Il crut avoir un arrêt cardiaque le soir où on lui annonça qu’Akané était à l’hôpital. Si cette fille, ou plutôt ce bonhomme, qui ne s’alarmait de rien, ne se soignait jamais, ne se plaignait jamais, se retrouvait dans ce type d’endroit… ce devait être très grave. Il avait accouru et soupiré de soulagement de la voir se débattre avec le médecin pour le convaincre, avec sa gueule démolie et son sang partout, qu’elle allait bien et qu’il fallait la laisser partir. Ce qu’il y avait de plus inquiétant, c’était les soldats dans sa chambre. En voyant Sting, elle voulut se lever mais il l’obligea à rester assise. Elle lui dit de faire très attention, que Weisslogia en avait après lui, elle lui raconta ce qu’elle savait.  Pendant longtemps, Sting était convaincu que ce meurtrier était la réincarnation de son père. Que Sting l’avait envoyé ici en le tuant. Aujourd’hui, il n’est plus sûr de rien. Le gouvernement aussi a besoin de réponse.

Il est encore assommé à l'idée que Kanamé a affronté Weisslogia, qu’elle a réussi à fuir, mais il balise à l’idée du calvaire qu’elle a dû endurer. Pourquoi le maître de Lux Requiem a t-il dit que Minerva travaille avec lui ? Tout comme sa tigresse, Sting refuse d’en croire un mot. L’argenté veut simplement semer le doute, porter préjudice à Minerva, leur faire du mal… mais est-ce que cela signifie que Mademoiselle est morte ? Ou qu’elle est prisonnière ? Sting a peur de savoir, mais il en a aussi besoin. L’angoisse de l’incertitude est comme une tumeur au cerveau. Elle reste, grandit et lui fait du mal même quand il n’y pense pas. Peu de temps après ces événements, l’armée l’a prévenu de l’arrivée d’un soldat dans la semaine, à la guilde de Sabertooth, pour rencontrer le maître. Akané ayant été dûment interrogée (elle n’a évidemment lâché aucun mot sur Minerva), il est sans doute le prochain à devoir s’exprimer. Sting se voit obligé de poser un jour de "congé" pour attendre cet invité de la troisième division, et l’accueillir. Ce soldat vient le matin, quand il a fini de se préparer, c’est Yukino qui le prévient après avoir toqué à sa porte. « J’arrive » répond Sting avec un sourire gentil, et fade. Il prend une légère inspiration tendu quand la porte se referme. « J’espère que ce soldat a des information sur Mademoiselle… » dit Lecter avec espoir, assis sur le lit du maître. « Moi aussi. Et des positives » répond Sting en lui jetant un œil bienveillant. Son chat saute du lit et ils quittent la chambre.

Dans les escaliers de Sabertooth, une des poutres au plafond a toujours eu un défaut très visible. Plus basse que les autres, mal agencée. Au départ, elle gênait un peu tout le monde de par la dissymétrie engendrée, et on se disait qu’on la referait un jour… puis, procrastination sur procrastination, elle s’est fondue dans le décor et on a fini par l’oublier. Alors que Sting descend les marches avec son chat, un bruit étrange se fait entendre derrière lui.  La partie gauche de la poutre défaillante se détache, descend comme une aiguille d’horloge (mais en bien plus rapide) et vient assommer un tigre qui, écouteurs dans les oreilles, n’a pas entendu la chose arriver. Le pauvre gars dévale les escaliers en roulé-boulé. Sting veut écourter sa chute en le rattrapant, mais très bizarrement, dans la précipitation, il se prend maladroitement les pieds l’un dans l’autre et est entrainé avec son camarade, sous les yeux écarquillés de Lecter. « Sting ! » il se précipite vers son maître. Au pied des escaliers, Eucliffe se relève le premier avec un air un peu ébahi. « Pardon maître, ça va ? » demande le tigre, toujours sur le cul, qui semble le plus mal en point des deux. Il saigne du crâne. Sting lui tend la main et l’aide à se relever. « Va voir Kanamé, t’es bien amoché. » Leur barmaid aime bien soigner les bobos, elle pourra faire quelque chose de lui. Pas du tout étonné que son maître aille super bien,  Lecter lance comme si de rien n’était : « T’avais raison Sting, on aurait dû la refaire depuis bien longtemps, cette poutre. » Après l’incident, ils rejoignent enfin le hall où une femme aux cheveux rose semble attendre. Sting la salue un peu distraitement car, elle est si adorable qu’il se désintéresse d’elle l’instant d’après afin de chercher le soldat censé les rencontrer. Voyant qu’il n’y a personne son regard revient sur elle, et sur ses vêtements. Ah. Il s’arrête de marcher.

L’adorable demoiselle lui fait un salut militaire. Sting lui adresse un pincement de lèvres, qui est en fait la tentative ratée d’offrir un sourire. « Bonjour » dit-il, bras ballant, tandis que Lecter fait le job pour deux en rendant le salut de la rose. « Bonjour madame » salut solennellement le chat. « Bonjour, Maitre Eucliffe, je suis Rui Smula, membre de la troisième division. Nous avons rendez-vous aujourd’hui. » Il acquiesce. « Hm, ravi de vous rencontrer » Enfin, il ne tire pas la tronche de quelqu’un de très ravi, mais faut bien être poli. Rui réclame un endroit plus calme pour discuter et il comprend le message. Sans ça, spontanément, Sting l’aurait amenée au fond de la grande salle. Il se serait posé sur le trône et elle sur le siège d’à côté (ou l’inverse, si ça lui faisait plaisir). On allait s’abstenir. Avec un membre de la troisième division, la confidentialité aurait dû être anticipé, même si cela ne faisait pas du tout parti des habitudes du maître. Le blondin se frotte la nuque en réfléchissant. En dehors de sa chambre (ça la foutrait mal d’y aller), Jienma avait un bureau à lui, que le nouveau maître n’a jamais vraiment utilisé… est-ce qu’on ne s’en sert pas comme débarras à l’heure actuelle d’ailleurs ? Ce n’est pas Eucliffe qui le saurait. Le rangement et lui… « On doit avoir un bureau ». Il s’éloigne, laissant derrière lui des murmures d’incompréhension concernant la machine à café. Akané est appelée à la rescousse pour régler le problème. Lecter interprète aussi que la soldate veut parler seule avec le maître. Dans le doute, l'exceed va voir ce qui se passe du côté de l’appareil qui déconne. « Je te retrouve tout à l’heure Sting ! » Le maître répond par un sourire plus vivant que celui adressé à Rui, et il lève le pouce vers son chat.

En fond de salle, Sting gravit les marches de l’estrade, dépasse le trône de Saber, et prend la porte en bois de gauche. Cette pièce est presque totalement oubliée. Comme prévu, c’est bien une grande salle de bureau, à ceci près qu’on a l’air de s’en être effectivement servi de débarras, en atteste la table de ping pong cassée, pliée et calée contre le mur, en plus de divers objets. Seraient-ce d’ailleurs des patins à glace qu’on a accroché au porte-manteau par les lacets ? « Er… ce fut un bureau » assure t-il « Mais je suppose que ça vous conviendra mieux que ma chambre » qu’il ajoute avec un mince sourire carnassier. Blague très vaseuse certes, mais ça a le mérite de masquer la nervosité. La candeur qui se dégage de cette fille ne rassure en rien, on ne peut pas savoir ce qui se cache derrière. Non pas qu'il se méfie de l'armée, il se méfie juste des conclusions qu'ils peuvent tirer.

Le fait que l’on ne sente pas vraiment le renfermé, et qu’il n’y a pas de poussière, indique que la femme du ménage a bien fait le boulot, et qu’Akané a veillé au grain – tu penses bien qu’avec Sting seul, cet endroit serait tombé en ruine. Evitant les petits bric-à-brac par-ci par-là, il se fraye un chemin jusqu’au bureau en question, au fond. Le meuble est tout à fait désert de dossier, vierge de la moindre feuille. Est-ce qu’on a tout jeté… ou est-ce que Kanamé a tout géré ?

Il n'y a as de chaise, juste le siège du bureau, Sting offre un signe de tête à Rui, l’invitant à aller s’asseoir. « Je reste debout. » Le maître croise patiemment les bras. Il connait les sujets qui vont être abordés. Et après ce qu’Akané lui a dit, et qui restera entre eux à jamais, ça va être psychologiquement plus compliqué de défendre Mademoiselle. Même si ce n’est sans doute pas l’objet principal de la visite de Rui, il sait que ça va être mis sur la table à nouveau. Derrière la porte, on entend le bruit d’un lourd objet qui chute, suivi d’un meeeeeeeerde interminable en arrière-fond. Habitué au boucan, Sting n’y prête pas attention. De toute façon, trouver un endroit réellement calme, c'est mission impossible ici.

La soldate a un petit rire. « Il ne faudrait pas que vos tigres se fassent de fausses idées sur la raison de ma venue ~ » Il s’attendait presque à être rembarré, vu l’idée un peu rigide qu’on se fait de l’armée, mais elle a de l’humour la petite ! Ça a le mérite de rendre sa compagnie un peu plus agréable, malgré les circonstances, bien que l’atmosphère allégé va se réalourdir en moins de temps qu’il n’en faut. Le maître lui rend un regard malicieux, en demi-teinte par rapport à ce qu’on lui connaît tout de même. La jeune femme accepte l’invitation et contourne le bureau pour aller s’asseoir sur le siège du boss. Sting incline curieusement la tête sur le côté tandis que la rose s’amuse à pivoter avec. Elle reprend rapidement son sérieux. « Comment va mademoiselle Ito ? J’ai appris qu’elle était sortie de l’hôpital. » Sting hoche la tête. « Akané s’est décrétée en pleine forme avant même que les médecins la diagnostiquent en tant que tel. C’est une dure à cuir » conclue le blondin avec un léger sourire attendri « Merci de votre sollicitude » Sincère ou façade, va savoir. Il pense sincèrement que sa tigresse doit sa survie à son haut niveau, sa puissance, et sa possibilité de fuir une situation catastrophique. Il ignore totalement, car elle ne le lui a pas dit, que si elle vit, c’est parce que l’ennemi le lui a permit. Et qu’au moment où il pouvait donner le coup mortel, il n’a pas agi. La paranoïa concernant mademoiselle le fait sentir une accusation tacite dans les paroles de la rose, qui concerne l'interêt de Lux Requiem envers Sabertooth...

Un bruit retentit derrière Sting. Cela ne vient pas de la Grande Salle cette fois, mais de la pièce en elle-même. Un patin vient de percer le sol. Ça l’a surpris sur le moment mais le maître ramène son attention sur Rui et reprend comme si de rien n’était. « J’ai appris que Weisslogia connaissait le maître Edorasien de Sabertooth et qu’il l’avait sans doute considéré comme un fils à l’époque » Il est possible que Rui soit déjà au courant de ça. Le blondin ne sait pas à quel point le gouvernement avait une visibilité sur la vie de ses soldats, à l’époque, et s’ils en ont gardé des traces. Peut-être pas remarque, ça date, tout ça ! « S’il s’en prend à ma guilde, il s’en prend à moi aussi. D’après Akané, il veut savoir ce que je vaux, mais je n’ai pas confiance en ce qu’il peut dire » Tu m’étonnes, vu que l’argenté avait dit à la barmaid que Minerva est dans son camp, vaut mieux espérer qu’il soit un baratineur sur patte. Sting refuse de croire ces conneries. Mademoiselle ne trahirait pas les siens. Elle a formé les meilleurs éléments de Sabertooth. C’est grâce à elle qu’Akané a cette puissance, que Yukino est dans le top des mages. « Peut-être que ça cache une certaine sentimentalité, qu'il veut voir une dernière fois le visage de son fils avant de détruire ce monde, et moi avec » ajoute le blondin avec un léger sourire amer. Cela ressemble presque à une plaisanterie de sa part mais… ce n’est pas quelque chose qui l’étonnerait en réalité. Qui peut savoir ce qui se passe dans la tête d’un psychopathe qui a eu une famille, qui a aimé ?

« Vous le savez peut-être… » ou peut-être pas, mais la troisième division a parfois des informations personnelles sur les gens qui font froid dans le dos, alors on ne sait jamais « mais mon père s’appelle Weisslogia, je l’ai perdu quand j’étais gamin » Ouais il va éviter de dire qu’il l’a tué — enfin, il ne l’a pas fait mais il y croit. « J’ai pensé que celui d’ici était sa réincarnation. Ils ont la même odeur et la même… » il a presque envie de dire la même tête, mais elle ne comprendrait pas comment on peut dire ça en comparant un humain à un dragon. Sa main s'est légèrement levée, comme s'il veut mettre un geste sur ce qu'il n'arrive pas à déterminer. La même allure alors ? Peut-être plus fort que ça. « La même aura. Mais cette théorie ne se tient pas. » Et oui, l’Edo-argenté a plus de trente ans de vie sur cette terre, cela pose un petit souci en terme de timeline. « Il a tout l’air d’être plutôt son double d’Edoras et ça me paraît étrange : mon père était un dragon. »

La jeune femme note ses propos sans émettre de jugement, nier ou approuver la moindre de ses paroles pour le moment. C’est de l’écoute. Elle a l’air de noter son avis, ce qui ne signifie pas pour autant qu’elle est d’accord avec. Le blond imagine bien que ses notes vont passer entre plusieurs mains. Elle semble en tout cas bienveillante, mais c’est sans doute le trait de caractère qu’il faut quand tu traites de sujets difficiles tout en voulant conserver de bonnes relations avec ton interlocuteur. Sting se méfie de la troisième division, surtout depuis que les regards se sont tournés sur l’absence de Minerva, ce n’est pas pour autant qu’il va être hostile envers ces gens qui font leur boulot. Rui est sympa, même si c’est un peu perturbant de ne pas savoir si elle réellement adorable, ou si ses manies sont destinées à endormir la méfiance.

Pédagogue, Rui appuie la possibilité pour un dragon d’avoir son double et le verdict ne tarde pas à tomber : on va augmenter la protection autour de leur guilde. Sting a un cœur farouche, une fierté de guerrier. Elle proposerait une protection sur lui qu’il l’aurait envoyé bouler sur le champ. Mais quand elle parle de sa famille, vu les circonstances, malgré son besoin de faire savoir à ce monde combien ils sont les meilleurs, combien ils peuvent faire bouger les choses… il n’a pas le cœur à refuser l’offre. Il a peur pour les siens constamment. C’est pourquoi il ne dit rien, n’émet aucune contestation. Sa fierté l’empêche toutefois de déclarer à quel point la soldate lui enlève un poids. De toute façon, il se doute qu’elle ne fait pas ça uniquement pour leur bien, mais également car cela leur permet de les avoir un peu plus à l’œil. Avant qu’il n’émette un oui, elle argumente, comme si elle a senti arriver un refus : elle doit être rigoureusement renseigné sur sa fierté parfois mal placé. Il glisse les mains dans ses poches avec un vague sourire d’amusement. Vrai qu’il est connu pour être téméraire, tête brûlé, mais depuis qu’Akané a failli y passer, il n’a pas envie de jouer au con. « Je comprends » dit-il simplement avec indulgence.

Un léger silence s’installe, et il flaire le truc qui va venir à l’avance. Et en effet, la question qui fâche plus que les autres arrive. Il s’y est préparé, il a déjà eu cette conversation après la Bataille et sa réponse n'a pas changé. Sting lui déclare de but-en-blanc, droit dans les yeux : « Non. » Et il sait qu’Akané ne dira rien non plus, qu'elle mentira avec le même aplomb. De toute façon, aucun des deux ne croient les paroles de Weisslogia. Inutile d’alerter le gouvernement pour du baratin. Mademoiselle ne subira jamais l’humiliation de se faire passer les menottes.

« Je n’en ai pas la preuve mais je suis … toujours convaincu qu’elle est vivante » C’est la conviction du désespoir. Il ne peut pas tolérer qu’elle soit morte, il préfère encore qu’elle l’ait trahi, même si ce dernier aspect lui semble impossible. Ou alors, elle peut les avoir trahi par contrainte, mais dans ce cas là, la trahison n’en est pas vraiment une. « Et je sais que Mademoiselle est fidèle à Sabertooth. C’est elle qui a formé ses meilleurs membres, elle ne tournera pas le dos à sa famille. Est-ce que vous, vous avez des informations sur elle ? Est-ce qu’elle va bien ? » ajoute t-il avec espoir. Derrière la porte, on entend des voix qui s'approchent, incertaines. Apparemment une autre catastrophe vient de se produire hors champ. « Vous croyez qu’on prévient le maître ? » « Peut-être après ? On peut essayer de le remettre en place nous-même, en attendant ? » puis les voix s’éloignent.

Son regard s’allume d’espoir à la mention de Minerva, du fait qu’elle va bien. Quand Weisslogia l’a mentionné à Akané, le pire à craindre était qu’il se permette d’en parler parce qu’il l’avait tuée lui-même. Son cœur se serre quand le témoignage de Rui va en réalité dans le sens du maître noir, quant à une possible trahison. Cependant, s'il fait circuler ce genre de mensonges, c'est normal que certains finissent par y croire. « Des éléments … ? De quel genre … ? » Témoignages ? Mensonges ? Rumeurs ? « Mademoiselle est la mage qui a le plus aidé le gouvernement depuis qu’on est ici. C’est une grande stratège. Je ne serais pas étonné qu’elle prépare quelque chose à sa mesure contre l’ennemi, il faut lui faire confiance. » Il en sera d’autant plus persuadé un peu plus tard, quand il le croisera dans laboratoire de la forêt Nibel. « Je sais que c’est certainement dur à croire pour vous qui semblait beaucoup l’estimer, mais vous vous doutez que je ne me serais pas hasardé à vous l’annoncer si ce n’était pas une information que nous prenions très au sérieux. Alors si par hasard vous entendez quoi que ce soit ou si elle vous contacte, j’espère que vous nous préviendrez » Sur ce cas là, il va être plutôt transparent avec le fait qu'il préviendra sa camarade avant. Il ne veut pas qu'elle soit traitée en criminelle, elle n'en est pas une. « Si mademoiselle revient, elle se présentera elle-même devant vous pour éclaircir le malentendu. Vous verrez, je suis sûr qu’elle est sur une piste… ou qu'il y a une explication » Tout comme elle, Sting a entendu les personnes derrière la porte, mais il n’aurait pas osé lui faire faux bond. Ça n’avait l’air pas grave. Le fait que Rui le mentionne indique qu’elle lui donne l’autorisation de s’en occuper. Il a encore une question à poser, mais ça peut se faire dehors vu que ses camarades ne tarderont pas à avoir l’information de toute façon.

« Vous venez ? » propose t-il. Dès qu’il ouvre la porte, les personnes qui commençaient à partir, résignées, se retournent d’un coup. « Maître ! » « Vous vouliez me voir ? » « Euh oui.. y a eu un souci » Sting se tait. « On a euh… on a fait tomber le tigre. » Sting se fige, les sourcils un peu froncé, avant d’écarquiller les yeux d’effroi. « LE tigre ? » Oui. LE tigre. Sting se précipite à l’extérieur pour constater par lui-même. La statue du tigre à dent de savre, qui était sur le toit, le gardien de leur maison, git sur le chemin pavé de l'entrée, couché sur le flanc. « Qui a fait ça ?! » braille le blond. Une jeune tigresse, planquée derrière un autre félin qui lui sert de bouclier, prend la parole. « Je .. c’est pas ma faute, mon attaque a ricoché » Hein ?! Ça ricoche le feu ? La probabilité que ça arrive est déjà basse, mais qu’en plus ça défonce leur gardien… ! Sting pointe un doigt accusateur vers elle, totalement incrédule en plus d’être furax. « Depuis QUAND tu fais des ricochets ? » « Ça n’arrive jamais ! » chouine t-elle. Sting leur passe un savon puissant sur le fait de ne pas utiliser leur foutue résidence comme terrain de jeu s’ils ont des magies de bourrin. Lui ne le fait pas ! ... non en vrai, il le fait parfois, mais, là c'est grave, on ne parle pas juste de murs troués ! Pour en revenir au problème, avant toute chose, il faut recoller la patte de la bête. Leur expert en architecture de la guilde (enfin, celui qui s’en rapproche le plus), propose de s’occuper de cela. Une stratégie est mise en place, incluant Akané qui pourra se téléporter pour amener la statue au sommet, puis téléporter leur expert pour qu’il la fixe de lui-même là-haut.

Comme Rui constate le remue-ménage, la colère du maître pour quelque chose qui peut sembler "rien", il lui explique : « C’est notre gardien. Hm… on est un peu superstitieux avec » C’est la symbolique quoi ! Là c’est le signe d’un grand malheur à venir ! C’est tellement de mauvaise augure que le maître enchaine directement, et très sérieusement : « À quelles mesures doit-on s’attendre, concernant l’augmentation de la sécurité ? »

Rui devient évasive aux interrogations du maître, et aux informations qu'il donne. Sting est persuadé d’une part qu’elle en sait plus qu’elle n’en dit, et d’autre part qu’il y a de fortes chances que les cinq ans de Minerva à se donner à fond pour ce monde sont probablement partie en fumée au yeux du gouvernement. C’est d’une foutue ingratitude ! Pour ce qui est du silence de la rose, il peut le comprendre. Les informations rendues publiques ruinent parfois les efforts des enquêteurs, car elles peuvent aisément remonter jusqu’au suspect quand elles ont franchi les barrière de la troisième division. Et la soldate a bien raison de ne pas faire confiance à Sting, qui prendra le parti de croire en Minerva quoiqu’il advienne. Il est honnête là-dessus, même s’il l’expose beaucoup plus poliment en partant du principe que Mademoiselle se montrera coopérative d’elle-même en temps voulu, sans qu’il n’est à lui demander quoi que ce soit. Dans ce bras de fer, personne ne peut le faire plier. Rui n’insiste pas et l’invite à aller répondre à l’appel des tigres. L’urgence est bien de taille, car leur Gardien a été foutu en l’air par une tigresse qui se planque derrière quelqu’un d’autre.

Si Sting était juste un peu moins robuste mentalement, il aurait fait une crise d’angoisse sur ce que ça représente. Il parle de Minerva avec l’espionne et là, la statue du tigre qui s’effondre environ à ce moment ? Merde quoi ! Sting engueule tous les gens présents, même s’il n’y a qu’une seule fautive. Rui a l’air de prendre la superstition au sérieux vu le fléau qu’elle représente, le contraire aurait été malvenu. Il hoche la tête à ses informations, ça lui semble correct. Il espère que ces soldats ne vont rien tenté contre mademoiselle le jour où elle se présente, ils risqueraient de se faire fumer la face. « Merci » Rui approche pour observer la statue plus en détail, comme si elle est saisie d’une suspicion. Et Eucliffe trouve ça plutôt malin de sa part. C’est vrai, après tout, le malheur a été causé de façon assez étrange... et si c'était une mauvaise farce, ou une menace ? Sting ramène son attention sur la coupable, toujours sérieux mais moins sévère cette fois, un peu sceptique. « Tu es sûre que c’est toi qui a fait ça ? » La jeune fille se tait un instant. Elle ne demande évidemment qu'à ce que ce soit la faute de quelqu’un d’autre ! Mais ce n’est pas comme ça que Sting interprète son hésitation. Il l'interprète comme de l'incertitude sur la cause de la chute du Gardien. « Euh… je crois que … oui » Avec cette réponse, le doute plane, il semblerait.

Ça fait un moment qu’Eucliffe sent une odeur de chiotte sale -depuis qu’il a quitté le bureau improvisé-, mais il ne s’en est pas préoccupé jusque là avec la cata. Et il retarde encore l’échéance, parce qu’il y a plus important à ses yeux. Et pourtant, là, ça prend sévèrement au nez du Chasseur ! Mais bien sûr qu’il a d’autres questions à poser. Plein ! Rui ne semble pas disposé à parler davantage sur Minerva, mais il veut quand même essayer de lui faire cracher quelque chose avant son départ. « Si vous savez que Mademoiselle est en vie, c’est qu’on l’a aperçu quelque part. Où ? » C’est le minimum qui lui faut… une piste ! Après ça, Rui est sur le départ, mais s’arrête. Elle aussi a reniflé les égouts. Eucliffe fait un tour complet sur lui-même, désemparé. Si même une odorat fragile de mage flaire le truc, c'est que c'est aussi grave qu'il pense. C'est quoi ce karma de merde aujourdhui ? « Bon retour » dit-il un peu précipitamment, en adieu minable à la soldate, avant de courir à l’intérieur de la guilde. « Sting, je crois que ça vient de la piscine ! » lance une voix depuis le hall. Des remontés ? Leur expert en architecture va être dépassé par les événements, va falloir faire appel à une aide extérieure pour réparer ça. Blue Pegasus ? Indépendant ? « Que quelqu’un trouve un sortilège pour l’odeur, j’vais crever ! » se plaint le maître en se pinçant le nez avec dégout.