mieux. Elle va retourner à sa vie, lui à la sienne et la prochaine fois tout redeviendra comme avant. Ça, c’est la théorie à laquelle elle se raccroche. Sauf qu’il fout tout en l’air, encore une fois. Il se glisse dans son dos et ses bras l’enlace, tellement fort qu’elle ressent cette détresse à l’idée de leur séparation. C’est assez pour qu’elle s’arrête, pour qu’elle ne mette pas fin à l’étreinte en le repoussant pour continuer son chemin. Il ne l’aide pas à être forte et raisonnable pour deux, bien au contraire même. « Ne me laisse pas seul. Pars à l'aube demain, je te laisserai partir, mais ce soir, reste encore un peu avec moi, s'il te plaît. » Elle devrait s’en foutre, de ce qu’il dit ou de ce qu’il fait. Ils se sont éclatés aujourd’hui et ça devrait pas aller plus loin. Mais il est sa putain de faiblesse alors elle n’est pas capable de faire ce que sa raison lui hurlerait de faire…Si elle était encore là.

« Nahim… » Elle souffle si bas que même si d’autres personnes étaient autour d’eux, elles n’auraient rien pu entendre. C’est comme pour toute cette satané journée, il n’y a qu’eux dans un monde à part, le reste n’existe pas, le reste n’a plus d’importance. Ses mains sortent de l’eau et viennent trouver celles du mage. Pas pour les virer, juste pour les prendre dans les siennes, pour rendre un semblant d’étreinte sans pour autant bouger d’un pouce. Elle voudrait lui dire qu’elle ne peut pas et qu’ils savent tous les deux que ce serait une mauvaise idée, parce que c’est le cas. Mais sa gorge se serre, égoïstement elle ne veut plus rien dire et plus faire un seul mouvement pour continuer de profiter de cet instant où il la serre contre elle. Comme si elle comptait vraiment. Comme s’il ne l’avait pas abandonnée en la laissant pour morte il y a cinq ans. Comment est-ce qu’elle peut encore l’aimer après ça ? Ça n’a pas de sens. Elle s’en veut. Elle devrait pouvoir agir avec logique et comprendre que ça ne mène nulle part. Elle devrait être capable de le virer de sa vie à coups de flèches. Elle devrait vouloir le virer à coup de flèches. Mais elle n’en fait rien, elle profite de ce moment qui la ramène en arrière et qui ne lui fait qu’avoir plus de questions. Si seulement il avait pu y répondre, alors elle pourrait y voir plus clair. Peut-être que ça serait plus facile pour elle. Elle s’est tellement imaginée un millier de scénarios, elle doute que la réalité puisse être véritablement pire que certains d’entre eux. Elle soupire. Elle ne veut pas demander encore. Elle ne veut pas insister, pas cette fois. Peut-être qu’à leur prochaine rencontre, elle tentera de le faire parler avec les flèches qu’il mérite de se prendre dans la tronche. Pour aujourd’hui, elle a eu sa dose. Elle a à la fois hâte que la journée se termine, et a à la fois elle voudrait que plus rien ne bouge, que le temps se fige. « Je… » Elle s’interrompt et prend une profonde inspiration. Elle en a besoin pour ne pas entrer dans son jeu, pour ne pas être niaise et se tourner vers lui pour l’embrasser encore. Ça serait stupide, ça n’aurait pas de sens.

Elle baisse légèrement la tête, regarde un point vague dans l’eau, juste devant elle. « Tu penses que tu pourrais m’empêcher de partir si tu le voulais ? » Elle prend un ton moqueur, taquin. Elle est bien contente qu’il ne puisse pas voir son visage, parce qu’elle lutte pour garder un semblant de distance entre eux, pour ne pas garder cette tendresse qui n’a aucun sens et qui ne leur ressemble plus. Elle peut bien prendre le ton qu’elle veut, il verra dans ses yeux qu’elle veut juste rester comme ça et envoyer tout le reste en l’air. « Tu devrais plutôt me demander si moi je te laisserai partir demain si tu restes avec moi ce soir. » Cette phrase est pourtant déjà assez révélatrice sur le fait qu’Alycia ne compte pas partir. Elle ne peut pas partir maintenant, elle a encore des choses à faire ici. Il faut qu’elle rattrape les conneries qu’il a été foutre. Elle devrait avoir envie de le tabasser pour ça. En fait, elle en a envie. Mais son envie de tendresse est plus forte. Son besoin de tendresse est plus fort. Ses mains finissent par doucement retirer celles de Nahim autour d’elle pour mettre fin, à contrecœur, à cette étreinte. Ils auraient l’air cons à rester comme ça de toute façon. Elle hésite à sortir directement de l’eau, pour ne pas montrer son hésitation, son attachement. Mais c’est trop demandé, elle est fatiguée et ses sentiments sont en vrac. Elle se tourne vers lui, elle croise son regard la détresse de vraiment se retrouver seul. Elle reste contre lui, juste une seconde. Sa main se lève et elle poke sa joue tout doucement, du bout de l’index. « Tu es un idiot. » Et ça, c’est pour pas balancer des insultes pires. C’est un abruti fini d’être là et de vouloir qu’elle reste après ce qu’il lui a fait. Comment est-ce qu’elle pourrait vraiment lui donner de la tendresse et de l’amour après tout ce qu’il lui a fait ? Elle ne devrait pas en être capable. Malgré tout elle reste ainsi quelques secondes, contre lui, sans bouger. Elle le regarde droit dans les yeux sans être capable de lui balancer toute la haine du monde. Elle le regarde avec douceur. Ce qu’elle voudrait pourtant être capable de l’envoyer se faire foutre et de le laisser planter là. Elle peut pas parce que c’est lui. Bordel.

Les bras de Nahim s’enroulent une nouvelle fois autour d’elle, à croire qu’aucun des deux n’est fichu de faire ce qu’il serait le plus raisonnable de faire. Elle devrait reculer pour que ça s’arrête, pour reprendre ses esprits mais finalement elle vient nicher son visage dans le creux de son cou, comme elle avait l’habitude de le faire avant. Elle se laisse totalement aller, au point où elle en est de toute façon, ça ne peut pas être pire. Du moins, c’est ce qu’elle se dit. Elle ferme les yeux, bien contente de ne pas pouvoir croiser son regard lorsque ses mains glissent dans son dos et qu’elle l’enlace en retour. Elle sent du bout des doigts les marques de griffures qu’elle a laissé là un peu plus tôt, et tente d’éviter ces zones lorsqu’elle lui caresse tout doucement le dos. A peine. C’est un réflexe, la preuve qu’elle se sent bien là où elle est. Qu’elle se sent à sa place. « Je te l’ai dit, non ? » Murmure-t-elle doucement. « Que je ne t’abandonnerai pas… » C’est une promesse stupide, surtout vu le contexte, surtout vu ce lien qui les lie tous les deux. Pourtant, c’est la vérité. Elle ne veut pas l’abandonner. Elle veut comprendre, et elle veut le faire revenir à la raison. Ce n’est pourtant pas une fille naïve de base, Alycia. Mais Nahim a le don de la chambouler. Elle est incapable de dire si c’est lui qui la garde contre lui, ou si c’est elle qui le garde contre elle tant leur étreinte est douce mais ferme. C’est horrible de se dire qu’elle ne veut plus le lâcher. Tout a dérapé bien trop vite, bien trop facilement. La prochaine fois, elle ne devrait pas se permettre de l’approcher, ni de le laisser s’approcher. Elle devrait lui tirer dessus à vue, garder en tête cette haine qui est sensée les animer tous les deux. Sérieusement, rien dans cette scène n’a de sens. Elle a presque l’impression qu’elle va finir par se réveiller et réaliser que ça n’était qu’un rêve. A l’heure actuelle, c’est encore ce qui lui semble être le plus probable. Elle en peut plus, elle est épuisée et elle n’arrive plus à réfléchir correctement. Et pour ne rien arranger, avec la nuit qui est tombée la température commence à baisser.

Elle ne tombe pas malade facilement mais rester dans l’eau froide alors que le temps se refroidit, ça lui semble être le meilleur moyen de tester les limites de ses défenses immunitaires. A contrecœur elle se détache de lui. Pour éviter qu’il la retienne en pensant, malgré ce qu’elle a dit, qu’elle va partir, elle prend sa main pour l’entrainer avec elle hors de l’eau. « Viens, sortons de là. » Et comme il n’était pas du tout prévu que les choses se terminent comme ça, elle n’a évidement pas de quoi se sécher. Elle enfile donc ses vêtements toute mouillée, en se disant dans un haussement d’épaule que de toute façon ils finiront par sécher sur elle…C’est pas vraiment le genre de fille qui chipote pour pas grand-chose. Elle trouve un coin sympa, à mi-chemin entre le point d’eau et l’ancienne guilde, où elle décide de s’installer. Nahim n’était pas un grand fan du camping à l’époque mais là…Ils n’ont pas vraiment le choix. Et de toute façon, si ça ne lui convient pas il peut toujours être celui qui partira en la laissant ça. Tristement, elle se dit que ça ne serait pas la première fois…Avant de chasser ces idées de sa tête pour faire un feu et espérer gagner un peu de chaleur autre que celle du corps de Nahim. Pour elle qui a l’habitude, et qui en plus a la possibilité de balancer une flèche de feu sur le bois pour lancer les flammes, c’est pas si compliqué et c’est assez rapide. Elle n’a plus dit un mot, bien incapable de savoir sur quoi rebondir après la confession bien trop niaise pour elle qu’elle ne l’abandonnera pas. Elle s’installe en face du feu, toujours aussi silencieuse. La journée parle d’elle-même de toute façon, ils n’ont plus besoin de grands discours, du moins en son sens. Et elle est épuisée, cette journée lui a drainé toute son énergie…Ce qui l’aide à être un peu plus tendre. Elle est douce quand elle est fatiguée, la rouquine. Et elle n’aime pas ça. Pourtant, son corps agit d’instinct. Elle pose sa tête sur l’épaule de Nahim et se dit qu’elle va fermer les yeux, juste quelques secondes. Elle est assez bête et assez morte pour s’endormir contre lui peu après.

Elle a une courte reprise de conscience au milieu de la nuit. Du moins, elle se dit que c’est le milieu de la nuit lorsqu’elle lève les yeux au ciel pour constater que les étoiles sont toujours présentes. Elle se frotte les yeux doucement et, totalement dans le brouillard, ne se rend compte qu’après qu’elle est dans les bras d’un Nahim aussi endormi qu’elle pouvait l’être quelques secondes plus tôt. Elle caresse sa joue du bout des doigts, sans pouvoir s’empêcher de le trouver adorable lorsqu’il dort. Elle a l’impression de se réveiller au milieu d’un rêve, mais de rêver encore. Pas étonnant vu qu’elle a à peine émergé. C’est trop chiant, trop compliqué, elle a pas envie de réfléchir. « Idiot. » Ne peut-elle s’empêcher de murmurer, pour la forme et sans véritablement avoir de raison, avant de poser sa tête sur son torse et de se rendormir contre lui presque instantanément. Lorsqu’elle se réveille véritablement le lendemain, elle constate en se redressant qu’elle est toute seule à côté de ce feu éteint. Elle passe une main dans ses cheveux, et baille avant de se redresser. « Il est parti ? » Marmonne-t-elle tout doucement, avant de se dire que c’est peut-être pour le mieux. Elle se passe un peu d’eau sur le visage pour se réveiller et observe un peu les alentours. Elle soupire, l’insulte intérieurement en se disant qu’au moins il aurait pu la prévenir, avant de réaliser que c’est totalement con et que c’est pas plus mal qu’il se barre comme ça. Ça évite de nouveaux dérapages. Elle prend la direction de la guilde, non sans avoir hâte de laisser cette tâche derrière elle et de rentrer un peu chez elle. Elle est encore plus paumée de constater que ce qu’elle voulait faire avant de repartir a déjà été fait…Ses amis ont retrouvé la place qu’ils n’auraient pas dû quitter. « T’es vraiment un idiot… » Marmonne-t-elle une nouvelle fois en grimaçant. Ça n'a vraiment aucun putain de sens.


   
(c) fiche:WILD BIRD & gifs:gifs hunt c l o s e d
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité



Dim 28 Mar - 11:48

 

Marry You


L'amour est la mort du devoir.

Avec cette phrase seule, on peut résumer la journée. De l'amour ? C'est humiliant de l'admettre. Satisfaire un besoin physique ? C'est beaucoup plus acceptable tout d'un coup. Nahim s'en veut de s'être montré aussi faible, de ne pas avoir su refouler ses satanés sentiments. Au début, il voulait juste l'avoir pour lui. La conquérir, elle qui le hait si farouchement. Quel plus grand plaisir que de briser les convictions pas si profondes de la rouquine et de se délecter de ses gémissements. Mais l'envie ... A été plus forte. Nahim a fermé les yeux, profitant avec délice de ces baisers et de ces caresses. Il a cette impression d'avoir mis fin à un long sevrage, plongeant sans aucune hésitation dans les bras de son pire ennemi : elle. Parce qu'il le sait, Alycia ... Il ne peut pas la battre. Ses sentiments et ses souvenirs se font un devoir de lui rappeler à quel point il est fou d'elle, malgré les années, ça n'a pas changé d'un iota. C'est étrangement l'une des rares constances dans la vie du brun. C'est embêtant, c'est gênant. Il ne peut pas s'empêcher d'admirer les formes de sa compagne sans avoir envie de remettre le couvert. Il a faim. Il n'est pas rassasié de la peau d'Alycia, il a envie de chuchoter à son oreille tout un tas de choses peu vertueuses. Lui fait comprendre qu'il n'hésitera pas à remettre en place ce jeu pour obtenir ses faveurs. A vrai dire, ça lui plaît. Cet étrange jeu de séduction dans ce soupçon d'interdit, ça la rend encore plus désirable. Mais pas que. Le corps de la rousse a bien évolué en cinq ans et Nahim a envie de les explorer de nouveau, ces contrées à la fois si familière et si étrangère à la fois. Il a cette impression d'être redevenu un adolescent découvrant les choses de l'amour, comme à l'époque. Bien que cette fois-ci, il a une expérience qui lui faisait défaut. Pourquoi la fatigue ne l'arrête pas si la raison ne peut pas le faire ? Sentir son corps chaud contre lui, ça lui donne une flopée d'idées absolument pas orthodoxe. Un désir presque malsain l'enveloppe. Il la veut pour lui. Il veut laisser dans sa chair une marque de son passage, faire comprendre qu'importe le nombre d'amants qu'elle aura après lui, elle ne pourra pas se débarrasser de cette journée. Comme une malédiction muette pour essayer de récupérer un peu d'honneur. Quand il y pense, heureusement que Ninel était sur une autre mission ! Si elle l'avait suivi pour observer cette scène ... Elle l'aurait massacré en plus de l'interrompre dans ce fantastique jeu qu'est de s'envoyer en l'air. Il n'aurait pas pensé que la rousse cède aussi vite, qu'elle se joigne aussi rapidement à lui dans ce tourbillon d'illogisme. Il a presque envie qu'elle lui résiste plus, la prochaine fois. Qu'elle essaie de garder une notion de distance et qu'à chaque seconde qui passe, il égrène sa détermination, la voir basculer et finalement, qu'elle lui enlève ses vêtements. Nahim se reconnaît plus là. Un être manipulateur et sans reproche. Il veut la voir rendre les armes, abandonner une nouvelle fois ses idéaux et ses principes pour passer la nuit avec lui. C'est bien enfantin et futile mais il en a envie. C'est la différence fondamentale entre les deux. Alycia essaie de garder ses principes en place tandis que Nahim n'a aucune notion de morale et s'il veut la séduire, il le fera. Parce qu'il en a envie. Tant que cela n'interfère pas avec son travail de mage de la guilde, il ne voit pas en quoi c'est mal. C'est une conquête parmi tant d'autres, bien que ce soit la première avec qui il tente le naturisme en forêt ... C'est dire à quel point il a adoré la conquérir. Bien sûr, personne ne saura au courant de cette histoire. Coucher avec son ex, c'est un peu la honte, surtout que c'est lui qui l'a quitté, techniquement. Bien qu'étrangement, ils n'ont jamais rompu. Après tout, l'un comme l'autre n'a jamais demandé à quitter l'autre. Bon, il l'a cru morte pendant cinq ans, donc, pour lui, l'histoire était enterrée. Nahim en vient à la conclusion pitoyable : ce sont deux amoureux qui se sont retrouvés. Quelle horreur, c'est d'un niais à le faire vomir. Et pourtant, c'est la pure vérité, que cela leur en déplaise.

Se retrouver ici, tous les deux, en ayant que pour seul témoin la nuit, c'est étrange. Des amants qui ne peuvent s'aimer. Ils s'enlacent encore, cherchant à ne faire qu'un, encore. Le clapotis de l'eau étouffe ce qu'ils peuvent se dire, on ne peut voir qu'un reflet brillant de temps à temps, celui de la bague qu'elle porte. Eclat argenté qui se confond avec celui de la Lune. Qui aurait idée de venir les chercher ici ? Perdus au fin fond de la forêt sur un continent désert ? Qui viendrait écouter leurs chamailleries enfantines ? Qui viendrait voir cet amour qui brûle dans leur regard ? Personne ne saura, personne ne doit savoir. Nahim se le jure. Rien de ce qui s'est passé aujourd'hui ne doit remonter à la surface. Quand le jour se lèvera, Nahim oubliera. Il fera comme si rien ne s'était passé. Il enterra pour de bon cette relation. Il se persuade que c'est une quelconque nostalgie des lieux qui l'ont rendu aussi désireux de son attention. Il veut enterrer ce fol espoir qu'ils pourront continuer à se voir, faisant fi du reste. S'il se met à espérer ne serait-ce qu'un peu, il va se condamner. Il serre les dents, pourquoi après toutes ces années est-il toujours autant fou d'elle ? Pourquoi ne pas pouvoir faire comme si elle n'existait plus ? Un fantôme de son passé, tout simplement. Pourquoi est-ce qu'à chaque fois qu'il croise son regard, il a envie de plonger le sien dedans ? Pourquoi est-ce qu'il aime autant ces lèvres moqueuses qui lui ont donné tant d'amour ? Il a l'impression d'être maudit et de s'être trahi. Toutes ces années à penser qu'il avançait gentiment n'était qu'un mensonge ? Il a fait du surplace tout ce temps ? Il voudrait hurler pour exprimer sa rage. Il se dégoûte un peu. En plus d'être mielleux à souhait, il est là à rêver d'elle, à la garder contre lui contre vent et marée. Cette liaison est à la fois un poids mort et un énorme soutien. Quand il la regarde, il peut voir ces mêmes questions qui la tourmentent. Comment pourraient-ils être fiers d'eux aujourd'hui ? Ce qui devait être une simple blague, une moquerie de la part de Nahim s'est transformé en un piège vicieux. Il aurait dû la laisser nue dans ce champ après l'avoir sauté la toute première fois. Ne pas continuer, juste partir. La laisser seule, sa dignité en miettes et des cadavres à aller remettre en terre. Pourquoi a-t-il fallu qu'ils continuent ? Pourquoi ont-ils laisser le feu de leurs corps prendre le contrôle ? Ils sont adultes maintenant, ils ont un minimum de jugeote. La logique, ça se mange apparemment. Nahim ferme les yeux, il voudrait sincèrement oublier cette journée, elle risque fortement de le tourmenter dans le futur. Elle va lui perdre de vue ses objectifs. Elle va altérer son jugement. C'est pour ça qu'il s'est refusé toutes ces années à avoir une nouvelle relation avec une femme, parce que l'amour l'empêche d'être efficace. Parce que les sentiments empêchent de garder la tête froide. Et avec la conjecture qui s'annonce, ne pas savoir réfléchir, c'est être mort. Est-ce qu'ils viennent de se condamner tous les deux à cause de sentiments restés trop longtemps sous la cendre ? A couver patiemment en attendant que quelqu'un les balaye et les montre de nouveau au grand jour ? Nahim ne peut le nier désormais, elle est sa femme, depuis toujours. Il l'aimera probablement pour le restant de son existence et même au delà. Et s'il veut qu'elle survive à cette guerre, il doit rester loin d'elle, même si ça déchire son âme en plusieurs morceaux. Aujourd'hui, c'était le dernier moment de tendresse qu'ils s'accordaient.  

Quand elle lui rétorque qu'il doit innover, il est presque vexé. Il a été plus que performant et imaginatif. Une seule journée ne suffit pas à calmer ces pulsions. Alors, avec une chrono en tête, il a tout donné pour que ce moment reste gravé dans la mémoire d'Alycia, vu qu'il est résolu à tout oublier. C'est beaucoup moins douloureux de ne pas se souvenir. C'est beaucoup plus facile pour avancer. Plus facile plutôt que de se torturer l'esprit sur un écart de conduite. Lui qui a été irréprochable pendant cinq ans vient de tout foutre en l'air. Il voudrait pouvoir se confier, avouer sa faute. Mais personne ne lui donnerait le pardon qu'il cherche tant. Nahim ne peut pas supporter ce point sur son coeur. C'est trop lourd. Alors si elle pouvait se souvenir pour eux deux, ça l'arrangerait grandement. Alors pourquoi prend-il grand soin de l'admirer ? Gravant une dernière fois sa vision dans son cerveau au fer rouge ? Pour espérer la retrouver un autre jour ? Il la regarde, autant que la lumière disponible lui permet. Si le contexte extérieur avait été plus doux, cette scène aurait belle et magnifique. Là, elle est juste affreusement triste. Il détourne le regard. Il a presque hâte que l'aube pointe le bout de son nez. Qu'il puisse trouver un coin tranquille où il peut verser ces larmes qu'il refuse de laisser couler ici. Il a trop d'honneur pour se livrer à elle. Il ne veut pas paraître faible, il ne veut pas avouer que ça le déchire de la quitter. Il veut rester de marbre, comme si ce n'était qu'une simple connaissance sans importance. Rien de plus. Il voudrait se brûler le cerveau pour ne plus se souvenir. Ne plus se souvenir de son sourire, de ses yeux. Il ne veut pas fermer les yeux pour la voir une fois les paupières fermées. Ne devrait-il pas demander à William de l'aide ? A alléger sa mémoire. C'est son ennemie. Il ne peut pas se permettre d'être aussi faible devant elle. Ca va le tuer. S'il perd le droit de rentrer à la guilde, où ira-t-il ? Il n'a nulle part où aller ? Ses seuls amis sont à la guilde. Est-ce qu'une histoire d'amour vaut vraiment le coup ? Tout perdre pour elle ? Il n'est pas prêt à faire ce sacrifice. S'il cherche une compagne, ce sera l'histoire d'un soir. Pas la foi de s'investir davantage. Pas la force de subir une nouvelle séparation. Ne dit-on pas qu'on peut tomber amoureux trois fois dans sa vie ? Il est tombé amoureux deux fois d'elle, ça lui laisse une dernière chance d'en trouver une autre. Il y a sûrement une autre femme qu'il pourra aimer autant. Si possible, du côté de Baram, ce serait un must. Mais s'il cherchait réellement cette femme, il n'aurait pas offert cette bague à Alycia. Elle ne la jette pas, elle la garde au doigt. Le serment qu'ils se prêtent à cet instant n'a pas besoin de mots, pas besoin de sourire ni de regard. Ils sont à l'autre. Pour toujours. Sous le ciel étoilé, ils se lient l'un à l'autre pour toujours, les lucioles en sont témoins. Ils ne se jurent rien. Pas de se porter assistance, pas de fidélité, pas de s'aimer jusqu'à la mort ne les sépare. En vérité, ils ne sont pas prêt à formuler de tels voeux. Ils se promettent juste de s'aimer, un peu. De ne pas se tuer de suite en se voyant, attendre un peu. Essayer d'aider l'autre, dans la mesure du possible. Et la seule manière qu'il a de la protéger, c'est de partir. De ne plus jamais croiser son chemin. Qu'elle commence enfin son deuil de leur relation. Ce sera long. Très long, mais il sait qu'elle saura faire face. De toute façon, commencer une relation avec un criminelle, ce n'est pas une bonne idée, c'est la pire de toutes. Il déglutit difficilement, reprenant un masque impassible. Cachant sa détresse sous un immense sourire. Il ne veut pas lui faire de ses tourments. Ce n'est plus le rôle d'Alycia de l'épauler. Pourquoi est-ce qu'elle le ferait d'ailleurs ? Il est presque soulagé qu'elle ne soit pas tendre avec lui. Nahim se reproche d'être trop expressif, d'être si doux, de la prendre trop facilement dans les bras. Il se demande dans combien de temps elle va enfin le repousser. Lui n'en a pas la force. Qu'elle le chasse de son espace. La joue de Nahim collé contre les omoplates de la rouquine, il est si suppliant ! Il se dégoûte totalement. Se détestant d'être si faible. Il l'enlace si fort ! Il ferme les yeux, préparé une salve de flèches pour qu'elle puisse se libérer de cette étreinte qui doit la faire suffoquer.

« Nahim… »

Elle prononce son nom si doucement. Il se demande si c'est pas la première fois de la journée qu'elle le dit. C'est étrange. C'est doux, c'est chaud, ça fait du bien au coeur. Ses mains viennent rejoindre les siennes, les serrant doucement. Ils restent ainsi un moment, essayant en vain de trouver le courage de se détacher de l'autre. Ils se calent sur la respiration de l'autre. Nahim se sent littéralement gelé mais pour rien au monde, ne la lâcherait. Encore un peu de cette chaleur qui va tellement lui manquer. Puisant en elle pour trouver un semblant de courage. Se rendant bien compte qu'ils sont parfaitement ridicules et qu'il faudra bien bouger à un moment. Il est totalement utopiste qu'ils puissent se retirer du monde tous les deux. Laisser leur vie derrière pour en créer une nouvelle à deux. Lui comme elle n'est pas prêt à faire ce sacrifice. Ce sont des mages, l'honneur de leurs guildes respectives compte sincèrement. Abandonner leurs compagnons, c'est pas leur manière de fonctionner. Ils sont semblables pour ça. Enterrer leur désir et ce souhait idyllique pour les gens qu'ils aiment. Ils ne peuvent pas se le permettre.

« Je… »


Il ne dit rien. Inspirant une dernière fois son parfum. Le moment est venu, c'est déchirant. Triste. Pathétique. Ridicule. Illogique. Nahim qui prône pourtant le raisonnement et la logique est bien loin de ses principes. C'est très simple, il a fait un doigt d'honneur. Maintenant que la pression est redescendue et qu'il peut enfin réfléchir à peu près correctement, il se rend compte qu'il a été profondément puéril. La seule chose qui le réconforte, c'est qu'elle l'a été autant que lui.

« Tu penses que tu pourrais m’empêcher de partir si tu le voulais ? »

Le ton taquin qu'elle prend apaise un peu sa peine, essayant d'alléger la tragédie qu'est leur relation, elle est en train de les détruire. Au moins, ils sont conscients de leur idiotie. Il vaut mieux toujours en rire, au moins, ça évite de se tirer une balle dans la tête.

« Tu devrais plutôt me demander si moije te laisserai partir demain si tu restes avec moi ce soir. »


Il sourit. Au moins, pour ce soir, ils sont ensembles. Pour une nuit uniquement, ils sont de nouveau une équipe, la plus solide qu'il n'ai jamais vu à l'oeuvre. Elle se défait de l'étreinte pour lui faire enfin face, il reste muet. Lui qui est d'ordinaire si loquace ne trouve pas les mots. Il ne sait pas quoi dire. Il a peur qu'il y ait une fêlure dans sa voix. Qu'il s'effondre ici et maintenant. Leur regard se croise, il bénit le noir, elle ne peut pas voir sa bouille de gamin malheureux, c'est trop pour lui. Ses dernières défenses ont sauté. Elle lui poke la joue, toujours moqueuse. Lui n'a même plus la force de cacher sa tristesse. La prochaine fois, il sera moins athlétique quand il viendra la séduire. Ah pardon, il n'y aura de prochaine fois. C'est vrai, il a failli oublier.

« Tu es un idiot. »

Il sourit, elle aurait pu tout lui dire, mais elle ne sort que ça. Et comme elle le dit si doucement, il l'embrasse une nouvelle fois, ne pouvant se résoudre à la laisser parler plus longtemps. C'est doux, c'est chaud. Nahim a envie de justifier son acte pour faire face à l'hypothermie qui le menace. Mais il est toujours aussi brûlant, leur jeu de cet après-midi ne va pas le laisser se refroidir si facilement. Il l'enlace de nouveau pour prolonger le contact. Il la suspecte fortement de mettre une quelconque drogue sur ses lèvres. C'est humainement impossible de vouloir autant embrasser quelqu'un.  C'est un baiser amoureux. Nahim fait en sorte qu'il dure le plus longtemps possible jusqu'à ce que le manque d'air lui fasse changer d'idée. Il pose son front sur le sien, serrant les dents, quel idiot. Finalement, elle n'a pas si tort que ça. Elle niche sa tête dans son cou, il sent sa respiration contre sa carotide. Il ferme les yeux, la serrant encore plus fort contre lui. Elle l'enlace aussi, non sans lui faire ouvrir brutalement les yeux quand elle passe sur ses griffures. Il grimace de douleur, la garce. Elle n'y est pas aller de main morte, il est quasiment sûr qu'elle a creusé des sillons avec ses ongles. Et comme ils ont bien joué, il est quasiment certain que son dos est lacéré de toute part. Il se demande quel tête il a. Il doit être couvert de bleus et de griffures, à croire qu'il s'est battu contre une bête sauvage. Etrangement, c'est son cou et son torse qui ont subi des attaques, étrangement circulaire. Nahim va devoir inventer un animal pour distraire Ninel qui va forcément les voir. Remarque, Alycia doit être dans le même état que lui. Il a pris grand soin de lui laisser une série de suçons bien visible. Il est presque curieux et regrette de ne pas avoir plus de lumière. Heureusement pour elle, il n'a pas d'ongles, sinon il l'aurait griffé dans le feu de l'action. Il laisse de côté la douleur pour profiter de ce câlin, ça fait tellement de bien. Ce serait juste parfait s'ils n'étaient pas dans le noir comme deux idiots. Elle commence à lui caresser le dos. Il se retient de grogner, c'est douloureux ça. Mais pour ne pas la vexer, il endure comme un gentil garçon. Ce serait con de s'engueuler maintenant.

« Je te l’ai dit, non ? Que je ne t’abandonnerai pas… »

Il embrasse le haut de sa tête.

"J'ai surtout retenu que tu aimais bien me griffer. J'ai mal."

Il n'a pas été capable de dire autre chose que la vérité,  il sent une petite larme couler bien malgré lui le long de sa joue. Il reprend sur un ton neutre.

"Je sais bien que tu refuses de lâcher l'affaire. T'aime pas avoir tort."


Il sourit. Non, elle n'aime pas. Elle est têtue, bornée et a un caractère affreux. A se demander ce qu'il peut lui trouver. Lui qui est plutôt calme et souriant. Ils sont le contraire de l'autre. Et pourtant, là, dans ses bras, elle semble si frêle. Le moindre coup de vent la ferait plier en deux. Mais il la tient, préférant prendre le vent pour elle. Il prendrait tous les coups pour elle. Si c'est pour qu'elle ne souffre pas trop. Il ne lui dira jamais pourquoi il a commis ce massacre. Pour se protéger lui en premier lieu mais aussi pour qu'ils ne la pervertissent pas. Elle serait devenue un monstre à leur côté. Nahim préfère être le grand méchant de sa vie. La protéger, c'est ce qu'il a toujours fait, il continuera encore, il le sait. Il poke sa joue, comme elle vient de le faire avec lui.

"Tu n'es qu'une idiote."

Il l'embête quelques secondes, il voudrait lui dire autre chose, de plus doux, de plus intime mais il s'en sent incapable. Il reste muet, taisant des sentiments qui ne devraient pas exister. Dans quelques heures, cette nuit ne sera plus qu'un étrange rêve, plus vraiment un souvenir. Est-ce que ça vaut le coup de se livrer davantage ? Pas pour Nahim. Ce serait ridicule et inutile. Ce serait une perte de temps. Et puis, Aly ne l'accepterait pas. Elle se moquerait de lui. Elle ne verrait pas tout le courage qu'il aurait mis à lui dire. Alors Nahim se tait.

« Viens, sortons de là. »

Il hoche la tête, il commence à avoir froid justement. Il sent sa peau se couvrir de frissons. Ce n'est pas un gars fait pour le froid Nahim. Lui, c'est le chaud, le désert, il ne le craint pas. Elle prend sa main et se laisse faire bien docilement. Contrairement à elle, il ne remet pas ses vêtements, il attendra de sécher. Par pudeur, ce qui est totalement faux, il remet au moins son calbut, et la suit dans la forêt. Elle s'arrête et allume un feu. Il laisse les flammes le réchauffer. Il se permet de la regarder, un sourire moqueur aux lèvres. Effectivement, il lui a laissé des traces, notamment un joli suçon sur le haut du sein gauche. Il est assez fier de lui pour le coup. Une fois sec, il s'habille et s'assoit, admirant le feu. Elle se met à côté de lui, finalement, elle pose sa tête sur son épaule et se laisse aller au sommeil. Lui ne dort pas. Il reste là, planté à regarder le feu. Finalement, il s'allonge et la serre contre lui, cherchant à trouver un sommeil qui le fuit. Il ferme les yeux mais il continue de cogiter encore et encore. C'est l'odeur d'Aly qui permet de le calmer et il s'endort enfin. La serrant toujours aussi fort contre lui.

Il se réveille une heure plus tard. C'est mort pour trouver le sommeil. Mais en même temps, il n'a pas envie de bouger, même s'il a un bras ankylosé car il sert d'oreiller à la rouquine. Elle semble paisible, même si c'est compliqué de juger vu de dos. Il ne bouge pas. Il essaie de mettre de l'ordre dans ses idées. C'est un bordel sans nom. Il n'arrive pas à se concentrer, il est en guerre contre lui-même. Il ne devrait pas rester ici. Il le sait. Ce qu'ils ont fait aujourd'hui, c'est ahurissant. Même plus que ça. C'est inconcevable. Ou alors, c'est terriblement logique. Ils sont amoureux l'un de l'autre et à force de retenir ces sentiments, ils ont craqué tous les deux. Sachant parfaitement ce qu'ils ont fait. Nahim a envie de regretter. Il n'y arrive pas. Il est content de l'avoir fait. Même si c'est stupide. Il a conscience qu'il a fait une connerie, qu'ils ont fait une connerie. Ensemble. Elle est aussi fautive que lui. Il a initié le mouvement, c'est vrai mais en même temps, il s'est engouffré dans la brèche qu'elle a laissé. Elle a montré un moment de faiblesse, il en a profité, rien de plus. Les minutes passent, longuement, il est de plus en plus perdu. Il garde les yeux fermés, cherchant un sommeil qui ne viendra pas. Alycia bouge dans son sommeil ce qui lui permet de récupérer son bras, un peu en miette. Il se dégage progressivement d'elle pour ne pas la réveiller. La pénombre ne lui permet pas de la voir correctement mais il imagine que ses traits sont paisibles. Il voudrait l'embrasser, une dernière fois, mais elle risque de se réveiller et l'empêcher de partir. Alors, il l'observe, gravant une nouvelle fois cette image dans sa mémoire. C'était la dernière fois. Il faut que ce soit la dernière fois. Il se lève. Retournant vers la guilde, récupérer son matériel. Il voit la tombe ouverte. Il ne veut pas les remettre en terre, ils ne le méritent pas. Nahim voudrait les brûler. Mais l'odeur alerterait Alycia. Il doit trouver une solution. Il pénètre dans la guilde. Ces salopards ne connaîtront pas le repos éternel, si Nahim le pouvait, il irait les punir en Enfer. Il réfléchit quelques instants. Il fait quelques pas et accède difficilement à la cave qui est en train de prendre l'eau. En avançant péniblement, il voit un puit. Sûrement pour tirer de l'eau et faire des expériences magiques. Il s'en fout un peu. Au moins, ça fera une bonne planque. Il prend les cadavres un à un et les balance dedans. L'eau va les faire pourrir plus rapidement. Et comme le bâtiment s'écroule, ça va rester leur tombeau éternel. La tâche accomplie, il condamne l'entrée de la cave en donnant un coup dans les poutres vermoulues. Il s'en retourne reboucher le trou, prenant soin d'égaliser la terre pour qu'on ait l'impression qu'on est bien remis des corps dans le trou. Il ne pouvait pas les enterrer. Il refuse que ces salopards aient une tombe correcte. Non, il mérite bien ce puit. Il reste là, l'aube vient pointer le bout de son nez. Il aurait voulu le feu au bâtiment mais il est tellement pourrie par l'humidité que c'est une cause perdue. Les arbres vont commencer à pousser dans le bâtiment, dans quelques temps, on ne saura même pas qu'il y avait une guilde ici. En vérité, le bâtiment est tellement abîmé qu'il faudra moins de cinq ans pour qu'il soit avalé par la végétation. Il s'en retourne une dernière fois dedans. Il montre prudemment les marches pourries pour accéder à l'étage, un tapis de mousse cache ses pas. Il a pris soin de planquer sa manoeuvre de dissimulation de corps pour qu'elle ne suspecte rien. Il arrive à leur chambre, leur ancienne chambre. Il défonce la porte, elle aussi pourrie.

Bien qu'elle ait largement pris l'humidité et qu'une odeur de pourriture lui submerge les narines, elle est comme dans ses souvenirs. Leur lit est encore défait, leurs affaires sont encore là. En mauvaise état, évidemment. Rien n'a bougé. Il avance prudemment, le parquet craque furieusement à chacun de ses pas. Il risque de céder à chaque seconde qui passe. Nahim jette un regard triste. C'était ici, chez lui. Il s'arrête devant une commode. Une photo d'eux est là. Ils ont l'air si heureux. Si jeune, les affres de la guerre et du temps ne les ont pas encore affecté. Ils se sourient, ils sont tellement amoureux, l'avenir est devant eux. Nahim avait la photo sur lui quand ils ont été transporté sur Edoras. C'est sûrement l'un des seuls souvenirs qui date d'Earthland. Ils doivent avoir seize ans dessus. Encore loin de la tragédie qu'ils vont subir. Nahim reste silencieux. Partagé à l'idée d'emporter la photo avec lui. Pour ne pas oublier qu'un jour, il a été heureux. Il se dit qu'il faudrait brûler cette photo. Que personne ne soit au courant pour eux deux. Il prend le cadre. Il ne peut pas s'y résoudre. Et sans un regard, il fait demi-tour, son trésor à la main. Il doit enterrer cette relation. Il est temps de faire le deuil. Ses anciens camarades mérite la pourriture mais cette photo mérite qu'on l'enterre dignement. Il s'agenouille devant le tas de terre fraîchement remué. L'enterrer, c'est s'assurer de pouvoir avancer, pouvoir aller de l'avant, l'emmener, c'est risquer de replonger dans cette relation qui est désormais interdite. Il caresse la photo, déchiré. Il ne doit pas hésiter. Avec une infinie douceur, il l'enroule dans un vêtement, comme un linceul. Il la recouvre à peine de terre. Avec un peu de chance, elle va la déterrer et la garder pour eux. Il l'espère. Lui n'a pas le courage de la brûler. Il peut que la cacher aux yeux du monde. Il se relève, c'est fini.

Il ramasse ses affaires et s'en va. Il est dans un état lamentable, couvert de terre et blessé. Chaque pas qui l'éloigne de ce lieu maudit est presque une libération. A mesure que la distance se fait plus grande, il redevient l'archer de Blood Moon, le tueur de masse. L'homme qui établit des plans pour que Skyadrum puisse gagner. Le voyage de retour est long et pénible. Quand il arrive enfin au quartier général, il fait brûler ses vêtements, craignant que l'odeur d'Aly soit encore dessus. Il se lave à s'en arracher la peau, il veut enlever cette couche de peau qui est comme une honte pour lui, il veut laver l'honneur qu'il a bafoué. Quand il sort, même l'air le brûle. Il atterrit dans sa chambre et retrouve sa très chère Ninel. Il lui sourit, très heureux de la revoir. Il pince gentiment sa joue, comme un grand frère et lui demande, le ton taquin.

"Alors, je t'ai manqué ? J'ai bien envie qu'on parte en mission ! T'as une idée où on pourrait aller ?"

Ne pas regarder son passé mais son futur. Maintenant que son deuil est effectué, il peut sourire sereinement. Alycia, il l'aimera à jamais, il n'y a aucun doute là-dessus, mais ils ne peuvent pas être ensemble alors autant abandonner de suite. Il s'assoit sur son lit, retrouvant sa joie de vivre habituelle. Il ferme les yeux.

Il est enfin à la maison, et il y a des gens qui l'attendent ici.
Revenir en haut Aller en bas
Weekly Sorcerer
Weekly Sorcerer
Gazette



Jeu 1 Avr - 17:19

Noces funèbres

Fin du RP

Félicitations les gars ! Ce RP est aussi beau à lire (vraiment) qu'il est traitre pour le camp de chacun.

L’un comme l’autre disposaient du moment parfait pour un meurtre simple.
Alycia vient de laisser partir un criminel de masse, rang S de surcroît. La malheureuse ignore qu’il sera meneur, peu après, de l’hécatombe à Baladria dans le cadre de conquête intégrant la destruction de Lestallum… et de Lamia Scale. Elle perd 9 points d’influence.
Conséquences moins dramatiques du côté de Nahim, qui rate tout de même une occasion de neutraliser (ou torturer, on est joueur à BM) une rang S du camp ennemi. Il perd 6 points d’influence.
Revenir en haut Aller en bas
Page 1 sur 1
Sauter vers: