Retour à la normalité, après plusieurs jours d’agitation décuplée suite à la disparition de Pierce et sa captivité au royaume de la Nuit. Tout a été laissé en pause pour un seul homme, mais aucunes de leurs autres emmerdes, elles, n’ont subitement cessé de se développer en attendant bien sagement que tout se tasse. Ils sont toujours en situation défavorable, prisonniers entre les murs de la Cité Royale, dans un royaume qui ne leur appartient plus. Les rapports s’empilent plus rapidement qu’il est possible de les traiter. Demandes en tout genre, qui ont pour point commun de venir en aide à une population ne souhaitant pas vivre sous l’égide d’un psychopathe ou d’un gourou. Chaque rapport fait naître un sentiment de frustration, dans un monde idéal, Ethan voudrait pouvoir venir en aide à l’ensemble de ces âmes en peine, mais la réalité ne le permet tout simplement pas. Les effectifs de l’armée sont trop restreints pour se permettre de les diviser à foison sur une infinité de fronts. Sans compter qu’ils n’ont même pas de quoi équiper l’ensemble des soldats encore en état de lutter. Impossible d’envisager reprendre ne serait-ce qu’une partie du territoire concédé à l’alliance alors qu’ils sont à peine capables de fournir assez de matériel pour protéger ce qu’il leur reste. Si protéger la population reste l’impératif principal de ses unités, trouver un moyen de renflouer leur stock gagne en importance à mesure que la lutte s’éternise.

Mener des raids sur les positions ennemies n’est pas suffisant, loin d’être rentable tellement ils ne peuvent se permettre aucune perte humaine lors des assauts. La meilleure option serait de subtiliser le matériel adverse qui n’existe pas, du moins, pas officiellement. Les renseignements de la troisième division tournent à plein régime pour trouver les informations qui pourrait permettre à la résistance de reprendre du poil de la bête. Dans cette optique, les derniers rapports font mention de certains entrepôts dissimulés au niveau de la ville de Junon. Vestige du règne de Faust, dont lui seul connaissait les coordonnées exactes, ces dépôts d’armes n’apparaissent sur aucuns plans. Des bruits de couloir, leur existence connue seulement d’une poignée de membres de l’armée ayant survécu au changement de régime, dont la quasi-totalité garnissent aujourd’hui les rangs de la Lune. Trouver la localisation des entrepôts a demandé un temps d’enquête assez long, ne révélant que peu d’informations, pas de quoi justifier une mission impliquant un véritable raid, mais suffisamment pour donner au Cavendish quelques velléités d’action. Le temps ne joue plus en leur faveur, attendre trop longtemps pourrait leur coûter la primeur de la découverte au profit des forces de Skyadrum. Il prend donc les choses en main, avec l’idée de se rendre sur place en personne pour mettre la main sur les précieuses ressources.

Pas question d’emmener un commando avec lui, en territoire hostile, la discrétion est de mise. L’objectif reste de se faufiler parmi la population locale sans attirer l’attention, et pour l’accompagner le commandant à rapidement un nom en tête. Direction le bureau de Knightwalker dans l’un des rares moments où elle s’y trouve ces derniers temps, entre deux allers-retours en direction du nord pour y semer le chaos. Il expose son plan, simplement, et, contrairement à la majorité de leurs échanges, aucun n’a besoin de se battre pour montrer à l’autre que son point de vue est plus logique. Chacun concentré sur un objectif, ils n’ont pas le temps de se prendre la tête, tout se met en place plutôt rapidement. Un soldat est chargé de convoquer la caporale Isayeva. Les derniers détails sont réglés le temps que la blonde fasse son apparition dans le bureau. Erza lui explique sommairement la raison de sa présence, et, sans plus attendre, le commandant quitte la pièce en compagnie de Séléna. « Depuis l’exploration de Norest, non ? J’ai l’impression que ça fait une éternité. » Une autre époque, celle d’un pari loupé pour mettre la main sur de nouvelles ressources, qui se sont ultimement retrouvées du mauvais côté de la balance. « Rapides et faciles, ce sont les missions qu’on confie aux soldats. Pas vraiment digne d’une caporale. Je suppose que les félicitations sont de rigueur. » Ils avancent dans les couloirs en direction des vestiaires. « Est-ce qu’Erza a toujours le même discours ? » Celui dont personne n’est épargné. « T’es promue juste parce qu’il y a de la place ! » Le ton se durcit dans une imitation exagérée de la commandante, qui ne doit pas être si loin que ça de l’original.

Les deux militaires arrivent au niveau des vestiaires, première étape de la mission, où se trouve tout un tas de fringues civiles. Ethan observe la tenue militaire de son acolyte du jour, incompatible avec l’idée de ne pas se faire repérer au bout de trois secondes. « On va commencer avec un changement de style. Interdiction de porter quoi que ce soit qui rappelle l’armée. » Il en va de même pour lui, alors il fouille directement dans les vêtements afin de trouver de quoi se faire passer pour le parfait touriste. Une fois son bonheur trouvé, le commandant se change sans embarra. Les années à l’armée ont cette propension à faire disparaître la pudeur. Il ne lui vient même pas à l’idée d’aller de changer dans un coin, troquant sa tenue classique pour une nouvelle plus décontractée en plein milieu de la pièce. T-shirt, veste, jean et enfin, lunettes de soleil pour remplacer l’habituel bandeau masquant ses yeux, parfait pour se fondre dans la masse. Il laisse Séléna se changer et, une fois les deux accoutrés en conséquence de leur mission, ils peuvent prendre la direction du hangar où un legion les attends pour les conduire au plus proche de Junon. Le temps de trajet est le parfait moment pour rentrer un peu plus dans les détails, en profitant du paysage offert par la hauteur nécessaire à l’animal pour ne pas se faire repérer depuis le sol. « Notre objectif est de mettre la main sur une cache d’arme importante, comme il a été mentionné dans le bureau d’Erza. La principale difficulté de la mission réside dans le fait que personne ne connaît l’emplacement exact de ladite cache et encore moins à quoi elle ressemble. Tous les renseignements glanés par la troisième indiquent simplement qu’elle est située à Junon. » Ils partent donc à la chasse au trésor en territoire hostile, tout en ayant conscience qu’ils ne sont absolument pas les seuls sur la piste de ces armes. « L’idée est de se fondre dans la foule pour explorer la ville et connecter le peu d’informations en notre possession pour identifier notre cible. » Informations qu’elle peut trouver dans le dossier que le Cavendish lui tend. Une liste des bâtiments pouvant abriter les armes recherchées. La suite du plan est au conditionnel, sous couvert qu’ils réussissent la première partie. « Une escouade d’intervention rapide se tient prête à nous rejoindre si nous trouvons et sécurisons le dépôt, afin d’emporter le butin. » Avant que les forces en place dans la ville ne leur tombent dessus. « Tout va être une affaire de discrétion. C’est pour ça que nous ne sommes que deux. J’avais besoin d’une personne capable de se comporter normalement en public et sachant réagir si les choses tournent mal. » Pas le profil qui court dans leur rang, à l’exception de Séléna.

Leur vol s’arrête avant d’atteindre les limites de la ville, dans un endroit isolé où ils sont rejoints par un membre de la troisième division chargé de les faire rentrer dans Junon. L’espion connaît tous les chemins de traverse, brouillant tellement les pistes qu’Ethan n’est rapidement plus capable de savoir s’ils se dirigent dans la bonne direction. Le doute est levé lorsqu’ils émergent à l’intérieur d’un bâtiment sans vie et qu’il peut entendre l’agitation extérieure. Le guide improvisé leur fait un rapide briefing avant de commencer l’investigation de son côté, laissant les deux soldats. « Prête ? » À partir de maintenant, la moindre erreur pourra leur coûter jusqu’à leur vie. « Commençons par prendre la température et nous rapprocher tranquillement des lieux d’intérêt. » Il ouvre la porte vers l’extérieur, tendant la main pour inviter Séléna à le suivre et à lancer officiellement leur mission.