Un sentiment de vide m'envahit. J'ai toujours eu une vie agitée, remplie d'excitation. C'est mon médicament pour ne pas péter les plombs et me rappeler à quel point ma vie est sordide. Sortie du ghetto gamine pour finir dans une guilde sympathique et être prise en otage par des détraqués le mois d'après. Je n'ai jamais eu à cœur de sauver l'humanité. Je m'en fiche pas mal de ce que les gens peuvent penser de moi. Je sais très bien que je n'ai pas bonne réputation, je suis sulfureuse et on a l'impression que je suis versée dans chaque scandale qui passe. Autant dire que ce n'est pas joli joli ... Même si ça m'amuse énormément, on ne va pas se mentir. Pourtant, depuis quelques jours, je me sens vide. Rien n'arrive à m'amuser. Je n'ai même pas envie d'aller taquiner cet idiot de commandant. Remarque, il la mauvaise à chaque fois. Pendant combien de temps, va-t-il penser que je vais obéir à ses ordres ? C'est bien mal me connaître. Je n'obéis jamais. Sauf à Bob, que je vois comme une figure paternelle dans ce monde de brutes. Le décevoir lui, c'est la pire des chose qui puisse arriver. Je l'adore. Alors, quand il me demande quelque chose, j'obéis sans broncher. Même quand il s'agit de faire une mission correctement. Je soupire une nouvelle fois. J'ai besoin de changer d'air. Les derniers événements ont commencé à faire changer mes idées. Moi qui me refuse à aider mon prochain sans rien avoir en retour s'étiole. Depuis que j'ai promis à Sting de garder son secret concernant Miss Thug Life, je ne sais pas quoi penser. Je l'adore ce blondinet. Il me fait me sentir bien. Quand je suis avec lui, j'ai l'impression de retrouver un peu de joie de vivre dans ce monde qui tire la gueule en permanence. La menace de l'Alliance s'est faite plus forte. On aurait presque oublié qu'on vit avec un couteau sous la gorge. L'équilibre précaire sur lequel on se trouvait s'est rompu à la Bataille de la Cité. Je n'ai pas envie de devenir quelqu'un de sérieux. Déjà que je me tâte à prendre enfin des cours pour savoir me défendre, ne rêvons pas, jamais je ne serais capable de manier une épée aussi bien que Scarlet. Je n'en ai pas envie. Mais devant ces fous furieux, vaut mieux savoir se servir d'une épée pour les transpercer. Je soupire de nouveau, depuis quand, ai-je envie de me battre ? Je n'ai jamais voulu ça avant. Tout ce qui me plaît, c'est de les torturer mentalement, les poussant à les montrer tels qu'ils sont : des bêtes sauvages sans cœur. L'humain est une créature hideuse, pleine de vices. À se demander comment notre espère a réussi à s'imposer en haut de la chaîne alimentaire. Nous faisons pâle figure par rapport aux dragons de jadis tient !

Devant le constat affligeant que je dresse devant moi, une seule chose s'impose. De vraies vacances. Je dois absolument changer d'air. Fréquenter l'armée n'a peut-être pas été une si bonne chose que ça. Je suis devenue quelqu'un de responsable, l'horreur ! Vite ! Qu'on m'apporte un verre d'alcool fort, que j'aille danser toute nue dans la rue ! J'ai besoin de redevenir insouciante et sans reproches ! Avoir un sentiment d'altruisme en soi ? Mais quelle horreur ! Je me lève d'un coup, je ne connais qu'un lieu pour purger mon âme de ces pensées bienfaitrices : Crystal Valley. Ni une ni deux, je vole littéralement pour atteindre le désert et trouver la Cité Mythique. Mes yeux brillent de plaisir, la ville est protégée par un puissant sort qui empêche toute violence. Cela ne m'empêche pas de me moquer des autres, heureusement. Après avoir trouvé un hôtel, je déambule dans les rues, sans trop savoir où aller. Ici, il y a des fêtes à toutes les heures, on ne s'ennuie jamais. La ville ne dort jamais, elle danse à chaque seconde qui passe. Infatigable cité ! Pour échapper à la chaleur qui grimpe, je me réfugie dans une réception chic. Je passe sans problème, les membres de Blue Pegasus sont toujours bien habillés et flotte autour d'eux une aura de classe permanente. Il n'y a rien qu'à voir comment brille Ichiya Sensei pour s'en rendre compte ! J'aimerais tant avoir son charisme. Je fais quelques pas de danse, profitant de la sympathie ambiante, je m'arrête au bar, lieu où s'échoue toutes les âmes seules et en peine. J'ai envie de me prendre la tête dans les mains, qu'est-ce qui ne tourne plus rond chez moi ? Je n'ai qu'une envie, c'est d'aller enquêter sur l'Alliance Baram. Est-ce que je suis en train de devenir une bonne mage ? Une personne respectable ? Je n'espère pas ! Au secours ! Je me retourne à l'approche de pas qui viennent dans ma direction. Un homme blond et merveilleusement beau.

Archi.

Je me retiens de rougir. Quand je suis en sa compagnie, je retrouve une âme d'adolescente en fleur, ignorant tout des choses de l'amour. Il est le premier homme qui m'a fait de l'effet. Il n'a pas la musculature impeccable de Sting, ni son côté fauve qui me rend totalement dingue mais il a cette étincelle dans le regard qui le rend irrésistible. Il est hypnotique, impossible de regarder quelque chose d'autre que lui. J'ai l'impression d'être prise dans une toile dont je refuse catégoriquement de sortir. C'est étrange comme sensation. Je m'avance vers lui, rayonnante.

"Eh bien ! Cela fait combien d'années que nous nous n'étions pas vus ? Tu vas bien, bellâtre ?"
   

Codage par Magma.

Je me retiens de rougir, de remettre correctement ma robe en place. Je me refuse à sourire bêtement comme une idiote, je ne voudrais pas avoir l'air plus fragile que je ne le suis déjà. Pourtant, immanquablement, je me retrouve dans le même état qu'avant, quand je l'ai rencontrée. Il m'a paru si lumineux à l'époque, rien à voir avec les hommes que j'avais pu fréquenter. Il n'avait rien du paysan crasseux et ignare. Non, Archi, c'est un prince malgré les tenues qu'il porte, il peut porter des haillons, il sera toujours plus lumineux qu'un ange. Je me retiens de perdre mon regard dans le sien. Je me sens tellement belle, tellement importante quand il pose son regard sur moi. J'ai l'impression d'être moi aussi une princesse. De briller aussi, d'être belle, admirée de tous. Un rêve de gamine se réalise grâce à son regard. Moi qui n'ai connu que la misère et la crasse pendant mon enfance, l'avoir rencontré, peu de temps après avoir intégré Blue Pegasus, c'était comme un signe du Destin. Je sais qu'après j'ai brillé. Je n'étais plus la gamine sale et déjà souillée. Non, je me suis sentie comme purifiée grâce à lui. Pendant longtemps, j'ai regretté de ne pas revoir mon sauveur, mon ange. Même si cela me rend totalement ... Fleur bleue. Ce qui n'est pas vraiment une qualité chez moi. Je déteste être mielleuse, je n'ai rien d'une femme romantique, bien au contraire ! Pourtant, quand il s'approche de moi, une flûte de champagne à la main, je suis toute chose.

“Hmm, c’était avant que l’on arrive dans ce monde, ça fait au moins 5 ou 6 ans. Je vais très bien, surtout maintenant que je suis en ta compagnie. Tu n’as fait que t’épanouir en grandissant. Mais c’était quelque chose à prévoir ! Je suis curieux de savoir ce que la jeune tigresse que tu étais est devenue ~”

Je lui souris de nouveau, évitant de bégayer une réponse stupide, me faisant passer pour la pire des idiotes. J'ai aussi ma fierté, il ne faut pas abuser ! Il est monté comme un Dieu lui aussi, toutes les filles doivent se jeter à ses pieds comme le Bad Boy de Saber, non ... Je dois admettre que Sting a ce côté animal qui le rend terriblement irrésistible. Comment résister au Maître ? Je lui ai joué un tour autrefois, mais maintenant, je suis tombée sous son charme sauvage. Là où Sting brille pour son côté terriblement sexy et classe, Archi est un ange. Je bois une gorgée, pour lui faire plaisir.

"C'est tellement aimable de ta part ! Je vais rougir si tu n'arrêtes pas les compliments !"

Pour accompagner cette phrase, j'ai un petit rire innocent. Je me sens trop bien actuellement, c'est presque louche. Autrefois, j'aurais profité sans souci mais une partie de moi tique. Un bouton rouge se déclenche en moi, me hurlant de foutre le camp. J'ai envie de me gifler, comment Archi pourrait me vouloir du mal ? Il est si parfait !

Parfait.

C'est peut-être ça le problème, il est bien trop parfait. Pour avoir vécu un peu de temps avec Sting, je suis quasiment sûre que ce dernier flairait l'air et se douterait de quelque chose. Je suis en train de devenir paranoïaque. Comment une personne que je n'ai pas vu depuis des années pourrait me vouloir du mal ? Ce n'est pas comme si je le connaissais bien en même temps, mais Archi a toujours été un homme courtois et gentleman. Je secoue la tête, je m'énerve à éprouver de la méfiance pour une ancienne connaissance ! Je reprends la conversation, essayant de dissiper ce sentiment de mal-être qui m'envahit.

"Dis-moi, tu es toujours généreux en compliment avec toutes les dames que tu croises ? Certaines vont tomber sous ton charme, fais attention, il n'y a rien de plus dangereux qu'une femme qui se sent trahie."

Je trinque avec lui. Je prends une seconde gorgée. Je suis tellement heureuse d'avoir Sting à mes côtés, je grave son visage dans mon esprit pour éviter de faire la moindre erreur. Après tout, ne suis-je pas sa copine ? J'ai beaucoup de défauts, mais pas celui d'être une femme infidèle.

"Et si nous allions nous promener ? Avec la musique, je crains de ne pas pouvoir t'entendre correctement."

Je m'accroche à son bras, nous ressemblons à un couple divin, nous brillons dans le firmament, je resserre mon châle autour de mes bras et nous marchons doucement, nullement pressés. Je veux passer du bon temps avec mon ami. C'est tout ce qui compte. Quand nous arrivons dans le jardin luxuriant, je lui pose une nouvelle question :

"Mais dis-moi, que deviens-tu depuis le temps ?"
   

Codage par Magma.

“Pas grand-chose. J’ai beaucoup voyagé dans ce monde pour le découvrir et découvrir les merveilleuses créatures qu’il dissimule. J’en profite également pour chercher mes petites sœurs, je ne voudrais pas qu’elle se retrouve en danger en mon absence. Et toi alors ? Tu sembles réellement différente de la dernière fois. Que t’est-il arrivé ?”

Je reste accrochée à son bras, cherchant les mots. Il s'est passé pas mal de choses depuis que nous sommes arrivés à Edoras il y a cinq ans. Pas que cela m'est vraiment affecté d'ailleurs. Je n'ai jamais aimé Earthland et la vie que j'avais là-bas. Je suis heureuse de ne plus à avoir croisé certaines personnes. Notamment ma mère. Enfin, je suppose que me revoir ne l'aurait pas émue plus que ça. Quand j'y repense, je dois tenir d'elle pour mon côté froid et insensible. Mais les images que j'ai d'elle sont brouillées depuis longtemps, ce n'est pas un mal que j'ai du mal à me rappeler d'elle. Ce n'était pas quelqu'un d'important pour moi. Je réfléchis longuement, comment résumer cinq ans en quelques mots ... ? Je m'arrête d'un coup, le faisant trébucher. Je lui réponds par un immense sourire.

"Eh bien, j'ai intégré une guilde ! Blue Pegasus ! Ce n'est pas la guilde la plus puissante mais je me plais bien là-bas. Les gens sont gentils et on rigole bien !"

Je rougis, contente de me souvenir de certains moments épiques. Blue Pegasus, ou la guilde qui cache bien son jeu. Nous sommes les troubles-fêtes de service. Nous sommes là pour égayer les gens de cette vie bien trop morne. L'art de la réflexion n'est pas fait pour moi. Je suis bonne à avancer et agir au moment voulu. Se poser trop de questions sur ce que je veux ou l'avenir, ça me terrifie un peu. Je n'aime pas ce qui est incertain, ce qui est paradoxal quand on sait que j'aime m'amuser avec des hommes lors d'une rencontre d'un soir. Peut-être parce que je sais que je ne chercherais pas à les revoir ... ? Bon c'est légèrement loupé avec Sting mais c'est parce que c'est un bon gars. Et que je lui ai joué un sale tour. Mais c'était pour m'amuser, donc ça va.

“Je me disais, une jeune femme ravissante comme toi, tu dois avoir trouvé ton prince charmant, non ?”

Je tourne ma tête vers lui, étonnée. Je ferme les yeux, réprimant un rire. Je ne sais pas si le Maître de Saber est un prince charmant mais il a le don de me comprendre. Étrangement, lui et moi sommes pareils sur certains points. Et le fait que je ne m'accroche pas à lui telle une groupie en extase doit lui plaire. Le connaissant, il doit aimer les femmes qui savent un peu lui résister et qui ne sont pas impressionnées par ses qualités de combattants. Mais en même temps, est-ce vraiment du sérieux, lui et moi ? Nous n'avons jamais parlé du fait d'être un couple même si de loin, ça y ressemble fortement. Pour l'instant, j'ai envie de dire que nous formons un duo de feu de Dieu. Je ne sais que penser. Notre relation est comme un vide juridique, on ne sait pas. Mais pourtant, j'ai envie de croire que lui et moi, on peut faire un bout de chemin ensemble. Je reporte mon attention sur Archi, retrouvant mon sérieux.

"Il y a quelqu'un en effet qui a retenu mon attention. On s'entend bien, c'est un gentil garçon. Je l'aime beaucoup."

Ils continuent de marcher, un peu dans le silence. Je dépose ma coupe de champagne à moitié pleine sur le plateau d'un serveur. Je ne peux m'empêcher de me dire que tout le monde peut m'écouter, dans ce jardin. Il y a des oreilles ici et là. L'événement du laboratoire m'a rendu paranoïaque. Pour la première fois de mon existence, je me suis consacrée à autre chose qu'à ma propre personne. J'ai l'impression que nos ennemies sont partout, je me sens observée, traquée alors que je n'ai rien de spécial. Je ne suis qu'une petite mage de Blue Pegasus, rien de bien glorieux. Je retiens une grimace, n'arrivant pas à me débarrasser de ce sentiment de gêne. Je lui retourne la question, par politesse.

"Je suppose que tu n'as pas trouvé une femme qui a su faire battre ton cœur ? Tu es si joli garçon pourtant !"

Je regarde autour de nous, nous venons d'arriver sur une petite rotonde, au calme. L'écho d'une fontaine se fait entendre. Le cadre est idyllique, romantique. Quel dommage que cela ne me charme pas plus. Je le regarde, un peu moqueuse.

"Je suis sûre que celle qui te rendra fou d'amour va être insensible à ton charme !"

Je ris doucement, profitant de cette soirée douce et paisible en compagnie d'un ami cher. Quoi de mieux pour être heureux ?
 

Codage par Magma.

Je ne peux m'empêcher de sourire quand il me dit que je suis faite pour Blue Pegasus. J'ai envie de lui rétorquer que je n'avais pas le droit d'y entrer, moi qui étais si misérable, une crève la dalle qui a toqué à la première porte venue. Moi qui étais si pathétique, avec mes joues creusées par la faim et mes guenilles. Moi, la gamine des rues est devenue une femme accomplie. À croire que Blue Pegasus peut opérer des miracles sur les gens. Je voudrais croire que mon enfance est derrière moi, je veux oublier cette partie de moi. Je suis terrifiée à la simple idée de retourner vivre dans la rue. C'est pour ça que je hais l'humanité, une grande partie dans son ensemble reste sourd et muet face à la détresse humaine. Qui m'a tendu la main avant Maître Bob ? Personne. Une adolescence ruinée par les vices des hommes, me rendant pratiquement insensible à la détresse, ne me concentrant uniquement que sur ma petite personne. Un sentiment de pur égoïsme pour faire une coupure avec ce sentiment d'attention qui m'a cruellement manqué avant. J'ai rencontré Archi au début de ma métamorphose, quand j'ai abandonné mon corps d'enfant pour entamer ma transition pour devenir une femme. Est-ce qu'il se serait souvenu de moi s'il m'avait connu encore plus jeune ? Il aurait sûrement détourné le regard comme les autres. Je papillonne, lui offrant mon plus beau sourire, ignorant ces sentiments négatifs qui m'assaillent. Je ne briserai pas mon masque ici. Je ne laisserai pas une brèche se former. Je me suis déjà ouverte à Sting, c'est déjà bien suffisant.


Nous continuons à marcher, déambulant sans nous soucier du reste du monde, comme un jeune couple ignorant les convenances sociales. Il répond avec patience et amusant à mes questions et j'en suis heureuse, une conversation normale après toutes les dernières folies, j'ai l'impression d'être loin de la guerre entre les guildes officielles et Baram. Un peu de sérénité dans ce monde de fou. Archi est ce genre d'homme qu'il est agréable de côtoyer. Facile, gentleman tout en ayant l'art de la conversation. Quand je l'écoute, je me laisser bercer par ses mots, j'ai l'impression que mon esprit se fait plus léger, plus insouciant. Un sentiment de quiétude m'emplit peu à peu, laissant la méfiance de côté, même si elle est toujours présente. Il y a une question qui germe en moi : pourquoi me méfier de Archi ? Il est si gentil et attentionné, ce n'est pas le genre d'homme à faire des coups bas. Même quand il s'agit de séduire une dame, il se montre doux et affectueux. Il ne force jamais, il a toujours été respectueux de la gente féminine. Un des rares hommes à savoir faire preuve de tact, à ne pas se conduire comme un gros sauvage. Comment un homme qui connaît les us et les coutumes, qui sait parler sans jamais froisser pourrait avoir un mauvais fond. Il n'est pas parfait pourtant. Il aime trop compter fleurette et cueillir les fleurs des dames mais ne suis pas pareil ? Et pourtant, ça ne me fait pas de moi une mauvaise personne que je sache. Il rit quand il m'avoue qu'une femme est restée indifférente à son charme. Je lève un sourcil interrogateur, je veux en savoir plus. Qui est cette femme qui est capable de rester impassible aux arguments de Vallendar ? C'est très intéressant cette histoire ! Mais avant que je puisse l'interroger davantage, il change de sujet.

“Sinon, depuis tout à l’heure je réfléchis au fait que tu sois dans une guilde et je me dis qu’il faudrait peut-être que j’y songe aussi… En cinq ans, en travaillant seul, je n’ai mis la main sur aucune de mes soeurs, peut-être qu’en étant membre d’une guilde je pourrai les chercher plus efficacement… Mais on doit être beaucoup moins “libre” dans une guilde, non ?”

Je m'adosse à une rambarde, essayant de réfléchir à la meilleure réponse à lui apporter. Je n'ai pas l'impression d'avoir perdu de ma liberté en entrant dans la guilde du Pégase. Évidemment, je dois rendre des comptes à la guilde quand je fais des conneries, ça paraît évident, mais j'ai toujours pu manger à ma faim, même quand je n'avais pas de sous en poche. L'idée d'avoir un toit et un repas chaud, ça me suffit. Loin de cette foutue humidité qui hante les logements insalubres que j'ai côtoyés autrefois. Mon regard se perd dans le lointain, un sourire doux fleurit sur mon visage.

"Je ne dirais pas que tu perds en liberté. C'est sûr qu'il y a des contraintes, mais après tout, c'est ça de vivre en communauté, on ne peut pas se débrouiller tout seul. Mais tu sais ... C'est plaisant d'avoir un endroit qu'on peut appeler "Maison" et des gens qui attendent ton retour et qui prennent soin de toi. C'est comme appartenir à une famille."

Je le regarde de nouveau, mon regard brillant de sincérité, Blue Pegasus est ma maison, je ferai tout pour ma guilde, absolument tout.

“Comment tu en es venue à choisir Blue Pegasus ?”

"Parce que le Maître m'a sauvé, tout simplement."

Je prends une inspiration et je continue dans ma lancée. Je ne suis pas fan de raconter cette partie là de ma vie, alors je l'ellipse un maximum pour me concentrer sur un bref résumé. Je n'ai pas envie qu'on en parle des heures, surtout quand je n'ai pas le beau rôle. Tous les honneurs reviennent à Maître Bob et uniquement lui.

"J'avais pas de maison, pas d'amis et je ne fréquentais pas les bonnes personnes, j'aurais sûrement très mal finie si Maître Bob n'était pas venue me sauver. Blue Pegasus n'est pas la plus grande des guildes, nous ne sommes pas puissants, mais on un amour infini pour les nôtres. On est un peu timbré mais on est pas méchant !"

Je penche ma tête sur le côté, prenant une attitude douce et malicieuse à la fois. On dirait presque que je ressemble à une fée.

"Tu sais Archi ... Si tu viens à Blue Pegasus, je me ferai un plaisir de t'aider pour chercher tes sœurs avec toi. Tu ne seras plus seul ! Et non, je ne compte pas réchauffer tes draps, range ce sourire lubrique de ton visage !"

Je me lève et je lui tourne le dos, toujours partie sur ma lancée, ne lui laissant pas le temps d'en placer une :

"Et tu sais, à Blue Pegasus, il y a toujours de jolies clientes à servir ... Et les consommations du bar sont gratuites pour les membres."

Je me retourne, un sourire moqueur aux lèvres adressé à mon cher ami.
   

Codage par Magma.

Nous dansons. C’est grisant d’être dans ses bras. Je me sens transportée autre part. J’au l’impression de m’envelopper de candeur, redevenir une femme ‘normale’. Celles qui n’ont pas à se soucier de l’argent, qui vivent encore sous la protection de leurs parents, qui ne pensent qu’à s’amuser et ne pas craindre demain. Quand on est élevé dans une guilde de magie, on apprend à savoir se gérer, même si on est chaperonner par les plus grands.Quand je suis dans les bras d’Archi, j’ai cette sensation d’être différente, que le poids du monde pèse un peu moins sur mes épaules. La sensation de malaise a disparu. Je suis devenue un peu trop paranoïaque. Il faut le croire je pense. Les derniers évènements ont presque eu raison de moi. C’est un peu triste, si la célèbre peste que je suis devient sérieuse et obstinée par le travail, qui va emmerder les autres ? Véritable question que je pose !

“Mademoiselle Isayeva, j’ai l’impression que vous voulez absolument que je rejoigne votre guilde ! En tout cas vous me donnez vraiment matière à réflexion ! Merci beaucoup. Je vais vraiment y réfléchir. Mais il y a une chose qui me chiffonne…”  

Encore une fois, la sensation de malaise m’étreint. J’ai envie de l’enfouir au plus profond de moi, Archi est un ami, on ne doute pas de ses amis. Mon instinct me hurle quelque chose mais je reste sourde. Je ne suis pas du genre à croire à ce genre de chose, je ne suis pas une bête se laissant guider par ses émotions, j’ai un peu de jugeote ! De plus, à force d’arnaquer les gens, je connais les ficelles pour ne pas se faire avoir. Je lève un sourcil pour lui signifier mon interrogation, chassant pour de bon ce cri d’alerte de mon être.

“Tu ne m’as toujours pas dit qui était le chanceux qui a réussi à retenir ton attention.”

Je lui sourit, et je rétorque aussitôt.

« Ca mon cher, je compte le garder pour moi encore un peu. »

Bien que j’adore Sting, il n’y a rien d’officiel entre lui et moi. Il est hors de question que je parle de lui alors que le superbe tigre ne désire pas la même chose que moi. Je ne veux pas avoir de faux espoirs. Donc, ne pas en parler, ne pas y penser, c’est ne pas tomber entre les crocs du dragon slayer.

“Et si nous repartions en exploration dans ce splendide jardin. À moins que tu veuilles retourner à l’intérieur. Tu avais des plans spéciaux en venant à Crystal Valley ?”

Je lui souris, prenant sa main. Non, je n’ai rien à craindre de lui.

« Partons explorer ensemble oui ! »

Nous faisons quelques pas avant que je n’ajoute :

« Mon objectif était de m’amuser mais je crois que je vais finir de te convaincre de rejoindre la guilde, qu’en dis-tu ? On a besoin de bels hommes comme toi à Blue Pegasus. ! »

Et j’éclate de rire, ignorant totalement que j’ai laissé le loup entrer dans la bergerie.
 

Codage par Magma.