Installée sur la table d’examens, elle balance ses petites jambes l’une après l’autre, posant son regard sur tout ce qui lui semble être intéressant tant, tant que cela n’inclus pas le médecin qui est là pour l’examiner. Elle ne fait que ça, tous les jours, elle passe de cette chambre qu’on a aménager pour elle à cette salle où on lui pose des questions sur comment elle se sent. « Bien. » Répond la gamine toujours un peu mollement. On lui pose un tas de questions auxquelles elle doit répondre par oui ou pas non parce qu’elle ne détaille pas assez ses réponses. Qui pourrait lui en vouloir alors qu’elle est si jeune et sans doute traumatisée ? Ils tentent tous d’être gentil avec elle, les plus doux possibles. Comme elle est moins jeune qu’il n’y parait, Nel n’est pas dupe. Elle se doute bien qu’ils se moquent totalement d’elle, ce qu’ils veulent ce sont les informations qu’elle peut donner. Mais elle ne donnera aucune information. Au mieux, elle va les faire tourner en bourrique, les induire en erreur. Ça commence même sans que ça soit intentionnel, lorsqu’ils ne comprennent pas les résultats de certains tests. Les anomalies que l’on peut trouver dans certains de ces résultats ne surviennent pas des expériences faites par le laboratoire. Ça date d’il y a beaucoup plus longtemps, de cette ancienne vie dont elle ne se souvient pas. Mais ça les laisse à penser que les scientifiques ont fait des expériences bizarres sur une petite fille. Forcément, quand on va les interroger là-dessus et qu’ils ne comprendront pas, ça ne sera pas du bluff, ils ne comprendront vraiment pas. Mais avec la gamine sur les bras, ils n’en croiront pas un mot. Ça va foutre le bordel dans les interrogatoires, ça va discréditer les éventuelles réponses qu’ils pourraient donner…Juste en étant là, Nel fous la merde dans leur enquête.

Elle est conduite une nouvelle fois dans sa chambre lorsqu’ils estiment en avoir terminé avec leur énième examen. Elle est laissée sans surveillance, mais enfermée comme si elle n’était guère plus qu’un de leurs mages prisonniers dans ces laboratoires. La seule différence, c’est qu’on l’a mise dans une belle chambre rose pour donner l’illusion qu’elle est bien traitée, ici. Ce petit manège continu pendant plusieurs jours, elle en perd le compte. Lorsque la nuit vient et qu’elle en a la possibilité, elle se faufile discrètement dans les couloirs pour fouiner un peu, elle ne peut emporter aucuns documents alors elle tente de mémoriser tout ce qu’elle peut lire d’intéressant. Lorsqu’elle le peut, elle ne se gêne pas pour détruire un document ou deux au passage. Tout est bon pour les foutre dans la merde. Tout est bon pour rendre Skyadrum fier d’elle. Toute seule dans sa chambre, elle a souvent envie de pleurer. C’est penser au Maitre et à tout ce qu’elle fait pour lui en étant ici qui la fait tenir. Elle espère que cette opération portera ses fruits. Mieux encore, elle espère qu’elle le rendra fier !

Plus le temps passait et moins elle était coopérative, tant pour les tests médicaux que pour répondre aux questions qu’on lui posait. Elle ne perdait pas de vue son objectif, mais après tout elle restait une enfant et ce petit manège la lassait. Elle ne voulait pas revoir le médecin, elle ne voulait plus jamais le revoir et il y avait d’ailleurs de fortes chances qu’il ne survive pas s’il venait à la croiser en dehors de ces murs. Mais pour l’heure elle restait dans son rôle, l’enfant innocente et un peu perdue qui ne comprenait pas trop où elle en était.

Lorsqu’on frappa à sa porte, elle su immédiatement que ce n’était pas le médecin, cette fois. Il ne frappait jamais avant d’entrer. Aucun membre du gouvernement ne le faisait jamais. Son visage s’illumina en voyant que, contre toute attente, c’était son héroïne qui passait la porte de sa chambre, cette gentille dame qui l’avait sauvée de ce laboratoire sordide. Ennemie ou non, Nel l’aimait bien. Elle était douce et gentille. De tous ceux qu’elle avait vu ici, c’était la seule qui semblait véritablement se soucier d’elle, pour l’enfant qu’elle était et pas simplement pour les informations qu’elle pouvait apporter au gouvernement. « Bonjour ! Tu te souviens de moi ? Je suis Rui. » La petite hoche la tête. « Rui !! » La salut-elle énergiquement. Elle pose de grands yeux curieux sur le sac qu’elle lui tend. Elle le prend dans ses petites mains mais elle attend de savoir ce qu’elle est sensée en faire. « C’est un cadeau pour toi ! Aujourd’hui c’est la dernière fois que tu vas voir le docteur, après tu viendras vivre chez moi quelque temps, si tu as envie ! » Ses yeux pétillent face à tant de bonnes nouvelles. Elle ouvre le sac avec un large sourire et serre la peluche contre elle. Avec tout ce qui s’est passé récemment, c’est agréable de garder contre elle une peluche aussi mignonne et aussi douce. « Merci ! » Elle pose la peluche et finalement c’est sur la rosée qu’elle saute pour lui faire un câlin peut-être plus énergiquement qu’elle ne l’avait initialement prévu

Hésitante, elle la lâche finalement. La petite perd son large sourire pour une moue d’enfant beaucoup plus inquiète. « Après, je ne reviendrais plus jamais ici ? » Demande-t-elle dans ce besoin humain d’être rassurée. Nel n’aime pas cet endroit. Elle ne sait pas comment ça sera, chez Rui, mais une chose est certaine, ça ne peut qu’être mieux qu’ici. Elle a récupéré bien assez d’informations et détruit bien assez de documents de toute façon. Elle peut partir avec Rui, et rester quelques jours chez elle avant de disparaitre pour rentrer chez elle, à Blood Moon. Elle cligne des yeux plusieurs fois de sa petite bouille innocente. Elle s’en voudrait presque à l’idée de lui faire croire qu’elle a pu perdre une enfant dans la nature. Rui est gentille, pas comme tous les militaires qu’elle a pu croiser jusque-là. « Je peux rester avec toi pour toujours ? » Marmonne-t-elle doucement. Si sa guilde n’était pas sa maison, elle n’aurait nulle part où retourner. C’est sans doute ce qu’elle aurait alors voulu faire, rester avec cette gentille personne qui veut prendre soin d’elle.

La porte s’ouvre une nouvelle fois, son visage se ferme un peu plus. Cette fois, c’est bien le médecin qui est là pour s’assurer une dernière fois que tout va bien avant de la laisser partir de cette chambre qui sera sans doute investie bientôt par une nouvelle personne. Elle aurait aimé pouvoir y échapper mais elle sait que ce n’est pas possible. Son regard passe du médecin à la gentille demoiselle. Sa petite main vient attraper la sienne et la serrer aussi fort qu’elle le peut -ce qui se résume à pas grand-chose avec sa force de gamine. « Me laisse pas… » Son regard s’humidifie. Elle a cette peur irrationnelle d’enfant que si elle s’en va en la laissant là, elle retrouvera une nouvelle fois une chambre vide lorsqu’elle reviendra.

Loin d’être comme tous ces médecins, scientifiques et militaires, la présence de la rosée fait du bien à l’enfant. Dans ses yeux de petite fille, c’est la seule personne qu’elle a vu depuis le laboratoire qui semble véritablement lui vouloir du bien. La preuve en est d’ailleurs qu’outre sa voix douce et ses beaux sourires ne sont pas la seule chose qu’elle lui apporte. Elle lui fait même un cadeau ! Que ce soit une peluche ou n’importe quoi d’autre, tout en réalité aurait fait plaisir à l’enfant. Dans le fond, ce qui la touche le plus c’est cette attention qui lui est portée. Joueuse, espiègle, câline, elle ne peut pas s’empêcher de lui sauter dessus pour lui faire un câlin ! Avec plus de force qu’elle ne l’aurait d’ailleurs cru…En sautant sur elle, elle fait tomber Rui en arrière. Mais elle s’en fiche, elle la serre fort contre elle. « Tu es beaucoup trop forte pour moi ! » Plaisante la rosée en riant. L’observant d’abord avec un regard interrogateur, Nini fini par lui adressé un large sourire amusé. Elle n’est pas forte pense-t-elle, elle n’est qu’une enfant ! Mais cette complicité naissance et cette simplicité lui fait du bien. Un bien fou. Ce n’est cependant pas assez pour faire fuir l’inquiétude de devoir revenir ici. Elle y est restée assez longtemps pour savoir qu’elle déteste cet endroit et qu’elle ne veut plus jamais y remettre les pieds. Elle aime malgré tout bien trop Skyadrum, et le ferait sans hésiter s’il lui demandait, ou si cela se trouve être dans l’intérêt des Lunes. Pour la rassurer, Rui vient doucement caresser l’arrière de sa tête. « C’est promis, j'essaierai de ne jamais te faire revenir ici ! »

Comme tous les enfants, Ninel est capable de passer du rire au larmes en quelques instants seulement. Après les mots rassurants de Rui, l’inquiétude fait place à la joie. Son sourire revient en force tandis qu’elle la soulève pour la déposer sur le lit. Lorsqu’elle lui demande si elle peut rester avec elle pour toujours, elle la prend finalement dans ses bras pour l’assoir sur ses genoux, hochant la tête en lui offrant un doux sourire. « Si tu veux rester avec moi pour toujours alors tu peux ! » Les yeux de l’enfant brillent. Elle est dans son rôle, mais si elle n’avait pas Blood Moon chez qui rentrer, il ne fait aucun doute qu’elle aurait véritablement voulu rester avec elle pour toujours. Si elle n’avait pas eu de famille…Elle en aurait trouvé une nouvelle, en la personne de Rui. Son sourire s’étire sur son visage. Elle lève ses deux points en l’air, manque de tomber à la renverse dans le mouvement pas garde étrangement l’équilibre tout de même. « Youpi !!! » Lance-t-elle joyeusement.

« Où est-ce que tu veux aller avant de rentrer à la maison ? » « Hum… » Posant un doigt sur sa bouche et levant les yeux l’air songeuse, la verte y réfléchis vraiment un long moment, progressivement sa moue songeuse se transforme en grimace tandis qu’elle réalise qu’elle ne sait absolument pas quoi répondre à cette question.  Elle est même sur le point de se mettre à pleurer tant elle se sent coupable de ne pas savoir lorsque le médecin entre dans la pièce. Elle en oubli alors totalement la question posée, prenant la main de Rui pour lui demander de ne pas la laisser toute seule. « Ne t’en fais pas, je ne te quitterai pas un seul instant. » Sa main se resserre sur ses petits doigts, et l’enfant lâche un soupir de soulagement. Le médecin manque tellement de délicatesse qu’il semble oublier qu’il a une petite fille en face de lui. C’est dans les bras de la rose qu’elle fait le trajet jusqu’à la salle d’examen, frottant doucement son dos en signe de réconfort, pendant que l’enfant en profite pour jeter des regards mauvais au médecin. Toutes les grimaces disparaissent instantanément lorsque Rui la dépose sur la table d’opération et peut à nouveau voir son visage -c’est qu’elle n’est pas si bête, pour une enfant. « Ne t'en fais pas, ça va aller très vite. Et si tu es brave, on ira manger une glace après, ça te dit ? » Il n’en faut pas plus pour que ses petits yeux pétillent. « Une glace ? » Elle se l’imagine déjà, et elle en baverait presque, sur son sourire béat. Comme elle tient à sa glace, son saint graal de la journée, elle fait tout pour ne pas grimacer et pour ne pas pleurer lorsque les examens font peur ou font mal. Pour se donner du courage, elle serre simplement plus fort la main de Rui. Mais elle reste courageuse tout du long ! On est loin des cris et des hurlements habituels. Il est certain que le médecin regrette amèrement de ne pas lui avoir proposé de glaces plus tôt, ça aurait facilité son travail des dernières semaines.

Le médecin semble satisfait des derniers résultats, puisque lorsqu’il a fini tous ses tests, il laisse Rui la raccompagner jusqu’à sa chambre. Elle récupère l’ours en peluche, et les quelques vêtements qu’on lui a donné pour l’occasion, ainsi que ses vieux vêtements d’apparence trop grands qu’elle a gardés, elle en aura besoin lorsqu’il sera temps pour elle de rentrer dans son foyer, son véritable foyer. « Bon, je pense que tu as mérité une glace ! Tu as tout ce que tu veux ? » « Ouiii ! » Répond l’enfant d’une joie enjouée -plus pour la glace que pour répondre à sa question mais en soit, elle n’avait pas beaucoup d’affaires à récupérer. Elle met tout soigneusement dans un petit sac qu’on lui a donné avant de traverser la pièce en courant pour rejoindre Rui. Elle sautille presque sur place lorsqu’elles quittent toutes les deux le complexe de l’armée. De l’extérieur, elle se rend compte de combien le bâtiment est grand. La nuit, elle l’a traversé en long et large, mais de l’intérieur cela semblait plus petit. Ou peut-être est-ce simplement parce que sa petite taille lui donne l’impression d’être vraiment minuscule face à cet édifice si imposant. En tout cas, elle n’est pas mécontente de le quitter. D’autant que déserter la cité sera plus simple en quittant une petite maison ou un petit appartement qu’en s’évadant d’un bâtiment de l’armée. Décidément, ils semblent vouloir lui faciliter la tâche. Ce qu’elle a hâte de montrer tout ce bon travail qu’elle a fait à Skyadrum…

Cessant de rêvasser, une fois dans les rues, elle se met à courir partout, bien trop heureuse de pouvoir enfin profité de l’extérieur autrement que dans cette petite cour dans laquelle on lui faisait faire de petites sorties de temps en temps. Elle ne réalise d’ailleurs pas qu’elle peut être flippante à partir en courant sous prétexte qu’elle a vu une chose ou une autre sans prévenir, et à disparaitre ainsi du champ de vision de la rosée pour en revenir quelques secondes plus tard toutes surexcitée. Tu préfères ça ou le bébé qui pleure dans le porte bébé, Rui ? C’est une enfant, et elle se comporte comme tel. Lorsqu’elle voit un truc joli ou intéressant, elle sautille sur place, attrape parfois la main de Rui pour l’entrainer avec elle et lui montrer ce qu’elle trouve de si intéressant, bien souvent des choses banales pour elle sans doute. Lorsqu’elles s’arrêtent enfin devant le glacier, elle a un léger filet de bave qui coule du coin de sa bouche en voyant tous les parfums qui s’étendent devant elle. Elle s’étonne lorsqu’on lui demande de choisir les deux parfums qu’elle veut. « Quoi ?! Je peux pas les goûter tous ? » S’exclame-t-elle en levant une bouille interrogatrice sur sa bienfaitrice aux cheveux roses. Mais rien n’y fait, ce sera deux pour cette fois, et elle pourrait toujours gouter d’autres parfums la prochaine fois. Après avoir mis facilement dix longues minutes à faire ce choix, hésitant comme si toute sa vie en dépendait, elle repart joyeusement avec une glace à la vanille et à la noix de coco en main. La douleur sucrée ne fait pas long feu. Après avoir mangé pendant des semaines la mauvaise nourriture que l’on sert à la base militaire qui s’occupait d’elle, elle a l’impression de manger le meilleur met au monde !

Sur le chemin, glace en main, elle est toujours aussi excitée de revoir enfin le monde extérieur et se comporte exactement comme avant d’avoir eu sa glace, à la seule différence qu’elle dépose ses doigts sales et collants -parce que la glace lui a un peu fondu dans les mains- sur les diverses vitrines qui la fascinent. Elle doit être une véritable plaie à trainer dehors, mais elle ne s’en rend même pas compte, trop heureuse de pouvoir courir partout. Lorsque Rui ouvre enfin la porte d’un bâtiment, la petite s’arrête net, levant un regard curieux sur elle. Elle regarde devant elle la grande porte ouverte comme si elle était sur le point de passer une porte dimensionnelle. « C’est ma nouvelle maison ? » Demande-t-elle presque timidement. Elle n’ose pas faire un pas en avant tant qu’on ne lui répond pas.  

Il est normal, après avoir passé tant de temps enfermée dans ces murs lugubres du gouvernement, que Nel court partout dans les rues. Elle est pleine d’énergie, elle veut s’amuser, et il faut aussi reconnaitre que malgré l’attachement certain qu’elle a pour Rui, elle reste malgré tout une Blood Moon dans l’âme quel que soit son apparence, une part d’elle s’amuse beaucoup de faire tourner dans tous les sens cette membre de la troisième division. Elle aussi a participé à l’infiltration d’un de leurs laboratoires après tout. Elle a recueilli des informations -que Nel s’est donné à cœur joie de détruire d’ailleurs- et c’est une ennemie…Nel ne l’oublie pas, malgré l’attachement. Elle est gentille avec elle, elle s’amuse beaucoup de ses réactions quand elle s’en va ici et là, quand elle dérange parfois les gens en plein repas…Elle s’attache, même si elle lui refuse de prendre plus de deux parfums au glacier ! (C’est dire) « Non tu ne peux pas, mais on reviendra souvent pour que tu les essayes tous ! » Elle a une petite moue déçue, et ce n’est pas que pour la glace. C’est décevant de se dire qu’elle a choisi le mauvais camp.

Le choix tellement difficile qu’il lui avait demandé beaucoup de temps de réflexion, au grand damne des personnes dans la file qui attendait derrière eux. Ce fut un grand soulagement général lorsqu’enfin l’enfant s’était décidée et que Rui avait payé leurs deux glaces avant que les jeunes femmes s’éloignent. Avoir sa glace dans les mains, cependant, ne la rendit pas plus calme et son petit manège continua ainsi avec ses petites mains collantes qui laissaient des traces où elle passait, laissant derrière elle nombre de gens mécontents, ce qui ne fit que l’amuser davantage. Lorsqu’elles arrivent finalement devant un immeuble, elle n’ose pas y mettre le pied, demandant avant toute chose si c’était ici qu’elle allait vivre désormais. « Oui, c’est ta nouvelle maison. Tu viens, on va visiter ensemble ! » La gentille membre du gouvernement attrape la main -toujours collante- de Nel pour monter avec elle au premier étage de l’immeuble, où se trouvait l’appartement dans lequel elle vivrait…Jusqu’à ce qu’elle décide de disparaitre. Si elle pouvait tenter d’en apprendre un peu plus en restant ici elle n’allait tout de même pas s’en priver.

Comme l’avait fait Rui, elle retira ses chaussures à l’entrée, supposant que c’était ainsi que les choses fonctionnaient ici. Elle avait encore cette envie de courir partout, mais Rui lui tenait la main alors elle se réfréna et resta bien à côté d’elle tandis qu’elle lui montrait la cuisine, le salon, et la salle de bain. « Tu veux voir ta chambre ? » « Ouiiiiiii ! » Répondit-elle avec entrain en suivant Rui, levant son bras libre en l’air comme si elle venait de recevoir la meilleure nouvelle du monde. L’endroit était assez neurtre, mais c’était surtout parce qu’elle venait juste d’arriver. Elle avait meublé la pièce avec un lit, une armoire et un bureau, tout ce dont une enfant aurait besoin en premier lieu avant de s’approprier peu à peu la pièce. Elle commença d’ailleurs à se demander ce qu’elle voudrait bien y ajouter, avant de se rappeler qu’elle n’y restait pas longtemps. Pour autant, il lui fallait donner l’illusion qu’elle resterait ici pour toujours. « Tu pourras la décorer comme tu veux ! C’est ta chambre ! » Elle lâcha sa main et laissa ainsi toute son excitation s’exprimer d’un coup. Elle courut dans toutes la pièce en faisant l’avion, avant de sauter de ses deux pieds joints sur le lit en riant aux éclats. Se doutant bien que c’était interdit -du moins, on le lui avait interdit dans le laboratoire- elle se calma cependant bien vite par elle-même et s’assit sur le lit pour sortir de son sac le nounours que Rui venait de lui offrir, pour le déposer avec soin devant l’oreiller, comme si c’était la chose la plus précieuse et la plus fragile de la chambre. Elle tourne alors la tête vers Rui pour lui adresser un adorable sourire de gamine ravie. « Nounours aussi aime bien notre chambre ! » Déclare-t-elle joyeusement comme si l’endroit lui appartenait également à part entière.

Elle regarde tout autour d’elle avec une mine songeuse, un petit doigt sur le coin de sa bouche. « Je voudrais mettre des pin…pin… » Elle bute sur le mot avant de s’exclamer joyeusement « Des pawins ! » Ce qui dans son langage veut dire pingouins mais le mot est bien trop compliqué à prononcer pour sa petite bouche. Elle range soigneusement les quelques affaires qu’elle possède dans son armoire -soigneusement pour elle n’étant pas la même définition que pour n’importe quel autre humain normal, elle dépose ses affaires en boule dans l’armoire, mais en les y déposant délicatement comme si elle s’appliquait vraiment. « C’est rangé ! » Clame-t-elle alors aussi joyeusement que si elle avait fini ses devoirs. Toujours aussi surexcitée et plein d’énergie, elle revient près de Rui en sautillant tout autour d’elle. « Tu veux jouer avec moi ? On joue ? On joue ? » Demande-t-elle dans un débit tellement rapide qu’elle mâche parfois des morceaux de mots. Elle n’était pas prête de laisser Rui tranquille en réalité. Si l’endroit n’était pas très grand, la taille de l’appartement restait néanmoins bien suffisante pour une personne ou deux. C’était suffisant et malgré tout…Cela semblait vide à Nel. Elle qui vivait à la guilde avait l’habitude des endroits grands et surtout des endroits avec beaucoup de monde. Elle avait l’habitude d’être entourée, d’avoir toujours quelqu’un à embêter ou avec qui jouer. Ici il n’y avait que Rui, ce qui n’était pas vraiment un problème à ses yeux…Par contre, elle allait devoir faire face seule à toute l’énergie débordante de Nel, ce que même la plupart des membres de Blood Moon n’étaient pas capable de faire seuls.

Lorsqu’elle s’arrête net devant la porte d’entrée du bâtiment, il n’y a pas d’anxiété comme on pourrait le croire. Il serait pourtant normal de le ressentir ainsi pour une enfant qui semble avoir vécu l’enfer et qui s’apprête à vivre une nouvelle vie. Ce n’est pas faute de l’avoir interrogée sur ses parents pour la ramener à sa famille, mais elle n’a pas dit un mot, se contenter de pleurer en disant qu’elle ne savait pas, qu’elle ne se souvenait pas, braillant même parfois pourquoi maman vient pas me chercher ? en surjouant clairement son rôle. Ninel n’a même pas de mère, ou du moins, elle ne s’en souvient pas. Ce n’était pas un mensonge de dire qu’elle ne savait rien sur ses parents, elle a véritablement tout oublié de son passé, de cette ancienne vie qui n’est pas si importante à ses yeux. L’amnésie n’est pour elle ni un handicap, ni quelque chose qui la travaille vraiment. Elle a trouvé une nouvelle famille en la guilde de Blood Moon, et Skyadrum est la seule figure paternelle dont elle a besoin. Il l’a ramassée dans un village en flammes, il l’a vengée. Elle veut qu’il soit fier d’elle et c’est exactement pour ça qu’elle est là aujourd’hui. Jamais l’armée ne l’a soupçonnée une seule seconde -comment pourraient-ils alors que ce n’est qu’une enfant ? Mais même sous la pression et sous la torture elle n’aurait jamais dit un mot contre sa guilde. Jamais.

En réalité, elle ne sait pas pourquoi elle s’est arrêtée alors que c’est une véritable tornade, qui n’attends d’ailleurs pas longtemps avant de recommencer à courir partout et même sauter sur son lit lorsqu’on lui montre sa chambre. Si elle n’avait pas de famille auprès de qui retourner, l’idée de rester ici lui plairait…Sans doute. Rui était adorable et elle semblait se soucier véritablement d’elle, et pas seulement des informations que l’armée peut espérer tirer d’elle. Il y a une grande tendresse qui se dégage d’elle quand elle lui sourit, ou encore quand elle déclare qu’elle va pouvoir vivre de grandes aventures avec son ours en peluche ici. Pour elle, les aventures se vivent dehors, mais ça ne l’empêche pas de lever ses bras en l’air avec enthousiasme en hurlant un grand « Yeah ! » avant de prendre les petites pattes de l’ours pour les lever en l’air et continuer ses petits cris de joie. Ça, c’était avant de dire de façon totalement incompréhensible qu’elle aimerait bien décorer sa chambre avec des pingouins. « Oh bonne idée ! Tu pourras en dessiner et on les mettra au mur ! » Elle la regarde avec ses grands yeux curieux. « Tu vas en dessiner avec moi ? » Demande-t-elle, pétillante de bonne humeur. Elle aime que Rui s’occupe d’elle. Combien de personnes l’auraient simplement laissée là en lui disant de dessiner toute seule pour avoir la paix et vaguer à ses occupations ?

Elle est toute fière, petit chose qu’elle est, d’avoir rangé ses affaires comme une grande ! Enfin, presque. Et elle est d’autant plus fière qu’elle se fait applaudir par Rui pour son beau travail ! « Super ! Quand tu seras plus grande, je t’apprendrai une autre manière pour ranger ! » Elle tourne la tête vers elle, comme choquée par cette révélation. « Y’a d’autres manières ?! » Demande-t-elle comme si on venait de lui annoncer qu’il y avait un deuxième soleil, ou même une deuxième lune dans le ciel. Il y a effectivement la véritable manière de plier et de ranger du linge, mais c’est une notion bien trop abstraite pour la jeune Ninel, alors que l’adulte est très pointilleuse sur ce genre de chose. C’est sans doute d’ailleurs pour ça que, malgré son incapacité à ranger correctement à son âge, elle procède tout de même avec délicatesse.

Les enfants, c’est capable de passer d’une chose à l’autre avec une facilité déconcertante. Aussi, elle laisse tous les problèmes existentiels de sa vie derrière elle pour réclamer à Rui de jouer avec elle. Elle reste persuadée qu’ils n’auraient pas été très nombreux, les membres du gouvernement qui auraient hoché la tête pour accepter de jouer avec elle. La plupart étaient des rabat-joie et très peu d’en eux avaient été sympathique, même avec une toute petite fille. « On joue à cache-cache ? Je compte jusqu’à 50 et pendant ce temps tu te caches. Mais il faut rester DANS l’appartement ! » Elle se retourne pour faire face au mur et commence à compter. Après avoir sauté partout sur place pendant quelques seconde, elle attrape l’ours en peluche, qu’elle a bien l’intention de faire participer au jeu aussi, et s’en va à la redécouverte de l’appartement et en quête d’une cachette (et heureusement qu’elle précise qu’il faut rester dans l’appartement parce que sinon elle se serait mise à chercher Nel partout dans les rue de la ville). « Toi, tu vas te cacher là ! » Murmure-t-elle tout doucement pour que Rui, qui se trouve toujours dans la chambre, ne l’entende pas. Elle fourre l’ours en peluche dans la machine à laver et en referme tout doucement l’ouverture pour qu’il ne soit pas trop facile à trouver.

Et elle se remet à courir partout dans l’appartement à la recherche d’une cachette pour elle. Malgré elle, elle fouille un peu pour voir si elle peut se planquer dans un placard ou dans un autre meuble de rangement auquel on ne penserait pas à regarder aux premiers abords. Sans vraiment chercher, elle tombe sur des papiers qu’elle a pas le temps de lire, mais elle se dit dans un petit coin de sa tête que ça serait pas mal de regarder quand Rui ne sera pas là ou quand elle sera occupée. Elle ne sait pas si elle est du genre à ramener du travail à la maison ou s’il s’agit juste de documents administratifs personnels, mais puisqu’elle est là autant vérifier. Elle ne pourra rien faire disparaitre cette fois, pour ne pas se griller, surtout pas après avoir fait coïncider l’arrêt de la destruction de documents avec le départ en mission d’une compagnie, mais toute information est bonne à prendre. Elle laisse donc tout ça en place pour finalement se planquer dans un placard dans lequel se trouve tous les produits ménagers qu’elle a la décence de ne pas tenter d’avaler pour que Rui ne doive pas l’emmener d’urgence à l’hôpital pour empoisonnement domestique. Elle referme le placard sur elle et se fait toute petite, faisant de son mieux pour ne pas rire et vendre ainsi son emplacement trop facilement.

Nel, dans le fond, c’est une gamine qui ne comprend pas grand-chose. Elle est vraiment fière d’elle d’avoir aussi soigneusement ranger ses affaires, et d’avoir en plus été félicitée pour ça ! Tout comme elle est heureuse à l’idée de faire une séance de dessin avec Rui. C’est une enfant qui se contente de peu, qui est heureuse d’avoir l’attention et l’affection de Rui. Elle est contente de la voir fière d’elle sans se douter un instant qu’en fait elle se dit que la gamine a fait n’importe quoi en rangeant ses affaires. Sa nouvelle maman adoptive temporaire était si adorable qu’elle se sentait malgré tout un peu triste à l’idée de l’abandonner comme ça. Elle était douce, patiente, et surtout elle était d’accord pour dessiner des pingouins ou encore jouer avec elle ! Sa guilde était sa famille et on cédait bien volontiers à ses caprices parce qu’elle était, incontestablement, dans le top trois des mages les plus puissants de la guilde. Mais c’était différent, car malgré tout ses compagnons gardaient en tête que ce n’était pas vraiment une enfant qui leur faisait face. La rosée n’en savait rien. Et pour le bien de sa couverture, elle ne devait pas l’apprendre.

Ce n’est pas tant pour protéger sa couverture, d’ailleurs, mais bien par pur caprice, qu’elle demanda à sa nouvelle maman de jouer avec elle d’un ton plus qu’enjouée. Le plus naturellement du monde elle avait ainsi proposé de jouer à cache-cache, fixant les limites du jeu à l’appartement, et elle s’était mise à compter. Comme il est toujours plus intéressant de jouer à plusieurs, elle récupère l’ours en peluche, qu’elle va planquer dans la machine à laver heureusement que Rui n’a pas d’animal de compagnie avant d’aller elle-même se cacher au milieu des produits ménagers. Elle est assez lucide pour avoir la présence d’esprit de ne pas les boires, pas même ce produit rose qui a l’air d’avoir un gout de fraise, ce qui semble être un exploit pour une gamine de son âge, d’ailleurs. « 48, 49, 50, j’arrive ! » Entend la petite. Elle a un petit gloussement, fière de sa cachette, tandis que Rui est encore trop loin pour la voir. Elle plaque ensuite ses petites mains sur sa bouche pour ne pas faire de bruit, entendant sa nouvelle maman explorer l’appartement. « Je vais te trouver ~ » Elle se recroqueville, elle se fait toute petite dans son placard. Comme si ça pouvait l’aider à être encore mieux cachée à l’intérieur.

C’est encore pire lorsqu’elle entend les pas de la rosée dans la cuisine dans laquelle elle s’est cachée. S’il pouvait y avoir une version encore plus miniature d’elle elle aurait volontiers rapetissé, prenant ce jeu bien trop au sérieux. Lorsqu’elle entend les placards s’ouvrir les uns après les autres, elle comprend que c’est la fin avant même que le sien finisse par s’ouvrir. « Trouvée ! » Elle retire ses petites mains de sa bouche et attrape la main tendue de Rui avec une petite moue boudeuse d’enfant qui n’aime pas vraiment perdre. Elle se laisse tirer hors du placard. « On devrait jouer dehors ! Ici c’est trop petit pour se cacher ! » Se justifie-t-elle. Sauf que si elles jouaient dehors Rui ne retrouverait jamais la gamine qui serait capable d’aller se planquer dans la ville d’à côté, voire même plus loin.

« Alors c’est à ton tour de compter ! Tu sais compter jusqu’à combien ? » « Mais non ! » S’exclame-t-elle, presque choquée que Rui ait pu oublier leur autre camarade de jeu. « Tu n’as pas trouvé Nounours encore ! » A son air, on pourrait croire que la petite en est presque outrée que la rosée ait pu oublier un membre important de la famille tel que lui ! « Bon, alors on va trouver nounours ! » « Yeaah ! » S’exclame-t-elle en courant partout dans l’appartement en faisant l’avion, visiblement pas très impliquée dans les recherches. Elle fait quand même mine de chercher sous le tapis, l’appelant parfois en mettant ses petites mains en porte-voix. « Nounouuurs ? » Elle sait très exactement où il est caché, mais elle trouve plus amusant de laisser Rui le trouver. Après tout, c’est elle qui doit les chercher !

Elle court partout, elle reste littéralement dans ses pattes, en faisant mine de chercher, mais pas trop non plus. Elle soulève les tapis, elle observe le plafond…En somme, elle n’y met vraiment pas du sien pour aider Rui à trouver son camarade de jeu. Incapable de rester en place, elle continu de courir partout et elle a parcouru au moins 6 fois toutes les pièces de l’appartement lorsque la rosée arrive enfin dans la salle de bain et fini par trouver l’ours en peluche. « Tu étais là ! » S’exclame-t-elle, comme si elle l’avait ignoré tout ce temps. Elle le récupère, le tient à bout de bras en tendant ses bras vers l’avant pour le regarder. « Tu as gagné ! Mais tu peux pas chercher tout seul alors je vais compter ! » Elle remet la peluche dans les bras de Rui, démarre au quart de tour en courant pour retourner dans sa chambre, et fait finalement demi-tour. « Je compte jusqu’à quarante-douze ! » La prévient-elle, en montrant le chiffre sept avec ses doigts. Elle revient dans la chambre, déblatère une suite de chiffre qui n’ont aucun sens. Au total, Rui n’a dû avoir qu’une trentaine de secondes avant qu’elle se mette à crier bien fort. « QUARANTE-DOUZE ! » Pour signifier qu’elle va venir la chercher.
 

De son tout petit âge, elle est persuadée que son jeu d’acteur est parfait et que Rui a l’impression qu’elle cherche l’ours en peluche avec elle. Bien sûr, la rose n’est pas dupe, mais ça la gamine ne s’en rend compte à aucun moment, encore moins lorsque l’ours est finalement retrouvé dans la machine à laver et que la rose continue de se prêter au jeu. « Nounours est beaucoup trop fort à ce jeu ! » Elle applaudi la peluche de ses petites mains avec un grand sourire. Mais la peluche n’est vraisemblablement pas capable de compter et de les chercher, alors c’est la petite Nel qui s’y colle, annonçant fièrement qu’elle compterait jusqu’à quarante-douze, bien persuadée que c’est un véritable chiffre et hautement fière d’elle-même de savoir compter jusqu’à autant ! D’ailleurs, même Rui semble étonnée puisqu’elle l’interroge sur ce chiffre car oui, pour elle sa nouvelle maman est juste surprise qu’elle soit si intelligente et ne se demande pas de quel chiffre imaginaire il peut bien s’agir. « Quarante-douze ? » Prise dans son élan de fierté, elle commence à compter en mettant son visage face au mur. Au final, elle compta jusqu’à une petite trentaine, pas forcément dans l’ordre et avec des chiffres inexistants dans le lot. Ca rajoute de la difficulté pour la personne qui se cache de pas savoir quand elle va arrêter de compter.

« Quarante-douze, j’arrive ! » Déclare-t-elle joyeusement avant d’arpenter l’appartement comme si elle explorait les ruines d’une civilisation antique (ce qu’il n’est pas improbable qu’elle soit en train de faire, dans sa tête). Comme elle ne connait pas encore très bien l’apparemment, elle met un peu e temps à trouver ses deux camarades de jeu, avant de sautiller de joie lorsqu’elle a « gagné » en réussissant à les trouver. Elles échangent ainsi les rôles un long moment sans que l’enfant ne se fatigue ou ne se lasse du jeu, contrairement à Rui qui lui proposa finalement de dessiner ces fameux pawins toutes les deux. Du point de vue de la petite, elle ne savait très certainement pas les dessiner, parce qu’elle l’a vu très clairement jeter des petits coups d’œil pour copier son coup de rayon expert. Mais ce n’est pas grave, elle ne dit rien et fait comme si elle n’avait rien vu, parce qu’elle ne voudrait pas qu’elle commence à se sentir mal de moins bien dessiner qu’elle. D’ailleurs, elle accroche aux murs de sa chambre avec fierté ses œuvres d’art à côté des siennes ! « Que c’est joli ! » La complimente-t-elle-même avec un grand sourire.

Les jours suivants se déroulèrent dans le même ton, laissant les jeux et les caprices de la petite guider leurs journées. Elle constata avec plaisir que Rui ne lui avait pas menti lorsqu’elle lui avait dit qu’elles pourraient revenir chez le marchand de glace pour en essayer d’autres parfums, qu’elle fut toujours aussi longue à choisir. C’est que le parfum d’une glace ne se choisi pas à la légère, contrairement à ce que pouvaient penser les gens qui faisaient la queue derrière elle. Incontestablement, elle se sentait bien chez Rui, mais elle le savait en mettant les pieds ici qu’elle ne pourrait pas rester. Elle avait fait ce qu’elle avait à faire à la cité, et elle avait donné le change pour qu’on ne puisse pas la suspecter. Symboliquement, elle aurait aimé reposer délicatement son ours en peluche au centre du lit en partant, mais elle avait conscience que cela n’aurait pu que desservir toutes les théories que l’on pourrait faire sur sa disparition. Alors, elle avait laissé l’endroit dans un bordel qui ne lui ressemblait pas, elle était venue silencieusement dire au revoir à Rui dans sa chambre, et elle avait passé la porte de l’appartement au beau milieu de la nuit. Avec un pincement au cœur, en parcourant les rues, elle se dit qu’elle ne reviendrait probablement jamais chez Rui.

Probablement.