Longue vie au roi...


Un infiltré au sein de l'armée a réussi à s'ancrer au sein du Territoire de la Résistance depuis plusieurs années. Le parfait soldat qui n'a jamais transmis d'information, n'a jamais commis d'impairs, et attendait seulement le bon moment pour servir sa reine.

Un portail vous est ouvert dans une chambre de gradée vide : l'homme absent, issue de la deuxième division, est en direction du Sud, avec bon nombres de ses collègues. Ils préparent une attaque, mais ça ne vous concerne pas. Vous êtes des assassins, vous, pas des soldats.
Gardez bien en tête cet endroit, c'est là que vous repartirez pour rentrer à la maison.

Vous êtes donc dans la caserne militaire, annexe au palais. Mystogan se situe dans ce dernier. Il faudra le trouver. Pensez à tous les éléments qui permettront la réussite de votre mission. Soyez créatifs, ingénieux, ayez le sens du détail et vous réussirez peut-être.

L'intitulé de mission est simple : tuer le roi.

Ordre de réponse :

- Ryo Belfire
- Erika Green
- Cobra

Pour cette mission, vous avez le droit de mobilier un objet de la boutique chacun, relatif à l’espionnage, de votre choix : collier trompeur, cape d’invisibilité etc. Sans frais.

Rappel : 6 jours pour répondre. Environ 500 mots par réponse, ne pas trop excéder.

Longue vie au roi...
Le portail les amena dans une chambre aseptisée, trop confortable pour un bleu. Le gradé qui vivait là avait tout laissé nickel en partant. Ça suintait la discipline militaire. Aucun doute : une caserne bien sous tous rapports. Ryo jeta un œil par la fenêtre, jaugea l'emplacement de la pièce par rapport au palais, un endroit blindé, sécurisé à mort. Pas une surprise de se trouver ici pour autant. À la Cité, les espions et les intrus s'étaient multipliés comme des cafards, infiltrés dans les entrailles du territoire, en plus de troupes qui avaient réussi à s'introduire par la force, autrefois.

La force, ici, c’était pas au menu pour le moment. Ça l'emmerdait, Ryo. Lui, il aimait trancher dans le vif, nettoyer au lance-flammes tout ce qui traîne, sans se préoccuper de rien. C’est pour ça qu’on l’envoyait, d’habitude : casse tout, pose pas de questions. Mais là, c'était différent. Aujourd’hui, il devait jouer les délicats. Parce qu’on parlait de Mystogan. Ce gars-là était l'équivalent d'un mage saint.

Ryo sortit un collier trompeur de la poche de sa veste. L'objet ne lui donnait pas la gueule du mecs censé être parti au sud, car on n'était pas des putains de débutants. En l’enfilant, son visage se tordit pour devenir celui d’un caporal-chef bien présent, du même régiment que l’officier qui pionçait ici. Il portait un capteur par mesure de sécurité, qui vibrerait s'il se rapprochait trop près de l'original. Une alarme pour éviter de se serrer la main à soi-même.

Il s’approcha de l’armoire, foutu un paquet d’uniformes sur le lit comme si c’était des loques, vérifia ce qui pourrait lui aller. Il jeta son dévolu sur la veste la plus large, le pantalon le plus lâche. Le reste, c'était du détail. Il se déshabilla sans cérémonie, gardant son maillot et son short, de quoi rester bien couvert afin d'éviter tout regard accidentel d'Erika. La dernière chose dont il avait besoin, c’était qu’elle remarque à quel point il était dégueulasse. Les bottes ? Trop petites. Pas grave. Il avait déjà prévu le coup et portait un modèle similaire. Pas besoin de se faire chier avec ça.

« T’as vu le roi ? » demanda Ryo par la pensée à un esprit qui traînait là, à la dérive. L'autre répondit sans même ralentir, sans un regard. Et merde. La salle du trône. Exactement l’endroit où il ne voulait pas se retrouver. C’était clair : isoler leur cible allait être une putain de galère. Ce type était une force de la nature, et se taper toute sa garde en prime ? Hors de question. « Mystogan est dans la salle du trône. J’pense pas qu’on puisse le surprendre. En plus de ça, il a l'air d'avoir un radar à fils de pute. Ça tombe mal, on est deux. » Il lança un coup d’œil nonchalant à Cobra.

Longue vie au roi...
À part quelques illuminés qui avaient la baston dans le sang, la plupart des types finissaient soldats parce qu'ils avaient jamais brillé dans la vie. Alors, si en plus on leur foutait des pièges chaque fois qu'ils devaient faire passer un message au roi, ça finirait vite en cours des miracles. Ryo le savait. Pour Ryo, c’était encore plus évident. Même si son visage actuel lui donnait l’impression que sa vie d’avant appartenait à une époque révolue, c’était en réalité presque hier, qu’il traînait encore dans ces couloirs avec sa gueule d’antan. « Pas ton meilleur éclair de génie, Erika » qu’il la charria avec un petit sourire. « Avec un truc pareil, ils finiraient par tirer sur la gueule de leurs propres gars. » Quant à l'ouïe de Cobra, fallait voir quoi en faire. Des bruits de pas, y’en aurait forcément. Des types en uniforme, ils en croiseraient, parce que c’était une foutue caserne à plusieurs étages. Même avec l’activité qui s’était calmée à cause de la mission en cours, y’aurait toujours un va-et-vient. Sans parler des lacrymas de sécurité planquées un peu partout. C’est pour ça que Ryo s’était arrangé pour ressembler à un des gars d’ici, histoire de passer incognito. Mais il savait bien que ça suffirait pas : y’avait forcément des codes, des regards, des gestes qu’il maîtrisait pas. S’ils avaient le moindre doute, t’étais grillé. C’est pour ça qu’ils restaient là, à attendre, en silence, que l’instant parfait se pointe.

Ryo s’adossa à la fenêtre, le regard fixé sur l’extérieur, les pensées qui tournaient en boucle. S’il était là, c’était pas juste parce qu’il avait porté un jour le titre de mage saint. Non, y’avait d’autres mecs bourrés de puissance à Soul Reaper. Ce qui faisait de lui le choix évident, c’était ce truc dans sa tête, cette mémoire enfouie, celle d’une autre vie qui collait encore à ses basques. Il avait connu le roi de près. Mystogan, ce gars qui avait traversé Earthland en solo, portant sa mission comme un fardeau qu’il refusait de partager. Un mec profondément solitaire. Ce souvenir lui revint en pleine gueule comme un coup de poing. « Il va pas rester sagement sur son trône à attendre que ça passe. » réalisa-t-il. « Y’a une affaire publique qui le retient là pour l’instant, mais il va finir par se barrer, c’est certain. » Ryo ramena son regard à l'intérieur, visualisant le plan du château. « S’il file à la salle de stratégie… » Ses doigts dessinèrent des contours dans l'air, un croquis invisible. « Y’aura deux types de sa garde plantés à l’entrée. » Ça voudrait dire les faire taire. Rapidement. Sans une trace.

« Et s’il grimpe à la tour principale... » Il esquissa un sourire narquois. Bien sûr que ce type choisirait ce spot, la vue sur tout le territoire, la hauteur. Mystogan était ce genre de mec qui réfléchissait mieux quand il était perché au-dessus du monde. Un mégalo qui s'ignore. « Là, ce sera les escaliers qui seront surveillés. » Il y avait quasiment aucune chance qu’il retourne à ses appartements à cette heure-là. C’était pas dans ses habitudes. Ryo tourna la tête vers Cobra. « T’arrives à capter ce qu’il se passe au palais ? »

Longue vie au roi...
Erika s'était sapée comme un putain de panneau d’affichage, peut-être une plaisanterie destinée à les faire grincer des dents. Un aimant à problèmes dans une tenue qui criait "regarde-moi". Le cadavre ambulant jeta un coup d’œil noir, dangereux, à Cobra. Ce dernier, de son côté, fit ce qu'il savait faire de mieux : ignorer. Tourner la tête, bonne décision. Sans la mettre sur le compte de son intelligence, Ryo sut à ce moment qu'il n'avait pas besoin de s'en faire un ennemi une fois qu'ils seraient sortis de là.

De toute façon, c’était pas l’heure des règlements de comptes. Ici, c’était la mission qui comptait. Laisser la cervelle se concentrer sur une seule chose, sinon tout partait en vrille. Ses deux alliés prouvaient qu'ils n'étaient pas en mesure de connaître les allers et venus du roi à distance. Il avait espéré qu'Erika, seule espionne présente, serait en possession d'un gadget, un bidule miracle pour rattraper la merde dans laquelle ils pataugeaient. Mais non. Elle n’avait rien, si ce n'est une confiance mal placée dans son pouvoir de séduction.

Même la magie de Cobra avait ses limites. « Foutrement utile » lui lâcha Ryo. Pas d'autre choix, fallait se jeter dans la gueule du loup. Il avait la tête de l’emploi maintenant, avec le collier autour de son cou, son laissez-passer. Il tourna les talons. « Je vous ferai signe ». Il quitta la pièce, son esprit fixé sur sa quête : trouver un esprit qui pourrait l'aiguiller avec une précision incroyable. L'allié idéal, invisible, indétectable. Mais pour utiliser un mort, pour faire de lui un outil parfait, il fallait négocier. Un pacte. Les morts, ça propose systématiquement des contreparties de merde, des prix que personne ne veut vraiment payer. Heureusement, la Cité avait son lot de défunts avec les deux dernières batailles. Un véritable buffet. Et parmi eux, certains étaient encore plus intéressants. Des ennemis de la couronne. Des types avec des comptes à régler, des raisons d’aider. Ou d’être manipulés, peu importe.

Il croisa un groupe de soldats en chemin. Ils lui firent un salut militaire. Ryo hocha vaguement la tête, essayant de feindre une once de respect. Pas vraiment son truc, la considération pour autrui. Il reprit son errance, déambulant dans les ruelles qui serpentaient autour du château. Les maisons, les marchés, tout ce décor qui puait la banalité et le quotidien. Les morts, eux, restaient obstinément chiants. Pas un seul pour lui proposer un deal potable.

Jusqu’à ce qu’il tombe sur elle. Une ancienne lune déchue. Morte dans l’une des batailles de la Cité. Ryo crut, l’espace d’un instant, que la chance lui souriait enfin. Qu’elle se pointerait, prête à filer un coup de main. Après tout, ils étaient tous les deux du même côté de la haine. Mais non. C’était trop beau pour être vrai. Parce que l’autre avait quand même une requête. Et pas des moindres. "Tu dois tuer le roi." Ryo accepta le marché, scellant son destin un peu plus profondément dans la merde. Échec ? C'était encore moins une option. Il sortit son PHS, les doigts glissant rapidement sur l'écran. Un SMS à Erika : Je vous préviens lorsqu'il bouge.

En attendant, il se mit en mouvement, jouant le jeu du soldat en patrouille. Le mort revint quelques minutes plus tard. Une ombre familière dans son dos, prête à murmurer les secrets des vivants. Les nouvelles étaient intéressantes. Le roi avait quitté la salle du trône pour un échange confidentiel. Ryo tapota de nouveau sur son PHS : Arrière-salle. Deux gardes à l'entrée. Un mage à l'intérieur avec lui.

Longue vie au roi...


Quand un MJ vous propose d'utiliser un objet de la boutique gratuitement, il faut saisir l'opportunité et se méfier.

Une caserne militaire n'est malheureusement pas un moulin, ni un bar ouvert au public. Accès ultra sécurisé réservé exclusivement aux militaires, tous se connaissent et respectent des règles strictes. Alors, quand ils voient débarquer une bimbo accompagnée d'un type avec le bon uniforme mais la mauvaise tronche, inconnu au bataillon, la suspicion se lève auprès de ceux qui les remarquent. Dommage pour vous, des earthlandais présents ici connaissent les anciens membres d'Oracion Seis, notamment Séléna Isayeva, ex-mage de Blue Pegasus. Elle prévient immédiatement le commandant de la première division, chargé de la défense. Ensemble, ils suivent le duo suspect qui s'éloigne.

Le commandant fracasse son poing sur la tête de Cobra, tandis que Séléna balaie les jambes d'Erika d'un coup de pied bien placé et lui écrase la face contre le sol. « Envoyez-nous une carte annonçant votre visite la prochaine fois, on fera péter le champagne. » Une tentative de fuite s'impose. Le problème ? Vous êtes en position de faiblesse, seuls dans la gueule du loup. Le plus triste ? Si vous luttez, vous déclenchez l'alarme et risquez de compromettre définitivement la mission. Ryo est toujours en lice après tout.

Longue vie à la reine...

Les PHS des Nuits en mission étaient sous écoute. Depuis la salle des opérations, la reine suivait le déroulement du plan, observant chaque mouvement de ses agents. Elle ne manqua pas de noter l’écart de conduite d’Erika, un relâchement inconcevable à un moment où seule la concentration aurait dû dominer. La rose, en l'absence de Ryo, s'était abandonnée à un plan téméraire, et ce qui étonnait Nyx, c’était l'absence de contestation de la part de Cobra. Elle voyait déjà, avec une netteté désagréable, les conséquences de cette imprudence : un échec inévitable. Ce détail l'irritait profondément, mais elle savait trop bien qu’elle ne devait laisser transparaître ni impatience ni frustration.

Elle pivota sur sa droite, son regard glacial intimant silencieusement à Dan de s'activer. Il obéit sans un mot, lui présentant avec respect un écrin d’où elle se saisit du collier trompeur. Elle quitta ensuite la pièce, s'effaçant discrètement dans une salle annexe pour se changer. Les uniformes des résistants étaient courants chez eux, à foison, mais Nyx en détestait la texture rêche. Elle opta donc pour une copie minutieuse, bien plus conforme à ses exigences, et enfila la cape blanche caractéristique de la garde du palais de Mystogan. Avec le collier, sa silhouette s'était légèrement rétrécie, et son visage n'était plus celui de la reine redoutée, mais d’une jeune blondinette ordinaire, une de ces insignifiantes dont personne ne retenait jamais les traits.

Sous cette nouvelle apparence, elle franchit le portail que les trois autres avaient traversé un peu plus tôt, et pénétra dans la caserne où Erika et Cobra se trouvaient déjà en fâcheuse posture. La reine, entrant en scène, imposa aussitôt une nouvelle directive à son espion, celui-là même qui, depuis des années, avait réussi à se fondre parmi leurs ennemis. Il devait, une fois encore, jouer sa vie en renouvelant son audace : créer un portail plus proche du palais pour permettre à la régente de s’échapper une fois sa besogne accomplie. C'était là un coup de dés dangereux, une prise de risque qui le condamnerait, lui aussi, à la fuite. Car, après une enquête que la Résistance ne manquerait pas de mener avec rigueur, il était certain qu'il serait découvert. Toutes ces longues années d’infiltration, patientes et silencieuses, allaient partir en fumée à cause de l’incompétence de deux incapables.

Elle n'eut aucun mal à localiser Ryo, hors de la caserne, dissimulé dans l’ombre, prêt à passer à l'action. Elle s'approcha de lui sans bruit, son visage demeurant parfaitement neutre, empreint de cette froideur habituelle qui marquait sa présence. Ryo la reconnut immédiatement, même dissimulée sous une apparence quelconque. Aucun mot ne fut échangé. Ils n'en avaient pas besoin. Un simple regard, une légère inclinaison de la tête. Elle pivota sans un geste superflu, orientant leur progression en direction du palais. Ils marchèrent ensemble, ajustant leur allure à celle d'une patrouille régulière.

D’après le message envoyé par Ryo à ses alliés – et que Nyx avait également reçu – le roi se trouvait dans une annexe à la salle du trône. Ryo, familier des lieux, ouvrait la voie, et la reine se laissa guider sans hésitation. Le palais était bien plus animé que celui d'Eulmore. Des scientifiques en blouse, des citoyens escortés par des gardes après leur entrevue avec le roi, des militaires en uniforme traversaient les corridors avec une régularité presque mécanique. Même les employés intérieurs allaient et venaient, pris dans le tumulte de l'administration du royaume. Ils devaient se fondre parmi eux, leur visage empreint d'une gravité feinte, celle des soldats accomplissant leur devoir sans faille.

La salle n’était pas directement attenante à celle du trône. Devant eux, un long corridor de pierre s’ouvrait, austère et froid. Au bout de ce passage, Linoa distinguait les deux gardiens immobiles, mentionnés dans le rapport de Ryo, figés dans une posture alerte. Le duo avança.

Nyx ne devait pas agir trop tôt, afin que le commandeur puisse atteindre le roi, mais avant que le moindre soupçon ne se lève.  La configuration des couloirs jouait en leur faveur. Une intersection bien placée semait le doute quant à leur destination réelle. Ce n’est que lorsqu’ils continuèrent droit devant, se dirigeant vers les gardes, que l’intrigue se peignit sur le visage de ces derniers. Une intrigue, non une méfiance véritable, car les désordres survenus à la caserne n’étaient pas encore parvenus jusqu’à leurs oreilles.

« Silence. Ne bougez pas » déclara la régente avec un sourire conciliant. On aurait dit une proposition cordiale, mais ce fut un ordre. Et à l'exception de son allié, le monde se figea. Un tel sort, sur si peu de personne, pouvait s'étendre sur la durée, mais certainement pas pour un mage tel que Mystogan. Il fallait agir vite. Une lacrima de surveillance donnait sur ce couloir. Nyx jeta un regard entendu à Ryo, afin qu'il laisse les gardes intactes pour le moment, donnant l'illusion qu'ils étaient autorisés à entrer, voire attendus.