A LA RESCOUSSE !

« Vous l’avez laissée partir seule ? » Il y a plus de surprise que de réels reproches dans le ton de la voix de la capitaine lorsqu’elle entend dans un rapport que la prêtresse céleste est partie porter secours à un camp de résistants attaqué qui déplore de nombreux blessés. Elle n’a pas besoin des bafouillages du soldat pour comprendre qu’ils sont trop peu. Trop peu pour s’être rendu compte qu’elle était réellement partie seule, trop peu pour avoir des effectifs qui auraient pu l’accompagner sur le moment, trop peu pour lancer toutes les opérations qu’ils voudraient lancer. Trop peu nombreux pour tout. Elle-même, comme nombre d’autres soldats, enchaîne les missions d’espionnage, de sauvetage, de récupération sans prendre le temps d’un repos conséquent. Parfois, elle se demande si tout cela fait sens. Et elle n’est pas la seule à s’interroger sur le sujet. Sa récente conversation avec Pierce n’a fait que mettre en évidence des interrogations qui demeuraient déjà. Le doute est présent, légitime. La crainte de faire plus de mal que de bien ne s'évanouit jamais tout à fait. A-t-elle eu raison de laisser sa chance à Mystogan ? Elle a le sentiment qu’il n’existe pas de bonne réponse à cette question.

Malgré la fatigue trop présente pour qu’elle soit capable de l’ignorer, Svetlana se prépare déjà à repartir. « Quelle est la position du camp ? » Le soldat hésite un instant, avant de lui donner toutes les informations dont elle a besoin. Il n’a ni les arguments, ni la légitimité de lui demander de ne pas s’y rendre. Épuisés, ils le sont tous. Pourtant, personne ne s’arrête jamais vraiment. Plus le temps passe et plus l’idée d’une paix durable semble impossible à réaliser. Mais que cela soit avéré ou non, une seule vérité est celle dont la soldate a besoin : Des gens ont besoin d’aide, en ce moment même. Et s’il y a des vies à sauver, alors tout le reste peut attendre. Elle s’équipe déjà alors qu’on lui explique encore la situation, qu’on lui donne les coordonnées et toutes les infos dont elle a besoin. « On ne peut pas écarter la possibilité d’un piège. » Fait remarquer le soldat, à juste titre. Aslanov hoche la tête. Elle a beau en être consciente, ce n’est pas ça qui la fera changer d’avis. Fin prête, elle profite d’un sort d’invisibilité pour quitter la capitale à dos de legion en toute sécurité.

Elle est proche du camp lorsqu’elle voit -et entend- deux explosions successives. Avant de se poser, sa hauteur lui permet d’avoir une vision dégagée sur la zone. Le gros de l’attaque semble être passé : tout est détruit, une partie des membres de la résistance sont blessés, et il se trouve des départs de feu à certains endroits. Certains mages noirs, cependant, semblent bien décidés à détruire ce qu’il reste de l’endroit -et à achever les blessés. C’est Wendy qui se dresse entre l’un d’eux et le camp. Son hurlement du dragon l’envoi s’écraser plus loin. Celui-ci ne présentera plus un problème pour les résistants. Mais l’attaque, fort peu discrète, attire l’attention sur elle. Svetlana quitte le dos de sa monture avant que celle-ci ne se pose pour mettre hors d’état de nuire un opposant qui s’élançait vers elle. Il suffit d’un coup d’épée pour s’assurer que celui-ci ne leur causera plus de problèmes. En quelques pas elle rejoint la jeune fille et son Exceed. « Ce n’est pas sympa de partir t’amuser toute seule. » Raille-t-elle pour mettre un peu de légèreté dans cette situation chaotique. Elle garde son épée en main mais un regard aux alentours lui indique qu’elles ont le champ libre…pour le moment. « Est-ce qu’il y a encore des soldats en état de se battre ? » C’est beaucoup demandé à une fille si jeune, mais dans le cas contraire elles ne pourront compter que sur l’une et l’autre pour repousser les attaques. En espérant que le soldat avec lequel elle a échangé avant de venir se trompe et qu’un piège n’est pas en train de se refermer sur elles.